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Citations de Gratien Gélinas (31)


Essai sur la race en 1939

Ce sketche "laisse une pénible impression à l'individu qui connaît à fond la mentalité de Canadien-francais moyen: amour de la flânerie, penchant marqué pour les discussions oiseuses au resto du coin, horreur de la culture intellectuelle, dédain à l'endroit de ceux qui sont instruits. Cette peinture est vraie, hélas, mais souffrance que c'est triste.
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Pas toujours avoir les yeux sur la prochaine paye... pas toujours dévisser la sonnette de la porte de devant, quand il est pour venir un collecteur...
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Né à la crèche, de mère inconnue et de père du même poil! Élevé à l’hospice jusqu’à ce que je m’en sauve à l’âge de quinze ans. […] Oui, je suis un enfant de l’amour, comme on dit. Un petit maudit bâtard, si monsieur préfère. Seulement, vu que c’est bien peu de ma faute, y a pas un enfant de chienne qui va me jeter ça à la face sans recevoir mon poing à la même place!
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Le Padre.-Bonjour, Tit-Coq. (il vient s'appuyer près de lui.)
Tit-Coq. sortant de sa rêverie. - Allô Padre.
Le Padre. -Alors, ça y est: on s'en va.
Tit-Coq. -On s'en va.
Le Padre. -Je t'empêche peut-être de t'enmnuyer de ta Marie-Ange?
Tit-Coq. -Oui... mais c'est égal: j'aurai le temps de me reprendre à mon goût.
Le Padre. -Ce doit être nouveau pour toi, l'ennui?
Tit-Coq. -Tellement nouveau que j'aime presque ça. Ce qui est triste, je m'en rends compte, c'est pas de s'ennuyer...
Le Padre. -C'est de n'avoir personne de qui s'ennuyer?
Tit-Coq. -Justement.... et personne qui s'ennuie de toi. Si je ne l'avais pas rencontrée, elle, je partirais aujourd'hui de la même façon, probablement sur le même bateau. Je prendrais le large, ni triste ni gai, comme un animal, sans savoir ce que j'aurais pu perdre.
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C’est pas facile, pour moi non plus, de te demander ça, tu peux me croire, mais j’aurai eu au moins ce courage-là, dans ma vie. (Soumise à l’inévitable.) Oui, tu vas m’oublier : ce que je t’ai volé, il faut qu’une autre te le rende. Autrement, le sacrifice qu’on fait serait perdu. (Tournée vers le mur.) Va, Tit-Coq… Va!
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AURORE, sortant de la salle de bain : Dépêchons-nous: Henri est en bas dans l'auto; il veut qu'on aille tous ensemble attendre Aimé à la porte du Palais de Justice.
LA MÈRE, crie de l'autre chambre : Ça traînera pas!
AURORE, à Phil : Appelle le garçon pour les bagages.
PHIL, se verse charitablement une autre rasade : Une seconde. Il me faut encore un peu de liquide dans le chameau avant de traverser le désert.
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Oui, parce que mon mari à moi, tout l’amour qu’il aura dans sa vie, c’est à moi qu’il le devra ; à moi, Marie-Ange Desilets, et à la parenté que je lui donnerai! Si une femme est heureuse de se sentir indispensable à un homme, je serai loin de m’embêter en ménage!
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Tenté? Tous les jours de la semaine! Mais non. Épouser une fille, pour qu’elle ait un petit de moi pendant que je serais parti au diable vert? Jamais en cent ans! Si mon père était loin de ma mère quand je suis venu au monde, à la Miséricorde ou ailleurs, ça le regardait. Mais moi, quand mon petit arrivera, je serai là, à côté de ma femme. Oui, Monsieur! Aussi proche du lit qu’il y aura moyen.
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Je le répète : une fille est libre de courir le risque, mais à condition d’y penser à deux fois.

Parce que si tu savais, ma belle, ce que ça passe vite, notre jeune temps. Ça passe vite! Il faut être rendu à mon âge pour le savoir. Tu t’endors un beau soir, fraîche comme une rose, sans te douter de rien : le lendemain matin, tu te réveilles vieille fille. Et c’est là que tu commences à te bercer toute seule le dimanche soir, sur le coin du perron!
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Bon! Mais penses-y donc encore un peu avant de le jeter à la poste, ton billet doux. Des fois on veut faire l’indépendant; on ouvre la porte pour montrer à l’autre qu’elle peut partir, si elle en a envie. Elle reste, ben sûr. Seulement, la porte ouverte fait un courant d’air : elle attrape un torticolis et puis elle souffre, par notre faute. En mettant les choses au pire, ce qui vous arrive, c’est une petite brouille par correspondance.
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Celui-là, c’est pour ta maudite lettre à Collette. Il y a deux mois que je me promets de le donner!
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... En ce qui me concerne , soyez bien à l'aise : Si votre conscience vous dit de me punir parce que j'ai donné un coup de poing à monsieur ... parce qu'il m'avait traité de bâtard...parce j'avais pincé la cuisse à sa blonde-----......

