Citations de Florence Seyvos (59)
[...] Les légendes servent à mettre en valeur la vérité en dégageant l’essentiel du tissu parfois peu lisible de l’existence.
Je me suis réfugié contre la cloison et j'ai pleuré avec un chagrin comme je n'en avais jamais connu. Un chagrin dont je ne voyais pas le bout. Je me rappelle avoir pensé que j'étais trop jeune et trop seul pour affronter un tel chagrin. Il était au-dessus de mes forces. Peut-être est-ce la définition du chagrin.
il (Joe Keaton) sait la valeur d’une bonne histoire, et il sait que les légendes servent à mettre en valeur la vérité en dégageant l’essentiel du tissu parfois peu lisible de l’existence
Il y'a des gens qui traversent la vie en se faisant des amis partout ... tandis que d'autres ne font que traverser la vie.
Lorsqu'il ne trouve pas sa deuxième chaussette, il s'écrie : "Mille milliards de mille sabords!" ou "Saperlipopette !" Chaque fois qu'il s'assoit dans le canapé, il soupire : "La terre est basse !" Il est vrai qu'il met au moins autant de temps que son grand-père à s’asseoir.
Dans le combat mené par son père pour lui et contre lui, presque toutes les victoires dissimulent une défaite.
Il était une fois un petit tyrannosaure qui n'avait pas d'amis parce qu'il les avait tous mangés
Il y a des gens qui traversent la vie en se faisant des amis partout… tandis que d’autres ne font que traverser la vie.
La main qui tient la poignée dans son dos est si puissante, et lui-même semble si frêle qu’on le voit déjà fracassé. Et pourtant, au cœur de sa nature de projectile, se tien son étrange détermination, son petit noyau réfractaire, et plus il ressemble à un objet, plus il devient humain
Mais le chagrin, Henri, où le mets-tu ? Tes yeux ne pleurent jamais. La tristesse semble ricocher sur toi. Je sais qu’en entre pourtant, filtrée par ta vision du monde. Alors, dans quel recoin de toi-même l’enfermes-tu ?
Il bascule, la tête en avant, et puis il roule, bong, bong, bong, jusqu’en bas. Cet escalier est interminable.
Dans le monde du spectacle, a buster, c’est une chute, une chute spectaculaire. Joseph ne le sait pas encore, mais il vient de changer de nom. A partir de ce jour d’avril 1896, plus personne ne l’appellera jamais Joseph, ni ses parents, ni ses futurs compagnons de travail, ses amis, ses compagnes. Désormais, il s’appellera Buster.
Henri s’est cassé tout seul, quelques heures après sa naissance. C’était un beau bébé dodu de plus de trois kilos. Et tout à coup, un vaisseau s’est rompu dans sa tête. Le sang lui pissait par les yeux et les oreilles, et son avenir, en une fraction de seconde, venait de changer totalement de route.
Le père d’Henri dit : « les enfants, il faut les casser ». Il pense sincèrement qu’on ne peut élever un enfant sans le casser, qu’il n’y a pas d’autre solution. Pas simplement plier, casser. Il faut entendre le craquement de la tige de bois que l’on ferme sur elle-même, à deux mains, d’un coup sec.
Pourquoi est-elle venue ici ? Pour presque rien. Pour croiser dans l’air, sous les feuilles, quelques microparticules que Buster Keaton avait lui aussi croisées. Un grain de poussière qui aurait touché sa main ou ses chaussures. Elle déplie les doigts pour attraper le grain de poussière. Elle est contente d’être venue. Elle se souviendra des deux écureuils et du monsieur dans son transat.
On se tue à faire de beaux films, tout ça pour que les gens restent chez eux à regarder des crétins faire les andouilles sur un écran minuscule.
Mais ce jour-là, son père est mort, et c'est cette nouvelle que ma mère est venue lui annoncer. Les mots ont traversé la chambre. Henri a légèrement sursauté.
- Hé bien, dit-il, je n'aimerais pas être à sa place.
Dans le monde du spectacle,a buster, c'est une chute,une chute spectaculaire. Joseph ne sait pas encore, mais il vient de changer de nom.
Mais le chagrin, Henri, où le mets-tu ? Tes yeux ne pleurent jamais. La tristesse semble ricocher sur toi. Je sais qu'elle entre pourtant, filtrée par ta vision du monde. Alors, dans quel recoin de toi-même l'enfermes-tu ? (p.110)
Il n'a jamais vu d'enfant qui ne sache pas chahuter, à qui il faille apprendre geste par geste comment on joue à la bagarre. Henri, lui, n'a jamais vu d'enfant tout court. (p.91)
Henri recommence, plus doucement. ses yeux brillent, il regarde son père comme si son père était Dieu et qu'il lui appartenait exclusivement à lui, Henri; Un regard d'adoration ravie. Ils sont seuls au monde. Ils sont les rois du monde. Je les vois et je pense que mon cœur est atrophié, pas seulement le mien, il en est de même pour tout le groupe humain dont je suis issue : notre cœur est une petite machine sage qui ne produit que des ersatz de sentiments. je n'ai jamais vu un lien aussi fort entre deux personnes. je n'ai jamais vu un père et un fils s'aimer autant; (p.26)