Je chante les couleurs
et la force des mots
qui mieux que la pensée
sont des fontaines de musique.
(" Par le sextant du soleil")
La rivière
A travers les vertes saulaies
elle n'en finit pas
d'aller vers son destin,
mais je l'entends toujours
qui se ressemble
avec son immuable chant
de cristal.
Seul j'ai vieilli.
Le poème libre en lui-même
tel le vent en sa royauté
ouvre à loisir sa route
au coeur du monde
Le cirque est un petit bout d'arène close, propre à l'oubli. Un temps plus ou moins bref, il nous permet de ne plus penser à nous, de nous dissoudre dans l'émerveillement et la félicité, d'être transportés de mystère.
(Le sourire au pied de l'échelle)
Oiseau
doux enfant
de mes rêves
je te porte en moi
comme une promesse
qui m'étreint en silence
que je berce
Janvier
Soleil d'acier
à l'apogée du froid
le ciel
bleu de cristal
à pleins poumons.
TRIOMPHE DE LA ROUILLE
et gloire des renards
le cuivre et l'or
incendient les herbages
Enfant, berger de mes troupeaux de rêves,
J'allais, foulant la folle avoine
Sur les ardents plateaux déserts
Où règne la senteur enivrante des buis
Entre les épineux soleils des cardabelles
(" Périples")
CHEZ
DEMOCRITOS
Les platanes tamisent le soleil en furie, c'est l'heure des tavernes envahies d'ombre et d'ouzo.
//Grains d’ambre pour un Komboloï, 2001
Dès le premier matin
Les aubes ont fleuri
sur le monde du mystère
dont la voix souveraine
trace d'obscurs chemins
dans les déserts
et les amazones
de la vie
Tourterelle
J'écoute roucouler
la triste tourterelle
exhalant sa langueur
dans le silence
du jardin
Seule m’éperonnait la jouissance de vivre avec les mots, les rythmes, comme d’autres avec les couleurs et les sons.
- Préface à Anthologie Personnelle -
Octobre
Triomphe de la rouille
et gloire des renards
le cuivre et l'or
incendient les herbages.
MÉMOIRE LOURDE
Un enfant me suit
Qui me précède
triste et joyeux
de mémoire lourde
essaim fabuleux
des années gagnées
et perdues « ...
Dors, ombre douce
Quand la nuit pénètre la mer
luisant de mille ardoises
ma mère est là
dans l'odeur des alyssons
et des lys des sables.
Elle sourit telle autrefois
dans les près fleuris de l'enfance
me regardant comme en rêve.
Dort-elle?
Pourquoi dors-tu
depuis si longtemps déjà ?
Tant de luzernes mûres et fanées
ont passé sur ton sommeil !
Dors, ombre douce,
un jour je te réveillerai
comme une fanfare
et nous irons, âmes ardentes,
cueillir les verveines
de la tendresse triomphante.
Timbre ancien
Je sème le vent
et le vent passe
à grande allure
dans le temps
où tout s'amasse
et ne dure.
Brocéliande
Voici l'automne en pelage madré,
Gloire des cuivres, des rousseurs,
Qui nous ramène aux sortilèges.
D'immobiles regards nous suivent,
inquiets de nos profonds désirs,
vers la fontaine ensorcelée.
Merlin veille sur les arcanes
Où mûrit le silence des chênes.
Nous ne parlions pas de poésie : c’était évident ; il n’en était pas question. Nous avions mieux à faire ; par exemple, sans en avoir l’air, prendre le chemin qui nous menait, à travers nos territoires de silence, l’un vers l’autre ; avec le seul souci de ne connaître de nous que l’essentiel qui nous relie désormais, en dépit du temps qui passe et des distances…
Quand je veux retrouver Henri Thomas, connaître d’avantage de lui, de sa vie, de son personnage, j’ouvre l’un de ses livres. Ainsi, je lui parle, nous dialoguons ; c’est une manière de lui dire bonjour, comment va la vie sur votre île, quels oiseaux sont passés ce matin par le soleil levant, quelle fille a longé la grève hier soir… C’est ainsi que l’amitié perdure.
-Revue Sud, Hors Série, 1991.
ninachevalier 01 août 2021
La cueillette des mûres de Pierre Tanguy
Août
Le mois de ma naissance.
Invincible torpeur
dans la sueur pesante.
L'aigre violon du moustique
perce la nuit folle.
Il faut durer
jusqu'à l'orage.
Août
Le mois de ma naissance
Invincible torpeur
dans la sueur pesante.
L'aigre violon du moustique
perce la nuit folle.
Il faut durer
jusqu'à l'orage.