Publiée en 1947, " L'âge des méchancetés" est une nouvelle de l'écrivain japonais Fumio Niwa.
Itami est marié à Senko et...à sa grand-mère Umejo, une octogénaire kleptomane qui vit chez eux depuis 3 mois, se plaint du rationnement et passe toutes ses nuits à leur demander de s'identifier dès qu'ils empruntent le couloir pour se rendre aux toilettes.
Un jour, Itami n'en peut plus et menace de ne plus rentrer à la maison tant qu'Umejo sera sous son toit. Senko demande alors à sa jeune soeur de transporter la vieille femme sur son dos jusque chez leur soeur Sachiko et son mari. Ceux-ci manquent de place mais se retrouvent dos au mur, contraints d'héberger Umejo.
Au bout de quelque temps, la vieille femme commence à se comporter de façon étrange...
Bizarrement, si je m'attendais à une histoire scabreuse, je pensais néanmoins qu'elle serait traitée de façon humoristique. C'était oublier que la littérature japonaise fait bien souvent l'économie du rire...
Dès le début, alors qu'Itami se plaint d'Umejo et la traite de tous les noms, j'ai pris cette vieille femme en pitié.
D'accord, elle n'est certes pas facile, elle se plaint, elle vole, elle réveille tout le monde la nuit mais de là à la qualifier de "cancer" qui nuit à leur tranquillité, à la traiter de bonne à rien, à volontairement lui faire mal et à souhaiter sa mort, il y a un pas ! C'est à peine si on la considère comme un être humain. Alors qu'elle a élevé ses petites-filles orphelines, elle ne reçoit de leur part aucune tendresse, seulement le strict minimum exigé par le devoir filial.
Personne ne pense jamais à lui demander pourquoi elle se comporte étrangement.
Le voyage d'Umejo sur le dos de sa petite-fille rappelle d'ailleurs à quel point elle représente un fardeau lourd à porter.
Alors que je tournais les pages, j'ai découvert des passages entiers révélant les opinions de l'auteur sur la vieillesse et le traitement des personnages âgées.
A croire que cette nouvelle n'était qu'un prétexte à faire passer un pamphlet anti-vieux.
Les propos sont bien souvent virulents. A l'époque, le système japonais encourageait les familles à vivre en communauté et à prendre soin des aïeux. Il était de surcroît très mal vu pour une veuve de porter trop longtemps le deuil sans rejoindre son mari dans la tombe, car celui-ci risquait de ne plus pouvoir la reconnaître dans l'au-delà...
L'auteur préconisait quant à lui de prendre exemple sur les hospices à l'américaine.
Il est vrai que la responsabilité d'une personne âgée peut représenter une lourde charge difficile à assumer.
Mais il y a des limites à ne pas dépasser.
Une théorie sidérante derrière une histoire grinçante qui illustre parfaitement la notion de clivage culturel et qui, à l'heure où le vieillissement de la population ne cesse d'augmenter, ne laissera personne indifférent...
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