AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Fernand Pouillon (32)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les pierres sauvages

Les pierres sauvages, une association de mots étonnante, un titre auquel je n'ai pu résister !



Dès les premières pages, Fernand Pouillon a réussi un tour de force: m'entraîner au coeur d'un voyage médiéval dans les pas d'un moine cistercien accompagné de ses frères. Il faut dire que l'incipit nous plonge de suite dans le vif du sujet: le quotidien des moines bâtisseurs à l'occasion de la réalisation d'un nouveau projet architectural.



Cette grande aventure commence en 1161, à travers le journal de bord fictif du moine bâtisseur, Guillaume Balz dont l'identité est révélé en fin de récit. 

Commandité par son abbé , Bernard de Clairvaux, frère Guillaume quitte Cîteaux pour réaliser un nouvel édifice à la gloire de Dieu et de Marie, la future abbaye du Thoronet, première abbaye en Provence, où une communauté installée à Notre-Dame-de- Florielle (près de Tourtour dans le Var) à du mal à survivre.



Le lecteur devient ainsi le compagnon privilégié de frère Guillaume et le témoin du quotidien de cette communauté dont nous découvrons les règles strictes et parfois outrepassées dans l'engouement général et l'ardeur déployée pour faire avancer l'ouvrage.



Guillaume avec qui nous partageons exaltation, visions créatives, artistiques et souvenirs de trente ans d'appartenance à l'Ordre mais aussi les tracas de l'organisation matérielle du chantier, et nous confiant se sentir plus maçon que moine, plus architecte que chrétien. Guillaume désigné maître d'oeuvre et cellérier (gestionaire financier, économe) qui étapes par étapes, après maintes réflexions et consultations, met en branle ce grand chantier. Guillaume obsédé par le choix de la pierre, qui veut imposer les pierres du pays, les pierres sauvages, les plus proches du chantier mais aussi les plus difficiles à travailler, les pierres aux reflets gris et ocres d'où naîtront la beauté, la lumière et qui magnifieront les volumes révélant leur grandeur dans le dépouillement recherché de l'art cistercien.



Un tableau médiéval animé où prennent corps les aspirations propres à chacun, qu'il soit moine, convers ou compagnon, tous concentrés à la tâche mais les sens en éveil dans une nature prise en main par les travaux de défrichements, d'essartages etc... oeuvrant à l'unisson pour ce mirage lumineux malgré les souffrances, les soucis, les privations.



Un portrait de Guillaume de Balz émouvant et touchant esquissé de manière très fine, notamment dans le rapport aux autres, épiant et surprenant ses frères dans leur contribution solitaire au chantier et leur dévouement.



L'écriture limpide et sobre de Fernand Pouillon (1912-1986), architecte de formation, sert le propos d'une manière subtile, poétique pour nous faire entrevoir la sensibilité du moine Guillaume, plus technique pour nous faire appréhender les difficultés de sa création artistique .

Superbe journal de bord dans lequel on s'enveloppe au fil des pages à l'image du corps des frères dans les coules (robes longues en laine blanche avec capuchon).

Je me suis mis ainsi à espérer avec eux à ce rêve de pierre, chef d'oeuvre éternel en devenir.



Les pierres sauvages, un récit inspiré pour conter une belle aventure humaine

Une lecture à découvrir pour un moment de plénitude...

Commenter  J’apprécie          1065
Les pierres sauvages

Magnifique ouvrage sur les premiers mois de la construction de l'abbaye du Thoronet, l'une des cinq soeurs de Provence. Il est écrit par l'architecte Fernand Pouillon auquel on doit, entre autres, la restauration du château de Belcastel en Aveyron, édité chez Seuil avec de splendides photographies de l'abbaye réalisées dans une lumière saisissante où la pierre apparaît dans une rare splendeur.



Le livre est un roman puisque l'auteur, à travers le frère Guillaume, en charge par l'abbé de Cîteaux de lancer cette construction, emmène le lecteur au coeur de toutes les problématiques architecturales et artistiques, mais aussi humaines dans les débuts de ce chantier colossal qui aboutira à une merveille absolue.



