Frédérique Elbaz

Elle repartait avec de beaux moments à garder en mémoire, de belles images. Plus que jamais décidée à lire la beauté du monde, même quand elle se cache un peu.

Par le travail, les humains se transforment aussi eux-même pour devenir meilleurs.

-Écrire des livres ? Être assise derrière un ordinateur à inventer des histoires, c'est un travail ça ?
-Oui monsieur, c'est un travail. Tout comme peindre des tableaux, sculpter des visages, composer de la musique, jouer des symphonies, dessiner des paysages...
-Mais ça sert à quoi ?
-À exprimer la beauté du monde, répondit-elle.

Philomène expliqua au bouleau que les arbres n'étaient pas seulement utiles au bon fonctionnement du monde: ils l'embellissaient. Un monde sans arbre ni feuille serait triste, si laid. Les bouleaux comme les chênes, les hêtres, les cyprès, les saules pleureurs ou les charmes travaillent aussi à rendre le monde plus beau.

Boudeur, le charme haussa les branches.

- Ecoute, il y a plein de choses que je ne sais pas, reconnut-elle, mais il y en a une à laquelle je crois. Mes parents me disent toujours qu'il faut donner un sens à sa vie.

- Un sens ? Moi, je pousse vers le haut, dit le hêtre, et toi ?

Philomène réfléchit un long moment avant de répondre.

- D'une certaine manière, oui. Mais pour nous les humains, vois-tu, il ne s'agit pas seulement de grandir de quelques centimètres par an. Être et exister, c'est aussi élever son esprit.

La beauté était-elle quelque chose que l'on pouvait plier, glisser entre les pages d'un livre ou faire rentrer dans une trousse ? Fallait-il que cette chose plaise à tout le monde pour être considérée comme belle ? La beauté était-elle une affaire de mode ou au contraire intemporelle ?

- Ah, si seulement j'avais un tronc plus mince et des branches plus longues ! Je serais tellement plus beau si j'avais des feuilles bleues. J'en ai marre de ce vert foncé, je trouve qu'il me donne mauvaise mine. Et puis ces branches marron, ça me vieillit, tu ne trouves pas ?
[…]
- Arrête un peu. Moi je te trouve très bien. Et je t'aime comme ça.
- Vraiment ? s'étonna l'arbre.

- Voilà, lui dit Philomène, la beauté, c'est un peu quand ce sont nos yeux qui pensent.

Seuls les êtres humains font des choix pour donner à leur vie un sens, des couleurs, une dimension... même s'ils ne font pas toujours ce qu'ils veulent.

Il n'y a rien d'immoral dans le bonheur.

Peut-on imaginer une terre où tout le monde se ressemble ?
Une terre où tous les humains auraient les mêmes idées ?
Les maisons les mêmes façades ?
Les arbres le même feuillage ?

Une seule couleur et le monde n'aurait ni arc-en-ciel ni fantaisie.
Un seul parfum et le monde ne connaîtrait ni l'ivresse ni les délices.
Une seule note de musique et le monde n'entendrait ni arpège ni symphonie.

« - Qui parmi vous peut me dire ce qu'est un enfant ? Demanda-t-il. Tous voulaient répondre. La petite vache leva la patte très haut. - Un enfant, dit-elle, c'est un être tendre, doux, merveilleux, adorable qui fait des câlins. - C'est vrai, répondit le panda. Leçon numéro 1, notez dans vos cahiers : un enfant est une créature tendre, douce, merveilleuse, câline, qui pue, qui pète, qui rote, qui bave, qui crotte.

- Ah, ces arbres...ils sont vraiment hallucinants , reprit le champignon en riant de plus belle.

Toi, le chêne tu obéis aux lois de la nature. Tes feuilles poussent au printemps, jaunissent en été et tombent à l'automne.
Les chênes comme les hêtres, les charmes, les houx, les saules pleureurs et tous les autres arbres ne choisissent pas ce qui leur arrive : ils vivent au rythme des saisons, au gré de la pluie et du vent.

- Les devoirs, c'est bien ce que tu fais en sortant de l'école ?
- Oui, mais là je ne te parle pas de ce genre de devoirs.
En tant que citoyenne, Philomène devait obéir aux lois de son pays, en tant qu'enfant, elle devait obéir à ses parents, en tant qu'élève, elle devait faire ses devoirs.

La liberté, c'est se débarrasser des chaînes qu'on a à l'intérieur de soi comme la peur, l'ignorance, la méchanceté.

Riche mais seul, magnifique mais cupide, l'arbre aux mille écus fait de la peine avec sa toute petite vie faite de chiffres et de méfiance, de comptes et de défiance.
Il connaît le prix des choses mais pas leur valeur. La lecture, l'amitié, la confiance, la poésie, l'enthousiasme...

La petite fille lui rappela que les lois servaient à protéger les hommes des dangers et parfois d'eux-mêmes. Les règles étaient faites pour leur permettre de vivre ensemble.

« On ne naît pas doudou, on le devient. »