Citations de Gregory Mcdonald (24)
Tout en marchant, Rafael réfléchissait à lui-même, à cet endroit, et à ses habitants. Quand il était enfant, s’il y avait une bière ou la moitié d’une bière qui traînait, il la buvait. Si on avait un alcool plus fort sous la main – presque toujours de la vodka – et si quelqu’un tombait ivre mort avant d’avoir terminé la bouteille, il s’asseyait n’importe où et buvait au goulot jusqu’à ce que lui aussi soit ivre mort. S’il en restait, il partageait avec ses frères et ses amis. Et eux aussi, sans cesse, buvaient tout ce qu’ils pouvaient trouver. Il ne se souvenait pas quand cela avait commencé ; il ne se souvenait pas ne l’avoir jamais fait. C’était sa vie…
- Ici, tout le monde boit. On est tous des alcoolos.
- Les gens boivent selon leurs moyens. Ils boivent ce qu'ils peuvent trouver, chaque fois qu'ils en ont l'occasion. On trouve toujours le temps.
- C'est pas comme ça partout ! dit Rafael. En ville, tu peux me croire, ils sont pas tous bourrés.
Écoute-moi, Rafael, il faut que tu me comprennes bien : tout ce que je te dis c’est des trucs réels. Ça n’a rien à voir avec tout ce que tu connais. Il n’y a pas d’effets spéciaux, genre ketchup pour le sang. Nous filmons exactement ce qui se passe exactement.
Exister, c'était un truc qui leur était tombé dessus comme ça. Et sa réaction, pas pire qu'une autre, avait été de boire pour oublier la faim et la douleur, les tromper, les fuir, devenir le plus insensible possible, les ignorer pour survivre.
« Seigneur…je vais finir salement plus amoché que Toi » p143
Désormais, tous ceux qui se risqueraient dans la décharge pour assurer leur survie devraient s'attendre à se faire tirer dessus. Les autorités ne toléreraient pas qu'il s'approprient des choses dont plus personne ne voulait.
Ce que nous sommes en train de faire, ce sont peut-être bien les plus grands films de l'histoire, parce qu'ils sont la vérité pure, Rafael, c'est pas du chiqué, on montre comment des personnes réelles souffrent et meurent réellement, et ça reste de l'art, de l'art et de l'ironie, et toi, Rafael, tu seras dans un de ces films, tu montreras au monde entier quel genre d'homme tu es vraiment.
Larry, l'oncle obèse, le coiffeur, la banque et la femme à l'accueil, le supermarché où il avait fait ses courses, ce qu'il avait acheté, les deux types, la dame qui l'avait secouru, la caissière, le chariot dans lequel il avait trimbalé les cadeaux le long des rues, Freedo, la grande bouteille de vodka, le trajet en bus, Rita qui gravissait le chemin à sa rencontre, son expression en voyant les deux robes, la chute de sa fille Lina dans la descente, les enfants découvrant leurs cadeaux, les bières qu'il avait payées aux autres, sa promenade avec Rita sur la butte, le soleil, la lune... Il se souvenait de cette journée mieux que toutes les autres qu'il avait vécues.
Dans la glace, il se surprit à sourire. Il venait de se rendre compte de ceci : il savait à présent quelque chose qui était donné à très peu d'hommes de savoir ; où, quand, et comment.. il allait mourir.
Il sentait maintenant qu'il contrôlait enfin sa vie, et même sa propre mort. Il en éprouvait un immense soulagement.
-Désolé si ça te rend triste.
-On doit tous y passer un jour ou l’autre, de toute façon, répondit Rafael.
Par la fente de ses paupières, le père l’observait :
-T’es pas si dur que ça, Rafael. Tu me caches quelque chose, dit-il.
-Maman a mis du temps à mourir. Elle a beaucoup souffert.
-Oui.
-Parce que c’est ça qui est important, non ?
-De quoi ?
-Qu’est-ce qu’elle va te rapporter, ta mort ? Et ta souffrance ?
-Ce que je vaux ? J’en ai jamais rien su.
-Que vaut ta mort ?
- Ils veulent pas qu'on se blesse, dit Alessandro. Alors ils nous tirent dessus.
Il venait de se rendre compte de ceci : il savait à présent quelque chose qu'il était donné à très peu d'hommes de savoir ; où, quand, et comment... il allait mourir.
En vérité, il irradiait de bonheur et d’amour.
- Où est le contrat? demanda Rafael.
L'oncle lui tendit la feuille de papier.
- Le voilà, ton contrat. Qu'est-ce que tu crois que j'étais en train d'écrire?
Sur cette feuille, il y avait marqué: Raphael. 250 $ (biffé), 300$, 50$, 250$, et 29700$ écrit deux fois.
- Le contrat-type, dit l'oncle. Prêt à signer Rafael?
Seigneur… je vais finir salement plus amoché que toi
Il savait à présent quelque chose qu’il était donné à très peu d’hommes de savoir ; où, quand, comment… il allait mourir.
– C’est quoi un sécateur ?
– Des énormes ciseaux.
– Ah bon.
– Il s’agenouillera devant toi et te coupera un orteil. Sans doute le gros orteil. A ce moment-là, tu pisseras le sang de la tête au pied.
– D’un pied ?
– Très bonne idée ! Pourquoi pas les deux pieds !
– Je viens pour le boulot.
– Que dirais-tu de faire le boulot là, maintenant ?
– Quelques jours. Donnez-moi quelques jours.
Fletch, tu es viré.
— Quoi de neuf à part ça ?
— Tu as déconné, Fletch. Trop déconné.
— Qu'est-ce que j'ai fait ?
— Tu as rapporté les paroles de quelqu'un qui est mort depuis deux ans... Tout le monde ici se fout de ta gueule. Ça va être dur d'oublier une histoire pareille.
— Donne-moi au moins une chance de vérifier mes informations.
— Auprès de qui ? Saint Pierre ? Si tu l'as au bout du fil, fais-le-moi savoir.