L'action se déroule sur les neufs premiers mois du chantier, de la mi-mars au début de décembre. Frère Guillaume raconte, jour après jour, les nombreuses péripéties du lancement de cette oeuvre. Cela va du choix précis de l'emplacement, avec le détail des plans, les débats que leur conception génère, la sélection des pierres qui seront essentiellement extraites sur place ou aux abords du site, à toute l'organisation du travail de chacun, moines et convers, compagnons, animaux, l'ensemble conté avec une humanité marquée par la foi de ces hommes capables de se lancer avec confiance dans un tel ouvrage.



La qualité d'architecte de l'auteur favorise la compréhension des choix et des techniques retenus, l'ensemble écrit de manière très accessible au profane, sans le lasser par d'inutiles longueurs. C'est la pierre qui domine toute cette partie architecturale, l'auteur lui donne une âme à mesure qu'il décrit la destinée de celle-ci dans la construction.



Le récit est émaillé des accidents du chantier qui peuvent toucher aussi bien l'animal que l'homme et le maître d'oeuvre exprime toute sa peine chaque fois que la mort vient malencontreusement frapper. le talent de Fernand Pouillon est remarquable pour exprimer le ressenti de ces douleurs physiques et morales auxquelles toute la communauté compatit attendant avec espérance guérison ou délivrance. Guillaume sera lui-même sévèrement blessé, connaîtra le découragement, puis, soutenu par sa foi, parviendra à continuer sa mission.



Les dernières pages sont particulièrement belles dans lesquelles Guillaume évoque, avant de rejoindre Cîteaux, les chantiers qu'il a suivis et l'attachement particulier qu'il ressent pour celui du Thoronet, son dernier. Il ressent désespoir et résignation devant son départ imminent et clame son amour pour ses petits frères et ces pierres qui vont prendre vie dans l'oeuvre dont il ne connaîtra pas l'achèvement.



Même si on est déjà allé plusieurs fois à l'abbaye du Thoronet, ce livre donne envie d'y retourner très vite pour admirer avec un oeil nouveau les pierres, les tuiles, le cloître, tout cet univers chargé d'histoire, de labeur et de foi. Et pour le lecteur qui ne la connaît pas, il sait qu'au détour d'une colline varoise, la merveille l'attend.

Commenter  J’apprécie          827
Les pierres sauvages

Quel bonheur, la visite de l'abbaye du Thoronet après la lecture des 'Pierres sauvages'.



On ne peut qu'admirer le travail réalisé par une poignée de convers et quelques compagnons.



J'ai trouvé des passages intéressants dans le livre, comme l'attachement du maître d'ouvrage pour cette pierre si dure, si ingrate.



Mais je n'ai pas été emporté par ce journal de bord, ses histoires d'hommes, de jalousie, des réflexions volant un peu trop haut pour moi et l'impression de tourner un peu en rond.

Commenter  J’apprécie          270
Les pierres sauvages

Le moine Guillaume appartient à l'ordre de Cîteaux depuis 30 ans lorsqu'en 1160 il est envoyé en Provence pour assurer la maîtrise d'oeuvre de la construction de l'abbaye du Thoronet.

Conçu comme le journal de chantier de ce frère bâtisseur Les pierres sauvages nous relate la naissance d'un édifice construit selon la règle de Saint-Bernard. Dissimulé dans une chênaie du centre varois, cet édifice existe encore de nos jours. C'est un des témoins les plus préservés de l'architecture de cet ordre.



Isolement, dépouillement, pauvreté, austérité gouvernaient les intentions de l'ordre monacal le plus prolifique des 11ème au 13ème siècles en terme de constructions d'édifices religieux. Ni sculpture, ni statue, ni vitrail décoré, ni peintre murale ne devaient distraire le moine de l'extrême rigueur de sa vie consacrée à la prière.



