Citations de Elizabeth Crest (30)
Nul besoin d’être devin pour comprendre qu’Arnaud Delion était dans les affaires ; plus judicieux aurait été de savoir lesquelles exactement. La Silicon Valley était fréquemment associée à son nom, ce qui tendrait à établir que Delion flirtait avec les nouvelles technologies.
Certes, le bouche-à-oreille fonctionnait bien ; pour autant, il leur était indispensable de participer aux opérations de promotion habituelles. Exemple ce soir, où elles assistaient à une exposition d’œuvres modernistes dans la salle de spectacle du village.
Il avait d’autres chats à fouetter que de s’interroger sur les motivations d’une petite jardinière de province. Si la dame était assez sotte ou trop fière pour accepter une contrepartie financière pour le désagrément souffert, cela la regardait.
La loi, c’est la loi. Une parole est une parole. Oui, sauf qu’en France on prenait beaucoup plus de liberté avec les règlements, ceux édictés par l’Etat comme ceux dictés par la morale.
Sa notoriété avait grimpé lentement mais sûrement, et quinze ans après ses débuts dans la profession elle savourait son statut chèrement gagné. En tant que femme dans un métier d’homme, elle avait dû batailler dur pour établir sa crédibilité et se faire un nom. Aujourd’hui, sa position bien assise l’autorisait à laisser un projet lui échapper.
Elle avait été évincée, sans le moindre égard. Et sans qu’on lui laisse la moindre chance de prouver ses aptitudes.
Un mauvais rictus tordit sa jolie bouche pulpeuse. Elle détestait ces Parisiens prétentieux qui débarquaient dans le Sud avec leurs millions et pensaient que rien n’était assez beau pour eux – surtout rien de ce que les gens du pays pouvaient fabriquer ou concevoir. Pourquoi diable venir s’établir chez nous, dans ce cas ? bougonna Alma en essayant de chasser Tilleunol de son esprit.
Le potentiel était énorme et les atouts innombrables : une superficie de cinq hectares inégalée sur la commune, une position envieuse en surplomb de la grande bleue, des vestiges de restanques centenaires qui ne demandaient qu’à renaître, de vieux arbres fruitiers asséchés et éparpillés aux quatre coins du domaine…
Son expérience lui avait enseigné qu’une attraction, lorsqu’elle est forte, est immanquablement réciproque.
Il n’aimait pas les femmes qui parlaient cru et qui se comportaient comme des hommes dans le domaine de la sexualité, évaluant les performances de leurs amants et palabrant sur les « techniques » à essayer ou les positions à tenter. Un peu de délicatesse seyait mieux à une femme, selon lui. À Hollywood, les femmes étaient des chasseresses en mal de mâle. En Écosse, elles étaient directes et souvent vindicatives.
Qu’est-ce qui était préférable, affronter son voisin irascible ou se coltiner un chien indocile et inconnu ? Perdre du temps à parlementer ou accepter son sort ? En règle générale, elle n’était pas du genre à se défausser, mais les généralités souffrent toujours des exceptions.