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Critiques de Fumio Niwa (20)
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L'iris fou - Odieuse vieillesse - Le Maître -..

Avant le bombardement d’Hiroshima, alors que tous savent à quoi s’en tenir, la population ayant été avertie par des tracts américains, un aubergiste refuse de vendre une jarre qui pourtant est vouée à la destruction. Ainsi dans L’Iris fou d’Ibusé Masuji à côté de la grande tragédie de la guerre, la vie continue et certains s’accrochent aux choses quotidiennes, pensant peut-être repousser de cette façon l’inéluctable.



Plus que la réalité des choses, l’essentiel est semble-t-il l’idée que l’on s’en fait. Il en est ainsi du Tableau d’une Montagne à la saison d’automne dont on ne sait si la trace indélébile qu’il laisse dans les esprits dépend de la qualité de l’imaginaire et du talent de celui qui le décrit ou de l’œuvre elle-même, réelle ou imaginée.



Dans le même ordre d’idées le plus merveilleux tireur à l’arc du Maître de Nakasima Ryunosuké n’était-il pas celui dont la réputation est telle qu’arc et flèches lui sont désormais inutiles, puisque ce qui compte c’est précisément cette réputation, répandue par un autre maître, bien plus que ses capacités réelles.



« Les gens devraient bien s’éteindre comme une musique, en laissant derrière eux une belle mélodie. » Ce qui est sûr c’est que l’Umé d’Odieuse vieillesse de Niwa Fumio est une aïeule qui empoisonne son entourage et qui de fait ne laissera derrière elle qu’un soulagement après qu’elle a disparu. Eh oui, certaines vieilles personnes par leur comportement ne sont que charge et désagréments pour ceux qui s’en occupent...



La dernière nouvelle de ce formidable petit recueil, Le crime de Han de Shiga Naoya, pose la question de la culpabilité. Han, le lanceur de couteaux, sera-t-il jugé coupable d’avoir tué sa femme alors que lui-même ne sait s’il l’a fait intentionnellement ? La réponse est dans le livre. Une chose est sûre, une fois encore on aurait tort de se fier aux apparences...



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L'âge des méchancetés

Dans le Japon d'après-guerre, vieillir n'est pas vraiment bien vu. Surtout qu'à quatre-vingt six ans, que faire de la grand-mère encombrante ? Surtout quand celle-ci semble avoir atteint l'âge des méchancetés. Oublier la bonne éducation d’antan, oublier la philosophie de Confucius, la vieille fouille dans les tiroirs et chaparde tout et n'importe quoi. Elle semble dormir la journée, et avoir le regard vide la nuit, effrayant, surtout quand on se lève pour aller pisser et qu'elle fait un boucan pas possible pour retrouver la porte de son petit coin... En plus elle pue la vieille, quand elle s'oublie et se pisse dessus - vous, marchant en plein dedans -, elle sent la merde, elle sent l'urine. Non, il est vraiment temps de se débarrasser de la grand-mère.



En plus, alors que tout le pays est rationné, la vieille veut toujours plus de boulettes de riz. Elle croit qu'on la rationne, alors que tant de gens seraient encore contents de récupérer les quignons de pain qu'on lui donne. A quatre-vingt six ans, avec juste la peau et les os, pourquoi a-t-elle encore besoin de faire trois repas par jour. Et encore, quand elle les fait, elle ne se souvient même plus d'avoir déjeuner ce midi. Non, grand-mère t'es une vraie plaie, je te refourgue chez la cadette, là-bas dans les montagnes, sans électricité, tu verras si tu seras mieux traitée...



Un court récit, un poil cynique qui interroge sur la place des personnes âgées dans l'archipel nippon d'après-guerre. La pression familiale est telle qu'on se sent obligé de s'en occuper, mais face à la crise, au rationnement et aux souvenirs de la guerre, la charge devient difficile à supporter. Trop dérangeant d'avoir une vieille puante à surveiller, laver et nourrir... Pourquoi ne ferait-on pas comme en Amérique, des hospices de vieux, où l'on pourrait ainsi laisser ses vieux tranquilles, entre eux, parce qu'à quatre-vingt six ans, on ne devrait plus vivre encore...



