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EAN : 9782330096557
372 pages
Actes Sud (14/03/2018)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Divagabondages est une échappée orchestrée par un amoureux des arts pour les curieux, les bibliophiles du voyage intérieur ou lointain. Ce livre est un transibérien roulant à petite vitesse au gré des paysages où se croisent entre autres, Lawrence Durell, Mondrian, Richard Adlington, Henry Miller, D. H. Lawrence, Cilette Ofaire, Albertine Sarrazin, Jean Hugo, Cendrars, Denis Lavant, Henri Thomas et tant et tant d'inconnus magnifiques pour les générations nouvelles e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En ouvrant « Divagabondages » de Frédéric Jacques Temple, j'ai su immédiatement que je tenais une petite pépite entre les doigts. L'une de celles qui a le pouvoir de donner à la journée une résonnance autre que celle banale et sans âme.
Frédéric Jacques Temple est un écrivain, poète, né à Montpellier en 1921. de par son travail à la RTF/ ORTF du Languedoc-Roussillon mais aussi par sa passion pour les lettres, il va faire la rencontre d'écrivains, poètes, artistes divers et nouer des amitiés fortes (Blaise Cendrars, Henry Miller, Richard Aldington, Jean Carrière, Jean Hugo, Curzio Malaparte, Pierre Soulages, Lucien Clergue pour ne citer que les plus connus). Il a aussi été traducteur notamment de textes de Thomas Hardy, Henry Miller et Lawrence Durrell.
« Divagabondages » est le recueil d'une partie de ses textes, chroniques, articles écrits en hommage à tous ces artistes ; à toutes ces amitiés et ces souvenirs de moments passés avec eux (commencés en 1945 jusqu'au dernier en 2017). D'autres chapitres sont des pensées plus personnelles, des sensations plus intimes pour cet homme sensible, discret, amoureux des mots, de la nature, la mer, les oiseaux, les voyages.
Chacun des chapitres est une petite merveille. Il y a de la poésie dans ses textes, de la magie dans ses mots. Il sait nous faire partager toute l'amitié et l'amour qu'il ressent pour ces hommes dont il loue les mérites et qualités. Ce recueil est un véritable écrin qu'on ouvre avec délicatesse, une malle au trésor qu'on fouille, excité comme un gamin, une boite de chocolats aux milles saveurs et arômes.
Pour une bonne majorité, soit l'artiste m'était inconnu, soit je ne connaissais que peu son oeuvre. D'ailleurs, bon nombre de ces écrivains, au vu des lecteurs actuels sur Babelio, ne sont plus beaucoup lus, ou malheureusement oubliés, tels Jean Paulhan, Rémy de Gourmont, Max Rouquette. Je ressentais parfois quelques frustrations face à ma montagne d'ignorance, ou encore à ne pas être de la génération de ces divers auteurs (ce n'est plus si souvent que je me fais la réflexion que je suis ‘'trop jeune''). En plus de cela, ornithologue, conchyliologue, botaniste amateur, Temple est aussi capable de donner le nom d'espèces d'oiseaux par dizaines, des variétés de coquillages lors de ses promenades, etc.
Mais, loin de me décourager, cela titillait au contraire ma curiosité, mon envie de découvrir. Alors, j'ai souvent navigué sur internet à la fin des chapitres, à la recherche de l'écrivain cité, des critiques faites parfois sur certains de leurs romans, des peintures de tel peintre, fouillant dans les dictionnaires pour identifier les espèces animales, etc.
Je passais d'un artiste à un autre, comme me baladant dans une ville étrangère où chaque pas m'amenait vers un nouveau trésor, un nouveau sourire. J'avais l'impression à chaque fois d'être plus riche, plus chanceuse, plus cultivée. Au fil de mes pérégrinations, j'ai découvert par exemple qu'un recueil de correspondances de Henry Miller avait été édité « Frère Jacques » (correspondances avec Frédéric Jacques Temple) ; que Frédéric Jacques était déjà dans ma bibliothèque, ayant été le traducteur de « Poèmes du Wessex » de Thomas Hardy.
