Voici quatre récits qui nous décrit le quotidien de prisonniers et ce n'est pas aussi rose que le citoyen lambda pourrait le croire. La prison est loin d'être un hôtel luxueux payé au frais de l'Etat et de la communauté. Les gens qui sont enfermés souffrent véritablement et certains en meurent.
Je sais que beaucoup n'ont aucune pitié, aucune compassion vis à vis de ces prisonniers parce qu'ils ont commis des infractions parfois graves, des crimes et des délits. Certains ont roulé avec leur véhicule sous alcoolémie en récidive. Il y a en effet des infractions routières, parfois économiques ou fiscales.
Une simple gifle unique peut également conduire à 4 mois de prison. Un père ayant tué son enfant souffrant d'une maladie orpheline générant des douleurs effroyables peut se retrouver en détention. Tous les prisonniers sont alors mélangés. On peut côtoyer des violeurs de la pire espèce. Il faut savoir qu'une personne sur 1000 est actuellement dans un centre d'établissement pénitentiaire ce qui peut traduire que notre société va mal.
On apprendra surtout qu'un quart de la population carcérale souffrent de troubles psychiatriques. Est-ce que la prison est la bonne solution adéquate plutôt qu'un hôpital psychiatrique ? Quand on songe également à la surpopulation carcérale, il y a de quoi se poser des questions.
La privation de liberté s'accompagne assez souvent de la privation de soin. Il ne fait pas bon être malade en prison. Le nombre de suicide est également particulièrement élevé. La prison est un lieu violent et fortement pathogènes à bien des égards ! Anxiolytiques et anti-dépresseurs sont fournis allègrement afin de maintenir la paix sociale.
Les surveillants ne seront pas oubliés car il souffre également de la violence des détenus mais également du sous-effectif de la fonction publique ce qui rend leurs tâches encore plus difficiles pour un salaire d'ailleurs peu élevé. J'ai bien aimé l'histoire d'amour d'Audrey qui s'est faite licenciée suite à une dénonciation car il ne faut pas avoir de lien étroit avec les détenus.
Il s'agit juste dans cette œuvre très sombre de prendre conscience de ce qu'est réellement la prison, une ogresse qui avale tout cru et qui recrache entre haine, folie et violence. Je n'ai jamais été trop convaincu qu'il s'agit d'une solution pour réhabiliter les détenus dans la société. Cela peut produire assez souvent tout l'effet inverse.
Commenter  J’apprécie         456
Quatre histoires de détenus nous sont racontées, nous montrant l’horreur de la prison, qui est vue comme une « ogresse ». Dans le premier, un détenu est gravement malade. Le deuxième nous raconte une vengeance à l’intérieur de la prison. Nous découvrons dans le troisième une histoire d’amour entre un détenu et une gardienne. Enfin, dans le dernier, c’est la lente déchéance d’un homme qui a été condamné pour une seconde récidive d’alcoolémie au volant. ● Il n’est pas de bon ton de se soucier du sort des prisonniers, car, s’ils sont là, c’est, n’est-ce-pas ? qu’ils l’ont mérité… Néanmoins la peine qu’ils ont à purger est celle d’une privation de liberté, pas celles d’une privation de soins, de cohabiter à deux, trois, quatre ou plus dans 9 m² avec les punaises, les cafards et les rats, de devoir affronter la violence des codétenus et se plier aux règles des caïds, risquant de se faire accuser pour eux de faits qu’ils n’ont pas commis, etc. ● Un quart de la population carcérale est composée de cas qui relèvent de la psychiatrie et devraient se trouver en HP. A cet égard, si l’accès au soin est très restreint, la prison distribue généreusement anxiolytiques et antidépresseurs et laisse circuler le cannabis pour avoir un semblant de paix. ● On y travaille pour 30 % du SMIC, quand on y est autorisé. Encore est-on content de recevoir ces maigres payes pour cantiner et pouvoir améliorer l’ordinaire en matière de repas et d’hygiène. ● La France a été condamnée à de multiples reprises pour la façon dont elle traite ses prisonniers, pourtant rien ne change. Le pire c’est que la prison favorise la récidive et l’exponentialisation des crimes au contact des caïds. Elle n’est en rien une solution pour la réinsertion, bien au contraire. On en ressort pire qu’on y est entré. Alors, le bon sens voudrait qu’on trouve d’autres moyens de punir, ou/et qu’on améliore les conditions de détention pour que la prison puisse rendre les gens meilleurs et non pires. ● Une bande dessinée qui met bien ces problèmes en évidence.
Commenter  J’apprécie         420
Une BD de société, comme je les aime.
On découvre ici l'univers carcéral à travers 4 récits de prisonniers. Entre le manque de soin, les personnes relevant de la psychiatrie, la promiscuité, le suicide, il y a peu de place à la lumière et au positif. Les prisonniers ne sont pas des hommes qui vivent aux frais du contribuable. Les surveillants pénitentiaires ne sont pas de nantis fonctionnaires planqués. La vie en prison, des 2 côtés de la barrière, n'est pas une sinécure. L'accès aux soins est précaire. La réinsertion un doux rêve.