Sur un thème similaire mais dans un autre registre littéraire, nettement plus poétique, cela m'a donné envie de replonger dans le Narayama de Shichirô Fukazawa, magnifique petit opuscule, lu et relu à maintes reprises, dont Shôhei Imamura en fit une belle ballade.



Aah... Les vieux et cette indécence à ne pas mourir...
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L'iris fou - Odieuse vieillesse - Le Maître -..

Le recueil est paru chez Stock en 1957 et a été réédité en 1997. Il contient six nouvelles de thèmes et d'époques variés mais toutes très intéressantes. L'anthologie donne envie de lire d'autres livres et c'est là l'essentiel. Cependant la traduction, qui semble avoir transité par l'anglais, gagnerait à être rafraîchie.



1) Ibuse Masuji (1898-1993) : L'Iris fou (1957). 28 pages.

L'action se situe dans un village à cent cinquante kilomètres d'Hiroshima, peu après la bombe et avant la capitulation du Japon. La nouvelle est remarquable dans sa construction. Elle fait alterner le motif allégorique de l'iris fou, des dialogues du quotidien, triviaux, dérisoires dans l'attente du prochain bombardement et puis l'irruption des rescapés atteints d'une étrange maladie.



2) Nakajima Atsushi (1909-1942) : le Maître (1942). 15 pages.

C'est un conte, avec beaucoup d'humour, des rebondissements et une chute qui illustre un précepte tao. Chang veut devenir le roi du tir à l'arc, il va trouver Fei le plus grand des archers. Celui-ci le soumet à des épreuves difficiles et très pittoresques qui font râler sa femme...

Ce conte apparaît sous le titre le maître fabuleux dans le recueil @Histoire du poète qui fut changé en tigre et autres contes.



3) Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) : le Tableau d'une Montagne à la saison d'automne. 15 pages.

C'est une malicieuse histoire autour d'un chef d'oeuvre mystérieux que plusieurs témoins prétendent avoir vu. Une nouvelle sur la fragilité du témoignage, sur le pouvoir des mots plus vrais que la réalité, sur la vantardise et l'arrogance des critiques d'art. Un petit bijou du grand Akutagawa.



4) Niwa Fumio (1904-2005) : Odieuse vieillesse ( 1948). 48 pages

Une nouvelle cruelle, dérangeante car bien rigolote aussi sur une grand mère qui encombre ses petits enfants qui en ont la charge. La vieille Umé quatre-vingt six ans est insomniaque, gémit, réclame depuis son lit mais dès qu'on a le dos tourné trotte comme un lapin...Et puis elle fouille dans les affaires, chaparde, calomnie et se plaint de la nourriture. Bref c'est un fléau. Il faut refiler la vieille bique à l'autre petite fille...

"Odieuse vieillesse" est une expression entrée dans le vocabulaire courant au Japon.

La nouvelle est intitulée @L'âge des méchancetés en Folio.



5) Shiga Naoya (1883-1971) : L'artiste. (1913) 9 pages.

Un petit garçon collectionne les coloquintes, les sélectionne et en prend le plus grand soin comme s'il s'agissait d'objets d'art. Cette passion "efféminée" n'est pas du goût de son instituteur...

Le récit est charmant, concis, simple et donne un aperçu des mentalités de l'époque.



6) Shiga Naoya (1883-1971) : le crime de Han (1913). 17 pages.

Au cours de son numéro de lancer de couteaux , Han tranche la carotide de sa femme qui meurt sur le coup. Est-ce un accident ou un crime prémédité ? On suit les interrogatoires du juge d'instruction qui donnera son verdict à la fin. Cette petite enquête policière est d'une grande finesse psychologique.





