C'est souvent dans les places fortes du gangstérisme que les musiciens noirs purent résister à la crise économique. La prohibition... faisait le bonheur d'une certaine bourgeoisie blanche venue s'encanailler au contact de la contrebande et de la musique noire. Haut lieu de Harlem où les clubs se multipliaient, le Cotton Club proposait à un public exclusivement blanc des boissons prohibées et des spectacles de danse et de musique noire conçus sur le modèle des grandes revues de Broadway.
Le chanteur d'origine africaine était gêné par la répartition des hauteurs de la gamme occidentale... Il infléchissait le mi vers le mi bémol, hésitant entre les deux, glissant de l'un à l'autre. Ce faisant, il introduisit dans la gamme de do majeur des notes caractéristiques de la gamme mineure, chantant volontiers la tierce mineure lorsqu'il plaquait sur sa guitare l'accord majeur comprenant un mi. Ces notes troublantes, qui associaient au mode majeur la mélancolie propre au mode mineur, et déstabilisaient les accords par leurs contradictions internes, on les appela les "blue notes"... Ces blue notes inaugurèrent les fondements d'un monde harmonique et mélodique nouveau: celui du blues.
La fantastique musique qu'on entend à la radio de nos jours, on l'entendait il y a bien longtemps dans les vieilles églises où les sœurs criaient jusqu'à ce que leurs jupons tombent.
Louis Armstrong
Le jazz aura été la musique du XXe siècle avec lequel il naquit et qu'il traversa selon une foudroyante évolution, comparable à celle que suivit la musique classique en un demi-millénaire. Depuis les années 1980, l'histoire du jazz s'est pourtant ralentie tout en fournissant une actualité peut-être plus foisonnante que jamais. (page 8)