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Critiques de Frank Wedekind (6)
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Théâtre complet, tome 5 : Wedekind

Ce tome V du théâtre complet de Frank Wedekind comprend les pièces suivantes, à l’écriture résolument moderne pour l’époque :



* « Musique », étude de mœurs en quatre tableaux, traduite par Jean Launay



Son sujet repose sur un fait divers réel : une liaison entre le professeur Anton Dreßler et une de ses élèves du Conservatoire. Il est manifeste que l’intention satirique du dramaturge ne doit pas être sous-estimée, car il s’attaque à la fois au drame du destin du XIXe siècle et au drame sociale naturaliste (l’interdiction de l’avortement), dont il fait la parodie. C’est aussi ma pièce préférée des quatre.



Voici ce qu’écrit avec pertinence, le traducteur :

« La pièce porte pour sous-titre “le malheur du ridicule”, et cette indication a valeur dramaturgique. L’histoire de cette malheureuse jeune fille qui rêve de devenir une grande cantatrice et se fait faire un enfant deux fois de suite par son professeur de chant n’est pas le mélodrame larmoyant dont il a parfois l’apparence. De même, la langue très tenue, qu’on dirait presque littéraire, et bien autre chose qu’une recherche du beau style : c’est pour ainsi dire le corset qui contient les pulsions des personnages tous possédés par une forme ou une autre de violence et contraints à l’hypocrisie pour pouvoir socialement subsister. Seule l’infortunée Clara Hühnerwadel (“cuisse de poulet”) finit par craquer sous les coups du sort, et prête ainsi cruellement à rire ».



* « La Censure », théodicée en un acte (1907), traduite par Maurice Taszman et dédiée à son épouse Tilly



* « Oaha, la satire de la satire », comédie en quatre actes, traduite par Eric Lerroy du Cardonnoy



* « La Pierre philosophale ou le luth, l’arbalète et le fouet », une invocation des esprits, traduite par Philipe Ivernel, texte dédié « à mon maître Friederich Basil en témoignage de vénération et de reconnaissance », première pièce de Wedekind écrite totalement en vers.



Un auteur à découvrir pour ses multiples déboires avec la censure, pour ses engagements et pour ses ambiguïtés. Retenir sur ce point ce que Wedekind fait dire à Buridan (personnage de « La Censure ») : « La réunification de la sainteté et de la beauté en tant qu'idole divine du recueillement chrétien, c'est le but auquel je sacrifie ma vie, que je poursuis depuis ma tendre enfance ».









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Théâtre complet, tome 1

Frank Wedekind (1864-1918) est considéré en Allemagne comme le précurseur du théâtre expressionniste. En 1890, au moment où commence le naturalisme, il écrit une tragédie de l’adolescence, « L’éveil du printemps » (Frühlings Erwachen) avec le sous-titre « tragédie enfantine » qui constitue avant tout une véhémente protestation contre la pruderie bourgeoise.



Ma critique porte sur cette seule pièce, traduite par François Regnault qu’il importe de bien situer dans son contexte.

Pages 302 à 307, un dossier nous renseigne sur la genèse de cette pièce. On y apprend ainsi qu’elle fut commencée en octobre 1890 et terminée à Pâques 1891. En 1908, on en est à la vingt-deuxième édition. Malgré les contraintes imposées par la censure, l’auteur a très peu remanié cette pièce et la version éditée dans les « Œuvres complètes » ne diffère que sur quelques détails de la première publication. Cela me semble intéressant de voir que l’auteur a aussi fait œuvre de « résistance » face à la censure.



Un mot sur les représentations : la première n’eut lieu que 15 ans après la rédaction de la pièce, le 20 novembre 1906, à Berlin (Wedekind jouait le rôle de l’Homme masqué) dans une mise en scène de Max Reinhardt. Depuis de grands metteurs en scène s’en sont emparés : Leopold Jessner (1907), Gustav Grundgens (1926 et 1945), Peter Zadek (1965), Peter Palitzsch (1973), Niels-Peter Rudolf (1974). En France elle fut mise en scène en 1974 par Brigitte Jaques et connut plusieurs adaptations, dont une en 2018 à la Comédie-Française.