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L'âge des méchancetés

J'aime beaucoup la littérature japonaise, même si je suis loin d'avoir une réelle connaissance dans le domaine. J'aime son côté déroutant, dans le bon sens du terme, cette culture si particulière et les rapports humains qui en découlent.



Fumio Niwa nous embarque pour le Japon d'après guerre, où les plaies sont encore à vif. Une octogénaire, plutôt encombrante, se révèle être un fardeau insupportable pour Senko, sa petite fille, et son mari, qui décident sans pitié de se débarrasser d'elle, pour le plus grand malheur des soeurs de Senko.



Cette nouvelle traite de façon acerbe du rapport des japonais à leurs anciens, au crépuscule de leur vie. Et c'est assez dur. Très peu d'empathie dans ces quelques pages, mais plutôt du dédain, se transformant parfois en haine, envers les aînés les moins autonomes.

Niwa nous délivre la un texte assez lourd, plutôt décousu, et très insistant sur les défauts d'Umejo, la grand-mère incriminée, rarement compréhensif à son égard.



Des personnages lisses, une histoire ne présentant que peu d'intérêt, je ressors malheureusement déçu de cette lecture, et quelque peu horrifié par le dénuement total dans lequel on est capable d'abandonner ses (grands-)parents. "On" parce qu'il n'est évidemment pas besoin d'aller jusqu'au Japon pour croiser ce type d'égoïsme crasse.
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L'âge des méchancetés

Une petite nouvelle parue aux éditions Folio 2€. Le titre et la couverture sont très évocateurs : Niwa Fumio parle de la vieillesse et de ses conséquences.



L'histoire se situe dans l'après-guerre. Umejo est unr vieille dame octogénaire, sénile et dépendante. Et un poids de plus en plus insupportable pour ses proches qui essaient de la refiler à un autre membre de la famille en une sordide passe à dix.



Niwa Fumio signe ici un récit sans fard et dérangeant sur la décrépitude liée à l'âge, les méchancetés qui en découlent et la perception peu amène que les cadets ont le leurs aînés trop âgés. Un thème perturbant, d'autant plus pour un pays où le taux de natalité est en chute libre depuis déjà de nombreuses années.



Courte nouvelle qui nous place face à nos propres problèmes de vieillissement de la population. Elle nous renvoie également à notre propre considération de la vieillesse qui souvent gêne et effraie comme une pré-vision du sort qui nous attend et de la mort qui guette au bout.

Pas forcément un titre à découvrir avec un moral altéré.
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L'iris fou - Odieuse vieillesse - Le Maître -..

Je viens de terminer rapidement ce petit recueil de nouvelles japonaises. On peut se demander ce qui a motivé le choix de l'éditeur, tant les écrivains et les thèmes sont différents et n'ont pas grand chose en commun. Des récits de Shiga Naoya de 1913 à celui de Niwa Fumio de 1948, avec des thèmes aussi éloignés que la bombe atomique sur Hiroshima de Ibusé masuji au récit taoïste de Nakajima Atsushi, ces textes, par ailleurs très intéressants, se lisent facilement et ont l'avantage de nous présenter différentes facettes de l'histoire du japon et une littérature encore assez méconnue.

Ce recueil m'a également donné envie de relire les textes plus conséquents de certains de ces auteurs, comme "Pluie noire" de ibuse Masuji ou "Errance dans la nuit" Shiga Naoya.
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L'âge des méchancetés

Ce livre traite d'un sujet qui n'est ni plaisant ni jouissif à lire; il est une photographie du rapport entre une vielle femme sénile et son entourage et des conséquences qui en découlent. Petit bijou littéraire loin de tout angélisme, ce récit bouscule le paravent de bien-pensance derrière lequel nous cachons la réalité de la grande vieillesse.



