Citations de Elizabeth Crest (30)
Pourtant il y a de belles femmes par chez nous. Regarde la superbe blonde perchée au bar. Elle ne cesse de lancer des regards dans ta direction. Tu veux que je te présente ? C’est une Russe en instance de divorce. Elle dispose d’un juteux petit magot. Au moins, tu serais sûr d’une chose, elle ne convoiterait pas tes millions.
Elle était bien célibataire. Libre. Disponible. Le soulagement qu’il ressentait était mêlé d’une frustration sourde et physiquement lancinante. La démarche raide comme un robot, il retourna à la voiture. Le sang faisait des cabrioles dans ses veines gonflées à bloc. Dieu, que cette femme lui faisait de l’effet !
Comme dans un rêve, Arnaud vit le visage lumineux s’approcher du sien. Il ne pouvait détacher les yeux des lèvres charnues couleur groseille. Le baiser qu’elle lui donna effleura le coin de sa bouche, et il se força à la plus complète immobilité. Toute sa volonté était bandée pour résister à la dévorante pulsion qui le poussait à faire basculer le bassin d’Alma contre lui et à écraser sa bouche contre la sienne.
Certes, il aurait préféré parler de choses plus intimes, de sa vie à elle, de son passé, de ses attentes, mais il sentait bien qu’une femme comme Alma Benvenuti ne fendait pas l’armure aisément.
Elle maniait ses couverts avec dextérité, coupant puis avalant, et mangeait vite et par petites bouchées. La bouche framboise luisait d’huile, et Arnaud imagina un bref instant goûter aux lèvres pleines.
Les idées fusaient et son crayon n’était pas assez rapide pour les transférer sur papier. Elle dessina pendant des heures, sans même s’apercevoir que la nuit était tombée, s’efforçant d’ignorer son estomac qui criait famine.
Cette femme avait du vif-argent dans les veines, et tout était possible. Il maugréa dans sa barbe tout l’après-midi durant, qu’il passa pendu au bout du fil, à pester contre ses collaborateurs américains sur lesquels il avait bien conscience de passer ses nerfs. A bout de patience, il décida de prendre une bonne suée et enfila sa tenue de jogging.
Elle était faite comme un rat. Le gars n’en démordrait pas ; elle commençait à connaître le bonhomme. Si elle n’avait pas montré d’opposition au tout début, peut-être serait-elle libre à présent. Sa tante disait qu’elle agissait avec son cœur alors qu’il fallait agir avec sa tête.
La proposition était plus que tentante : elle avait l’occasion de transformer l’endroit en une bulle végétale extatique. Elle voyait déjà les buissons de cystes et de romarin parfumés, les grenadiers aux lourds fruits vermillons, les cascades bleu ciel des plumbagos mêlées aux épines volatiles pourpres de bougainvillée…
C’était elle la conceptrice, l’innovatrice, la femme aux idées. Comment pouvait-on forcer une créative à imaginer autre chose ? La tâche était pratiquement perdue d’avance. Alma consentirait peut-être à faire quelques retouches ici et là, si Micka la pressait un peu – beaucoup –, mais le résultat ne différerait guère de cette pitoyable ébauche, tout en linéaire et en répétitions et absolument dénuée d’âme.
Certes, répondre aux désirs du client était une réalité incontournable du métier. Cependant, à l’agence, on ne s’inclinait pas aveuglément, mais on travaillait main dans la main jusqu’à faire comprendre au maître d’ouvrage le bien-fondé des suggestions.
Même les femmes ne le faisaient plus vibrer intimement, dans son cœur. Et voilà qu’une belle plante brune et chevelue lui faisait passer un sacré quart d’heure.
Vous croyez quoi ? Qu’avec vos foutus millions et vos manières péremptoires vous êtes aimé des gens ? Qui peut apprécier de passer du temps en votre compagnie, je vous le demande ? Les gens que vous payez et ça doit s’arrêter là, je me trompe ?
Découvrir un lieu n’allait pas sans son lot de mésaventures – une fois, elle s’était faite attaquée par un essaim d’abeilles que le propriétaire n’avait pas jugé bon de mentionner. Pourtant ces premiers pas, cruciaux pour la suite, restaient l’étape qu’elle préférait dans le calendrier d’un projet.
Le propre d’un homme de valeur est de savoir bien s’entourer.
Une séduction mâle et souterraine, assortie d’une aura de danger, s’échappait de sa personne. En un mot, Delion était irrésistible pour toute femme un brin sensible au charme rugueux du sexe opposé. Ce qui la rayait de la liste.
Il était bel homme, il avait de l’allure, et il avait de l’argent. Il jouissait d’un franc succès auprès des femmes – sans qu’il sache avec certitude lequel de ses attributs subjuguait ses conquêtes. Plus jeune, il en avait profité à loisir ; jusqu’à sa rencontre avec Patty.
Le bleu azur de la mer ne parvint pas à le distraire : le ricanement de gorge, rusé, presque démoniaque, résonnait toujours dans ses oreilles. Arnaud avait le pressentiment qu’il n’était pas au bout de ses peines. La belle brune manigançait quelque chose. Elle avait l’intention de lui jouer un tour. Lequel ? Il lui faudrait attendre jusqu’à demain pour le savoir.
Cette femme était ultra désirable, et tout son être criait à l’agonie. Les formes pulpeuses du corps voluptueux, si près qu’il en sentait le parfum lourd et boisé, faisaient flamber sa température interne. Les yeux en amande, noirs comme l’ébène, crépitaient dans le visage aux joues rebondies, et le halo de boucles brunes, denses et entremêlées, semblait quémander une main souple et musclée pour les discipliner.
En général les idées folles germaient plus dans le crâne d’Alma que dans le sien. Après avoir pris le temps de peser le pour et le contre de la chose, Mickaëla interrompit le flot de paroles qui sortait de la bouche peinturlurée de Charlotte Lester et s’excusa abruptement.