Après avoir pris le bateau-taxi conduit par Ellinor, unique moyen de transport pour rallier l'île d'Hustrun située aux confins de l'immense archipel de Stockholm, l'auteure nous brinquebale entre les années 1914 et 2013.
On passe également d'un personnage à l'autre avec une écriture qui m'a paru parfois un peu confuse, parfois plutôt abrupte, avec une sensation de passer du coq à l'âne ! Mais paradoxalement, cette écriture m'a également charmée par son côté pur et poétique, avec l'emploi de nombreuses métaphores empruntes à la nature.
Le côté nature est d'ailleurs très présent dans cette lecture, faune et flore sont au coeur de cette histoire qui oscille entre glace et douceur.
1914. En plein hiver, une grange, un bal, la musique s'est tue et sept jeunes doivent rejoindre leur île d'Hustrun par les glaces. En habitués des conditions climatiques extrêmes, ils avaient balisé leur retour et armés d'une boussole comptaient franchir la petite distance qui les séparait de chez eux mais le ciel d'encre et une tempête aussi subite que dévastatrice en ont décidé autrement.
2013. Ellinor, cinquante-cinq ans, ancrée à son île, survole un peu sa vie sans qu'elle lui paraisse déplaisante pour autant. Mais quelque chose l'empêche de vivre pleinement. Pendant ses tâches quotidiennes, ses pensées vagabondent vers la poésie ou des paroles de chansons.
L'arrivée d'Herrman, son amour d'enfance, va la mettre en face de souvenirs enfouis.
A travers les différents îliens rencontrés dans ce roman, j'ai beaucoup aimé la découverte de cette vie indissociable des conditions climatiques.
L'amour des oiseaux, la récolte des baies pour la confection de délicieuses confitures et sirops, la tendresse d'Herrman envers son Ellinor qui depuis quarante ans est restée dans son coeur, sont autant de touches de tendresse qui ressortent pour accepter les tragédies de l'existence, les rancoeurs ancestrales et la rudesse du climat.
Malgré une plume un peu chaotique à mon goût, Gunilla Linn Persson nous trace un joli chemin qui met à jour et éclaire les réminiscences d' Ellinor. À découvrir !
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Très beau roman, à l'écriture poétique. On se laisse prendre tout doucement au charme de cette ile sauvage et d'Ellinor.
Une lecture toute en douceur malgré la rigueur du climat qui peut mener à des tragédies dans une atmosphère très poétique, un personnage principal qui va enfin se donner le droit de vivre, après avoir consacré beaucoup de temps aux autres, et en particulier à son père.
Une lecture qui m'a envoutée.
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Difficile de se situer, Hustrun ? Le nom de l'île n'est pas un lieu connu par Megogolemap.... trop petit pour être répertorié ? ... deux kilomètres dans toutes les sens ... un îlot couvert de fraises sauvages, Kålskär, me permet de m'y retrouver ... un chapelet d'îles entre Stockholm et Turku à l'extrême sud de l'archipel de l'île d'Åland.
Hustrun, une île si petite que certain trouvait que cette "île prenait fin trop tôt de tous les côtés". Dans cet endroit, la vache était ce qui comptait le plus, plus important que la corne de brume, elle fournissait du lait et des veaux !
"Par delà les glaces", un roman sur une île ... un roman sur la mer ... un roman sur l'amour.
C'est peu de choses à dire mais ... c'est vraiment très beau.
Des histoires qui se croisent et qui tiennent lieu de fil rouge ... l'histoire du lieu, l'histoire de la relation des familles résidant sur l'île .... lumière sera faite sur le passé.
Nous devenons témoins de la transformation d'une société aux traditions ancestrales qui ont permis à la population locale de survivre là, à la limite de la zone habitable, comment on y vivait hier, comment on y survit aujourd'hui ... et ce que risque de devenir de ce lieu ... une marina ... un tennis et pourquoi pas un manège avec des lampions multicolores dans les arbres ?
Le style est limpide, agréable, fluide, avec des descriptions très précises de la faune et de la flore locales, avec des intermèdes ponctués de textes, de poèmes, de chansons ... sur une île il n'y a pas que des ignares et des brutes !