Un petit texte cruel par sa véracité certes, mais qui porte un débat encore en cours dans nos sociétés dites modernes.
Lien : http://unlivresurmeslevres.b..
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L'âge des méchancetés

Niwa livre avec L'âge des méchancetés un récit dérangeant sur la vieillisse. Umejo est une octogénaire totalement sénile et dépendante de sa famille, mais celle-ci la voit comme un fardeau et une bouche inutile dans le contexte de la seconde guerre mondiale, qui est marquée de privations pour les civils. La vieille femme va donc se se faire balloter entre les domiciles de ses deux petites filles qui tentent à tour de rôle se débarrasser d'elle, d'autant qu'Umejo a contracté des manies désagréables avec la vieillesse ( kleptomanie, radotage...), que malgré son âge elle ne dort pas la nuit et mange comme quatre !



Ce livre donne matière à réflexion.

On ne peut que reprocher à la famille d'Umejo de maltraiter la vieille dame, la considérant uniquement comme un poids pour la famille et une gène car elle entraine de nombreux désagréments dans la vie quotidienne. Le plus choquant de la part de la famille est l'attitude des deux sœurs qui tentent de se débarrasser sans états d’âme de l’aïeule, une d'elle n'hésitant pas à lui faire subir un éprouvant trajet à travers les montagnes pour l'envoyer chez sa sœur.

Toutefois, on se demande vraiment si on peut totalement condamner l'attitude de la famille envers la vieille femme. Umejo n'a en effet rien de charmant : elle est totalement sénile, ne pense plus qu'à manger et ne se rend pas compte qu'elle est pénible pour sa famille. En période de guerre où les tensions sont plus vives, cohabiter, parfois dans une unique pièce, avec une personne aussi pénible, peut parfois relever d'un défi impossible.



L'âge des méchancetés, est donc une interrogation autour de la responsabilité d'une famille envers la vieillesse de ses aïeux . Le système traditionnel japonais d'un unique foyer pour plusieurs générations qui doivent cohabiter est ici dénoncé par Niwa qui dénonce les nuisances, et pour les aïeux et pour les jeunes, que ce système implique. Cependant il ne faut pas sous estimer les avantages de ce schéma, comme semble le faire par ce récit Niwa qui peut être pour marquer le lecteur, force le trait, qui contribue au maintient des valeurs de solidarité intergénérationnelle. De plus, peut on être fier de la manière dont nos sociétés occidentales actuelles, où les familles se débarrassent parfois des personnes âgées en les envoyant à la maison de retraite ?



Niwa a le mérite, dans ce récit grinçant qui est parfois à la limite de l’excès, de pointer la difficulté de cohabitation entre les générations et de soulever la difficile question de la responsabilité des familles et de ce qu'elles doivent faire pour prendre en charge leurs aïeux.
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L'iris fou - Odieuse vieillesse - Le Maître -..

Cet avec ce petit livre de nouvelles que j'ai rencontré la littérature japonaise.

Ce recueil de différents auteurs est très bien écrit et m'a permis de découvrir la sensibilité mais aussi dureté et la profondeur des écrivains japonais.

L'iris fou nous conte le désarroi et la souffrance des habitants des villes et des campagnes et la folie de la nature aprèsles bombardements atomiques de la fin de la guerre en 1945.
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L'âge des méchancetés

Dans le Japon de l'immédiat après-guerre, une grand mère de quatre-vingt six ans se trouve ballotée entre les familles de deux de ses petites filles. Elle empoisonne leur vie, chacune veut s'en débarrasser. La vieille est un objet encombrant dont personne ne veut.



La vieille Umejo ne se laisse pas faire : méchante, voleuse, acariâtre, elle mène la vie dure à son entourage. Parfois attachante, souvent irritante, Umejo ne laisse pas indifférent. Le récit s'attache à la réflexion à partir de faits de la vie quotidienne et n'est pas exempt d'humour (un peu à la manière de Mo Yan pour le voisin chinois).