Avant de donner naissance à des constructions qui témoigneront de leur vie, de leur foi, Les chantiers sont avant tout des histoires d'hommes. C'est ce que Fernand Pouillon tente de nous faire appréhender aux travers de ces écrits. Architecte de métier, il connaît bien le sujet. Son écriture a la sobriété des constructions réalisées par l'ordre de Cîteaux. Elle nous laisse percevoir la somme de renoncement et de dévouement qui pouvaient animer moines et convers dans leur choix de vie tournée vers le sacrifice. Ils participaient à ce type de chantier sans avoir l'anxiété de voir l'oeuvre terminée. Ils construisaient pour abriter une foi éternelle que perpétueraient les générations futures de leur confrérie. Pour la postérité. Intention perdue de nos jours.



Au Thoronet les formes épurées de la voute piègent la parole humaine dans l'univers minéral complice, de telle sorte que seul Dieu puisse la percevoir.



Un roman intéressant pour qui aime l'histoire des vieilles pierres, la vocation spirituelle de certains monuments. Certes un peu austère, mais soit, dévotion oblige.

Commenter  J’apprécie          130
Les pierres sauvages

Au XII ème siècle un moine mandaté par Bernard de Clairvaux se rend à Notre-Dame de Florielle pour organiser la mise en chantier d’une future abbaye.

Il arrive par Avignon et les Alpilles et fait halte à Montmajour.

Sur le futur emplacement le défrichement de la forêt a déjà commencé. Le chantier est né. Il est le maître d’oeuvre et va dans les mois qui suivent organiser le travail.

La préparation est ingrate, longue et nécessite l’embauche de tous les corps de métier nécessaires : carriers, forgerons, potiers, bûcherons.

Il faut en premier lieu construire des bâtiments annexes où loger les moines, les convers et tous les ouvriers. Il faut essarter, labourer, semer, créer potager et verger, pressoir et moulin à huile, bergerie et étable, le nécessaire pour assurer la subsistance de tous. Un jardin des simples pour soigner.

Un potier est en charge des tuiles qui couvriront les bâtiments. Des charpentiers préparent les longues poutres et solives qui serviront à la charpente.

Le travail est lent

« Dans les meilleurs conditions, six années seront consacrées à à l’extraction et à la taille. » les matériaux choisis ne sont pas ceux auxquels les tailleurs de pierre sont habitués, il y a là des pierres fragiles, d’une couleur inhabituelle, des « pierres sauvages ».

Contre tous il choisit de monter les murs sans utiliser de mortier pour garder toute sa beauté à la pierre, mais cela exige un travail plus difficile, la taille doit être parfaite.



Il est alternativement confiant et inquiet mais pour lui « la difficulté est l’un des plus sûrs éléments de la beauté » il tente de ne jamais oublier les vertus nécessaires « Patience, Persévérance et Humilité ».



Il ne peut oublier son rôle spirituel, faire vivre ensemble des hommes différents, les uns sont de simples ouvriers, les autres voient là une mission de foi.

Il lui faut respecter les prérogatives de chacun, ménager la susceptibilité des uns et des autres. Il est garant de la règle de Saint Benoît tout autant que de la bonne avancée des travaux et parfois le souci du chantier le pousse à accepter quelques entorses à la règle sacro-sainte.

Les accidents, les intempéries, la dégradation de sa santé le font parfois douter de la réussite du projet, doutes et regrets l’assaillent, il aurait voulu avoir le temps pour « Etudier, observer, contrôler, revenir en de nombreux repentirs, afin d’atteindre une perfection certaine. »

Ce journal de la construction de l' abbaye du Thoronet est d’une austérité toute bénédictine, le récit est âpre, rude, à l’image du futur édifice. C’est dans le même temps une chronique très vivante et une méditation sur la volonté qui portait ces hommes pour affirmer la puissance divine par une oeuvre belle, simple, qui rende présent l’invisible.

