L’action des policiers de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI n’a pas empêché la circulation des écrits interdits ni la diffusion des contrefaçons ; pour certains livres elle a été la meilleure des publicités.
Si elle rendait l’exercice des métiers du livre dangereux, selon qu’on choisissait la voie du lucre et du risque ou celle de la sagesse, elle activait plus encore les curiosités et les ressentiments. Comme l’a écrit Tocqueville, ≪ une complète liberté de la presse eut été moins dommageable ».
Au total, la grossièreté et la calomnie s'introduisent souvent dans ces pamphlets, de même que l'anticléricalisme s'allie dans d'autres avec une certaine forme de pornographie. On conçoit donc qu'à cette époque, beaucoup de romans, de nouvelles et de contes d'allure licencieuse et parfois érotique qui ne pouvaient obtenir de permission d'imprimer, soient publiés à l'adresse de Cologne tandis que le goût pour l'histoire se traduit fréquemment par la parution d'histoires romancées et de mémoires apocryphes.
Aux populations primitives, la puissance des mots sur les choses apparaît évidente. On déchiffre un peu partout des inscriptions funéraires dans lesquelles les défunts ou leurs proches supplient qu'on prononce leur nom ou qu'on lise à haute voix une formule d'offrande contenant celui-ci afin de les faire quasiment revivre. [... ] Pour les Égyptiens, enfin, les dieux n'avaient qu'à parler pour créer, et on retrouve encore au début de la Bible une idée analogue.