Emmanuelle Godec Prigent

Il y fait beau bien plus souvent qu’on ne le dit. Les gens de là-bas préfèrent ne pas l’ébruiter, voilà tout.

Moi, j'ai eu mille vies, alors que de nos jours, tu peux t'estimer heureux quand tu en as au moins une!

Traverser la vie sans être cabossé semble improbable. Un jour ou l'autre, chacun est confronté aux tourments que le destin lui a réservés. Seule leur intensité fait la différence, tout comme la manière de les appréhender, puis de se les coltiner jusqu'au dernier souffle.

«  - Ouh là là ! Si vous connaissiez ma maison, vous verriez que je croule déjà sous les antiquités ! A mon âge, on n’a pas accumulé que les rides ! D’après mon cher Armand, nous vivons dans un musée. »

"Mémé pouvait bien lui répéter de "cultiver sa différence", lui, il préférait mille fois faire pousser les points communs!"

Il faut se méfier de la légèreté, elle dissimule parfois des failles et des blessures. Traverser la vie sans être cabossé semble improbable. Un jour ou l'autre, chacun est confronté aux tourments que le destin lui a réservés. Seule leur intensité fait la différence, tout comme la manière de les appréhender, puis de se les coltiner jusqu'au dernier souffle

Vous voyez Elsa, le bonheur se niche dans un coin de ciel bleu et quelques baisers tendres. Beaucoup de gens passent leur vie à le chercher à l'autre bout du monde, alors qu'il est là, juste à côté d'eux. Profiter de ses amis, marcher dans les rues de Paris, s'asseoir sur un banc pour regarder jouer les enfants..., tout ça, c'est à portée de main. Et puis, es-ti-mez vous, souvenez vous de ce que vous avez déjà accompli. Vous trouverez sûrement des raisons d'être fière. Enfin, c'est un vieillard qui vous dit tout ça

Pour décompresser et se ressourcer... Un livre, un petit coin de verdure ou les deux feront tout à fait l'affaire. Contre les bobos de l'âme, la nature et le silence sont les meilleurs remèdes, ça peut paraître un peu bateau, mais, au bout de 95 ans, je n'ai rien trouvé de mieux!

Deux pneus crevés sur le même vélo, ça ne peut pas aller bien loin !

La vie venait de lui révéler l’essentiel après l’en avoir définitivement privé.

Avec les années, sa vie s’était transformée en une parallèle, croisant parfois, en certains points, d’autres lignes de vie. Bien que toujours reclus dans un isolement délibéré, le vieux marin avait appris à accepter, mais sans excès, la compagnie des hommes. Tandis que certains loups solitaires deviennent des ours mal léchés, lui, s’estimant le moins honorable de tous, savait même désormais en apprécier l’opportunité. Toutefois, sans jamais le départir de ses bonnes manières, trente ans de marginalité avaient supprimé chez lui le moindre signe d’affectation.

Les éclats d’un cœur brisé ne se voient pas à l’IRM. Pourtant, la douleur surpassait toutes les autres. De jour comme de nuit, elle le tourmentait sans répit, laissant pressentir la sécheresse d’un avenir solitaire. Accablé de remords, il l’accueillait tel le minimum à payer, la trouvant même plutôt bon marché.

Le chemin serpentait ensuite à travers la lande, épousant le relief de la falaise, ses avancées dans la mer, ses changements de niveaux. Au détour d’un virage, une autre crique apparut. Oscillant entre le bleu outremer et le vert foncé, la couleur de l’eau y était stupéfiante.