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Citations de Hortensia Papadat-Bengescu (52)


Excellent technicien, peut-être sans grande expressivité, [Rim] était toujours à la hauteur d’une bonne exécution. Et puis, il fallait quelqu’un qui donne le ton, qui sache créer l’atmosphère pour « le style de Bach », qui ne laisse à aucun moment retomber le rythme, ni l’âpreté méticuleuse, ni la sérénité majestueuse du génie de Bach. Elena qui ne supportait pas que l’on puisse déroger à un programme de travail suivi, fut obligée d’envoyer Nory voir ce qui arrivait au docteur et pourquoi il manquait à l’appel.

(pp. 173-174)
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Les jumeaux Hallipa, loin d’être des imbéciles, mais conséquents avec leur naissance en double exemplaire, devaient se contenter de la moitié de toute valeur […] [ils] possédaient une curieuse intelligence : médiocre et persévérante, obtuse et perçante… En guise de laboratoire, ils se contentaient pour l’instant d’une pièce au sous-sol de la faculté, d’où on avait délogé l’intendant. Ces vers de terre se sentaient bien dans l’obscurité […] D’une ressemblance parfaite, ils prononçaient les mêmes paroles en même temps, avaient des gestes simultanés et des idées similaires. Étonnants lorsqu’ils étaient ensemble, si on les rencontrait séparément, leurs réactions et pensées étaient banales, voire incompréhensibles. On se trouvait devant une double éprouvette contenant le même liquide toxique, ou on tenait un des deux bouts du même fil.

(pp. 160-162)
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Mini avait alors poussé avec précaution le portillon de la grille fraîchement repeinte et avait gravi l’escalier inconnu avec l’émotion que donne tout escalier que l’on monte pour la première fois […] Maintenant elle attendait, en proie à une légère inquiétude, que la stridence de la sonnerie faisait vibrer en elle. Le docteur Rim, lui, ne connaissait que les vibrations du violon. Quant à Lina, la doctoresse, sa courtaude de femme, elle n’avait ni voix ni oreille musicale, sans parler de Sia, l’infirmière, qui n’était qu’on bloc imperméable et têtu de pensées mesquines et bornées.

(pp. 8-9)
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La maladie lui fournissait une bonne occasion d’organiser des réceptions jusque-là un peu flottantes [...] Toujours en raison de la maladie, les réceptions étaient simples, le plus souvent des dîners restreints, au cours desquels Ada réussissait à introduire le maximum de luxe, sans ostentation, mais de façon que les invités comprennent son bonheur.

(p. 129)
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Elle comptait sur la surprise pour rendre le refus impossible. Bach était son excuse. Sa passion pour Bach lui permettait des procédés absurdes. Ada n’avait point de fibre artistique en elle ni d’informations suffisantes sur ce genre de tempérament, mais elle savait que l’art a ses lois qui permettaient beaucoup d’écarts par rapport à la norme.

(pp. 128-129)
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– Cet hiver je ne sors point, disait-elle, mon mari est malade ; mais quelle merveilleuse initiative ! C’est une admirable idée que d’élargir le cercle. Moi je suis une adepte fanatique de Bach !
Et, avec l’aide du premier dictionnaire musical venu, elle parlait de Bach avec compétence. Même Elena n’en faisait pas autant qu’Ada pour propager la nouvelle de son événement artistique.

(p. 128)
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Elle ne fréquentait pas Elena, car elles ne se connaissaient presque pas, même si elles étaient d’anciennes camarades d’école. […] Elle ne devait pas compter sur Maxence, si peu amène et qui d’ailleurs n’aurait pas pu être à l’aise pour reprendre les relations avec Elena en dehors de circonstances exceptionnelles. Ada ne trouvait pas encore le moyen d’y parvenir, mais elle le cherchait avec acharnement et, en attendant, faisait une publicité active pour le concert d’Elena.
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Dès qu'elle rencontrait quelqu'un, elle lui parlait d'emblée du concert de Bach.

(p. 128)
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« Oyra ! » n’était pas qu’une chansonnette qui avait marché, c’était l’essence même de cette revue musicale, essence qui pénétrait de façon persuasive dans l’esprit du spectateur par le canal de l’ouïe. La chansonnette contenait tous les esprits malins qui circulaient parmi les cinq cents figurants ; c’était une atmosphère chargée de fard, de poudre et de parfum, de décolletés profonds, de vernis frais et de dorures, pyjamas fermés et jupes à volants, maillots collants, danse et contorsions. « Oyra ! » était une sorte de suggestion qui passait de la scène à la salle, qui réveillait chez le spectateur de multiples sensations jusque-là latentes.

(p. 152)
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Le docteur Rim, compréhensif, chantait sur un ton chaque fois différent cette « Oyra ! » qui avait déclenché l’ironie de Nory. Une mélodie qui était au diapason des états d’âme du docteur, tel un index posé sur ses lèvres sèches et illustres. Les origines de cette  « Oyra ! » remontaient loin dans les obsessions de Rim. Jadis, le docteur Rim avait l’habitude de faire de la musique de chambre, une fois par semaine, dans la famille des Schmidt. C’était un quatuor de qualité où M. Schmidt, le pharmacien, tenait la contrebasse, le professeur Rim le violon ou la flûte, M. Tuchte de Kunstverein, un viennois – alors patron d’une fromagerie modèle -, était au violoncelle et Madame Schmidt au piano. Assemblée virtuose et vertueuse !