Niveau dessin, c'est sombre, ça joue sur les ombres, les hachures, les regards sont tristes. Un dessin au diapason du texte.
C'est violent, on cherche l'optimisme à la loupe, mais cela me paraît une image juste et nécessaire de notre société et la manière dont elle traite ceux qui sont privés de liberté par décision de justice (et encore, 30% des détenus sont en détention provisoire, c'est-à-dire non encore jugés).
Commenter  J’apprécie         120
Il ne fait pas bon connaître l’enfermement en France, c'est une lapalissade, et il l 'est encore moins dans de nombreux autres pays où les conditions de détentions sont bien pires et les motifs d’incarcération pas toujours définis; c'est le constat que j’ai pu faire après avoir eu l’occasion de visiter différents centres d’emprisonnement en France et à l’étranger.
Ceci étant, il est toujours possible d’améliorer le temps de privatisation de liberté pour l’approcher de l’acceptable et de plus d’humanité pour tous ceux qui sont présents des deux côtés des grilles.
Lecture mitigée
Commenter  J’apprécie         60
A travers quatre histoires « ordinaires » vécues en prison, les trois auteurs, Fabrice Rinaudo, Anne Royant et Sylvain Dorange nous décrivent l'enfer du décor, la réalité de l'univers carcéral. Loin du cliché « club med, prisonniers logés, nourris, blanchis », cet album intitulé Prison dénonce la déshumanisation de ceux qu'on prétend vouloir réinsérer dans la société, une fois leur peine purgée. Les auteurs pointent aussi du doigt la déshumanisation de ceux qui les gardent, mais que le manque de formation et de considération pousse à des abus. A lire avec une égérie attention la préface de Rosanna Lendom , avocate, qui fut présidente de la Ligue des droits de l'homme et la postface de Pauline Pawlotsky et Sabrina Delattre co-responsablse du groupe de travail « Prison » au sein de le LDH.
Tout contribue à faire de cette BD documentaire-témoignages une lecture nécessaire.
Commenter  J’apprécie         40
BD Témoignage sur le monde carcéral, avec 4 sortes d'histoires parallèles, d'expériences diverses, mais toutes amenant à réfléchir, à se rendre compte de cette violence à l'intérieur des murs des prisons.
Que ce soit pour les détenus, mais aussi pour le personnel, ainsi que la famille et les proches.
La France a pas mal de soucis à ce niveau, régulièrement rappelée à l'ordre par la ligue des Droits de l'Homme.
On est loin ici des prisons dorées où les stars et surtout les hommes politiques vont faire de temps à autre un ptit tour. Non là, c'est la prison telle qu'on ne veut pas l'imaginer, celle qu'on n'aimerait absolument pas connaitre.
Alors bien entendu, chacun a ses raisons de fréquenter une prison.
Mais on ressort de cette lecture bouleversé, en se demandant comment on pourrait survivre à l'intérieur d'une telle structure …
Ça donne à réfléchir, on y apprend des choses, donc c'est une BD qui réussit sa mission ! Bravo.
Commenter  J’apprécie         20
Nous découvrons l’univers carcéral à travers 4 récits de prisonniers. Ils sont enfermés pour braquage, crime sexuel, alcool au volant…
Pour les prisonniers pour braquage ou crimes similaires sans atteinte à l’intégrité d’autres personnes, ces conditions d’incarcération sont insupportables. Outre la privation de liberté, c’est surtout celle des droits humains qui est bafouée : enfermement, manque de soins médicaux, surpopulation, hygiène…
Les surveillants eux aussi travaillent dans des conditions qui ne sont pas acceptables, sans formation spécifique. Ils sont notamment en contact avec des prisonniers atteints de graves problèmes psychiatriques ou violents.
L’univers de la prison déshumanise prisonniers et personnel pénitentiaire.
Commenter  J’apprécie         20
Il ne fait pas bon être incarcéré dans nos prisons françaises !
Ce roman graphique dresse un état des lieux très sombre de nos prisons. C'est un prisonnier qui raconte, sous forme de quatre histoires de quelques pages, des scènes de vie et le parcours de quelques uns de ses co-prisonniers. La vie est très difficile en prison, il y a beaucoup de violence et la réinsertion semble impossible. Les auteurs nous parlent aussi des gardiens, qui souffrent et qui font ce métier non enviable.
Cet album critique le modèle actuel pour amorcer une discussion, un débat sur l'état de nos prisons et réfléchir à une nouvelle forme d'incarcération. Les propos sont bruts sans concessions.
Le dessin est réaliste et s'oriente vers le conte fantastique quand les scénaristes personnifient la prison en "ogresse" et la représente ainsi. Les scénettes d'ailleurs font penser à des contes cruels, et je crois même que ce mot est utilisé dans cette BD.
Les couleurs plutôt froides, le bleu, marron accentuent cette ambiance sombre et lugubre.
C'est un album qui interroge, qui semble représenter une dure réalité et qui veut faire ouvrir les yeux.
Commenter  J’apprécie         00