Frank W. Abagnale

À la fin de 1998, les agents d'immigrations fédéraux ont effectué des descentes dans deux entrepôts de Los Angeles et ont saisi plus de deux millions de faux papiers d'identité. Ils ont estimé que la valeur marchande de ces documents dépassait les 80 millions de dollars.

Les marchandises contrefaits, en ne tenant compte du coût de la fraude, sont responsables de 350 millions de dollars en pertes nettes chaque année aux États-Unis. Mais l'opinion publique se préoccupe peu du problème parce qu'elle pense qu'elle ne s'en trouve pas directement affectée. Ce que les gens ne comprennent pas, c'est que cela le touche quand même, car ils devront, à la longue, payer plus cher pour leurs biens et leurs services.

On estime qu'aux États-Unis, il se perd environ 400 milliards de dollars par an en fraudes. Et je ne parle pas de vols à main armés, de cambriolages, ni de trafic de stupéfiants, mais de fraudes pures et simples.

Quand on parle d'arnaqueurs, on dit toujours qu'ils ont la faculté de se transformer en caméléons. Ce fut tout à fait vrai dans mon cas. Lorsque je faisais face à une situation inconnue, je m'adaptais très vite.

Un de mes programmes de télévision favoris s'appelle M*A*S*H. Il s'agit d'une série racontant les aventures tragi-comiques d'une unité médicale fictive de l'armée américaine travaillant sur le front de Corée. Je ne peux pas regarder un des épisodes de M*A*S*H sans me rappeler ma "carrière médicale" à Smithers.

Dans le lagage du milieu, on pouvait me classer dans la catégorie des tapissiers professionnels, sans doute parce qu'avec tous les faux chèques que j'avais mis sur le marché on aurait pu recouvrir les murs d'un grand appartement.

Et puis... la poursuite du bonheur ne constitue-t-elle pas l'un de ces privilèges inaliénables dont tout citoyen américain devrait être en mesure de bénéficier ? D'un seul coup, je me sentais privé d'un droit constitutionnel.

En effet, je n'étais pas plus pilote de la Pan Am que lancier du Bengale. J'étais un imposteur, l'un des criminel les plus recherchés sur quatre continents et, à cet instant, je me livrais à mon ocupation favorite: entuber de braves gens à la puissance dix.

Il faut dire que la modestie n'a jamais fait partie de ma panoplie de vertus et préciser qu'en ce temps-là la vertu elle-même ne pesait pas lourd dans mon existence.

Au contraire, ils s'estimaient comme des gagnants qui éprouvaient des difficultés temporaires. ils refusaient totalement leur condition. De tous les prisonniers que j'ai rencontrés, pas ne montrait du remords, et cela me dérangeait grandement.