Parce que je n'ai pas eu dans ma famille de grands lecteurs, comme un grand-père qui aurait pu me tendre un livre en me disant « Tiens, lis-le, tu vas faire une rencontre magique ! », il m'a fallu bon nombres d'années avant d'oser aller vers des classiques ou des romanciers qui me paraissaient hors de portée. Intimidée, frileuse, ayant peur de ne pas être à la hauteur, je préférais ouvrir des romans contemporains, plus faciles, plus compréhensibles, plus proches de mon quotidien, plutôt que d'aller vers des chemins qui me paraissaient incommodes, peut-être trop pentus, trop ardus, trop nébuleux, trop sérieux… Et pourtant, je me rappelle encore ces émotions indescriptibles lors de mes premières fois avec Hemingway Camus, Steinbeck, Balzac, Aragon, Kawabata, Barthes, Tolstoï (mon 1er auteur russe)… (J'en profite pour remercier ces libraires et amis qui depuis me donnent de si précieux conseils… dont les deux qui s'évertuent à ce que je lise enfin Proust).
Temple est un formidable passeur de livres et d'art. Parce qu'il met tout son coeur, parce qu'il y a de l'âme, de la culture, de la beauté dans ses textes, il crée une ambiance tout à fait délicieuse lorsqu'on se plonge dans « Divagabondages ». Ce fut un bonheur à chaque fois de commencer un nouveau chapitre et qu'il me fasse partager ses émotions, ses plaisirs, ces moments forts avec tous ces auteurs et artistes.
Rêves, divagations et vagabondages, c'est bien ce que j'ai fait avec lui durant ces heures de lecture et de recherches. J'ai été tout bonnement happée par son écriture et sa sensibilité. Et j'avoue avoir été aussi été séduite par son doux sourire et ses yeux parfois rieurs. Je ne pourrais oublier cette rencontre avec cet homme qui a su réveiller en moi une telle vague d'émotions.
Et pour le bonheur qu'il m'a donné à parler de ces hommes dont j'appréciais l'oeuvre (Hemingway, Soulages, etc.), et peut-être plus encore en me faisant découvrir tous ces auteurs, loin de mon monde et si proche en même temps, pour l'envie qu'il a insufflé en moi de lire certains de ces écrivains, l'envie de prendre plus souvent ces chemins de traverse plus ‘'risqués'' (une de ces bonnes résolutions de nouvelle année qu'on compte bien tenir tant le plaisir est décuplé lorsque la « rencontre » émotionnelle se produit alors qu'on ne s'y attend pas), je n'ai pu m'empêcher d'écrire ce petit billet, bien loin de la haute qualité de ce recueil.
Il ne m'était pas possible de ne pas le remercier pour toutes les émotions qu'il m'a offertes. Il ne m'était pas possible de ne pas vouloir aussi les partager et essayer, à mon niveau, de passer le relais.
Alors, si certains d'entre vous aviez la curiosité de vous immerger dans « Divagabondages » et pourquoi pas aussi lire ou relire ces écrivains, je crois que j'en serais ravie pour lui (et pour eux). Et si, par le plus grand des hasards, quelqu'un à Montpellier pouvait dire à Frédéric Jacques Temple combien il m'a touchée, combien il m'a ouvert à de nouveaux horizons, j'en serais profondément, immensément heureuse !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne parlions pas de poésie : c’était évident ; il n’en était pas question. Nous avions mieux à faire ; par exemple, sans en avoir l’air, prendre le chemin qui nous menait, à travers nos territoires de silence, l’un vers l’autre ; avec le seul souci de ne connaître de nous que l’essentiel qui nous relie désormais, en dépit du temps qui passe et des distances…
Quand je veux retrouver Henri Thomas, connaître d’avantage de lui, de sa vie, de son personnage, j’ouvre l’un de ses livres. Ainsi, je lui parle, nous dialoguons ; c’est une manière de lui dire bonjour, comment va la vie sur votre île, quels oiseaux sont passés ce matin par le soleil levant, quelle fille a longé la grève hier soir… C’est ainsi que l’amitié perdure.
-Revue Sud, Hors Série, 1991.
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DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE


