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3.4/5 (sur 29 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Tokyo , le 24/01/1978
Biographie :

Erika Kobayashi vit à Tokyo. Artiste au talent protéiforme, elle est à la fois plasticienne, mangaka, nouvelliste et romancière. Sa créativité s’alimente des choses invisibles et abstraites : le temps et l’Histoire, la famille, la mémoire et les traces qu’ils laissent, mais aussi une étonnante obsession pour l’atome et les radiations nucléaires. Elle s’est fait connaître au Japon en 2014 avec son roman Madame Curie to chôshoku o (Breakfast with Madame Curie), finaliste des prix Akutagawa et Mishima.
Elle a également publié un recueil de nouvelles, She looks into the mirror, un ouvrage de non-fiction autour de dialogues entre son propre père et Anne Frank, Your dear Kitty, ou encore un roman graphique, Children of light : luminous. En 2020, elle reçoit un prix pour son roman Trinity, trinity, trinity, qui est à ce jour sa première œuvre traduite en Français, par la nouvelle maison d’édition Dalva.
Au travers d’installations artistiques, elle s’attache à revisiter certaines scènes de ses oeuvres écrites. Depuis 2015, elle a ainsi beaucoup exposé au Japon, mais aussi à New-York et en Europe, en particulier à Londres.

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Source : Editions Dalva, site internet de l'auteure
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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Elle posa un pied dans l’hôtel Impérial, dont le sol était couvert de moquette pékinoise rouge. Une femme vêtue d’une robe de soirée bleu cobalt et un homme en smoking gravissaient les escaliers de l’entrée. Des puits de lumière en pierre d’Ōya semblaient rayonner comme des lanternes.
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Ma fille prend l'iPad sur la table et se met à tapoter dessus.
Je ne sais plus de quoi elle est en train de parler, au juste.
Mais cette incapacité à me regarder dans les yeux m'amuse un peu.
Je contemple son visage baissé.
Que puis-je voir de plus dans cette fille née de mon ventre ?
Dès l'instant où je suis née du ventre de ma mère s'est formé dans mes ovaires un ovule, un follicule qui allait devenir ma fille. J'ai vécu avec la présence de ma future progéniture pendant plus d'un quart de siècle, avant de la côtoyer tous les jours pendant plus de dix ans, jusqu'à saturation.
Quelle blague.
Elle jette l'iPad sur le lit devant moi. Avant d'attraper son sac, sans un mot, et de quitter la pièce sans se retourner.
Je tente de la retenir, mais ne parviens qu'à émettre un grognement.
Je vois sa silhouette disparaître dans le couloir.
On a beau être en été, elle est vêtue en noir de la tête aux pieds et porte un sac à dos tout tordu de la même couleur, orné d'un écusson Death Be Not Proud et dont j'ignore le contenu. La moitié du couloir est plongée dans l'ombre. L'espace d'un instant, pourtant, j'aperçois ses yeux baignés de larmes, ses courts cheveux noirs ébouriffés et son gilet de dentelle blanche, frappés par la lumière du soleil, éblouissante, puis elle disparaît complètement.
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Autrefois, sur le campus de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi exploitée par TEPCO, se trouvait une vaste forêt, appelée "le bois aux oiseaux sauvages".

Plusieurs fois par an, elle ouvrait ses portes au public, et de nombreuses familles venaient s'y promener.
Enfants et personnes âgées tous ensemble
Installés sur un drap de plastique déployé sur la pelouse
Ils contemplaient les cerisiers prostrés en fleur.
Dans les boîtes à bentô, c'étaient sandwiches au thon, aux oeufs ou à la confiture, onigiri au saumon et à la prune, poulet frit et boulettes de viande.
On cueillait des fleurs de trèfle blanc pour en tresser quantités de couronnes.
Les azalées du Japon fleurissaient d'un rouge éclatant, et à côté du houx à feuilles entières, les andromèdes du Japon se paraient de bottes blanches.
De l'été à l'automne, partout, les roseaux à plumes et les égirons se couvraient de pompons cotonneux. A l'ombre des arbres se cachaient les cloches violet pâle des Tripterospermum japonicum.
Tant de glands et de châtaignes jonchaient le sol qu'on était bien en peine de tout ramasser.
Et quelle que soit la saison, on entendait toujours chanter les oiseaux.