Un très beau roman, un acte de foi dans l’architecture, l’art et la main de l’homme.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          110
Les pierres sauvages

La phrase de Raoul Glaber, constatant que le royaume de France se couvrait au onzième siècle d'un blanc manteau d'églises, est belle. Si elle rend compte du large mouvement de construction de ces monuments de foi, elle échoue sûrement, par poésie, à témoigner des difficultés matérielles que rencontra probablement chacun des maîtres d'ouvrage, chacun des ouvriers, dans cette tâche titanesque. Le roman Les pierres sauvages, s'il ne renonce pas à la poésie des mots et des images, ne rechigne pas cependant à décrire les matérielles obligations de la foi. Au contraire. Récit de la construction de l'abbaye du Thoronet, édifiée à partir des années 1160, le roman conte une aventure humaine guidée par la foi. Il est aussi une affirmation que l'architecture est un art, nécessaire aux hommes et inspiré.



Avant d'être un moine cistercien, le frère Guillaume est d'abord un maître d'ouvrage, c'est-à-dire architecte. De son propre aveu, c'est l'amour de son art, seulement, qui lui a fait prendre la coule. Bien lui en a pris : durant le douzième siècle, l'ordre de Robert de Molesmes s'étend partout en France et en Europe occidentale. Partout des abbayes poussent, partout il est besoin de ces hommes capables d'imaginer les futures dimensions de ces cités de moines que sont les abbayes. Le Thoronet est le dernier chantier de frère Guillaume. Il le sait : la mort l'attend, et sans doute ne lui en veut-elle pas qu'il ait édifié des dizaines de ces "moulins à prière", comme le dit maître Paul, maître carrier de son état, qui promettent de sauver les âmes de tous les chrétiens du monde. Présenté sous la forme d'un journal tenu régulièrement par le maître d'ouvrage, Les pierres sauvages est moins le récit de la construction d'une abbaye que sa genèse. Datés selon les fêtes des saints patrons, les événements témoignent moins de l'élévation lente du monument que de l'évolution des personnages, de leurs rapports de force, de leurs aspirations personnelles. Naturellement, c'est sous l'angle de vue de frère Guillaume que les événements sont décrits, analysés, ressentis. C'est son cœur qui parle lorsqu'il fait face aux récriminations de maître Paul, à la dérive autoritaire de frère Benoit, aux interrogations de l'abbé de Florielle, son supérieur immédiat. Les pierres sauvages évoque alors, en creux, le rapport entre un homme et son œuvre.



Bien-sûr, l'effort de vraisemblance historique doit être relevé. Le roman peut tout à fait être considéré comme un roman historique, à ce titre. Avec sa fine compréhension de la chose architecturale, Fernand Pouillon donne à voir ce que pouvait être un chantier au Moyen Âge. Non seulement cela, mais aussi ce qu'était qu'une abbaye, en termes d'organisation sociale notamment : frère Guillaume est maître d'ouvrage et est amené à se déplacer partout où son Ordre le lui intime. Il a, avec lui, des frères cisterciens dont la tâche de travail et de prière, immuable, sera effectué dans le même lieu, tout au long de leurs vies. L'abbé, homme de charisme et de sagesse, guide, conseille et tranche. Puis viennent les frères convers, laïcs venus à la religion par goût ou par sécurité, qui assurent les travaux manuels tout en étant associés à la prière. Enfin, voici les compagnons, tel maître Paul, laïcs appelés pour leurs talents, reconnaissant la supériorité morale des Cisterciens sans accepter l'autorité de fait : égaux des moines, ils leur sont indispensables. Pouillon montre que la vie religieuse, ici, passe après le chantier. Les journées, bien que rythmées par les offices (matines, complies, vêpres ...), sont toutes entières tournées vers le travail.



