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Critiques de Hector Oesterheld (38)
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L'éternaute, tome 1

Quelle histoire, quel dessin! C'est dense, d'un noir et blanc fabuleux et ça met une claque à une centaine de récits de SF connus et reconnus, et quelque soit leur forme (roman, BD,, film et série).
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Ticonderoga - Intégrale

Je suis surprise qu’il n’y ait encore aucune critique sur cette belle intégrale parue il y a quelques mois. Hugo Pratt est pourtant un grand nom de la B.D… Et ce «Ticonderoga» est très bon.



«Ticonderoga» était paru sous forme de feuilleton dans la revue argentine Frontera dans les années 50-60. Scénarisée par Hector Oesterheld, sommité de la B.D argentine notamment auteur du génial «éternaute», et illustrée par Pratt donc, cette série prend pour cadre les guerres indiennes et plus précisément le conflit qui oppose français et anglais au 18ème siècle.

Certains verront peut-être une certaine naïveté dans les histoires de Caleb et ses amis. Il y a sans doute un peu de ça, cette série était destinée à un public familial. Mais naïveté n’est pas synonyme de médiocrité. «Ticonderoga» c’est l’aventure avec un grand A. Des héros braves et audacieux, les grands espaces, des combats intenses… On trouve dans «Ticonderoga» tous les ingrédients qui font rêver les enfants… et les adultes qui n’ont pas sombré dans la vanité du refus de l’émerveillement pour ne prétendre s’intéresser qu’à des choses (soi-disant) sérieuses.

Les aventures de Caleb, Ticonderoga, Numokh et les autres sont un régal. S’il y a bien un côté répétitif dû à la parution sous forme de feuilleton, j’ai trouvé que cet aspect ajoutait encore au charme de l’ensemble. J’ai même pris grand plaisir à lire cette intégrale un peu comme le faisaient sans doute les jeunes lecteurs de Frontera. Je n’ai pas ingurgité l’ouvrage d’une traite, j’ai préféré lire un épisode à la fois, un seul chaque jour. Cette façon d’aborder le livre n’a fait qu’augmenter le plaisir de lecture me permettant de mieux savourer, créant une forme d’impatience à la fin de chaque épisode.

Au scénario très réussi d’Oesterheld vient s’ajouter le dessin de Pratt. Que dire si ce n’est que c’est magnifique ?! Il y a une grande élégance dans le trait à la fois épuré et précis de Pratt. L’illustrateur excelle tout particulièrement dans la représentation des indiens. Les visages, les costumes sont magnifiquement rendus et on sent qu’il y a un véritable travail de recherche en amont. Et puis on retrouve avec bonheur le sens du cadrage de Pratt qui propose encore une fois une mise en scène superbe.



Je voudrais également souligner le joli travail éditorial de Casterman sur cette intégrale. On a là un très bel objet. Le fourreau magnifique contient 2 volumes, l’un en format à l’italienne, le second dans un format classique. Chaque volume contient plusieurs pages d’illustrations qui émerveillent encore l’admirateur du grand Pratt. On peut simplement regretter que cette intégrale soit un peu chère et également qu’elle ne contienne que les épisodes illustrés par Pratt, les derniers épisodes dessinés par Gisela Dester sont absents de cette intégrale, on n’a donc pas la fin des aventures de Caleb.

Mais en l’état, cette intégrale est un superbe ouvrage qui permet de lire une œuvre méconnue de deux immenses auteurs de B.D. J’espère que cet avis éveillera la curiosité de quelques-uns et les incitera à découvrir cette très belle B.D d’aventure.

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L'éternaute Intégrale Cycle 01