Sans doute est-ce pour cela qu'on l'appelait "le bois aux oiseaux sauvages".
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Mais seul un gémissement s'échappe de ma bouche.
Que débute la riposte des invisibles.
Un bruit s'élève.
Celui de la terre qu'on creuse.
De la terre qu'on creuse toujours plus profond.
Le passé, toutes ces choses enfouies dans les ténèbres, les choses invisibles, seront maintenant illuminés.
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Il n'y avait rien de plus terrifiant que de voir un expert aussi chevronné que M. Tani atteint de Trinity.
Il serait capable de pirater le système de la centrale afin de provoquer la fusion du réacteur, ou de répandre des matières radioactives dans l'eau ou la nourriture.
Avec le peu de temps qu'il lui restait à vivre, il n'avait rien à perdre à commettre un attentat suicide, disait-on. Une partie des propos postés par Tani sur Facebook juste avant l'incident avait été tweetée et retweetée des dizaines de milliers de fois.

" La perte de souvenirs provoquée par la démence me tourmente. Cependant, ce n'est pas moi qui, en ce moment, souffre d'amnésie. Ne sont-ce pas plutôt les gens qui ne ressentent pas la moindre douleur alors qu'ils oublient le passé et ce qui est invisible pour les yeux ?
Si on appelle terrorisme les actes servant à exprimer de façon visible la colère et la tristesse de ce qui ne peut être vu...
Alors peut-être s'agit-il de mon acte de terrorisme à moi.
Qu'ainsi débute la riposte des invisibles."

La riposte des invisibles avait commencé.
Désormais, les personnes âgées étaient considérées comme les êtres les plus dangereux.
Les plus de soixante-cinq ans pouvaient bénéficier, s'ils le souhaitaient, d'un examen clinique gratuit afin de dépister les symptômes de Trinity. La proposition avait soulevé une forte opposition, au motif que de nos jours on était encore jeune à soixante-cinq ans, et qu'on ne devait pas être traité comme un vieillard ; protestations qui, à leur tour, avaient provoqué une levée de boucliers.
La télévision s'était mise à diffuser des spots mettant en scène des seniors de tous milieux, actifs et en bonne santé, et partout dans le pays, les écoles à afficher les poèmes gagnants d'un "concours de haïku promouvant le respect de nos anciens".
Quant à moi, quant à nous, un frisson nous parcourait chaque fois que retentissait le bruit d'avertissement du compteur Geiger.
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Arrivée près de la gare, j’aperçois un échafaudage dressé au milieu d’un rond-point.

Est-ce l’effet de la lumière aveuglante ? Les lanternes en papier rose fluorescente suspendues tout autour de l’édifice semblent terriblement tape-à-l’oeil.

Avec l’échappement de la chaleur contenue dans le macadam, l’après-midi promet d’être encore plus cuisant. Les enfants dont déjà en vacances d’été, mais la fanfare du collège de ma fille doit venir jouer la chanson officielle des Jeux à 13 heures. Certains de ses camarades devaient même y participer. Bien sûr, avec les risques d’insolation, la discussion a fait rage lors de la réunion des parents d’élèves, mais le passage à proximité de la flamme olympique étant considéré comme une occasion unique, on a finalement décidé d’ériger une tente, sous laquelle jouerait la fanfare, à l’ombre.
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Installées face à moi à bord du train, les deux vieilles dames continuent de pérorer.
C'est effrayant, n'est-ce pas ?
Quand même, prolonger sa vie jusqu'à être atteint de Trinity, quelle misère.
Moi, je ne voudrais surtout pas continuer de vivre jusqu'à ennuyer les autres.
Si c'est pour devenir un problème, autant mourir.
D'un coup, pouf.
Mes mains se nimbent de sueur.
Quand on commence à ennuyer son prochain, c'est que c'est déjà la fin.
Il paraît que pour ne pas avoir de problèmes urologiques, il vaut mieux se faire épiler les aisselles et le pubis de façon permanente et préventive.
Que peut-on faire pour se prémunir contre les problèmes causés par Trinity ?
Ma respiration se fait plus pénible.
L'existence même est un problème. Mourir. Mourir et demander pardon.
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