Ce court récit nous offre une vision de notre propre société, où la vieillesse n'est plus assumée par les familles mais par des institutions spécialisées. On est ici à la charnière entre la société traditionnelle et la société moderne, celle qui va faire fi des codes ancestraux. Et ce qui est valable pour le Japon de 1947 est valable pour l'Europe. La problématique du vieillissement est-elle universelle ? Qu'adviendra t-il de nous quand notre esprit aura peu à peu disparu et que nous ne serons plus qu'un corps flasque et fripé que la vie ne veut pas quitter ?
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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L'iris fou - Odieuse vieillesse - Le Maître -..

Une anthologie, c'est toujours intéressant pour tous types de lecteurs. Ce livre peut séduire ceux qui veulent tenter une approche avec la littérature japonaise contemporaine, mais aussi les lecteurs plus chevronnés car il y a des auteurs peu traduits qui figurent dans ce recueil. C'est d'ailleurs dommage, si vous voulez mon avis, que certains immenses auteurs japonais doivent ce contenter de ces passages éclairs dans la langue française... mais bon mes récriminations ne changeront pas cet état de fait (je ne cois pas à la parole performative) Sans compter que c'est rudement pratique, une anthologie! On peut picorer à sa guise tel ou tel texte, c'est court (bref idéal pour lire en transport en commun, en téléphonant au service client injoignable de X...)



Toutefois, me direz vous, toutes les anthologies ne se valent pas! Certaines semblent n'avoir que pour but de recycler des textes en un amas attrape tout, véritable piège à lecteur. Tel n'est pas le cas de cette anthologie (du moins à mon humble avis). Elle fait preuve de cohérence et d'ambition. Cohérence avec des auteurs concentrés sur la première moitié du XXème siècle, et ambition par une sélection exigeante avec des figures proéminentes aux styles singuliers, dont les textes sont des classiques lus en classe au Japon.



J'ai ainsi pris beaucoup de plaisir à découvrir cette anthologie. Je connaissais malheureusement déjà Odieuse vieillesse, qui occupe une part conséquente du recueil, mais relire cette nouvelle m'a fait un grand plaisir! Cette nouvelle est dérangeante car elle dépeint la déchéance humaine de la vieillesse et aborde un thème de société très profond et ô combien actuel au Japon, la difficile prise en charge des aînés par leurs famille. J'ai néanmoins eu le plaisir de pouvoir découvrir des auteurs japonais trop rares dans la langue de molière tel que Shiga Naoya, Nakajima Atsushi, Ibusé Masuji. Mon coup de cœur personnel va à L'iris fou, récit très fort sur les souffrances endurées par les civils japonais lors de la seconde guerre mondiale et l'horreur de Hiroshima.

Ce recueil ne manquera pas de vous toucher également, et j'espère qu'il pourra faire office de porte d'entrée dans l'univers fascinant de la littérature Japonaise à de nombreux curieux !
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L'âge des méchancetés

Dans la maison d'Itami, la grand mère Umejo, 86 ans exaspère tout le monde, à commencer par lui ! Chapardeuse, dotée d'un appétit dévorant, râleuse, elle devient insupportable ! La famille décide alors de renvoyer la grand mère de là où elle est venue : chez la belle soeur d'Itami ! On ficèle Umejo sur le dos de sa petite-fille, direction la montagne, là où sont désormais réfugiés les Minobe. Alors même que les Itami possède tout le confort moderne, ils laissent sans vergogne Umejo dans la maison exiguë des Minobe. Mais peut-on vraiment leur en vouloir ?