Bien plus qu'un mince album de bandes dessinées, cet épais volume se développe comme un véritable roman graphique en plusieurs centaines de pages, racontant l'invasion extraterrestre dont les personnages sont les témoins et les victimes. Le dessin est sobre, le noir et blanc accentue l'effet d'angoisse de la situation, et il faut que les personnages signalent que le soleil se lève pour qu'on s'en rende compte. Ceux-ci sont extrêmement stéréotypés, obéissant aux conventions du comic nord-américain des années 40 et 50. Héros à la mâchoire carrée, vieux sage bedonnant aux grosses lunettes, jeunes chiens fous, extraterrestres au large front plein de sagesse (quand ils sont vaincus), femmes rares, blondes et à la cuisine et petite fille à son papa : elles n'ont guère de place dans l'histoire (à l'exception d'une agente double qui ne fait pas long feu), puisqu'il ne s'agit que de les protéger des extraterrestres (qu'elles attendent à la maison). L'intrigue est celle d'une histoire de guerre, combat inégal entre une superpuissance néfaste et de courageux individus, têtes brûlées, dont les initiatives folles viennent toujours à bout d'un ennemi supérieur en nombre mais abruti par le contrôle mental. On signale que l'oeuvre a été faite par des Argentins, dont un disparut sous la dictature, vingt ans après l'album : mais tout, me semble-t-il, est d'esprit et de style nord-américains dans cet ouvrage, à commencer par la valorisation du héros individuel contre une puissance collective, voire collectiviste (fourmilière à esprit unique agissant sur des milliers d'unités humaines ou animales). Rien qui sorte des codes et des stéréotypes attendus. Lecture ennuyeuse.
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L'Eternaute

Le graphisme est dans le style des BD des années 50 en apparence, mais beaucoup plus poussé, avec des traitements à la manière de gravures en eau forte se mêlant avec des trames et des formes parfois géométriques, intégrant des conceptions de l’Art contemporain des années 50-60. Certains points de vues sont très cinématographiques, et parfois allant jusqu’à l’abstraction. Les contrastes sont forts, marqués, l’ambiance est angoissante. C’est la version de 1969 dessinée par Alberto Breccia, car il y a eu une version antérieure dessinée par Solano Lopez. D’après ce que j’ai vu de cette dernière, celle de Breccia est résolument plus audacieuse. C’est une histoire d’invasion extra-terrestre, cela se passe à Buenos Aires, La première attaque se fait sous la forme d’une neige tueuse, entre fascination merveilleuse et horreur absolue. La trame de l’histoire monte progressivement, s’accélère, la ville argentine est très présente, on ressent au travers de l’aventure de SF des préoccupations politiques locales, ce sentiment d’abandon de l’Amérique du Sud par les pays riches, la notion de totalitarisme… La structure de l’aventure avec le personnage qui vient dans le passé proche pour raconter l’effroyable histoire à un scénariste et une idée alléchante qui nous laisse dans une sorte de mystère, est-ce sorti de l’imagination du scénariste qui se met lui-même en scène, ou faut il croire l’éternaute. J’ai aimé ce petit jeu de paradoxe qui donne du piment à l’histoire. Les personnages sont subtilement présentés, autour de cette partie de cartes du début, puis l’action se déploie, au fil de l’histoire, l’aspect intimiste laisse la place au récit de survie, de guerre, d’angoisse et de courage. C’est une très bonne bande dessinée de post apocalyptique qui n’a pas pris une ride malgré son âge (le scénario a été écrit en 1957).

Il existe une suite à cette histoire que je vais tenter de dénicher.
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L'éternaute Intégrale Cycle 01

BD culte en Argentine !!!



Tout commence par l’arrivée d’un étrange voyageur chez un scénariste de BD. Ce navigateur du temps, cet “Eternaute”, lui raconte la terrible catastrophe qui le conduit aujourd’hui à errer à travers les époques. Le cauchemar a commencé un soir, quand une neige toxique et mortelle s’est mise à tomber sur Buenos Aires. Un petit groupe de rescapés s’en sort grâce à son ingéniosité. Après une période de panique, et face à des attaques de scarabées géants, le doute n’est plus permis : il s’agit d’une invasion extra-terrestre.



Tout est maîtrisé dans cette BD, le suspens, la narration, l'écriture, le dessin.

La page de couverture du Tome 1 nous invite déja à nous plonger dans un univers complètement unique alors que dire de l'illustration du tome 2...



Il faut aimer se plonger dans la science fiction des années 1950 ou tout est certes très lent mais tellement pénétrant. Un récit qui m'a rarement aussi marqué par la puissance de sa narration...



Impossible également de ne pas voir le parallèle avec l'histoire de l'Argentine et l'installation de la dictature. Un vrai chef d'oeuvre de science fiction tellement rare aujourd'hui...





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Mort Cinder, tome 1 : Les yeux de plomb

Dessin et histoire absolument génial ! Très envoûtant.
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L'Eternaute

"L'éternaute" est une œuvre vraiment singulière. Etonnante, immersive, déroutante, cette B.D ne ressemble à rien de ce que j'avais pu lire auparavant.