Cependant, le choix du personnage principal tend à démontrer que le travail n'est pas le sujet central de ce roman. Ici il est davantage question de création artistique que de force manuelle. Avant d'être monument matériel, l'abbaye est œuvre de l'esprit. Il n'est pas anodin, d'ailleurs, que la blessure contractée à la jambe par frère Guillaume l'oblige, à la fin du roman, à quitter le chantier et à rentrer à Cîteaux : une fois les plans établis et le chantier lancé, sa présence est moins utile que celle des compagnons ou des convers. Par ailleurs, si ses réflexions écrites décrivent avec force détails l'avancement technique du chantier, les pages les plus profondes concernent la place dans l'architecture en tant qu'art et au sein de la Création. À travers un seul personnage central, ce sont donc bien les figures distinctes de l'auteur - Fernand Pouillon - et du narrateur - frère Guillaume - qui parlent. Pour Pouillon, l'architecture tient autant de la science que de la poésie, de la rigueur des calculs mathématiques que de l'inspiration libre, issue de visions imaginaires ou de rêves nocturnes. En ce sens, les personnages de frère Bernard et de frère Benoit, tous deux cisterciens et proches de Guillaume tels des frères ou des fils, sont des figures bien commodes pour apporter la contradiction à Fernand Pouillon. Cette question de l'inspiration trouve un relai chez frère Guillaume, qui la relie forcément à Dieu. Le style architectural cistercien, d'ailleurs, est inspiré par la sobriété induite par l'humilité revendiquée par l'Ordre, comme en contrepoint des aspirations des princes séculiers, seigneurs combattant ou priant. Toutefois, si frère Guillaume reconnaît avoir connu l'épanouissement dans les chantiers successifs auxquels il a participé, son inspiration est exclusivement personnelle, et ses rêves ne contiennent ni anges ni saints pour le guider. L'architecte apparaît ainsi comme un artiste à part entière, et frère Guillaume convoque d'ailleurs les figures plus connues du peintre et du sculpteur pour s'y comparer. Comme chez ses confrères, l'architecte de trouve confronté, dans l'exercice de son art, à des difficultés techniques - la topographie et l'hydrographie particulières du terrain, la nature des pierres ici, qualifiées de sauvages, pareilles à des animaux domptés seulement en apparence - qui, s'il parvient à les vaincre, constituent sa réussite artistique et donc, sa gloire. Que Les pierres sauvages puisse être qualifié de manifeste romancé pour l'architecture serait sans doute exagéré ; au moins le roman est-il l'affirmation par la didactique du roman d'un art et d'artistes à part entière, confirmés par Dieu mais non inspirés par lui, un art nommé architecture.
Commenter  J’apprécie          100
Les pierres sauvages

Un livre un peu hors norme par son histoire qui est une plongee dans un monde ferme,celui d'une abbaye et de ses moines y residant.Le recit est court,bien découpée et se lit vite et avec curiosité et plaisir.L'ensemble est tres credible,et est presque un livre documentaire sur ce mknde.A decouvrir.
Commenter  J’apprécie          60
Les pierres sauvages

Fernand Pouillon a écrit ce roman en prison. Pour tous ceux qui s'intéressent à l'architecture, et comme moi à l'art roman, c'est un livre incontournable. Il est arrivé Ici dans les valises de ma fille architecte. Et je l'ai lu à la suite d'un documentaire récent sur la reconstruction des villes rasées pendant la seconde guerre mondiale, à laquelle Fernand Pouillon a largement contribué : en particulier la reconstruction du quartier du Vieux-Port de Marseille rasé par les Allemands, mais aussi de nombreux logement sociaux …

Guillaume, frère cadet de Hugues II de Balz, écrit la chronique de la construction d'une abbaye cistercienne dont il est le maître d'oeuvre, au creux du vallon du Thoronet, à une journée de marche de Notre Dame de Florielle. Avec ses deux jeunes frères, Bernard et Benoît, moines cisterciens comme lui, ils arrivent sur site le 5 mars 1161. Guillaume va créer, à partir de rien, la plus belle, la plus pure et la plus emblématique des abbayes provençales. Il a déjà édifié nombre de monastères. Il a tout dans la tête mais il faut commencer par essarter, aplanir, et surtout trouver les pierres, les extraire à main d'homme, les transporter, trouver l'argile pour confectionner des tuiles, abattre les arbres pour former les échafaudages, forger les outils.