La pièce est dédiée à « l’homme masqué » dont l’auteur écrira : « Il me répugne de terminer la pièce chez les écoliers sans points de vue sur la vie des adultes. C’est pourquoi j’ai introduit dans la dernière scène l’homme masqué. Comme modèle pour Moritz Stiefel surgi de la tombe, l’incarnation de la mort, j’ai choisi la philosophie de Nietzsche ».



Il n’y a pas d’action au sens habituel, mais plutôt une cohésion qui naît d’une progression des étapes et de l’organisation des tableaux. Ainsi, pour résumer le contenu de la pièce on peut se référer à un article de presse de 1912 : «Elle représente l’effet que font sur des jeunes gens naïfs, à l’âge de la puberté commençante, les forces réelles de l’existence ; avant tout, leur propre sexualité en éveil, les exigences de la vie, en particulier de l’école. Ils succombent dans le combat évolutif avant tout parce que ceux qui ont vocation pour les guider, leurs parents et leurs professeurs, par méconnaissance du monde–c’est la conception du poète–et par pruderie, négligent de les informer et de leur montrer le chemin par une aide compréhensive». La dédicace apparaît dès lors comme une sorte de remerciement de celui qui a eu la vie sauve et qui a su mettre ici en arrière-plan le respect de la nature, de sa pureté et de sa force, amour de la vie et de la liberté.



Je note également, la volonté de l’auteur de faire rire avec un sujet grave. Il écrit dans ces notes : «En travaillant, je me suis mis en tête de ne perdre l’humour dans aucune scène, si grave fût-elle. Jusqu’à sa représentation par [Max] Reinhardt, la pièce est passée pour de la pornographie pure. Maintenant on s’est donné le bon pour la considérer comme la plus sèche des pédanteries. On ne veut toujours y voir aucun humour». Pourtant il est bien présent d’une manière subtile, comme dans cette scène où Melchior évoque le livre qu’il lit (Faust) et conclut : «  à voir comme chacun s’obnubile tout le temps sur “ça” et se cramponne, on croirait que le monde entier tourne autour de deux choses : le pénis et le vagin ! » (p. 198)



J’ai une ado à la maison et je trouve que, fort heureusement, les choses ont beaucoup évolué depuis.

Bref, une pièce à découvrir sans aucun doute.
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Théâtre complet, tome 2

Lulu (me semble-t-il) est LA pièce de Wedekind : une "tragédie monstre" comme le dit le sous-titre. Lulu est en effet une femme monstrueuse, une séductrice froide qui tue - indirectement - ses amants et qui n'en éprouve pas la moindre peine. Mais elle est aussi une créature prisonnière de son image de vamp avec laquelle il lui faut bien faire. Une représentation très forte en émotions - expressionnistes ! - du statut de la femme dans un monde misogyne : devant être belle, elle est considérée ignoble si elle utilise sa beauté contre les hommes... monstrueux...

Si quelqu'un a quelque part une vidéo de la pièce montée par Stéphane Brauschweig au théâtre de la Colline, je suis intéressé... c'était... monstrueux !!
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L'éveil du printemps

"L'éveil du printemps", est pièce en 1890. Le sous-titre lui, (tragédie enfantine) peut prêter à confusion. Il s’agit bien et au plus fort du terme d’une tragédie, celle de l’éveil de la jeunesse à la sexualité contrecarrée par une éducation très étroite (on est encore à parler de cigogne et de robe de pénitence) pendant qu’à 14 ans on rêve de légèrement et de libération du corps.

Alors tout y passe : premiers rapport caché au fond d’un grenier, la découverte de la masturbation Rien ne nous est épargné : l’enfermement dans un milieu éducatif limite carcéral, le suicide, l’avortement…

Alors curieusement on navigue entre noirceur extrème et humour ; les noms des protagonistes par exemple ::, le recteur Coup-de-soleil et son appariteur Legrappin, les professeurs Grosrondin, Fracadosse, Coup-de-soleil sans oublier le médecin Bicar de Bonate. Des petites étincelles dans le ciel noir de cette pièce

On peut être tenté, à juste titre, de considérer cette pièce comme un texte de référence théâtral.

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L'éveil du printemps

préfacé par S. Freud et postfacé par J. Lacan !
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Le coup de foudre

Un recueil de nouvelles de l'écrivain expressionniste auteur de "lulu". Une description du désir qui n'est pas sans rappeler Schnitzler.....
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