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3.81/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 07/12/1960
Biographie :

Frédéric Bobin est chef-adjoint du service étranger du Monde, quotidien où il travaille depuis vingt ans.
Correspondant dans le Pacifique Sud (Nouvelle-Calédonie, Australie) de 1986 à 1991, il a ensuite été journaliste parlementaire à Paris de 1991 à 1995. Puis il intègre le service étranger du siège, chargé du desk Asie.
De 1998 à 2004, il est correspondant du Monde à Pékin d’où il couvre les évolutions de la République populaire de Chine, de Taiwan et de Hongkong.

Il est le co-auteur avec Wang Zhe du livre 'Pékin en mouvement' (Editions Autrement, 2005), une enquête sur les mutations sociales et urbaines de la capitale chinoise, et de 'Good Bye Mao ?' (Doc en stock, La Martinière, 2006) un essai sur les stratégies de survie au pouvoir du Parti communiste chinois.

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Source : http://www.editions-picquier.fr/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Frédéric Bobin
■ Les Mongols reconquièrent la liberté de porter un nom de famille.
C'était un pays où les habitants n'avaient plus de patronymes. Un pays purgé de ses noms de famille. Un pays où l'on ne se connaissait que par son prénom, certes plus poétique qu'un simple numéro mais tout aussi négateur d'identité. Les individus partageaient en masse les mêmes prénoms : autant dire qu'ils n'existaient guère. Dans la capitale de cette utopie totalitaire, on comptait dix mille femmes Altantsetseg (Fleurs d'or) et autant de Narantsetseg (Fleurs de soleil).
Cette capitale est Oulan-Bator et ce pays la Mongolie dite "extérieure", ancien berceau du communisme des steppes. Depuis l'effondrement du système de facture soviétique en 1990, les Mongols ont réhabilité la légende réprimée de Gengis Khan, renoué avec la foi persécutée du bouddhisme lamaïque, se sont frottés à la démocratie parlementaire et, conquête qui peut sembler incongrue partout ailleurs, se sont réapproprié la liberté de porter un nom.
L'avènement de la démocratie en Mongolie a ainsi pris une forme inédite. Elle s'est conjuguée avec le grand retour des patronymes que le régime bolchevique avait supprimés en 1925 pour mieux éradiquer le "féodalisme". "C'est la démocratie qui nous a permis de redécouvrir notre mémoire", dit Zhambaldorjiin Serjee, le directeur de la Bibliothèque centrale d'Etat.
M. Serjee est la cheville ouvrière de ce colossal chantier de reconstruction. Colossal car il a fallu quasiment repartir de zéro. Forcés à l'amnésie, environ 60 % des Mongols ignoraient tout des patronymes de leurs aïeux, une inculture généalogique qui a durement touché certaines régions en raison de la consanguinité qu'elle a rendue possible. Mêlant enquêtes de terrain et décryptage d'archives, M. Serjee a finalement pu dresser un inventaire des noms de famille et de clan existant avant la révolution de 1921, les répartissant par préfecture. Chacun a ainsi pu être guidé dans sa recherche.
Mais le travail de M. Serjee n'a pas suffi à restaurer pleinement les états civils en lambeaux. Car de nombreux Mongols ont rechigné à adopter les patronymes dont ils sont les vraisemblables héritiers, mais qui sonnent fort mal aux oreilles. Inutile de préciser que Doloon Sogtuugiinkhan (famille des sept ivrognes), Khaltar Guichyguinnkhen (famille de la chienne au visage sale), Boosniikhon (famille des poux) ou Khulgaichiinkhan (famille des voleurs) n'ont guère trouvé preneurs.
En revanche, tout le monde s'est affublé de Borjigon (le maître du loup bleu) qui n'est autre que le nom de Gengis Khan. Khereid (corbeau) ou Merghid (bon viseur) ont aussi connu quelque faveur. La clarification des identités a donc peu progressé."Si tout le monde adopte le même nom de clan, c'est comme s'il n'y avait plus de nom distinctif", se plaint M. Serjee.
La solution pourrait peut-être venir de la réinvention pure et simple de patronymes inspirés des profils contemporains de chacun. Entré en 1981 dans l'histoire en devenant le premier cosmonaute mongol, Guragchaa l'a fait. Refusant la facilité de Borjigon (Gengis Khan), il a tout simplement choisi Sansar (cosmos). Avec son patronyme étincelant, le général Cosmos est entré une nouvelle fois dans la légende pionnière, celle de la conquête des noms.

• Le Monde, 04/06/2001
>> https://www.lemonde.fr/une-abonnes/article/2001/06/04/les-mongols-reconquierent-la-liberte-de-porter-un-nom-de-famille_191025_3207.html
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Pour Frédéric Bobin ;
L'essentiel est ailleurs: " je n'ai pas de thèses sur ce pays, en écrivant ce livre, j'ai juste voulu revenir sur des gens et des lieux qui font la Chine d'aujourd'hui".
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" J'ai été très touché par le pays des femmes Na. Cette société matriliniéaire est en voie d'extinction. La culture chinoise est en train de faire disparaître ces traditions multiséculaires. C'est une problématique universelle, une société tradionelle qui disparait sous le rouleau compresseur de la modernité mais dans ce cas, ce n'est pas l'Occident qui est en cause. Les jeunes issus des minorités ont devant eux un exemple et c'est celui des Han. Pour s'émanciper de leur culture, ils n'ont que ce modèle".
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Frédéric Bobin
Le capitalisme chinois n'existe pas
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