Je n'ai lu que la 2nde version, datant de 1969, je ne peux donc pas faire de comparaison avec la série originelle publiée entre 57 et 59.



Le scénario de l'argentin Hector Oesterheld est solide, très bien maîtrisé. Cette histoire d'invasion extraterrestre à l'allure de post-apo et mâtinée de voyages temporels a une tonalité très particulière. L'atmosphère y est triste, presque désespérée, et inquiétante.

Cette ambiance est renforcée par les illustrations d'Alberto Braccia. Le noir et blanc est vraiment surprenant, l'auteur ayant recours à des techniques inattendues. Ces images, à la fois belles et dérangeantes, renforcent l'impression d'immersion dans le récit. Si elles sont parfois à la limite de l'abstraction, les illustrations transcrivent parfaitement l'atmosphère apocalyptique du récit et les sentiments des personnages. Certaines visions sont dignes des meilleurs récits d'épouvante et sont bien Lovecraftiennes.

Les planches de Breccia sont de véritables œuvres d'art pictural qui hissent "l'éternaute" au rang de sommet de la science-fiction dessinée.



Avec "l'éternaute" je découvrais à la fois le scénariste Oesterheld et le dessinateur Breccia. Je ne manquerai pas de m'intéresser plus avant à leurs travaux respectifs.



Challenge B.D 2017

Challenge Atout -prix 2017 - 6 (Prix Max et Moritz 92 pour l'ensemble de l’œuvre de Breccia)

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L'éternaute, tome 1

Attention, chef d'œuvre!

Ce triptyque est un OVNI du genre : Une BD de SF, c'est vrai que c'est classique, voir courant et même banal...

Mais une BD de SF des années 50, d'origine argentine (on n'a pas forcement l'habitude, ma bonne dame), une BD qui a failli disparaitre car des planches sont manquantes et redessinées à postériori (si je ne m'abuse (mais c'est très bien expliqué en pré ou postface)), c'est tout de même quelque chose!

En noir et blanc, au dessin clair (bien que parfois difficilement lisible), cette histoire de fin du monde est intéressante sur de nombreux points.

Outre le sujet, les idées comme cette neige toxique, ce bataillon d'aliens esclaves (ce qui m'a fait penser à la série "Falling skies" de Spielberg), ell est à remettre dans un contexte politique sud-américaine de l'époque.

C'est un poil suranné mais encore très actuel dans le thème.

Un grand moment.

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Mort Cinder, tome 2 : La Tour de Babel

Si vous ne connaissez pas ce chef-d'œuvre de la bande dessinée sud-américaine, précipitez-vous.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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Che

Il est toujours bon de retrouver le Che. Cette BD, en noir et blanc, n’est pas d’un graphisme très attirant. La vie et la mort du révolutionnaire, en passant par sa révolte, en tant que médecin, en voyant les pauvres, sa rencontre avec Fidel Castro, la guérilla qui l’emmènera à travers l’Argentine, le Guatemala, Cuba et le Congo. Biographie fidèle.



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L'Eternaute

L'Éternaute, navigateur de l'éternel, est condamné à parcourir le temps et l'espace à la recherche d'une cause perdue. Tout commence à la fin des années 60 lorsque Buenos Aires est victime d'une invasion extra-terrestre. Par simple contact, une neige assassine a soudainement décimé la plupart des habitants de la ville. Rares survivants de la subite attaque, Juan Salvo, sa femme et sa fille (Hélène et Martha) ainsi que deux de ses amis (Favalli et Lucas), mettent au point des combinaisons isolantes contre la neige mortelle pour fuir leur retraite devenue trop dangereuse... Publiée dans le magazine Gente en 1969, cette série imaginée par Hector Oesterheld et initialement illustrée par Francisco Solano Lopez, a été reprise par le scénariste en collaboration avec Alberto Breccia pour cette version. Censurée à l'époque suite aux mécontentements des lecteurs du magazine conservateur, cette seconde mouture de l'Éternaute (rééditée en France en 1993 par Les Humanoïdes Associés pour la présente édition) accentue le désaveu croissant d'Oesterheld pour la politique argentine d'alors...



