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Citations de Gwendoline Finaz de Villaine (39)


"-Que voulez-vous dire? s'étonna Mme Werner, une ride de contrariété s'affichant entre les sourcils.
-Que beaucoup de poilus sont les parias de la République. Or, ces hommes seraient en droit d'attendre un peu de reconnaissance de la part des généraux... Tout le monde est pressé de passer à autre chose, l'administration comprise. On ne parle que de bal, de courses de garçons de café et j'en passe! Ces estropiés n'ont toujours pas touché leur solde; ils font tache dans le paysage d'après-guerre...J'ai bien peur que seule compte la mémoire de ceux qui sont tombés sur le front."
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Jamais les vivants n'avaient autant ressemblé à des morts, et les morts à des vivants, qu'en cette année 1919. Ceux qui étaient tombés obsédaient les esprits ; les rescapés n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes.
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J’étais en présence d’un esprit authentique. Un spectre. Je ne pouvais pas le voir, mais je l’entendais parfaitement. Et le pire, dans toute cette histoire, c’est qu’il était doté d’une voix déroutante. Son timbre possédait une douceur étrange, mêlée d’accentuations rauques, presque envoûtantes.
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Certains fantômes inspiraient même le lecteur dans le choix d'un ouvrage, ou aidaient les étudiants dans leurs devoirs. Parfois, les esprits frappeurs s'amusaient à faire des farces : faisant croire à un courant d'air, ils tournaient les pages d'un livre, jusqu'au passage recherché par le lecteur. D'autres fois, ils cornaient la page d'un extrait important, porteur d'un sens caché.
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Il posa ses lèvres sur les miennes. Je fus saisie d'un trouble inouï. Chaque centimètre de ma chair se mit à vibrer, tandis qu'il caressait mon dos, tout d'abord très doucement, puis me renversant progressivement en arrière, avec une intensité telle, que je crus défaillir. Sa bouche me pressait, j'étais effrayée par sa force, vaincue par mes nerfs qui me trahissaient. C'était comme s'il s'insinuait d'un seul coup en moi. J'avais l'impression d'être prise dans l'oeil d'un cyclone. Il retenait mes mains derrière mon dos, comme prisonnière, faisant bomber ma poitrine contre la sienne. Avec son autre main, il caressait mes cheveux, les tirant légèrement en arrière accroissant le plaisir j'éprouvais à me faire embrasser de la sorte (...). Il finit par me serrer si fort, si pressément, que je le suppliai :
— Arrête, ou je vais m'évanouir...
Il sourit (tant de beauté était insoutenable).
— Je veux que tu t'évanouisses. Je veux te faire t'évanouir. Aucun homme ne t'a jamais embrassé comme ça, hein?... Même pas cet imbécile de William!
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"-C'est Anatole France qui a raison: on croit mourir pour la patrie et on meurt pour les industriels..."
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Piquée, par la curiosité, je m'efforçai de en pas quitter Hector des yeux, avant que l'équipage ne prenne son envol. Je constatai qu'il était la cible de tous les regards féminins. Les jeunes femmes se glissaient des confidences à l'oreille, tout en l'observant à distance. Les mères n'en étaient pas moins attentives à tous ses faits et gestes. Etait-il conscient de la convoitise qu'il suscitait? Lui, ne quittait pas Mme Greenfield qui semblait beaucoup s'amuser en sa compagnie. Je les enviais soudain tous les deux, leur gaieté, cette insouciance sur le visage des gens bien nés, qui ne manquent de rien, malgré les obstacles de la vie, la guerre et son cortège de ruines. Je comprenais ce que l'argent apportait à l'existence: la possibilité du détachement , un certain adoucissement de l'adversité
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Le feu hypnotique de ses yeux vous foudroyait bien plus que n'importe quelle balle. Mathilde avait raison. Il exerçait une attraction sulfureuse incontrôlable. Un magnétisme déroutant. Bien malgré moi, et à partir de ce jour, Hector de Montfaucon devint mon obsession.
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Madame Werner à un servante :
" Ce ne sont pas des ongles dignes de cette maison, ça ! Qu'est-ce que c'est que ces trognes ? On dirait des ongles de pied... Si vous voulez travailler ici, il vous faudra prendre soin de vous... Je ne veux pas de ça chez moi... Vos ongles sont une insulte à la féminité. Même si on ne vous voit pas, je veux que vos ongles soient impeccables."
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Artus de Montfaucon :
— Vous me connaissez, Marguerite. Je ne peux m'acharner à séduire une fille assise seule sur une chaise entre deux harpies, qui me scrute depuis une heure avec des yeux d'épagneul breton. Prenez au moins l'air d'être une femme engagée, ou qui semble un objectif imprenable pour nous autres...
(...)