C'est toute une ville qui, entre prières et privations, s'affaire autour du projet. C'est aussi une troupe d'hommes qu'il faut savoir manager : les spécialistes, les moines, les frères convers. Guillaume est autoritaire. Il impose ses conceptions. Pour l'abbatiale, par exemple, il décide de poser les pierres sans mortier. C'est plus ardu mais beaucoup plus beau. Et puis il y a les accidents, les aléas climatiques, les querelles … Il est difficile à ceux qui ne « transpirent » que des méninges d'être aimés ou respectés des hommes aux mains calleuses …

Pour Guillaume, un chantier est plus long qu'une guerre, moins exaltant, où les batailles sont les dangereuses corvées de tous les jours. Mais la victoire est certaine. Même si, comme Guillaume, beaucoup de ceux qui ont initié le chantier ne verront pas son complet aboutissement.

Un roman très personnel, bien écrit, accessible, qui constitue une réflexion philosophique sur le délire de la création et ses doutes, l'hypnose provoquée par la dominance de l'oeuvre en cours, le respect du module impératif qui règle tout l'édifice, impose la dimension de base, sur la souffrance physique aussi … Une leçon d'humilité et de grandeur.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          60
Les pierres sauvages

Registre journal d'un autre temps.



Temps des cathédrales et des églises, recueillement et pierres se côtoient et se croisent de voûtes en chapiteaux.



Persévérance et foi en soi et en l'autre dans sa détermination et son aboutissement.



Les pierres s'érigent, les vitraux s'éclairent et les chants s'entonnent aux brisures des arcs et des piles.



Très bel hommage à cet art mis au service du temps et de l'homme qu'est l'architecture.



Commenter  J’apprécie          60
Les pierres sauvages

Histoire magnifiquement contée qui donne vraiment envie de visiter l'abbaye du Thoronet. Les aspects techniques de sa construction sont abordés avec une grande maîtrise, et en premier lieu évidemment tout ce qui a trait à l'architecture. L'évocation des matériaux donne lieu à de très belles lignes, à des élans émouvants, cf la description des pierres p.90.

L'aventure humaine (nous sommes en 1161..), les relations entre les moines et les convers, l'expression des doutes, des joies, des peines, sont certainement les aspects les plus intéressants du récit. On en oublierait presque une certaine austérité et rigueur dans le style (le narrateur est le moine maître d'oeuvre du chantier), à l'image de l'architecture sobre et dépouillée d'une abbaye cistercienne. Cela donne néanmoins à l'ensemble un sentiment d'équilibre et d'harmonie, même si la scène finale me laisse un goût d'inachevé.

Au final, excellente lecture que je ne peux que conseiller.
Commenter  J’apprécie          60
Les pierres sauvages

J'ai la chance d'habiter à une cinquantaine de kilomètres du Thoronet. Je viens de finir la lecture des "Pierres sauvages". Je n'ai qu'une envie, retourner sur le site de l'abbaye. Même si le journal de Fernand Pouillon est fictif, il donne bigrement envie de visiter encore et encore ce superbe lieu
Commenter  J’apprécie          60
Les pierres sauvages

Journal fictif du Maître d'oeuvre de l'Abbaye du Tholonet près de Fréjus dans le Var. Fernand Pouillon, lui-même architecte, y décrit à la fois l'évolution des travaux du bâtiment et les réflexions théologiques de Guillaume, nous plongeant ainsi dans la société du Moyen Age.
Commenter  J’apprécie          60
Les pierres sauvages

Le journal de bord du Maître d'œuvre du chantier  du monastère du Thoronet commence le 5 mars 1161 et  s'achève en décembre.



A son arrivée, le défrichement de la forêt est commencé mais seulement un dortoir-atelier couvert de feuillage abrite quelques convers. La construction ne commence pas tout de suite. Avant, il faut  réunir des compagnons, carriers, forgeron, menuisier, établir la Règle de vie (on est dans un monastère).





