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Citations de Gérard Bayo (81)


CARREFOUR DE ROCHE


Son ami est mort :
elle n'en veut rien savoir,
la vie.

D'ailleurs, le jour se lève.

Lui aussi, le poème, non loin,
déjà
peut-être existe. Aucun qui d'un instant

de joie ne soit venu.

p.89
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PAYSAGE


Je vois en avril
un feu d'automne derrière les pins
et sur la ville.

Il obscurcit le ciel.

La rivière au milieu
des prairies inondées resplendit.

Comme un convoi le long des marais
vivants : le vent de la nuit dans les pins.

Et la lumière là-haut
de tout son poids
au-dessus de nos têtes : ‒ l'heure qui est vôtre
encore

à la nôtre s'ajoute.

                           (Brok, Pologne)

p.82
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PÉNICHES À COURBEVOIE


La femme, jeune et belle, sur la terrasse,
un ange. Cet
homme dans le café mal éclairé, un ange.

Un ange celui
que tu vas rencontrer.
                  As déjà
rencontré.

Et
les arbres se regardent
dans le fleuve : c'est presque jour.

Avais-tu peur,
de naître encore,
toi qui t'es mise à pleurer en découvrant
qu'enfant tu vins au monde ?

Les constellations de lumière dans l'eau noire du tonneau,
c'est d'étoiles
invisibles qu'elles parlent.

p. 51
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AVANT LA PLACE DES RETROUVAILLES


Le portail de bois noir ne tardera plus
à tomber.

Sept fenêtres sur la rue
                  ou la route
et le ciel cireux.

Personne ne connaît le nom
des maisons d'herbe et de poussière.

La gouttière s'envole
vers le fossé. Choisis-toi, afin d'être né ici,
les ancêtres que tu veux.

Du bestiaire d'enfance,
tarie désormais la source des nuages.

Le vent pousse la fumée
et la vapeur en amont du train.

Apprends
à naître.

p.50
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AVANT LA FIN


Par-dessus les pins
et le marbre noir
        de la mer, l'air est en paix.

               Personne ici
n'est jamais sorti

ni entré.

Sur la galerie de bois, stores baissés, les fruits
or,
incarnat, les feuilles

chaque nuit balayées. Le réflecteur oscille un peu.

Tel un visage levé,
la nuit qui vient.

p.53
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PRESQUE PLEINE LA LUNE


d'une extrémité à l'autre du ciel, la lune dans les lacets
de la route se cache, refuse
d'entrer dans les nuages.

La grand-mère à présent replie
dans un papier la bouchée
de pain durci.

Du Léthé sous ses reflets, bat le pouls monotone.

Seuls peut-être les morts
n'en finissent d'espérer.

Comme sous la terre ils font silence !

Et des vivants,
lui aussi le silence, qu'il soit béni.

                        (Saint-Pétersbourg, 2011)

p.52
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ILS NE SONT
déjà plus là.

Mais trop nombreux. Ne ferme pas
ce soir ta porte.

Tu n'as pour seul nom que ton chant.

N'arrache
tes vêtements : déchire
ton cœur. Quelque chose a fini

de vieillir.

p.49
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DERRIÈRE L'ANCIEN PORTAIL


Derrière l'ancien portail il neige
du silence et du temps, il neige encore
de la durée.

Il y a un arbre
aux troncs multiples, silencieux,
apaisé.

À vie humaine, le soleil ne s'éteint pas.

Ici ne naissent
ni ne meurent les étoiles.

Que ceux qui portent en eux la vie
se lavent
les mains en sortant,

enterrent
le jour même les corps.

p.40
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FRENKEL, ANIELEWICZ


La termitière domine
la couronne des thuyas odorants.

Le chemin passait là.

À d'autres rues on a donné
le nom des disparues. Le chemin
passait là.

Seul l'invisible existe encore.

p.39
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SOUS-BOIS


Et le train était à l'heure.

Pas un aboiement ; sur le quai un silence total.

Des sorties :
dans la gare, par trois barrières,
en rase-campagne.

Suis allé jusqu'à la route aux peupliers.

Ni sable blanc
ni marais. Pas encore de neige.

De la forêt, pas un son ne sortait.
De vous,
de vous, n'ai rencontré personne.

p.38
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Chambre
au sol taché,
                avant-douche…

La lumière baisse
et la clarté n'ose entrer.

Pourquoi pas ici
le sommeil sur la paillasse

de bois qui m'attendait,
le seul
repos ?

p.37
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AU PRÉSENT LA VIE


Le ciel de nuit à marée basse
et les eaux retirées,
                       les îles –

les amas
rocheux, les heures.

Et le jour qui ne vient pas,
ne viendra plus.

La lumière,

ni de terre à présent
                  ni du ciel.

p.34.
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AU TEICH PORTE CLOSE


N'avons rien vu, babillaient
au pied des roseaux les nouveau-nés,

comme des grenouilles
un soir d'été.

                   Ni nuit ni jour,
ni jour ni nuit.

Clair est le ciel, tout rappelle
que ce jour doit finir.

Höderlin ne vieillit plus. L'Océan n'est pas loin.

Les étoiles ont disparu
et le ciel s'éclaircit.

                    (réserve ornithologique du Teich)
p.32
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PROCHAIN POÈME
     Baraque 23


2.
La poésie, vous l'appelez rêve
ou vision
ou présence –

et rêve pour finir.

3.
Rends
grâce et l'âme.

p.30
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PROCHAIN POÈME
     Baraque 23


1
Les volumes
dépareillés au sol trempent dans l'eau
des stalactites et la journée glacée.

Des affaissements, des tombes
non tassés.
          Sur la terre qu'il ne faut
pas quitter.

p30
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UNE DETTE ENVERS LA VIE


Sur le Neva il y a

une fenêtre constamment noire, constamment
ouverte

et vide. Peu importe son nom.

p.29
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DU 5E ÉTAGE


Femme debout dans un jardin,
les yeux baissés,

à quoi, à qui rêvant – longtemps,
à qui
à quoi rêvant vivante rue Thomas Illyricus.

Étroit le jardin à l'envers
du mur – et sans image.

Alors vivante.

p.47
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MURET AVEC CLAPIER ET PORTAIL


à gauche,
(ou remise), au bord du fleuve.

Lui avait peur de l'eau. Là fabriquait,
n'était
qu'à peine.

Était, dit-on,
presque heureux.

Devant l'autre portail ont défilé par centaines
de milliers. Voulaient vivre.

*

Terres et landes, toujours j'ai su,
toujours j'ai cru,
arbres et ravins au-milieu du ciel gris,
que davantage

que les vôtres
le cœur de l'homme est silencieux.

p.48
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LIMITE DU MONDE


Aime.
Aime-moi. Les morts ressuscitent.

Aime.
Aime-moi. L'amour aura toujours
un pas d'avance.

Où donc est la frontière du monde ?

p.46
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FIXITÉ DES FRONDAISONS


Des emportements de colère dans e rideau
de branches sous le ciel.

On dirait de joie.

Et le vent s'évanouit : ni joie, ni colère. Nul
n'a jamais hanté ces lieux.

C'était ici pourtant.

Ni colère,
ni joie. Ont disparu.

Ici la lumière
de la troisième cour éclaire
l'accès familier, s'en vient de haut,

de très haut s'en vient.

Quand il fallait l'herbe a poussé.

p.78
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