(pp. 151-152)
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Dès le premier instant, elle avait eu l’impression de se tenir sur des plans inverses et mobiles qui lui donnaient le même vertige qu’un tapis roulant. Un léger « mal de mer » [en français dans le texte] persistait encore au creux de l’estomac. Arrivée dans la rue, elle vacilla pendant une minute comme quelqu’un qui, descendant d’un bateau, retrouve la terre ferme. La rue d’ailleurs ne dissipa pas son état de confusion. Le grand boulevard qu’elle avait emprunté pour venir se trouvait-il en haut ou en bas de cette rue ? […] Un tramway aperçu au loin la rassura. Elle prit cette direction et arriva à bon port. Elle s’arrêta alors un instant pour laisser se dissiper son léger étourdissement. Quelque chose tanguait en elle comme du vin agité dans une coupe, puis tout se calma.

(p. 21)
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Hortensia Papadat-Bengescu
J’écris mentalement. Ensuite je ne fais que transcrire, asseoir, habiller avec des mots, des formes, des voiles… Au début, je vois tout comme dans du brouillard et puis, de plus en plus clairement et lorsque l’image arrive dans la lentille de précision, cela commence à s’animer, à s’émouvoir, à rire, à pleurer, à parler.

(traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
Son corps frêle à la peau fine couvrant les petits os délicats à peine arrondis par le levain de la chair tendre, n’opposait aucune résistance, aucune opacité, il était, dans sa transparence, prêt à l’échange des fluides extérieurs et intérieurs. De la glaise rafraîchie par la nuit, uniquement en surface, monte en elle l’exhalation des vapeurs brûlantes de la terre qui l’enveloppe et la parcourt. Cette petite terre – couchée sur la grande terre – adhérant à elle, avec son corps et son secret, respire à grand peine dans la respiration plus lourde des éléments. Mais la terre savait des choses sur la substance et la destinée de la fillette qu’elle ne savait pas. C’est pourquoi elle est inquiète comme s’il s’agissait d’une maladie mystérieuse.

(traduit du roumain par Florica Courriol)
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Qu’a pu-t-elle trouvé, cette fille parfaite [Elena] chez cet homme fade ? Ce n’est qu’un mannequin banal. Ni beau, ni laid… Ni intelligent, ni bête, ni mort, ni vivant… Il n’a ni profession, ni rentes. Il est bien élevé, a un nom italien et une attitude anglaise, on l’appelle prince et il habite un palais en ruines envahi par les rats et les chouettes…
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Ada n’avait pu faire un éloge à Licà, ni en public, ni en privé. Licà, un peu déconcerté, avait enfoncé ses mains dans ses poches stylisées, pendant que ses pensées allaient des caprices de la femme au compte ouvert chez M. Paul. Et, comme cette journée, malgré le succès aux courses, n’était pas une réussite en amour, Licà, au lieu de faire la bringue avec Mister Whip, décida d’aller voir Sia, se rappelant brusquement son existence après un long oubli.

(pp.144-145)
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Pour avoir un maître d’écuries ?… Pour émanciper son voyou ?… Gaspiller de l’argent par vanité et par goût de la luxure, pendant qu’il était obligé de respirer le vent et la poussière et d’écouter les gens s’étonner qu’il ne fût pas encore mort.

(p. 144)
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Ada attendait si nerveusement les résultats que le succès, s’il avait réussi à lui enlever ses soucis, n’avait pu lui procurer tout le plaisir escompté […] Quant à Maxence, les félicitations sur sa bonne mine - il était bourré d’arsenic- l’avait exaspéré ; on le traitait donc comme un malade qui mérite des compliments lorsqu’il a l’air mieux ! Tous ces imbéciles donnaient des arguments supplémentaires à cette avare d’Ada ! Sa rancune retomba une fois de plus sur Ada, naturellement.
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Onze heures approchaient et il sentait aussi approcher une petite crise. Le signal avait été donné : des frissons bien connus partaient de ses mains, de ses pieds et des côtes vers la poitrine et Maxence guettait la direction qu’ils allaient prendre, leur façon de se faufiler en lui, ce qu’ils allaient démolir sur leur chemin. Il calculait de façon à donner aux frissons un parcours aussi doux que possible, mais voilà qu’Ada allait surgir d’un moment à l’autre ! Il la haïssait !…Que voulait-elle encore, cette sorcière dont le philtre d’amour avait ruiné sa santé, ce philtre d’amour qui avait perdu ses pouvoirs ?…Cette sorcière qu’il détestait voir à ses côtés et auprès de laquelle il était condamné à vivre à tout jamais.
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Encore sous le coup de l’étonnement, Mini accueillit toutes ces nouvelles sans faire de commentaires… Lică le Troubadour – il était donc le père de cette fille si balourde !…- Lică avait un enfant !…Ce jeune homme qui sifflait toujours comme pour donner un rendez-vous, venait donc en père pour voir sa fille ! C’étaient des notions difficiles à assimiler, même si elles étaient tout aussi difficiles à contester.

(pp.11-12)
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Jusque-là elle n’avait connu Lică, un Lică à la fois humble et impertinent, que sous l’aspect du parent pauvre. Il était pour elle celui que l’on apercevait toujours en train de disparaître discrètement derrière une porte et qui, au salon, en présence du docteur, se tenait, les pieds bien parallèles, tout en faisant tourner son feutre mou entre ses doigts. Et voilà que le docteur lui donnait maintenant du « sympathique ».

(p. 11)
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