L'auteur nous présente Paul, le carrier, Anthime forgeron, Joseph potier...ce ne sont pas des anonymes mais des personnalités attachantes. les animaux ne sont pas oubliés : les mules fournissent un dur labeur et paieront leur tribu.



Bien que le Maître d'œuvre soit loin d'être un novice, qu'il ait déjà construit nombreux monastères cisterciens, il arrive sans plan préconçu et laissera une longue période à son inspiration. Il veut d'abord s'adapter à la topographie mais aussi à la géologie du site. Un débat intéressant s'instaure entre les carriers, tailleurs de pierre pour l'aspect des blocs.



"Nous, moines cisterciens, ne sommes-nous pas comme ces pierres ? Arrachés au siècle, burinés et ciselés par la

Règle, nos faces éclairées par la foi, marquées par nos luttes contre le démon ?... Entrez dans la pierre, et soyez

vous-mêmes comme des pierres vivantes pour composer un édifice de saints prêtres."



Le chantier exigera son lot de sacrifices : accidents du travail, dirait-on aujourd'hui. Les récits de l'agonie de Philippe, de Thomas de la mule Poulide seront tragiques. C'est le récit d'un chantier, mais surtout d'une aventure humaine. Le Maître d'œuvre ne sera pas épargné à la tâche.



Puis vient l'enthousiasme de la construction, les formes qui s'ébauchent puis se complètent :





Un beau voyage au Moyen Age initié par un successeur des bâtisseurs des cathédrales et des monastère!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
Commenter  J’apprécie          50
Les pierres sauvages

Je ne peux pas être honnête sur ce livre. L'abbaye du Thoronet est pleine de mes souvenirs d'enfance. Les lieux que décrit le narrateur m'entourent depuis toujours, Lorgues, Tourtour, Carces...



Ce livre est une histoire romancée des premiers temps de la construction de l'abbaye. Sous la forme d'un journal nous découvrons les interrogations de l'architecte et ses choix fac aux contraintes du terrain. J'ai particulièrement apprécié de retrouver quelques-unes des particularités de l'église ou du cloître.



Pour autant, à travers le vocabulaire ou les tournures d'esprit, c'est surtout l'auteur architecte de son état qui raconte sa relation au métier.
Commenter  J’apprécie          50
Mémoires d'un architecte

Fernand Pouillon, le scandale Pouillon ? Ce récit, quoique hagiographique, est bien proche de la réalité.

Il fut accusé par l'Ordre des Architectes, condamné, puis s'est évadé et réfugié en Algérie. Pour finalement revenir, adoubé par les jeunes architectes, élu par eux au Conseil de l'Ordre des Architectes !

Et ce qui lui avait été interdit (la promotion et la maîtrise d'ouvrage) s'est imposé comme une forme efficace d'activité de l'architecte.

Alors, oui, Fernand avait un ego débordant, il fonctionnait aux amphét (en vente libre en pharmacie à cette époque), mais tout de même, quel bonhomme, et quel excellent architecte !
Commenter  J’apprécie          40
Lettres à un jeune architecte

Un livre que je conseille à tous, architectes, étudiants... c'est un trésor de conseils et de bon sens...très difficile à trouver cependant : croisé en bibliothèque spécialisée, je ne l'ai plus revu depuis sa lecture immédiate. Un coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          31
Les pierres sauvages

Si il est souvent impossible de classer ses coups de cœur littéraires, il est des livres "âmes sœurs" qui résonnent au diapason de votre vie, tant l'histoire vous est intime. Je souhaite à tous les lecteurs de trouver ces trésors. Pour moi ce journal de bord de l'architecte de l'abbaye du Thoronet fait partie du Panthéon de ma bibliothèque parfaite.



Fernand Pouillon a su évoquer l'universel en croisant ses propres questions à celles d'un de ses aînés dans la recherche du sens et de l'élévation.



