Gabrielle Kent

Né avant son père, il reçut dons et malédictions au sein d’un foyer,
Cet enfant survenu hors du temps, un fléau depuis qu’il est né.
Combien ont cherché le pouvoir qu’il renferme au fond de lui,
Combien ont échoué, combien ont péri, et toujours ont ressurgi.

Bryn avait rempli un petit sac avec du pain, du fromage et des fruits. Il tendit à Alfie et à Robin des gourdes d’eau quand ils le rejoignirent dehors, fermant la porte du château derrière eux.
– C’est super, dit Madeleine, qui accrocha sa gourde à sa ceinture. Pas de plastique et on la plie quand elle est vide. J’en rapporterai une à la maison.
Robin donna un coup de coude à Alfie.
– Je me dis qu’il vaut peut-être mieux attendre que les filles aient vidé les leurs pour leur dire que les gourdes sont fabriquées avec des vessies de vaches, sourit-il.
– Oh, c’est mignon ! Tu veux dégoûter les pauvres petites filles, s’amusa Amy en passant une tête par-dessus son épaule et en lui ébouriffant les cheveux. En réalité, elles sont faites à partir de vessie de mouton, à ce que Bryn m’a expliqué.

Madeleine et Amy étaient déjà descendues aux cuisines avec Orin et Bryn, et mangeaient du porridge au miel et aux fruits. Alfie en servit un grand bol pour lui et pour Robin. Quand Ashford les rejoignit, ils avaient déjà tout avalé.
– J’avais presque oublié ce qu’était une grasse matinée, sourit-il. Je crois que je vais passer l’après-midi à profiter du soleil dans la cour pendant que vous commencez vos leçons.
– Eh bien, tu auras bien besoin de te réchauffer après la douche glacée, dit Alfie en remarquant ses cheveux mouillés.
– Glacée ? Elle était chaude et agréable. Une fois le feu allumé dans le Grand Salon, l’eau chauffe bien.
Il rit devant les mines d’Alfie et de Robin.
– Vous oubliez que je suis déjà venu ici. Dans quatre-vingts ans, certes, mais la tuyauterie est la même. Il faut que je vous montre comment charger la pompe pour pouvoir prendre vos douches tout seul.
– Tu n’aurais pas pu nous le dire hier ! éclata Alfie.
Ashford attrapa un bol de porridge et sautilla presque vers le dehors, tout en sifflotant.
– Je crois que je déteste Ashford en mode vacances, marmonna Robin.

Un cri de colère ramena Alfie à la réalité.
– Relâchez-moi ! hurlait la femme.
Il se redressa et vit Artan enveloppant fermement la reine, qui essayait de sauter en direction du passage dans le chêne.
– Celle-là est montée à bord en cours de route, sourit Artan. Vous voulez que je la jette dans le lac ?
– Quoi, pour le polluer ? lança Robin, qui avait déboulé par la porte du château, suivi par Amy et Ashford. Pourquoi tu ne trouverais pas un joli volcan tout chaud à la place ?
– Tout le plaisir serait pour moi, dit Artan.

On a peu à gagner à regarder en arrière[...]. L’avenir est toujours bien plus intéressant.

Plus on découvre, plus on prend conscience de ce que l’on ignore.

Aucune magie n'appartient au bien ou au mal. Elle existe, tout simplement.

Son père avait inventé des dizaines d'appareils presque utiles : un sèche-cheveux qui fonctionnait à l'eau, un porte-papier toilette qui poussait un cri d'alarme assourdissant quand on frisait la rupture de stock ou encore, plus récemment, une porte d'entrée à reconnaissance vocale qui ne semblait comprendre que l'accent irlandais.

La créature, énervée, se mit à piétiner le toit. Déployant ses ailes immenses, elle pointa son regard droit sur Alfie et Artan qui prenaient la fuite. Debout sus ses pattes arrières, elle expira deux boules de feu par les narines en renâclant. Alfie l'observa, pris de terreur face à la bête entièrement illuminées, ses ailes de chauve-souris hautes dans le ciel. Des flammes se reflétèrent dans ses écailles vert-de-gris et deux têtes énormes se levèrent. Alfie n'en crut pas ses yeux.

Tu es plus que son gardien... tu es sa prison.

Il avait l'impression que sa nouvelle vie, si merveilleuse, allait tomber en poussière.

Le Bien reprendra les armes, combat de la nuit des temps. Mais quand la magie s'offre, il faut livrer bataille au-dedans.

Nous vivons toujours de superbes aventures ensemble !
— Mais on vient à peine de se rencontrer ! s'exclama Alfie pendant qu'Artan flottait de nouveau vers sa tour.
— Vrai, mais aussi faux !

- On est copain comme carpette, répondit Artan.

Quand une des femmes est passée devant moi, je lui ai demandé depuis combien de temps il y avait du monde dans ce château. Elle m'a répondu qu'il était habité depuis la fin de sa construction, quinze ans auparavant. Je lui ai rappelé que le château avait plusieurs centaines d'années et elle a éclaté de rire en disant : "Bien sûr, quelqu'un comme vous dirait ça, mais ici et maintenant il a quinze ans."

- Si le temps nous a appris une chose, c'est que l'on ne peut jamais être sûr de rien.

Alfie avait-il halluciné ? Il tendit la main devant le museau d'Artan et pointa son doigt vers le bas. Artan hocha la tête et descendit discrètement pour atterrir derrière les remparts.