En effet, ce petit livre fait réfléchir. D'un côté, Umejo est insupportable et n'est pas du tout attachante, bien au contraire. La décision des Itami est alors compréhensible. Mais est-ce vraiment bien de reléguer la grand-mère aux Minobe, la laissant dans un confort tout à fait relatif ? C'est ce que j'ai aimé dans ce livre, il n'est absolument pas manichéen. Qu'aurions nous fait à la place d'Itami et de sa famille ? Ce livre est une réflexion intéressante et drôle parfois ( car Umejo est parfois vraiment odieuse ! ) sur la vieillesse et le rôle de la famille dans tout ça. En plus il est très court, dans pas du tout lassant. Il donne aussi à réfléchir sur notre société et son système de maisons de retraites ( qualifiées dans le livre " d'asiles " ! ). Est ce finalement tellement mieux ?
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L'âge des méchancetés

Des sœurs se partagent la garde de leur grand-mère de 86 ans qui les agace. C’est dans l’abandon que l’échange se fait. L’histoire évoque la logique de laisser à celle qui est la plus disponible, la plus riche, sans enfant la charge de s’occuper de la personne âgée. Dans un décor d’après guerre, où le rationnement et les difficultés des réfugiés sont évoqués, l’auteur nous pousse à porter le regard sur l’indécence qu’est la prise en charge d’une personne vieillissante dont on ne sait que faire.

Écrite en 1947, cette nouvelle est terriblement d’actualité.

La représentation sociale que nous pouvons avoir du Japon respectant au plus au point ses ainés est mise à mal.

Fumio Niwa, dépeint la réalité du quotidien d’avoir sous son toit une personne âgée ayant des troubles cognitifs.Tout y est, le besoin de chaparder et cacher des objets, la sensation de n’avoir pas mangé, les mouvements répétitifs (déchire des vêtements), la déambulation, l’inversion du cycle veille-sommeil, l’incontinence, les troubles de mémoire la poussant à appeler ses proches Madame ou Monsieur… Dans cette nouvelle exemptée de la censure empathique, Fumio Niwa brosse le portrait d’une famille qui ne sait plus faire face, où le souvenir de la personne aimée d’autrefois s’efface sous la douleur du quotidien contraignant.

Un texte dur pour les avertis prêts à regarder la réalité sans douceur, respect, bienséance ou bienveillance. Quand le choix n’existe pas, dans un pays où aucune maison de retraite n’existe pour pallier à la maltraitance familiale engendrée par l’épuisement et l’incompréhension. Un récit d’une justesse impitoyable.
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
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L'âge des méchancetés

Un texte court (à peine cent pages) d'une force rare sur la vieillesse, sa réalité quotidienne : loin de la vénération, du devoir, ou de l'attendrissement, Niwa Fumio raconte d'un côté le désarroi et la colère des familles, et de l'autre, la sénilité.

Tout le monde en prend pour son grade, on est loin d'une vision apaisée des relations familiales. Le texte écrit au sortir de la guerre montre aussi la précarité matérielle des familles, ce qui n'aide en rien à la cohabitation entre générations. Si le sujet n'est pas gai, on peut trouver à certaines situations des notes cocasses.

ps : sur le même sujet, dans le recueil de nouvelles, L'iris fou (éd. Stock), un texte de Niwa, "Odieuse vieillesse", que je vais découvrir de suite...
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L'âge des méchancetés

Publiée en 1947, " L'âge des méchancetés" est une nouvelle de l'écrivain japonais Fumio Niwa.



Itami est marié à Senko et...à sa grand-mère Umejo, une octogénaire kleptomane qui vit chez eux depuis 3 mois, se plaint du rationnement et passe toutes ses nuits à leur demander de s'identifier dès qu'ils empruntent le couloir pour se rendre aux toilettes.

Un jour, Itami n'en peut plus et menace de ne plus rentrer à la maison tant qu'Umejo sera sous son toit. Senko demande alors à sa jeune soeur de transporter la vieille femme sur son dos jusque chez leur soeur Sachiko et son mari. Ceux-ci manquent de place mais se retrouvent dos au mur, contraints d'héberger Umejo.