La version illustrée de ce livre apporte la touche finale à la magie du propos
Commenter  J’apprécie          20
Les pierres sauvages

Dans les murs de l'abbaye du Thoronet vibrent à jamais le génie et la foi. Un moine bâtisseur construisit, au XIIe siècle, ce chef-d'œuvre cistercien. Son journal de bord raconte les difficultés techniques infinies, la faiblesse et le courage des hommes, et les doutes qui l'assaillent. Il partage ses angoisses, ses réflexions, et s'émerveille de la rencontre scellée entre l'art et Dieu.



" A-t-on jamais mieux décrit ce qui anime les architectes lorsqu'ils exercent leur art ? "

La Croix

Commenter  J’apprécie          20
Les pierres sauvages

"Les pierres sauvages" entre dans la catégorie des livres dont la lecture ne me lassera jamais. Je sais pourvoir reprendre la lecture à n'importe quel moment, à n'importe quelle page sans perdre un fil de la beauté, sans perdre un gramme de l'intensité dramatique (surtout vers la fin). Je peux lire, relire, rerelire sans me lasser les oraisons désespérées du moine cellérier, sûr de sa personne et de son autorité, imbû de son savoir ; il est en charge de la construction de l'abbaye du Thoronet, mais en phase d'échouer.

La force de Fernand POUILLON, architecte de son état, est la description très minutieuse des tâches de chaque moine, convers, et même templier.

La force de Monsieur POUILLON, de son vivant plutôt en retrait de la religion, est de faire parler l'ecclésiaste avec intelligence, en lui accordant son entier respect.

Monsieur POUILLON m'a conduit à visiter l'abbaye (dans le Var) à l'acoustique incomparable, une vraie merveille (merci, merci). Il m'a naturellement invité à prendre connaissance de la rigueur de la règle de Saint Benoit sans effort.

Voir : la vie et la règle de Saint Benoit, Pierre Téqui éditeur
Commenter  J’apprécie          20
Les pierres sauvages

Ce roman se présente comme un journal de chantier : celui du maître bâtisseur Guillaume Balz. Les faits se déroule au 12eme siècle, où ce moine se voit demander la construction d’une abbaye à Thoronet, qui devra montrer la grandeur des cistercienne.Cette abbaye sera un modèle d’architecture.



Il nous y relate la vie sur le chantier au Moyen Age, et la vie monastique de cet ordre religieux. Jour après jour…. [Bon là j’avoue avoir rencontré des difficultés parce que la saint machin, et le saint bidule… euh moi je ne sais pas quand ça tombe. J’ai donc eu du mal à me représenter temporellement l’histoire. Il y avait quand même certains repères ou certaines dates qui étaient dit clairement.] Donc, jour après jour on découvre les difficultés auxquelles Guillaume doit faire face : l’indiscipline de ses ouailles, les problèmes techniques, la difficulté d’utiliser telle pierre et pas l’autre, comment construire sur un terrain en dénivelé, les problèmes doctrinaux (la construction devait obéir à certaines règles) et sa volonté d’en faire un lieu épuré afin qu’il n’y ai rien qui vienne les détourner de leur culte, l’organisation de la vie de chantier et le rythme de la vie monastique.



Mais la vie de chantier s’est aussi la vie ensemble, travailler ensemble, des liens qui se créent, un respect qui se gagne. J’ai trouvé ce livre très intéressant. Fernand Pouillon a su raconter cette vie avec justesse. J’ai vraiment eu l’impression de plonger dans ce chantier. Découvrir comment de tel bâtiment pouvaient être érigé ! L’auteur sait de quoi il parle (il était architecte) mais il ne nous noie pas sous des termes techniques. Il m’a donné très envie d’aller découvrir cette abbaye, même si elle est un peu loin…
Lien : https://memelessorciereslise..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Fernand Pouillon (276)Voir plus

Quiz Voir plus

Roman : Les enfants sont rois Delphine de Vigan

Quel est le prénom de l'enfant qui se fait enlever dans le livre ?

Sammy
Kima
Kimmy
Kenji

10 questions
186 lecteurs ont répondu
Thème : Les enfants sont rois de Delphine de ViganCréer un quiz sur cet auteur

{* *}