Page20 de : collection ( QUÉBEC 10/10 ) des éditions internationales Alain Stanké , 2127, ru Guy, Montréal
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MARIE-ANGE : Parle… je t'en supplie!
TIT-COQ : Ce que j'avais à te dire, c'était clair et net… mais depuis que j'ai mis les pieds ici-dedans… Oui… Malgré moi, je pense à ce que ç'aurait pu être beau, cette minute-ci… et à ce que c'est laid… assez laid déjà sans que je parle. Mais s'il y a une justice sur la terre, il faut au moins que tu saches que t'es une saloperie! Une saloperie… pour t'être payé ma pauvre gueule de gogo pendant deux ans en me jurant que tu m'aimais. C'était aussi facile, aussi lâche de me faire gober ça que d'assommer un enfant. Avant toi, pas une âme au monde s'était aperçue que j'étais en vie; alors j'ai tombé dans le piège, le cœur par-dessus la tête, tellement j'étais heureux! T'es une saloperie! Et je regrette de t'avoir fait l'honneur dans le temps de te respecter comme une sainte vierge, au lieu de te prendre comme la première venue! (Sortant l'album de sa vareuse.) Je te rapporte ça. Au cas où tu l'aurais oublié avec le reste, c'est l'album de famille que tu m'as donné quand je suis parti… Il y a une semaine encore, j'aurais aimé mieux perdre un œil que de m'en séparer. Seulement je me rends compte aujourd'hui que c'est rien qu'un paquet de cartons communs, sales et usés. Tu le jetteras à la poubelle toi-même! Maintenant, je n'ai plus rien de toi. À part ton maudit souvenir… Mais j'arriverai bien à m'en décrasser le cœur, à force de me rentrer dans la tête que des femmes aussi fidèles que toi, il en traîne à tous les coins de rue!
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Moi, je ne m’imagine pas sénateur dans le parlement, plus tard, ou ben millionnaire dans un château.

Non! Moi, quand je rêve, je me vois en tramway, un dimanche soir vers sept heures et quart, avec mon petit dans les bras et, accrochée après moi, ma femme, ben propre, son sac de couches à la main. Et on s’en va veiller chez mon oncle Alcide. Mon oncle par alliance, mais mon oncle quand même! Le bâtard tout seul dans la vie, ni vu, ni connu. Dans le tram, il y aurait un homme comme les autres, ben ordinaire avec son chapeau gris, son foulard blanc, sa femme et son petit. Juste comme tout le monde. Pas plus, mais pas moins! Pour un autre, ce serait peut-être un ben petit avenir, mais moi, avec ça, je serais sur le pignon du monde!
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Et tu vas voir qu’on n’est pas du monde gênant. D’abord, on n’est pas riches, ni supérieurement intelligents; on est tout juste une famille d’ouvriers dans le village de Saint-Anicet. La «snoberie», prends ma parole, on connaît pas ça ici-dedans! […]

A part ça, on sait qu’on vaut pas cher, mais on s’aime ben quand même, tous ensemble. Ça fait que je t’avertis : dans le temps des Fêtes, nous autres, on se lèche et puis on s’embrasse la parenté comme des veaux qui se tettent les oreilles jusqu’à la quatrième génération de deux bords!
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Seulement profitez-en : ça sera drôle rien qu’un temps. (Solennel.) Car Dieu, qui nourrit les pauvres petits oiseaux abandonnés, ne peut pas les empêcher, le moment venu, de lâcher leur crotte!… Et c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents! Pas de mon bord. Ah non! De mon bord, ça va rire à mon tour. Ça va rire jaune, mais ça va rire! En maudit bout de crime que ça va rire, comprends-tu?
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PREMIER ACTE

Au lever du rideau, la scène est vide. puis on entend la clef tourner dans la serrure. La porte s’ouvre et un garçon d’hôtel paraît, portant une petite valise et un sac à tout mettre, qu’il vient déposer sur le porte-bagages au pied du lit. Il ira ensuite lever le store de la fenêtre et ouvrir la porte de la chambre communicante.

Phil, qui porte un flacon enveloppé, est entré à sa suite et s’arrête pour inspecter la chambre d’un regard circulaire.

PHIL. En plein ce qu’il nous faut, hein, Henri ?

HENRI, qui le suivait. Range-toi, que je téléphone à l’avocat : il n’y a pas de temps à perdre. (Il se précipite vers le téléphone et consulte un papier qu’il a sorti de sa poche.)