Alberto Breccia ou l'explorateur graphique de l'épouvante

"La bande-dessinée n'a jamais eu pour vocation - aux yeux des éditeurs - d'être un média dérangeant. Avec Alberto Breccia, dont le clair-obscur produit sur notre œil l'effet d'une ingestion d'acide lysergique diethylamide, l'épouvante prend corps et, soutenue par un texte d'une efficacité non moins redoutable, annule soudain tous les repères d'une lecture convenue. La structure du récit entame, de la façon la plus traîtresse, ce parcours cauchemardesque au cours duquel le plus rétif d'entre nous perd son assurance." (p.11). Voilà un extrait jubilatoire de la préface de Jean Rivière qui devrait donner l'eau à la bouche à quelques amateurs. De la même façon que pour d'autres de ses œuvres comme Le cœur révélateur ou Dracula (dont je recommande également la lecture), le dessinateur argentin, en insatiable explorateur de l'art graphique, s'est approprié l'histoire en jouant avec les textures, en jonglant avec les techniques et en exploitant les contrastes de noir et blanc avec une maîtrise remarquable (notamment ses superbes peintures au couteau qui se prêtent particulièrement à l'ambiance apocalyptique de l'Éternaute). Et son art qui distille insidieusement le venin de la terreur, sert à merveille un scénario-cauchemar de science-fiction des plus vertigineux...



L'Éternaute, le récit d'une dystopie illustrée ?

Et puisque le succès de ce titre ne tient pas uniquement aux dessins de Breccia, soulignons également l'inquiétant scénario d'Oesterheld. Plus qu'une histoire de science-fiction, l'Éternaute augurait comme une sombre prémonition, l'imminence d'un désastre politique (qui devait causer deux décennies plus tard la disparition brutale du scénariste). Peut-on dès lors parler de l'Éternaute comme le récit d'une dystopie illustrée ? Peut-être que oui, peut-être que non. Toujours est-il qu'il marquera durablement son temps par sa modernité et son côté visionnaire... A (re)lire !
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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L'Eternaute

Absorbés par Lovecraft (Et donc Poe) et Casares (Et donc Borges), autant que par le cinéma américain et les combats politiques de leur époque, Alberto Breccia et Hector Oesterheld ont placé l'Argentine sur l'orbite haute de la bande dessinée, au frontispice de laquelle l'Éternaute est gravé parmi d'autres noms illustres.



L'argument de l'invasion extraterrestre prête comme il se doit à d'infinies exégèses, mais essentiellement, il permet à Breccia de produire des images saisissante gouvernées par la suggestion, spécialement lorsqu'il s'agit de dépeindre l'indescriptible. En bon plasticien, il compose des plans où interviennent frottages, grattages, lavis, photo-montages et inclusions dans les encrages. Des cases sont parfois abstraites, et le graphisme s'adapte aux situations et aux personnages, comptant sur la complicité du lecteur.



Un livre maîtrisé et passionnant, un fragment littéraire magnifiquement exprimé par les moyens spécifiques de la bande-dessinnée.
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L'éternaute Intégrale Cycle 01

La mise en place de l'histoire est un peu longue, et puis on se prend finalement au jeu, pour retomber à la fin, baclée selon moi. Un de ces livres où on se dit : tout ça pour ça ? Dommage... Cette BD méritait mieux...
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L'Eternaute

J'ai découvert L'éternaute début des années 2000, dans l’édition des Humanoïdes Associés. A l’époque, leur collection luxueuse à jaquette se trouvait très facilement en occasion pour des prix somme toute modiques: l’équivalent de 7,50 euros qui me permirent d’acquérir les 2 derniers tomes d’Adam Sarlech de Bézian, Griffe d’Ange de Moebius et Jodorowsky et surtout les 3 livres d'Alberto Breccia: Dracula, Dracul, Vlad?, bah... , le Coeur révélateur et cet éternaute, rebaptisé plus tard, lors de sa réédition par Rackham Eternaute 69.

