Frédérique Elbaz

- Hé, le canidé d'appartement, lève la patte droite et jure que, même sous la torture, tu diras rien, à personne, ni même à la vieille.
- Arrête de l'appeler la vieille.
- Ok, ok mais t'en parles pas à la jeunette un peu rabougrie. (p. 43)

Au bout de quelques minutes d'une course folle, je fais demi-tour et tombe sur des promeneurs avec des képis bleus marine et une matraque à la ceinture. Ca ressemble à un engin pour assommer les chiens qui manifestent dans les rues quand ils ne sont pas contents, qu'ils exigent une vie meilleure, des niches plus grandes et la baisse du prix des croquettes. (p. 20)

Pour certains, j'ai l'air abrupt et péremptoire mais, en réalité, le doute m'assaille. Le cours de ma vie a basculé quand ce qui me semblait être une évidence a volé en éclats et s'est transformé en une interrogation : Suis-je un chien ? (p. 5)

- Bon, arrêtons de tergiverser, il te faut un nom maintenant : Médor, Piou-Piou, Pataplouf, Plume, Pirouette, Pimprenelle, Cléo, Rex ?
Elle en énumère une sacrée liste, je trouve qu'ils me vont tous bien. Elle va dans la bibliothèque et revient avec une pile de bouquins qu'elle étale sur la table du salon.
- Les réponses, m'explique-t-elle, on les trouve dans les livres, en tout cas, c'est là qu'il faut chercher. (p. 11)

Il connaît le prix des choses mais pas leur valeur.

- Tu ne pourrais pas aller me chercher un peu de bonheur ?Tu l'emballes dans un joli paquet cadeau, tu le mets dans ton bateau et bogue la galère... Tu me le rapportes, je l'ouvre et je deviens heureux.

Riche mais seul, magnifique mais cupide, l'arbre aux mille écus fait de la peine avec sa toute petite vie faite de chiffres et de méfiance, de comptes et de défiance.
Il connaît le prix des choses mais pas leur valeur. La lecture, l'amitié, la confiance, la poésie, l'enthousiasme...

- As-tu des amis ?
- Des amis ! C'est quoi ? À quoi ça sert ? Combien ça vaut ? Combien ça coûte ? demande l'arbre.
- Des amis sont des êtres chers sur lesquels tu peux compter ou des êtres qui comptent pour toi si tu préfères.

Autant de pages pour un petit mot de quatre lettres, c'était à peine croyable ! Il existait de l'être humain un nombre incalculable de définitions. Et en plus, ceux qui les donnaient n'avaient pas l'air toujours d'accord.

[...] les hommes font des erreurs : ils se trompent de chemin, font des fautes d'orthographe, des fautes de goût, des erreurs de calcul et de jugement. Sans parler des erreurs de jeunesse...

Il n'y a rien d'immoral dans le bonheur.

Peut-on imaginer une terre où tout le monde se ressemble ?
Une terre où tous les humains auraient les mêmes idées ?
Les maisons les mêmes façades ?
Les arbres le même feuillage ?

Une seule couleur et le monde n'aurait ni arc-en-ciel ni fantaisie.
Un seul parfum et le monde ne connaîtrait ni l'ivresse ni les délices.
Une seule note de musique et le monde n'entendrait ni arpège ni symphonie.

« - Qui parmi vous peut me dire ce qu'est un enfant ? Demanda-t-il. Tous voulaient répondre. La petite vache leva la patte très haut. - Un enfant, dit-elle, c'est un être tendre, doux, merveilleux, adorable qui fait des câlins. - C'est vrai, répondit le panda. Leçon numéro 1, notez dans vos cahiers : un enfant est une créature tendre, douce, merveilleuse, câline, qui pue, qui pète, qui rote, qui bave, qui crotte.

« On ne naît pas doudou, on le devient. »

- Ecoute, il y a plein de choses que je ne sais pas, reconnut-elle, mais il y en a une à laquelle je crois. Mes parents me disent toujours qu'il faut donner un sens à sa vie.

- Un sens ? Moi, je pousse vers le haut, dit le hêtre, et toi ?

Philomène réfléchit un long moment avant de répondre.

- D'une certaine manière, oui. Mais pour nous les humains, vois-tu, il ne s'agit pas seulement de grandir de quelques centimètres par an. Être et exister, c'est aussi élever son esprit.

Seuls les êtres humains font des choix pour donner à leur vie un sens, des couleurs, une dimension... même s'ils ne font pas toujours ce qu'ils veulent.

La petite fille lui rappela que les lois servaient à protéger les hommes des dangers et parfois d'eux-mêmes. Les règles étaient faites pour leur permettre de vivre ensemble.

- Les devoirs, c'est bien ce que tu fais en sortant de l'école ?
- Oui, mais là je ne te parle pas de ce genre de devoirs.
En tant que citoyenne, Philomène devait obéir aux lois de son pays, en tant qu'enfant, elle devait obéir à ses parents, en tant qu'élève, elle devait faire ses devoirs.

La liberté, c'est se débarrasser des chaînes qu'on a à l'intérieur de soi comme la peur, l'ignorance, la méchanceté.

Toi, le chêne tu obéis aux lois de la nature. Tes feuilles poussent au printemps, jaunissent en été et tombent à l'automne.
Les chênes comme les hêtres, les charmes, les houx, les saules pleureurs et tous les autres arbres ne choisissent pas ce qui leur arrive : ils vivent au rythme des saisons, au gré de la pluie et du vent.