— Tu souffres pour l’instant et tu as sans doute l’impression que cette douleur dans ta poitrine ne cessera jamais. Mais toutes les émotions sont éphémères, tout comme les phases de doute. Il ne faut pas qu’elles t’empêchent d’accomplir tes objectifs. Tu dois prendre conscience que, grâce à toi, les choses ont bien plus bougé en quelques mois qu’en cent cinquante ans.
- Non ! Je ne me tairai pas ! Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? J’ai rempli les épreuves que vous m’aviez confiées ! Certaines que même l’armée palyrienne n’avait su résoudre. Maintenant vous m’envoyez me faire tuer en Italie, et quoi ? Quelle sera la prochaine étape ? Vous n’avez aucune réelle intention de m’intégrer dans vos troupes ! Tout ça n’était qu’un moyen de me tenir à l’écart,
comme on donnerait un os à son chien.
- On nous a raconté les exploits que tu as accomplis et ce que tu as dit sur l’estrade nous a fait réfléchir. Toi, plus que quiconque, peux adopter la place de meneuse. Nous sommes toutes disposées à te suivre. Nous n’avons jamais appris à nous battre, mais ferons de notre mieux pour aider notre pays.
Jusqu’ici, nous avons laissé les hommes nous protéger, ou plutôt nous tenir à l’écart. Ce temps est révolu.
Face à elle, marchandes, voisines, épouses de marins ou mères au foyer, toutes avaient fait ce choix. Peu importait que certaines n’aient pas été formées à l’art du combat, qu’elles ne soient pas vêtues d’armures étincelantes, qu’elles n’aient pas toutes la morphologie musclée que l’on attendrait d’un soldat. Ce matin-là, par leur ambition et leur bravoure, toutes étaient devenues de véritables guerrières.
- Vos pères, vos époux et vos fils vont partir dans une guerre qui tuera bon nombre d’entre eux. Pourquoi ne pas leur prêter main-forte ? Nous sommes aussi en mesure de nous battre. Peu importe que vous soyez riches ou pauvres, vous avez les moyens de vous tenir à côté de vos hommes. Personne ne devrait vous dicter le contraire ! Pas même le commandant Clion.
- Si les dieux le décident, nous périrons. Mais nous nous devons d’essayer. Nous préférons rendre notre dernier souffle en sachant que nous nous sommes battues aux côtés de nos hommes, même s’ils n’en éprouvent aucune reconnaissance, plutôt que de mourir en lâches.
- Tu ne me connais vraiment pas dans ce cas. Tu crois que je pourrais tomber sous ton charme de malotru ? Laisse-moi t’ôter cette épine du pied : tu ne m’intéresses pas le moins du monde ! D’ailleurs, je me demande bien qui le pourrait !
Les hommes sont nés pour ça, ils ont été entraînés. Ils sont plus aptes à se battre que nous. Thaïs avait l’impression qu’on lui récitait un dogme, ancré depuis des générations, qui sonnait faux à ses oreilles.
« Oh non, je n'abandonnerai pas. Tout ça ne fait que commencer. »
Les victoires ne se résument pas à une seule bataille, parfois certaines d'entre elles ne peuvent être remportées qu'en plusieurs combats.