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Citations de François Lecointre (15)


Parvenu au terme de ce cheminement laborieux, je sais désormais que la fraternité n'est pas un simple sentiment, qu'elle n'est pas constituée d'émotions pures qui s'imposeraient à nous au gré d'affinités particulières que nous aurions, ou non, la chance de pouvoir ressentir.

La fraternité est bien plus que cela. Il s'agit en réalité d'une disposition de l'esprit à laquelle chacun de nous doit s'asttreindre. D'une posture morale par laquelle nous devons rechercher le besoin qu'inévitablement nous avons de l'autre, identifier lucidement chez lui les talents, la force ou les faiblesses qui compléteront les nôtres et les équilibreront.

Etre frère, c'est se défaire de soi, c'est accepter d'être dépendant.
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La vérité que nos images dénonçaient ne pouvait pas être dite dans les journaux pour lesquels ils travaillaient. C'est ce jour-là que j'ai découvert jusqu’où pouvait conduire, dans certaines circonstances, le respect de la fameuse « ligne éditoriale ».

Je ne prétends surtout pas porter le moindre jugement sur le métier de journaliste. Je finissais par bien mesurer, engagement après engagement, qu'il est impossible de rendre compte, dans toutes ses nuances, de la complexité du réel. Que cette complexité et ces nuances n'intéressent probablement qu'assez peu la majorité des lecteurs. Qu'elles ne sont que modérément enthousiasmantes et, qu'en tout état de cause, le moloch de l’opinion publique ne s'en satisfait pas.
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LA GUERRE ...

En réalité, elle n’a jamais disparu.

Entre la « guerre », entendue au sens stratégique du terme, et ce qui était qualifié d’« opérations », il y a une différence de définition, mais, sur le terrain, pour le soldat qui la vit, c’est la même chose. C’est la même densité de combat, les mêmes blessés, les mêmes morts.

Beaucoup d’Américains qui ont débarqué en 1944 n’ont jamais eu de confrontation physique avec un ennemi ; à l’inverse, de nombreux soldats français ont connu l’expérience du feu sans que leur pays soit officiellement « en guerre ».

Après la guerre froide, qui était une guerre, au sens classique du terme, qui n’a jamais eu lieu, nous avons connu une période de guerre qui ne portait pas ce nom.

Et aujourd’hui on entre à nouveau dans une guerre qui parle aux gens, qui leur fait peur.



