Je plisse les yeux plus fort. Comme si Nina me guidait dans une espèce d’hypnose. Le mariage… L’amour ultime… Le prince charmant, le vrai… Mais oui, maintenant, quelque chose s’éclaircit dans ma tête. Je commence à imaginer des choses…
– Je vois… Je vois… un paysage de conte de fées… murmuré-je doucement.
– Oui, Charlotte, continue. Je t’écoute, dit Nina.
– Une végétation sauvage, laissée à l’abandon.
– Ah ! La belle au bois dormant ! La forêt de ronces.
Je ne me laisse pas distraire et je continue.
– À flanc de colline… Une vue montagneuse extraordinaire… Et au beau milieu de la verdure…
– Un château ! s’exclame Nina.
– Magnifique… Un château sublime, comme surgi des légendes anciennes. La demeure du…
« Prince charmant ! » s’écrie-t-on en chœur toutes les deux. Puis on se regarde une seconde au fond des yeux, et on éclate de rire de concert.
– Mais oui ! C’est ça qu’il nous faut : le beau château des contes de fées. Tu es formidable, Charlotte ! Je savais qu’on pouvait compter sur ton talent, et sur ton côté… Euh, comment dire… midinette ? dit Nina avec un petit clin d’œil.
– Bon, un château, c’est bien joli, mais notre gentil marié a beau aimer sa femme, il n’a pas le portefeuille de Rothschild, dis-je d’un ton désappointé. Je doute qu’on puisse trouver un château sur super discount.
– Hmmm…
Être un immense architecte multimilliardaire est certainement un statut envié par beaucoup, mais les périls encore obscurs qu’il affronte sont bien au-delà de ce que pourrait supporter un homme ordinaire.
Je n’ai même pas le cœur de manger ce que nous avons préparé. Avec un goût amer dans la bouche, je fais un signe d’au revoir à mes parents, et descends les escaliers en les laissant sur leur palier, l’air désolé et compatissant.
C’est dans les moments difficiles que l’on voit la vraie personnalité de ses amis.
Tu n’as pas idée de ce dont ces hommes sont capables, Lucie. Tu n’as pas idée. Ils sont sans scrupule, et ils n’ont aucune limite quand des millions sont en jeu. Ils procèdent par enlèvement, intimidation.
Ce n’est pas le luxe du Goldstein mais la chaleur humaine vaut tous les raffinements !
Tant de voyages saturent un peu le cerveau et revenir au bercail me fait du bien.
C’est la compétition. Ça ne révèle pas toujours la meilleure part des gens.
Mieux vaut vivre dans le danger avec toi, qu’au triste calme sans toi.
Les boomerangs reviennent toujours, et souvent en pleine tête !