Il est drôle de retrouver des fragments de phrases, d'expression populaire et d'intersections françaises ... merci à Hertha de nous faire ainsi des petits clins d'œil... les interprétations suédoises de ces quelques mots sont charmants ...
pomme de terre devient potäter,
l'anglais n'est pas laissé en rade, exemple : "Only a sweat and virtuous soul" devient "ånly ö svit änd vörtjos sol".
Une très belle découverte.
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Par-delà les glaces est un roman émouvant et empreint de poésie. J’ai d’emblée était attirée par la beauté de sa couverture. L’histoire d’Ellinor, qui mêle tragédie et espoir, m’a au final réchauffé le cœur au milieu de l’hiver, tout en me faisant découvrir une culture et des contrées polaires inexplorées, ainsi que la rude vie de leurs habitants.
Dès la première partie, le titre m’a intriguée : « la clé du mystère gît dans l’herbe près du buisson de framboisiers ». Il ne s’agit pas d’un roman policier mais des fragments de poèmes qui hantent l’esprit d’Ellinor, personnage que j’ai particulièrement aimé, et qui survit aux épreuves de l’existence grâce à la poésie et, entre autres, grâce aux textes d’Edith Södergran.
Âgée de cinquante-cinq ans, elle n’a jamais quitté l’île d’Hustrun, à l’extrémité de l’archipel de Stockholm. Solitaire, elle veille sur son père, Algot, un vieil homme devenu dépendant. Elle a repris les rênes de l’entreprise de bateaux-taxis qu’il possédait. Elle ne s’est jamais mariée et n’a jamais eu d’enfants, même si, l’été, les enfants des touristes deviennent un peu les siens tant elle est douée pour leur créer des divertissements.
Une tragédie a traumatisé les habitants de l’île dont Ellinor et sa famille. Elle date de 1914 et nous sommes en 2013 mais elle est encore source de souffrance, de haine, le besoin de trouver des responsables, de réécrire le scénario comme s’il s’agissait d’un film, d’un drame et non d’une comédie ou d’une romance. En 1914, sept jeunes gens sont happés par les glaces alors qu’ils reviennent d’un bal. Kyra était l’ancêtre d’Ellinor. Elle allait se marier avec Werner, jugé coupable de la catastrophe bien que faisant partie lui aussi des victimes. Werner est l’ancêtre d’Herrman, l’amour de jeunesse d’Ellinor. Herrman est de retour au pays pour vendre la maison de son défunt père. À cause du passé, leurs retrouvailles sont difficiles mais leur amour n’est pourtant pas mort, malgré les années et la lettre mensongère d’Algot qui avait dit à Herrman qu’Ellinor s’était mariée en France.
Par-delà les glaces parle d’amour avec sensibilité et poésie mais aussi de la renaissance d’une femme qui ne s’était jamais autorisée à vivre jusqu’à présent tant elle était dévouée aux autres et surtout à son père Algot. À cinquante-cinq ans, il n’est pas trop tard pour être enfin heureux et chasser les démons du passé. Un beau message d’espoir qui surgit au milieu de la douleur et du désespoir…
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Je reste très mitigée sur cette lecture. Certes, il en émane une grande poésie, ainsi qu'une atmosphère touchante, où s'entremêlent nature, traditions, et secrets de famille, où le temps semble s'être arrêté. Mais il faut avouer que l'histoire progresse très, très lentement. J'ai rarement vu un rythme aussi lent. Si on ôtait les pensées des personnages n'apportant rien à l'histoire, les rêveries, les poèmes cités, il ne resterait même pas un quart du livre. Comme souvent, il n'y a que la fin que j'aie trouvée un peu plus prenante. Ce n'est que dans les toutes dernières pages qu'on apprend enfin le fameux secret que gardait Ellinor, et si oui ou non elle osera refaire sa vie. Autant dire qu'il faut s'armer de patience. Ceci étant dit, je conçois tout-à-fait que beaucoup ne seront pas gênés par ce rythme très lent de l'histoire, et apprécieront grandement ce roman touchant et plein de poésie.
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