— Je veux vous épouser, Artus de Montfaucon, reprit Marguerite Mortigny fermement, non pas pour vous-même en effet, car vous êtes un être vil, odieux, égoïste, menteur, et je sais que vous risquez de me rendre très malheureuse. Non. Si je veux vous épouser, sachez-le, c'est pour une cause beaucoup plus noble, qui vous échappe autant qu'à moi aujourd'hui... Si je veux vous épouser, horrible Artus aux yeux de tourmaline, c'est parce que j'attends un enfant de vous. Et que, par une sorcellerie étrange, par l'entremise d'une cartomancienne douée, je sais déjà qu'il s'agit d'un enfant mâle, d'un merveilleux petit garçon, et que vous le vouliez ou non, ce garçon sera le vôtre, ce garçon sera le mien, et je lui prédis un grand avenir... D'ailleurs, j'ai déjà trouvé le nom de cet enfant, si vous voulez le savoir, il s'appellera Hector de Montfaucon. Eh oui, mon cher, cela vous sidère, n'est-ce pas, ce dont sont capables les femmes, en fin de compte... Je vous demande en mariage pour cette seule et unique raison, Artus, un instinct de basse femelle diriez-vous, car en réalité, je vous hais déjà de tout mon être... Mais je sais qu'il faudra un père à mon enfant, pour qu'il grandisse et se construise à son tour, qu'il porte haut le nom des Montfaucon, car ce garçon sera notre salut, le salut de nos âmes damnées. Oui, Artus, vous l'ignorez encore, mais l'enfant que j'attends de vous sera votre unique rédemption.
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Hector :
— Enfin, ma chère, il va surtout falloir que tu arrives à me supporter quelques temps, maintenant... Y es-tu résolue ? Tu sais ce que l'on dit, dans le mariage, ce sont les quarante premières années les plus difficiles...
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"Encore une à qui j'ai fait peur". souffle une voix grave dans l'obscurité de la pièce.
Je bondis sur mon matelas, effarée. Aucun son ne put sortir de ma bouche. J'étais paralysée, je ne pouvais pas même bouger le petit doigt.
"Vous m'entendez?" demanda aussitôt la voix un peu plus fort, visiblement aussi stupéfaite que moi. Il me fallut plusieurs secondes avant de réaliser ce qui se passait. J'essayais de parler, mais mon corps ne répondait plus.
"Vous...Vous pouvez m'entendre? répéta la voix masculine, hésitante.
-Qui ...Qui êtes vous? finis-je par bégayer en retour, d'une voix misérable que je ne reconnus pas comme la mienne.
-C'est miraculeux! s'exclama mon interlocuteur invisible, euphorique. Quelqu'un parvient enfin à entendre ma voix!"
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Hector de Montfaucon poussa la porte, fit irruption dans ma loge et la referma illico derrière lui. Sans plus de formalité, il s'appuya contre le mur, les mains derrière le dos et me dévisagea mutique.
— Que... que faites-vous là ? balbutiai-je, malgré tout sous le choc.
Il ne répondit pas immédiatement, trop occupé à me contempler, car je vis qu'il scrutait chaque détail de ma personne, jusqu'aux régions les plus gênantes de mon anatomie, sans aucune pudeur, avec une désinvolture confondante. Je piquai un fard et ne pus m'empêcher d'ajouter malgré moi, avec une agressivité manifeste :
— Vous allez me scruter ainsi longtemps ? Savez-vous qu'il est interdit de...
— Je sais, coupa-t-il.
Incapable d'articuler un son de plus, je le dévisageai, la bouche ronde. Malgré ma stupéfaction, j'esquissai un réflexe de pudeur : je tentai de raccrocher maladroitement les attaches de mon corset, mais n'y parvins pas.
Obligeamment, Hector demanda :
— Vous permettez ?
Sans attendre de réponse, il passa derrière ma chaise et s'y attela, sans plus de cérémonie, amusé en son for intérieur, tandis que je fulminais.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il tranquillement. (p. 274)
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Mathilde avait raison. Hector exerçait une attraction sulfureuse incontrôlable, un magnétisme déroutant sur les autres, malgré ses défauts. Soudain, la brutalité de son discours s'estompait, et je ne voyais plus que son éblouissante beauté, ses cheveux sombres, la carrure de son torse, sa bouche railleuse qui résonnait comme un appel. Le discours flatteur de Mathilde et son admiration pour Hector exerçaient un effet pernicieux sur mon âme influençable, et ce malgré mes efforts pour contrôler mes émotions. A partir de ce jour, et indépendamment de tout ce qui m'attendait par la suite, Hector de Montfaucon, comte de Grandville, devint mon unique obsession.
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Madame Werner prit une profonde inspiration, comme si elle allait dire quelque chose de très important :
— Ce n'est pas parce que je suis une femme que je ne suis pas misogyne.
— Tiens donc ! dit son mari en décrochant ses lunettes avec ennui.
