Je ne nie pas les dévouements que suscitent les détresses, mais nous n'aimons pas notre prochain comme nous-mêmes, ou plutôt nous nous aimons si peu, si mal.
Avec Dieu, l'homme peut se dépasser, atteindre sa transcendance, vaincre la souffrance et la mort.
Staline... aujourd'hui encore, malgré l'horreur que m'inspirent ses crimes, une part de moi-même ne peut s'empêcher de l'associer à la revanche et à l'espoir de ce temps-là : Stalingrad.
806 - [p. 20]
Ce titre marque la pauvreté d’une démarche sans cesse remise en cause par moi-même.
Je ne cesse de rencontrer Dieu pour le renier aussitôt. Je le questionne sans relâche et n’écoute pas sa réponse.« L’Église ne m’offre ni famille ni réconfort.
Si l’Église catholique reste enfermée dans ses certitudes et ses structures, elle ne répondra pas aux aspirations de ce temps.
Cette Église, que je fréquente sans passion et considère avec méfiance, me donne cependant l’espérance : je ne sais pourquoi ni comment, moi dont la foi vacille sans cesse, je crois résolument à la communion des saints, au lien des hommes dans le temps et hors le temps.
J’ai écrit ces confessions dans la fièvre, brûlant de les terminer pour en connaître le dénouement. Énigme policière : allais-je rencontrer ce Dieu qui me hante ? Je ne cherchais pas une certitude impossible, j’aspirais à la lumière. J’ai mené l’enquête honnêtement – sans masquer mes fautes ni mes défaillances -, cédant souvent au doute : sur la voie de l’ineffable, me suis-je laissé entraîner par les mots ? Ce livre avait-il un sens ? Pendant 63 ans, je suis restée dans le flou. Je passais pour croyante mais nul ne songeait à m’interroger, à exiger une explication. Situation confortable. En m’exprimant publiquement, je m’expose à la critique, et pire encore, je devrai répondre aux questions, à l’attente des autres…moi qui déteste aborder l’essentiel. (…) Je ne regrette cependant pas le chemin parcouru depuis un an : en me réveillant, je me suis condamnée à persévérer. Je n’ai rédigé que le début de mon histoire. Elle commence à peine et je m’en réjouis : j’aime les découvertes.
Il faut défendre les opprimés, hommes et femmes, et non isoler la cause de ces dernières: je ne me sens, je ne me veux pas femme d'abord. Puritaine comme les communistes de l'époque, je méconnais toutes les questions relatives au sexe. Comme eux, je n'envisage que des inégalités économiques et politiques. (p. 42)
On ne peut déterminer le profil idéal de l'éditeur. Le métier relève du savoir-faire artisanal, dans le choix des sujets, des couvertures, dans le travail
avec l'auteur...et il fait appel aux techniques modernes de gestion. Le livre est à la fois création et produit. Encore faut-il ne pas s'en tenir au court terme. (p. 327)
Allemande sous Hitler, aurais-je succombé à la propagande nazie? Je l'ignore. Peut-être l'aurais-je combat-tue? Je n'en suis pas assurée.
Le livre facile à manier et à transporter est un outil unique de liberté et de mémorisation. Il ouvre la voie à l’imaginaire de chacun.
Je ne crois pas en la disparition du talent, je pense que nous sommes incapables de le discerner chez nos contemporains parce que leur œuvre n’est pas achevée, parce que le succès occulte notre jugement, comme auparavant : Paul Bourget occultait déjà Marcel Proust.
Je ne pense pas que le spectacle remplace la lecture qui, seule, éveille l’esprit à la liberté d’interprétation. Mais il crée du plaisir et il peut faire naître des envies. Si l’image se révèle incapable de suivre la démarche intérieure d’un écrivain, si elle ne restitue pas la beauté d’un style, elle donne cependant vie à des personnages de papier, à un monde de papier et elle peut provoquer une curiosité.
Rien ne me passionne plus que l'étrange relation de l'homme avec Dieu.