Pourquoi avoir ajouté ce 69 au titre ? Pour insister sur le fait, passé sous silence dans la préface de l’édition Humanos, qu’il s’agit d’un remake d’une série réalisée entre 1957 et 1959 par le même scénariste, Hector Oesterheld, et le dessinateur Francisco Solano Lopez. Mais, en 1969, Oesterheld décide de reprendre son scénario et de confier l’illustration au génie du noir et blanc: Alberto Breccia. Pourquoi reprendre cette histoire ? Sans doute pour être le témoin de la dégradation de la démocratie en Argentine, qui connaît une période politique particulièrement trouble.





couverture du tome 2 de l'édition française de l'Eternaute 59

La version de 69 fut éditée en feuilleton dans le très conservateur Gente, l’histoire fut sabordée alors que les auteurs n’en était qu’au tiers du récit, si on compare l’intrigue à celle de la version de 59. A la fin d’un chapitre, l’Eternaute, qui raconte son histoire à l’alter ego de Oesterheld, s’excuse soudain de devoir négliger des événements et les auteurs doivent alors condenser l’équivalent de 250 pages dans la version originale en une dizaine de planches. La préface reste aussi très allusive sur les raisons qui ont amené cette version de 69 à être tronquée de la sorte. Il est fait mention de rejet du public devant une oeuvre assez extrême, ou du manqué de lisibilité du dessin de Breccia. Il faudrait aussi et surtout signaler que l’hebdomadaire très conservateur qui publiait cette histoire voyait d’un très mauvais oeil le tour politique q’elle prenait. Parce qu’Oesterheld, par rapport à la première version, fit de son héros un personnage plus engagé, à l’image de ses propres convictions. On peut vraiment parler de censure.



La situation politique argentine ne cesse de se dégrader, et, en 1976, Oesterheld s’associe de nouveau à Solano Lopez pour réaliser une troisième version de l’histoire de l’éternaute, encore plus engage politiquement, ce qui mit à mal ses relations avec Solano Lopez. En 1977, Hector Oesterheld, connu pour ses opinions progressistes et une biographie exaltée de Che Guevara, illustrée par Breccia père et fils, réalisée en 1968, suite au choc de l'exécution du révolutionnaire, rejoint le rang des 30.000 disparus de la dictature. Une partie de sa famille connut le même sort. Solano Lopez ne dut son salut qu’au fait qu’il accepta de quitter le pays.



Che de Oesterheld et A & E Breccia

Après la mort d’Oesterheld, le scénariste Alberto Ongaro et le dessinateur Oswal réalisèrent L’Éternaute III (1983). Par la suite, la saga est reprise par Pol (Pablo Maiztegui) et Solano Lopez dans L’Éternaute : Le Retour. Ces albums sont restées inédites en français, et sont généralement peu appréciés des amateurs qui jugent qu'elles ne seraient que simples récits de SF, sans la charge subversive qu'a acquis l'oeuvre au fil de ses versions.

Toujours est-il que, pendant longtemps, la seule version disponible en français fut celle de 69. La version originale fut traduite voici quelques années par Vertige Graphic. Une bonne manière de mieux combler les trous dans l’intrigue de la version tronquée de 69. Mais pourquoi s’intéresser à cette version de 69, alors que la version originale et complète est désormais disponible ? D’autant que la version de 59 est loin d’être déshonorante.

Simplement parce que la version de 69 s’impose comme une merveille absolue… un diamant noir de la bande dessinée mondiale, autant pour le scénario d’Oesterheld que pour le travail d’Alberto Breccia, qui réalise des planches d’une puissance rarement égalée.





Pour la petite histoire, Breccia aurait vu sa vision de la bande dessinée bouleversée par la découverte des texte des HP Lovecraft, et plus précisément de The Dunwich Horror. Les histoires de Lovecraft laissent une place centrale à l’indicible. Imaginez le challenge pour un dessinateur. Comment dessiner l’indicible ? Ce sera le défi permanent de Breccia, qui expérimentera toute sa carrière. On pourra citer son travail sur les noirs, en mélangeant son encre avec diverses substances pour obtenir des nuances uniques (malheureusement rarement perceptible devant la piètre qualité d’impression, voir à ce sujet le massacre de Mort Cinder dans l’édition Glénat), ou son recours au collages et superposition. Si vous avez l’opportunité de voir ses planches, je ne peux que vous encourager à le faire, c’est impressionnant.

