Sud Radio - 29 janvier 2020
Bercoff dans tous ses états :
André Bercoff a reçu Guillaume Debré Auteur de « Je twitte donc je suis » aux Editions Fayard.
G. Debré : « Trump a compris que les Américains ne se sentent pas représentés par lestablishment »
La vision était si effrayante que Huger se trouvait incapable de prononcer le moindre mot. A côté du sergent se tenait un homme qui ressemblait à un vieillard. Sa chevelure était dégarnie et grisâtre. Son visage émacié couleur de cierge. Ses traits tirés semblaient sans vie et son corps décharné était ramassé sur lui-même. Le regard vacillant, il n'avait pour uniforme qu'une chemise en haillons, une culotte de drap gris et un manteau de grosse étoffe qu'un officier, pris de compassion, lui avait offert en détention.
- Mon Dieu, c'est lui ! lâcha enfin Huger.
Face à lui se tenait le général La Fayette.
Quand au printemps 2009, Larry Summers, le conseiller aux Affaires financières, et Thimothy Geithner, le secrétaire au Trésor, peine à définir une nouvelle politique bancaire, c'est vers Emanuel qu'Obama se tourne pour qu'il les aide. Durant une réunion, il se permettra d'ailleurs de charrier en public l'irascible Summers. Alors que celui-ci pianote frénétiquement sur son BlackBerry, Emanuel s'interrompant, lui lance: "Alors, tu gagnes?" Rouge écarlate, Summers lui jette un regard furieux. Emanuel poursuit: "A la maison, quand mes enfants n'écoutent pas, je leur retire leur jouet. Rassure-toi, je ne vais pas faire ça avec toi. Je veux juste savoir si tu gagnes!"
remarquable chronique des années Obama, l'auteur nous introduit dans le fonctionnement complexe de la maison blanche et du pouvoir américain. Très utile pour comprendre la nouvelle mandature d'Obama. Le livre est très subtil sur les forces et les faiblesses de ce champion de la politique.
J’admirais les destins brisés et les réputations souillées. L’audacieux déchu, l’ambitieux déclassé, l’intrigant débusqué. Le tourment du boursicoteur ruiné, la souffrance du politicien congédié, la trahison du héros en déclin. Le mal dans tous ses états, voilà ce que je voulais livrer aux New-Yorkais. La honte, la perte et l’infamie pour quelques centimes par jour. Les tourments de l’homme rapportés noir sur blanc. La rumeur allait satisfaire mes désirs.
N’étant pas bien né et ne possédant aucune fortune, rien ne me prédisposait à approcher le général La Fayette. Cette gloire française appartenait à un autre monde et à un autre temps. Mais les circonstances, toujours elles, en ont décidé autrement.
L’homme était connu de toutes les classes, de tous les genres et de tous les hommes qui fréquentaient le taudis. Il possédait trois bordels, deux sur Orange Street et un, plus grand, sur Little Water Street. Le vieux Gillepsie y vendait toute sorte de chair humaine, fraîche ou usée, tendre ou vieillie, en fonction de l’arrivage. Pas la peine de marchander sur le prix ou l’âge des filles, il ne négociait pas. De toutes les façons, tout le monde savait qu’il possédait la meilleure marchandise. Des négresses des îles aux femmes au teint mat d’Hispaniola, des Cherokees des Appalaches aux rousses de la côte celte, le client n’était jamais désappointé.
Entre libéraux, ils se flairent. Constant a été de tous les régimes. Il a choisi Napoléon avant l’abdication, Louis XVIII après, puis de nouveau Napoléon pendant les Cent-Jours. Sous la Restauration, il a connu l’exil et la députation. C’est ce que j’appelle un homme de convictions, au pluriel. Certains aiment les femmes, lui aime les régimes. Il en a même épousé plus d’un ! Constant parle beaucoup, mais il ne fait jamais rien. Un vrai libéral ! C’est un piètre homme politique mais il a une qualité, c’est un homme de lettres !
La Fayette s’était convaincu qu’il était plus honorable de perdre héroïquement le pouvoir que de le conquérir de manière ambitieuse. Il nourrissait pour le désintéressement une vénération absurde. Pour lui, désirer le pouvoir était ordinaire. Le conquérir était vulgaire. Se le voir offrir semblait la seule voie honorable. Il avait perdu.
J’ai côtoyé l’héroïsme de la plèbe. J’ai approché la grandeur des gens du peuple. J’ai aussi vu la petitesse des intrigants et la mesquinerie des faiseurs de rois. Quand les intérêts divergent, le peuple finit toujours par se résigner. Je crains que la liberté ne soit qu’une illusion éphémère, une folie sublime !
Diffamer un héros est chose risquée, mais pour un journaliste nourri par l’ambition, c’est une chance unique. Si l’argent et le pouvoir ne m’intéressaient guère, la gloire m’attirait. À l’époque, je voulais qu’on admire mon verbe autant qu’on le redoute, qu’on se pâme ou s’indigne en me lisant, qu’on m’estime et qu’on me craigne. Ma seule richesse était une plume affûtée, une dose d’impertinence et un goût prononcé pour la querelle. Je m’enivrais du persiflage et la raillerie me grisait. Peut-être était-ce un héritage de ma lointaine descendance française.
Danser ne l'intéressait guère et nous avions passé la soirée à bavarder dans un recoin. Elle admirait la gloire et La Fayette était son héros. Il incarnait pour elle l'audace, la témérité et le sacrifice.