Au bout de quelque temps, la vieille femme commence à se comporter de façon étrange...



Bizarrement, si je m'attendais à une histoire scabreuse, je pensais néanmoins qu'elle serait traitée de façon humoristique. C'était oublier que la littérature japonaise fait bien souvent l'économie du rire...

Dès le début, alors qu'Itami se plaint d'Umejo et la traite de tous les noms, j'ai pris cette vieille femme en pitié.

D'accord, elle n'est certes pas facile, elle se plaint, elle vole, elle réveille tout le monde la nuit mais de là à la qualifier de "cancer" qui nuit à leur tranquillité, à la traiter de bonne à rien, à volontairement lui faire mal et à souhaiter sa mort, il y a un pas ! C'est à peine si on la considère comme un être humain. Alors qu'elle a élevé ses petites-filles orphelines, elle ne reçoit de leur part aucune tendresse, seulement le strict minimum exigé par le devoir filial.

Personne ne pense jamais à lui demander pourquoi elle se comporte étrangement.

Le voyage d'Umejo sur le dos de sa petite-fille rappelle d'ailleurs à quel point elle représente un fardeau lourd à porter.

Alors que je tournais les pages, j'ai découvert des passages entiers révélant les opinions de l'auteur sur la vieillesse et le traitement des personnages âgées.

A croire que cette nouvelle n'était qu'un prétexte à faire passer un pamphlet anti-vieux.

Les propos sont bien souvent virulents. A l'époque, le système japonais encourageait les familles à vivre en communauté et à prendre soin des aïeux. Il était de surcroît très mal vu pour une veuve de porter trop longtemps le deuil sans rejoindre son mari dans la tombe, car celui-ci risquait de ne plus pouvoir la reconnaître dans l'au-delà...

L'auteur préconisait quant à lui de prendre exemple sur les hospices à l'américaine.

Il est vrai que la responsabilité d'une personne âgée peut représenter une lourde charge difficile à assumer.

Mais il y a des limites à ne pas dépasser.



Une théorie sidérante derrière une histoire grinçante qui illustre parfaitement la notion de clivage culturel et qui, à l'heure où le vieillissement de la population ne cesse d'augmenter, ne laissera personne indifférent...
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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L'âge des méchancetés

"Un texte féroce et dérangeant sur la vieillesse " c'est bien vrai...

Umejo (la grande mère) se voit devenir un fardeau pour sa famille, "contrainte" de l'héberger.

Cette nouvelle m'a donnée, tout le long, de l'empathie pour cette femme de quatre-vingt-six ans. Des propos corrosifs, pour quelqu’un qui n’a d’autres choix que d’imposer sa vieillesse. Qui soit dit en passant est fortement perturbée par ce manque d’amour et d’attention.

Pas très agréable à lire.
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L'âge des méchancetés



La vieillesse est un naufrage, disait un certain Châteaubriant. Ce livre apportera de l'eau au moulin de ceux qui croient fermement en cette assertion, avec le récit de la vie d’Umejo, octogénaire cacochyme qui fait vivre l'enfer à sa famille. Dans le japon d'après-guerre, Umejo combine toutes les tares de ce que l'on appelle pudiquement le grand âge, pour ne pas avoir à dire sénilité. Niwa ne nous épargne rien dans ce portrait dévastateur de la sénilité d’une femme. Umejo a atteint un stade de débilité physique qui ne lui permet plus de faire des travaux ménagers. Elle reste toute la journée à dormir ou à se plaindre de la faim constante qui la tenaille, à aller aux toilettes du fait de son incontinence. Cette bouche inutile n’est presque plus dominée que par des pensées égoïstes (manger, se plaindre), allant même jusqu’à faire croire qu’elle est maltraitée par sa famille aux invités. Pire elle retombe en enfance, devant une peste qui commet des actes puérils (cleptomanie, déchirer de vêtements) Tout cela fait qu’elle en devient un véritable fardeau pour sa famille, sollicitant toujours l’aide ou l’attention des membres de la maisonnée, qui pour s’en débarrasser la ballottent entre les foyers des deux sœurs comme un objet encombrant et non désiré. La vieille est ainsi transportée à dos d’homme et dans un camion comme un sac à patates. Umejo semble devenue indifférente à toute émotion positive, et les seuls sentiments qui l’animent parfois sont ceux de la jalousie quand elle se sent lésée dans la distribution de nourriture. Cependant, l’auteur ne tombe jamais dans une caricature de la sénilité et pour cela donne quelques rares moments de lucidité à Umejo (elle se souvient de sa fille décédée, elle s’excuse d’être une gêne) qui renforcent encore la cruauté de sa vie en montrant qu’il reste en cette personne quelques braises mourantes d’humanité. Peu à peu Umejo se transforme en une créature incapable de communiquer sinon pour asservir les autres à ses besoins primaires…