La structure narrative de l'éternaute, que se soit dans sa version de 59 ou 69, reste la même. Un scénariste de bande dessinée voit se matérialiser dans son bureau un homme épuisé, qui se présente comme l'éternaute. De l'intrusion de cette anomalie dans la routine d'un homme ordinaire naît un premier malaise. L'éternaute entreprend alors de raconter sa vie, celle d'un homme normal qui va voir sa vie basculer dans l'horreur.



toute la richesse de la technique de Breccia se retrouve dans cette planche

Elle commence également dans la routine d'un homme ordinaire. Juan Salvo, bon père de famille, passe la soirée avec ses amis à jouer aux cartes, comme chaque semaine. Portrait banal de la vie petite bourgeoise de l'Argentine. Puis, une étrange émission de radio qui annonce une invasion extraterrestre, et une neige fluorescente qui se met à tomber.

Chaque flocon se révèle mortel et, de l'intérieur de la maison, ils assistent, médusés, aux effets de cette attaque. Naufragés au sein de leur propre maison, ils vont tenter de s'organise avant d'être embrigadés par d'autres survivants, qui s'organisent pour résister à l'envahisseur.

L'argument est le même pour les deux versions, mais le traitement de Solano Lopez est plus classique. Le trait est réaliste , les cadrages efficaces, à défaut d'être inspiré. Les deux versions souffrent sans doute d'une progression assez linéaire, et de la nécessité de scinder son récit en sections de 5 pages, ce qui impose à la narration un rythme parfois artificiel, qui impose des ralentissements ou des accélérations brusques pour rester dans le canevas.

Mais il est intéressant de comparer certaines séquences pour bien comprendre la maestria de Breccia et la différence de ton entre les deux versions.

L'apparition de l'éternaute selon Breccia:









Et selon Solano Lopez:







Cette autre séquence montre le décès de Polski, traité encore une fois de manière très différente par les deux dessinateurs. Encore une fois, la vision de Solano Lopez est purement illustrative alors que l’innovation et l’originalité de Breccia donne à cette scène une force et un impact autrement plus fort.





La mort de Polski, par Breccia



La même séquence selon Solano Lopez



Au vu de ces deux exemples, on comprend mieux à quel point le travail de Breccia est exceptionnel. Il joue sur les styles, cadrages et textures. Il construit un univers étrange en mélangeant dessins réalistes, collages, représentation grotesques. Cette juxtaposition d'éléments disparates tend a traduire l'étrangeté angoissante de la situation. Le bestiaire (à peine effleuré, on ne croise que fugacement les Gurbes et le "Main") qu'il crée est autrement plus effrayant que celui de Solano Lopez. Chez ce dernier, les créatures apparaissent comme des assemblages d’animaux existants, alors que Breccia, en jouant sur les textures, les effets de transparence et des cadrages originaux, réussit à donner corps à des créatures réellement effrayantes qui semblent vraiment issues d'un autre monde.





Les Gurbes de Breccia



Les Gurbes de Solano Lopez





Dans le ton, la version 59 tient plus de la série B, même si le spectre de la guerre froide et l'instabilité politique apparaît en filigrane. Ce n'est sans doute pas par hasard si l'envahisseur n'apparaît jamais, préférant utiliser les peuples qu'il a asservi lors de précédentes conquêtes. On peut y percevoir une allusion aux luttes par procuration entre USA et URSS ou Chine, l'un armant l'opposition qui tente de renverser le régime mis en place par l'autre. La version de 69 est plus politisée, faisant de Juan Salvo un personnage plus conscient politiquement. De plus, il y est clairement expliqué que l'Amérique du Sud est sacrifiée aux envahisseurs par les autres puissances terrestres. Ce qui vaut entre autres un discours enflammé d’un des protagonistes, Favalli, qui fustige entre autres les USA pour leur interventionnisme.C'est sans doute le genre de discours critique qui fit peur à l'époque. Mais l'Histoire a montré que ce discours reflétait pourtant beaucoup plus fidèlement la réalité.







Alberto Breccia reste pour moi un auteur majeur de la bande dessinée mondiale, et chacun de ses livres m'a touché, qu'il soit dans une veine très réaliste, ou dans une veine plus "grotesque". Il allie virtuosité graphique, sens de la narration et conscience de l'importance de la bande dessinée. Avec lui, la bande dessinée devient artistique, politique et consciente, sans jamais cesser d'être accessible. Le génie, tout simplement.
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L'éternaute, tome 1

Avec ce premier épisode de l’Eternaute, je me suis rendu compte que j’allais voyager en matière de BD. Il est plutôt rare de retrouver dans nos contrées des BD dont les auteurs sont argentins.



