Les oiseaux se répondaient de part et d’autre des rues, chacun avec sa propre mélodie, dessinant un paysage musical sans cesse différent, si bien que pour qui savait écouter, chaque endroit de la ville possédait sa propre signature sonore immédiatement reconnaissable, bien plus caractéristique que les hauts bâtiments aux crépis lépreux qui se succédaient sans grande variété.
Les écouter avait toujours été le bonheur et le réconfort d’Illian.
-Je vous trouve fort décolletée. Ce n’est pas décent.
-Mon petit, tout religieux que tu sois, ces seins, tu les as tétés. On ne crache pas sur ce qui vous a nourri.
-- Y-a-t-il un cadavre pour que vous vous déplaciez?
-- Oh, mais vous me semblez en parfaite santé...
J'ai un corps et je n'en ai pas honte. En soi, il n'est ni bon ni mauvais. Ce n'est pas lui le problème: c'est ton regard qui est sale.
Quand on donne vie à une œuvre, elle cesse de nous appartenir, que ça nous plaise ou non. Elle est à qui saura la comprendre.
Je suis navré de devoir vous dire que votre fille était loin d'être vierge. Elle montrait pour la chose une expertise que n'auraient pas désavouée les putains les plus rompues de Whitechapel.
Maître Koppel aurait interdit à son jeune apprenti de dormir s’il n’avait craint que celui-ci ne mourût d’épuisement avant la fin de son apprentissage.
Illian s’approcha de la sculpture, se perdant dans sa contemplation. C’était comme si chaque coup de burin avait tiré l’espace vers le cœur de l’œuvre, tissant dans la pièce des fils invisibles, des lignes de force qui entraînaient vers elle l’observateur. Illian détaillait la ligne du buste légèrement vrillé par la torsion des épaules, les deux arabesques des bras portant le poupon qui semblait s’agiter. Tout était fluide et tendu, depuis la ligne du cou jusqu’à la pointe du pied qui semblait à peine effleurer le sol.
[ à propos de son futur mari qu'elle n'a pas choisi, observé incognito ]
- Alors ?
- Très décevant !
- Comment ça ?
- Non seulement je n'ai découvert aucune affinité avec mon fiancé, mais son attitude ne m'inspire que du dégoût.
- Oh, tu as été choquée, je vois.
- Des plaisanteries égrillardes, des remarques déplacées.
- Ce sont les codes sociaux du monde des garçons, ma chérie. Nous nous faisons plus délicates que nous sommes, eux se font plus grossiers, quitte à se forcer... Il n'était pas le seul à se comporter ainsi, n'est-ce pas ?
- Non,. Je dirais plutôt... dans la moyenne.
- Voilà. Il jouait au garçon.
Et je t’enseignerai l’histoire de l’art. Pour comprendre et apprendre à voir, il faut connaître le passé. Il faut comprendre le monde dans lequel nous vivons. Et donc, la littérature, la philosophie, l’histoire…