L’auteur prend dans cette peinture dure et perturbante de la vieillesse l’exact contre-pied de la culture traditionnelle japonaise. Il attaque l’institution de la famille, qui doit vivre à trois générations sous le même toit, en montrant que les aïeuls, loin d’apporter sagesse à leur famille, sont un fardeau insoutenable pour les jeunes en étant à la fois une bouche inutile à nourrir et une gêne dans la vie quotidienne, mettant à mal l’harmonie de ces familles. De plus, il remet en question la vision positive de la vieillesse en montrant des personnes âgées humiliées, rabaissées au rang d’enfants capricieux obnubilés par l’assouvissement exclusif de leurs plus bas instincts.

Si ce livre date des années cinquante, il pose la question de la fin de vie dans la dignité qui est une question assez universelle à mon sens. Nos personnes âgées ont-elles un avenir plus enviable en France, promises à la tristesse de l’oubli sordide en maison de retraite ? Plus spécifiquement, la question du bien être des seniors est plus que jamais criante au Japon, où 25% de la population est âgée de plus de 60 ans. Les familles pourront t-elles au nom de la pression sociale écrasante s’occuper seules de leurs aînés ? Rien n’est moins sûr et ce livre n’incite pas à l’optimisme…

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L'âge des méchancetés

les mots sont justes, et l'histoire, universelle, même si celle-ci a été écrite en 1947 et se passe au Japon .... il y a peu de chaleur, que des contraintes - poids de la morales confucéenne en plus ... sur le devoir familial

On ne connait de la grand-mère que son comportement, insupportable pour les petits enfants qui l'accueillent, et le souvenir qu'elle leur laissera d'elle.... tant elle vit "dans son monde " impénétrable et incompréhensible ...



Transportée en 2012, en France, où les conditions matérielles ne sont évidemment pas les mêmes, où les "asiles pour vieillards" semblent devenir la seule solution "acceptable" celà ne règle rien sur ce qui est la question du livre :

pourquoi doit-on vivre, quand on ne trouve plus de sens à sa vie, quand on a fait son temps et que l'on veut mourir?

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L'âge des méchancetés

Je ne connais rien à la littérature japonaise mais j'ai vraiment eu l'impression en lisant ce livre de passer à côté de beaucoup de choses probablement dû à la traduction. Même le titre me laisse perplexe. En anglais, il a été traduit par The hateful age...alors pourquoi L'âge des méchancetés et pas L'âge haissable comme le début du livre le démontre de façon assez tragique pour cette pauvre femme. Livre qui nous ramène à notre propre vieillissement et la fin de vie qui nous attend et le fardeau légitime que l'on peut représenter quand la maladie prend le dessus sur notre identité.
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L'âge des méchancetés

une nouvelle ou presque un constat amère sur son avenir et son devenir en tant que personne agée...

Balancée de membres de famille en membres de familles, la déchéance mentale et physique de Umejo une octogénaire sur le déclin.

Les mots sont justes.
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