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P.29 " L'apprentissage des éléments techniques du combat ne représentait plus une fin en soi, mais un support par lequel on s'efforçait d'amener ces jeunes hommes à la maturité en leur faisant acquérir les traits principaux : exigence personnelle, responsabilité, souci de l'autre. "
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J'en sais désormais suffisamment pour ne pas me croire préservé, par ma simple qualité d'homme, du surgissement de l'animal qui gît en moi.
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"[...] on attendait du droit que, sans la force, il triomphe de la violence."
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Un soldat combat toujours dans l'espoir de parvenir à la paix. Elle est son horizon ultime. Mais si le politique a décidé de l'engager dans l'atteinte d'un tel objectif, c'est pour qu'il s'y efforce en faisant son métier de "soldat de guerre".
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Le regard d'un enfant affamé et harassé de fatigue après des semaines de fuite éperdue est aussi bouleversant que celui d'un orphelin au crâne enfoncé par les coups de machette qui ont tué ses parents.
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Chacun est libre d'avoir ses convictions et idéaux, mais nul n'a le droit, surtout s'il est jeune, de les imposer à toute force à ceux qui n'en veulent pas.
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Etions-nous soucieux du sens de cette guerre ? Je ne le crois pas. Tout à nos inquiétudes immédiates, nous nous réfugiions avec une sorte de soulagement dans la certitude que ce pour quoi nous allions combattre était nécessaire et juste, puisque nos chefs nous le commandaient.
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Vouer sa vie à la perspective d'un combat n'est pas une chose aisée. Et la méconnaissance de la réalité d'un tel paroxysme et de ce qu'il comporte de confrontation avec la mort rend la chose plus difficile encore. Avec, au coeur, le douloureux mystère de ce que serait notre attitude lors de cette plongée dans l'extrême de la violence.
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Aveuglée par l'illusion d'un monde où la guerre aurait pu devenir définitivement obsolète, notre société ne voulait pas regarder en face la permanence de la conflictualité et de ses mécanismes, de ses motivations ordinairement humaines.
Convaincus en toute bonne foi d'accéder enfin à un stade de civilisation ultime où l'homme devenu bon et débarrassé de ses instincts belliqueux serait désormais tout entier voué au bonheur tranquille de la jouissance matérielle, la plupart des Européens ne considéraient plus la guerre que comme une forme particulièrement abjecte de barbarie. Et ceux dont la vocation était de la faire comme la part la moins évoluée du genre humain.
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C’est au bon matin d’un début de printemps, frais et clair. Mon frère aîné et moi nous dévalons notre petite rue, en cavalcade vers la mer et vers la citadelle de Port-Louis, de l’autre côté de la passe, qui depuis toujours garde l’entrée dans la rade de Lorient. Je dois avoir six ou sept ans. Maman nous a envoyés saluer notre père, commandant de sous-marin, qui part aujourd’hui en patrouille pour plusieurs semaines. Le soleil réchauffe le granit doré de la citadelle, la mer est plate, pas une risée. Nous attendons en nous chamaillant, comme d’habitude, ayant à peu près oublié pourquoi nous sommes là.
Et puis le voilà, silhouette puissante, noire, longue, précédée d’une vague d’étrave à peine visible, simple masse liquide sans écume, fendue par le masque du sonar et qui glisse en lourdes draperies transparentes sur la coque sombre.
Je suis interloqué, fasciné par l’impression de force et de rigueur qui se dégage de ce spectacle. Je n’aperçois pas mon père auquel nous devrions pourtant faire de grands signes des bras. Mais cet engin fort, austère et intimidant me renvoie à lui, héros tout-puissant dont la sévérité nous effraie parfois.
Je crois que c’est à cet instant qu’est née ma vocation militaire.
C’est ensuite la longue fréquentation familière de mon oncle Hélie qui m’a progressivement ancré dans une destinée de soldat. Je le rencontrai pour la première fois sous la grange de la maison de ma grand-mère. Au fond de la bâtisse poussiéreuse et sombre, on avait accroché au mur de galets un grand panneau de bois sur lequel étaient inscrits son grade et son nom suivis de la mention mystérieuse : « mort au champ d’honneur ». Cette plaque baptisait de son nom un fortin du djebel Chélia dans la montagne de l’Aurès où, en août 1959, il avait trouvé, à vingt-trois ans, une mort tragique. Rapportée en France après l’indépendance de l’Algérie par ses camarades du 18e régiment de chasseurs à cheval, elle avait, depuis, paré notre grange d’une gravité étrange dont la raison se perdait au fil des étés et des jeux que nous y organisions.
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Tout au long de ma vie de soldat, lorsque la perspective du combat s'approchait, j'ai senti monter en moi la terrible peur. Mais je savais désormais maîtriser le rythme des ondulations du drap blanc. Je n'ai plus jamais laissé cette peur se transformer en effroi. J'ai surtout appris à chercher, dans le regard de mes compagnons, le surcroît de contrainte que je savais ne pas parvenir à m'imposer seul.
C'est la conscience de l'estime qu'on nous porte qui nous pousse en avant. Le refus de décevoir cette estime nous permet de conserver notre dignité. De nous y efforcer du moins.
Aujourd'hui, je suis convaincu que toute peur peut être dépassée, par la puissance du collectif (p. 91).
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La peur a un lien avec l'incertitude. Moins la menace est précise, plus la crainte est diffuse, vague. Une sorte de douleur lancinante avec laquelle on doit s'habituer à vivre. Comme un malaise, un inconfort que l'on peut espérer dominer par un effort de volonté. Peut-être, après tout, suffit-il de décider que cela est ridicule ou honteux, de le circonscrire, de lui affecter un espace le plus réduit possible qui soit noyé dans le flot continu des questions sans intérêt auxquelles notre esprit doit répondre à longueur de journée.
Plus elle est obsédante aussi, et plus elle s'alimente de ce que l'on a entendu raconter sur telle blessure et les séquelles qu'elle entraîne, du souvenir de telle rencontre avec un ancien combattant marqué pour toujours dans sa chair ou dans son esprit, de sa vie gâchée qu'on redoute pouvoir être la sienne propre. Mais c'est un lancinement que l'on parvient à domestiquer. Il est possible d'en anticiper la trajectoire en sinusoïde, de repérer cette heure ou cette lumière particulière du soir, ou cette odeur, ou ce son singulier qui feront remonter l'angoisse à la surface. Et, brusquement, nous feront haleter, comme essoufflés. Parce qu'un élancement, insidieux, vient de bloquer notre respiration, de faire le vide au creux de notre estomac. Alors on échafaude des stratégies, on s'imagine des occupations impératives, on s'invite parmi les inconscients qui bavardent, ignorants des dangers (p. 74-75).
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