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J’aperçois, au bout d’une allée de lauriers roses et de palmiers, un palais princier qui a tout l’air d’être spectaculaire, avec ses tours scintillantes et ses dômes bulbeux miroitants dans le lointain. Rossignol, assis entre nous, valdingue la tête comme un essuie-glace, puis marmonne avec mauvaise humeur :
— Surtout, ne vous laissez pas impressionner, mon petit, ne vous laissez pas influencer par tout le décorum grandiose que vous allez découvrir ici… Je préfère vous prévenir : c’est du goût de Paul Poiret, du faste et des dorures à tout bout de champ ! Le bal persan toute l’année ! Ça vous attige jusqu’à plus soif ! Des dégringolades de pierres précieuses à n’en plus finir, même sur les éléphants… Les éléphants que l’on peint comme de la porcelaine de Sèvres… Vous verrez ; ces sales bêtes sont plus couvertes de rubis que n’importe quelle horizontale parisienne…! Derrière tout ce faste grandiloquent, n’oubliez pas que nous restons des otages. N’écoutez pas le sirop de ces peuplades mystiques et leur baratin médiumnique. Même si je dois le dire, l’accueil est bon, et ces indigènes nous accueillent avec plus de cordialité que prévu…
Le petit homme, qui s’exprime en français, réalise soudain que le chauffeur nous écoute malgré lui, à quelques centimètres de ses vociférations. Aussitôt, dans le doute, il se rengorge puis surenchérit à voix haute, en anglais cette fois-ci, en me faisant l’article des lieux à l’exact opposé :
— Et encore, ma chère ! Vous n’avez pas vu le palais princier, le somptueux City Palace de Jaipur, ses milliers de chambres, de cours intérieures, de passages secrets… Son revêtement qui change de couleur en fonction de la position du soleil… Ah, vous allez voir ce que vous allez voir… L’Inde est une féérie qui vous revigore l’âme ! Je vous avais prévenue à Paris, que cette visite serait tout à fait exceptionnelle… Il faudrait créer une exposition toute entière en l’honneur des trésors du Rajputana… Et je ne parle même pas d’une inestimable collection de tapisseries, de bijoux et de tenues traditionnelles, et du chapelet d’étables à éléphants…
— Vous en faites trop, mon cher ! siffle Sowerby d’un air narquois, le nez blanc couvert de poudre, tout en se mirant dans une petite glace. Vous êtes raide comme un passe-lacet ; on dirait un mauvais conférencier du Louvre…
— Taisez-vous ! riposte le joaillier entre ses dents, furieux, mais taisez-vous donc, vous l’Angliche, avec vos airs de geisha !
Je m’interpose pour qu’ils évitent d’en venir aux mains sur la banquette arrière, tandis que la voiture s’aventure calmement dans une allée somptueuse, encadrée de pelouses entretenues au cordeau. Quelques secondes plus tard, nous pénétrons dans l’enceinte du palais à travers la Sireh Deorhi Gate, la porte principale aux grands battants cloutés de fer, gardée par des soldats portant culotte blanche et hautes bottes noires, et munis de jezails, ou mousquets à grand canon.
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Comme toujours,sermonna-t-il d'un ton bourru, vous avez le talent de dénicher les histoires dont plus personne ne voudrait entendre parler ici...A croire que c'est un don qui vous est propre, et que c'est plus fort que vous.Mais vu où cela nous a menés la dernière fois,j'accepte de vous parler de cet endroit. Je vais vous dire quel secret funeste recèle cette crypte.Elle abrite le tombeau de la petite Eleonore, la plus jeune fille de Monsieur et Madame.Le cercueil que vous avez vu et le sien.
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Il tendit le bras, et attrapa délicatement mon poignet. Je le laissai faire. Pour la première fois de ma vie, je sentis la chaleur de sa peau sur la mienne. Je frissonnai, éperdue. Doucement, il m'attira à lui, et posa ma main sur son visage. Son pouvoir d'attraction dépassa tout ce que j'avais connu jusqu'alors. Un choc. Comme une révélation.
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Nous entrons dans l'ère du Kaliyuga, le quatrième et dernier âge d'un cycle du monde ; c'est l'ère du déséquilibre total, à l'instar d'un quadrupède qui plus qu'une seule patte, l'âge où le dharma, la loi qui régit l'univers, n'est plus suivi et où le monde court à sa destruction, avait d'être réabsorbé, puis recréé différemment ... L'homme a besoin de cette transition. L'Inde a besoin d'en passer par là. L'or ne peut pas naître que de la poudre du canon et de la poussière de cendre ... L'or de l'âme qui navigue sans contrainte, débarrassée de ses oripeaux. Qui répond au mal par le bien.
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Qu'a-t-il bien pu se passer à Hyderabad pour que je me retrouve ainsi projetée en Inde au début du XXe siècle ? Prisonnière d'un psychopathe anglais, accusée du vol d'un collier d'une valeur historique, otage d'un espace-temps dont j'ignore tout, à des années-lumières de ma famille, de mes collègues et de mes obligations, je risque d'être condamnée à mort pour un crime que je n'ai pas commis.
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