Ma jeunesse…

Ma jeunesse, à l’école de la campagne et des marais du littoral, s’est enrichie d’un répertoire de chants d’oiseaux qui, de l’aube à la nuit, accompagnaient mes rêveries. À chaque oiseau sa musique : le gazouillis de la rousserolle effarvatte, le rauque et sonore basson du butor, le pipeau de la grive musicienne, les trilles de l’alouette, les vocalises du pinson, les roulades du rossignol, le sifflement modulé des courlis cendrés, la flûte aiguë du petit-duc. Je ne connaissais pas encore Olivier Messiaen.
Les années ont passé. Pensionnaire dans un collège où régnait la musique, j’ai pendant six ans chanté du grégorien et me suis nourri de Josquin des Prés, Monteverdi, Bach, Haendel, Mozart, Beethoven, Poulenc et Honegger. J’en suis sorti avec la certitude que la vie ne pouvait exister sans la musique et je suis resté fidèle à cette forme de religion.
Mes poèmes et mes proses n’ont cessé de la courtiser. Je suis sensible à la musique des mots, à la cadence et au rythme des phrases ou des versets. On dit que Dieu, comme Verlaine, se complait à l’impair, d’où, peut-être, la Trinité : Numero deus impare gaudet. Ce qu’un cancre ou un facétieux, a pu traduire par : « Le numéro deux se réjouit d’être impair. » À la marche militaire (un-deux, un-deux, un-deux) je préfère la valse à trois temps, plus légère, même si la danse n’est pas mon fort.
Tout en écrivant, je recharge mes batteries à l’écoute de ce que les hommes, capables du pire, ont pu créer de meilleur.
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Après dix ans de silence réciproques et non fondés, sinon par la simple vie quotidienne et l’éloignement, nous avions retrouvé notre commun chemin. Je lui écrivis et [Henri Pichette] me répondit le 06 Avril 1990 :
« Heureux que tu m’aies fait un signe si amical. Bien sûr on commence à être bourrés de souvenirs. Mais quoi, mémoire et avenir ne sont point contradictoires ; c’est même quand ça se croise que cela fait une AME. »

‘’In Memoriam- Henri Pichette’’- Revue Septimanie n°6, Février 2001.
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Même si on peut vous reprocher de négliger le tragique tohu-bohu de la planète, la plus belle actualité est de se reconnaître vivant chaque matin, ici, dans la Vaunage, où les vignes frisent et les oliviers prennent dans le vent des couleurs d’étain. Voilà longtemps que je connais ce pays où je vis maintenant. […] Les souvenirs gardent leurs couleurs, à la différence des herbiers.

‘’Se retrouver vivant chaque matin’’ – Libération- Juillet 2009
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La musique a bercé ma petite enfance…


La musique a bercé ma petite enfance. Le violoncelle de ma mère envoyait à travers les murs de ma chambre des notes dont la nature m’était inconnue et qui accompagnaient les ombres chinoises projetées au plafond par la lanterne magique des stores vénitiens. Le violoncelle de ma mère n’en finit pas de jouer en moi.
Je me surprends aujourd’hui à fredonner des chansons d’un autrefois toujours présent : Jean de la Lune, Le temps des cerises, Le bon roi Dagobert, Il pleut, bergère, ou encore la mélodie que chantait ma tante Claire en faisant sa toilette du matin :

Si j’étais hirondelle
que je puisse voler
à l’île Sainte-Hélène
j’irais le retrouver.
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