Les conditions de vie des Noirs originaires des Antilles ne font pas partie des principales préoccupations des Français. C'est un sujet qu'on ne veut pas véritablement considérer, a fortiori quand on se réfère à une époque révolue. Ce livre n'est autre que le journal tenu par Françoise Ega de 1962 à 1964. Arrivée en métropole, elle s'est installée à Marseille et a enchaîné les petits boulots: elle a notamment effectué un travail de bonne dans des familles bourgeoises. A l'époque, il y avait une filière presque organisée: la future patronne payait d'avance le voyage transatlantique à une Antillaise, puis on la faisait trimer (sans scrupules) comme bonne à tout faire.
Françoise Ega une femme solide, instruite, lucide, résiliente; elle a la foi, sa famille est unie et elle ne vit pas dans la misère. Elle fait mine d'écrire à une militante brésilienne nommée Carolina Maria de Jésus, mais son but est surtout de noter tous les petits accidents de sa vie quotidienne. C'est donc un témoignage sans apprêt sur l'expérience qu'elle fait sur et par elle-même pendant près de deux ans. Elle mentionne les petites cruautés, les discriminations et l'indifférence qu'elle a rencontrées ou qui lui ont été rapportées. Elle est très proche de ses « soeurs » antillaises, qui sont dans la panade bien plus souvent qu'elle. Mais ce n'est pas tout: elle a le projet (un peu fou) de publier un livre: elle a une grande confiance en elle, même si elle ne fait montre d'aucun orgueil. Indiscutablement, c'est une femme remarquable !
Ayant lu la préface, claire, mais très militante, je m'attendais à un livre polémique. Or, je n'y ai trouvé aucune âpreté. F. Ega observe finement et ne stigmatise pas. Son ton reste mesuré et parfois humoristique. Son style est simple, clair et sans lourdeurs. Je suis même étonné par ses très jolies formulations. J'ai été un peu étonné que l'auteure n'évoque pratiquement pas l'actualité générale (qui était pourtant chargée à cette époque) mais ce n'est pas important. Je pense sincèrement que ce livre mérite d'être lu.
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Françoise Ega nous raconte ici son enfance et sa jeunesse en Martinique. Vu par les yeux d'un enfant, ce récit est plein de fraîcheur, d'images et de couleurs. Malgré des moments douloureux, tels qu'un cyclone, le décès de son père, l'éruption de la Montagne Pelée au Morne Rouge, et la pauvreté, l'auteur porte sur sa famille et sur son île un regard plein de petits bonheurs et d'optimisme.
Premier roman de Françoise Ega, j'ai découvert ce livre en Martinique, et regrette que cette auteure militante et peu prolixe (seulement deux livres avec "Lettre ouverte à une noire", où elle décrit les conditions de travail à Marseille des bonnes antillaises) ne soit pas plus connue.
Un beau voyage à faire dans les îles.
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Dans ses 'Lettes à une Noire', Françoise Ega relate son expérience de femme noire antillaise en tant que femme de ménage dans la "bonne société" marseillaise. Alors que son expérience personnelle aurait pu lui épargner cette situation, elle choisit délibérément de se faire embaucher en tant que femme de ménage pour documenter cette expérience partagée par de nombreuses femmes qui subissent la migration depuis les Antilles et sont confrontées au racisme et au mépris de classe d'un monde du travail segrégué et genré. Le travail d'introduction d'Elsa Dorlin est particulièrement bienvenu pour resituer ce travail.
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la France entre les années 65/70 sous le dispositif du BUMIDOM, il était bon pour la bourgeoisie Française d'avoir sa nounou cuisinière et femme de ménage noire. modèle empreint du modèle esclavagiste Américain. une exploitation ds femmes Antillaise dénoncée par Françoise Ega
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De 1962 à 1964, Françoise Ega, femme de militaire, va se faire embaucher comme femme de ménage dans plusieurs maisons marseillaises afin de témoigner de la condition de nombreuses antillaises employées de maison. Celles-ci sont pour la plupart exploitées à l’extrême, devant souvent rembourser à leurs patrons le prix du voyage avant de compter sur un salaire.
À l’inverse d’elles, « Mamega » a son propre foyer, élève ses enfants et peut compter sur le soutien de son mari. Alors que rien ne l’y prédispose ni l’y encourage, elle a la force, en plus de cette vie bien remplie, de documenter cette expérience sous la forme d’un récit épistolaire au style enlevé et non dépourvu d’humour.
Il reste un document important et irremplaçable sur la condition des antillaises en métropole, condition officialisée par la création du BUMIDOM. Une autrice martiniquaise et marseillaise à découvrir absolument !
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livre sur la dissidence la vie au pays sous Pétain, entre deux guerre. et le départ des jeunes Antillais bravant la mort pour venir défendre la France répondant à l'appel du Général( De Gaulle)
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voilà l'originale , de bien meilleure qualité que celle que vous proposez ,
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