Payot - Marque Page - Christian Gailly - Lily et Braine
Était-ce le commencement de quelque chose ? N'était-ce pas plutôt la fin de quelque chose ? Ni l'un ni l'autre. C'était l'un et l'autre. Quelque chose d'autre. D'entre les deux. D'où cette dépression de l'attente dans un temps arrêté, un vide où quelque chose devait se décider.
Tout ça avait un certain goût de liberté. Tout ça c'est-à-dire être ailleurs. Dans une autre odeur. A une autre heure. Dans un lieu nouveau qui occupe les yeux.
C'est l'attente qui l'épuise. Brève attente pourtant. Elle ne dura que dix minutes. Epuisante cependant. Quand on attend depuis dix ans. Sans savoir qu'on attend. C'est encore plus tuant.
C'est quand même autre chose, l'air qu'on respire dans une zone industrielle au bord de la mer.
Et tandis qu'il s'approche du sofa il se débarrasse de sa veste. La jette sur le sofa et pose les yeux sur la table basse. Une lettre pour lui. Un mot de Lucie. [...] Entre autres choses émues. Gentilles et douces. Mots d'amour. Petits noms et paroles intimes qui ne nous regardent pas. Elle lui disait ceci :
Le frigo est plein. Fais-moi plaisir. Essaie de t'alimenter. Je suis sûre que tu n'as rien mangé depuis je ne sais combien de temps. J'ai enregistré le concert à la radio. Si tu veux l'écouter. La cassette est rembobinée. Je l'ai laissée dans le lecteur de la chaîne. [...] Appelle-moi si tu veux. Dis-moi comment tu vas.
Il était soûl. Donc lucide. Soûl on voit très clair en soi.
Qu'une impression, donc. Mais une impression n'est possible que sur un coeur qui aspire à l'être, impressionné. Il faut pour ça se sentir léger.
Le piano n'était pas le violon d'Ingres de Simon Nardis.C'était bien plus qu'un violon d'Ingres.Le piano était pour lui ce que la peinture était pour Ingres.
L’odeur du café lui donne envie de prendre un café, ça se comprend, le café n’est bon qu’au café.
"De même que l'écriture donne un sens à la pensée, de même que la musique donne un sens à la voix, de même la ^peinture donne un sens à la vision [...]."