PHIL, jette sur le lit ce qu’il portait. Pas de temps à perdre pour moi non plus : depuis Trois-Rivières que je nourris le projet ! (Il s’engouffre dans la salle de bain.)
HENRI, qui a décroché le récepteur, tend un pourboire au garçon. Tiens.

LE GARÇON. Merci, m’sieur. (Il sort.)

HENRI, à l’appareil. Lafontaine 3-4516... Un, six, oui.

AURORE, qui est entrée. Phil, où est-il passé ?

HENRI, signe de la tête vers la salle de bain. Là-dedans.

AURORE, enlevant son manteau et le jetant sur le lit. N’oublie pas d’appeler l’avocat.

HENRI, le récepteur sur l’oreille. Qu’est-ce que je fais là, tu penses ?

AURORE. Il n’est pas tout seul à avoir le téléphone à Montréal ! (Elle a visiblement les nerfs tendus.) D’accord ! Mettez-vous tous à ruer dans les brancards : ça arrangera les choses.

HENRI, au téléphone. Tant pis... Merci, mam’zelle. (Raccroche le récepteur, contrarié.) Ouais !

AURORE. Pas de réponse ?

HENRI. Non.

AURORE. Qu’est-ce qu’il a, lui, à flâner au lit quand il plaide une cause dans trois quarts d’heure ?
HENRI, consultant sa montre. Neuf heures moins vingt : il est peut-être encore à la maison. Je vais l’appeler là. (Il cherche un numéro sur son papier.)

AURORE, le nez dans la porte de la chambre communicante. Tu as loué deux chambres ?

HENRI, à l’appareil. Mam’zelle, essayez donc Victor 4-5843.

AURORE. Il va coûter cher, ce procès-là !

HENRI. Eh ben, quoi ? On est six : deux lits, c’est pas trop.

Aurore disparaît dans la pièce voisine, en haussant les épaules.

HENRI, nerveux, au téléphone. Allô ! Madame Lacroix?... Est-ce que je pourrais dire un mot à votre mari?... Ah! Il y a longtemps de ça?... Henri Grenon, de Saint-Tite... Bonjour, madame... Eh oui, il doit défendre mon frère, Aimé, aux assises à dix heures... Justement, oui... Savez-vous s’il se rendait tout droit à son bureau ?... Ouais... Eh ben, je le rappellerai là dans un quart d’heure... Écoutez, madame : je ne voudrais pas le manquer pour tout l’or du monde ; alors si, de votre côté, vous avez de ses nouvelles avant que je l’attrape, demandez-lui donc de téléphoner
en vitesse à l’hôtel Corona, chambre... (Demande aux autres, qui ne sont pas là.) Quel numéro, notre chambre ? (Le découvre sur le cadran du téléphone.) Chambre 312, madame... (Volubile.) Excusez-moi de vous demander ce service-là, mais, vous comprenez, je suis passablement sur les épines aujourd’hui. Je m’étais bien promis d’être à Montréal à huit heures tapant, mais j’ai eu une crevaison en sortant de Louiseville... Entendu... Vous avez pris ça en note ? Chambre 312, à l’hôtel Corona... Juste à un coin de rue du Palais de justice... Bon... Merci, madame. Vous êtes bien aimable... (Il s’apprête à raccrocher mais se ravise.) Pardon, ...
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BOUSILLE (lève la tête et regarde les deux hommes à tour de rôle, consterné) : Vous ne pouvez pas me demander de faire une chose pareille.
HENRI : Quoi?
BOUSILLE : Vous savez bien que ce serait un faux serment...
HENRI : Écoute, toi...
BOUSILLE (le sang glacé) : Le Bon Dieu me laisserait retomber dans mon vice, sûr et certain...
HENRI (pris d'une rage sourde) : Je t'avertis charitablement : le temps de niaiser est fini.
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L’AVOCAT. Et c’est dans un restaurant de l’endroit que l’accident s’est produit?
AURORE. C’est là qu’Aimé les a surpris la main dans le sac. L’AVOCAT. Vous voulez parler de mademoiselle Marcoux et de la victime?
AURORE. Bruno Maltais, oui.
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Écoutez, monsieur Lacroix : vous m’avez l’air d’un avocat qui n’a pas de temps à perdre. Si quelqu’un – ici ou ailleurs – a essayé de vous faire croire qu’ Aimé et moi formions un couple d’amoureux idéal, détrompez-vous: Roméo et Juliette avaient leur façon à eux de se passer la main dans les cheveux; nous, nous avions la nôtre, différente au possible. À mon grand regret, laissez-moi vous le dire.
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