Avec cet album, il est un peu difficile de savoir où on va. On est au même niveau que les personnages enfermés dans une maison sans nouvelles du monde extérieur : catastrophe nucléaire entrainant la disparition de l’humanité sous des flocons tueurs ? Première phase d’une invasion extraterrestre ? il faut arriver à une bonne moitié du récit pour savoir ce qu’il en est.



Mais le format un peu long ( à l’origine la bande dessinée était publiée en feuilleton) entraine une certaine lassitude dans la lecture.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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L'Eternaute

Si Breccia est, par la diversité et le sens du trait, l'un des dessinateurs de BD les plus intéressants, L'Eternaute est sans aucun doute son oeuvre la plus aboutie. Plus resserré que dans la version de Lopez, le récit, limpide, brille ici par les fulgurances graphiques du maître argentin (même s'il est né en Uruguay) tout en noir et blanc somptueux. Un des sommet de la SF, tout bonnement inoubliable.
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L'éternaute, tome 1

Cette saga d’anticipation de près de 350 pages, réalisée entre 1957 et 1959 par les auteurs argentins Hector German Oesterheld et Francisco Solano Lopez, fut initialement publiée sous forme de feuilletons de seize pages dans la revue Hora Cero Semanal. Devenu un incontournable récit de science-fiction, la popularité de « El Eternauta » était déjà énorme à l’époque. Notons également qu’il existe une seconde version de cette œuvre, créée dix ans plus tard par le scénariste en compagnie de son ami Alberto Breccia. Mais, d’après les commentaires, cette réécriture, traduite en français par les Humanoïdes Associés, est bien inférieure à cette version originale, éditée en trois tomes par Vertige Graphic.



Le récit invite à suivre les aventures de personnages ordinaires qui sont confrontés à une situation extraordinaire, plongeant le lecteur dans un suspense qui tient en haleine de la première à la dernière page. Tout débute par un huis-clos prenant, où une famille, calfeutrée dans sa propre maison, tente de s’organiser pour survivre dans un environnement subitement devenu hostile. Une soudaine chute de neige phosphorescente mortelle a en effet transformé l’Argentine en paysage post-apocalyptique recouvert d’un épais tapis blanc. Dès les premières pages, le récit installe une atmosphère d’angoisse qui se nourrit de l’isolement et des peurs de personnages profondément humains, qui finissent par devoir prendre les armes contre l’envahisseur.



Publiée dans un pays secoué par de nombreuses répressions, cette bande dessinée a profondément marqué le public, devenant même une sorte de hymne à la résistance. L’ancrage de cet ouvrage dans des lieux familiers de Buenos Aires, renforce encore son réalisme, tout en faisant écho aux angoisses de la population de l’époque. L’engagement de ces hommes dans une lutte inégale face à l’oppresseur, leurs sentiments d’insécurité, leurs peurs et leurs espoirs font alors écho à la lutte du peuple contre la dictature argentine, expliquant au passage l’immense popularité de cette saga. La disparition en 1977 du scénariste, enlevé par ses forces armées et présumé mort en 1978, ne fera d’ailleurs qu’augmenter l’importance de cet ouvrage.



Si le contenu est intemporel, la forme date un peu plus. Datant d’une période où l’on prenait plus le temps de s’attarder sur les événements, cet album est donc plutôt lent et assez bavard. Comme elle était à l’origine diffusée sous forme de feuilleton, cette intégrale souffre également de quelques répétitions. D’un autre côté, cette progression des événements en temps réel a tendance à renforcer l’immersion du lecteur. Le dessin noir et blanc de Solano Lopez contribue également à installer une ambiance pesante, avec des planches superbes et des personnages aux visages expressifs et très détaillés.



Un récit culte qui a notamment été sélectionnée pour le Prix du patrimoine par le jury du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2010 !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Ernie Pike : Chroniques de guerre

L'une des premières oeuvres d'Hugo Pratt et j'avoue que j'y n'y retrouve rien de ce qui fait le charme des Corto Maltese et de ses productions ultérieures. De petits récits de guerre, présentés sans recul aucun, ni imagination débordante. Reste une pépite : l'épisode "garde nocturne", jeu formel ne noir sur fond blanc.
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