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Citations de Hortensia Papadat-Bengescu (52)


Elena aurait pu facilement trouver un appui dans la personne de son père, qui l’adorait, mais c’est justement là que les vertus en question intervenaient. Elle ne demandait rien, évitait même l’intervention éventuelle de Hallipa, pour ne pas causer des scènes de jalousie de la part de l’épouse amoureuse et pour ne pas troubler le calme, l’ordre, l’exactitude parfaite de leur vie familiale si agréables à son papa. Dans cet ordonnancement parfait de la vie de Hallipa, l’amour passion de sa femme avait une place bien déterminée. Pour ce tact dont Elena avait fait preuve dès l’âge de raison, en passant par son adolescence mûre et mélancolique, pleine de prévoyance et jusqu’à l’abnégation actuelle de la jeune fille de 22 ans, Hallipa avait donc une sorte de respect et une grande confiance ; il avait fait d’Elena un camarade sobre et précieux.

(traduit du roumain par Florica Courriol)
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Nory, l’éternelle mécontente de tout et de tous, avait un faible pour Elena. Souvenir affectueux d’une enfance passée ensemble ou réelle estime, cela se traduisait par une exception que Nory faisait à la règle impitoyable du jugement mordant dont la « féministe » maltraitait hommes et femmes. D’ailleurs, pour tout le monde, Elena était considérée comme un modèle. Modèle de patience, de sagesse, de toutes les vertus moyennes nécessaires à une jeune fille élevée près d’une mère, cette belle Lenora, dont l’amour conjugal, passionné, égoïste, bruyant et capricieux, rendait la situation des enfants très pénible et celle d’Elena, l’aînée, plus particulièrement encore.

(traduit du roumain par Florica Courriol)
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À l’intérieur de la maison, des portes s’ouvrirent et Elena, la fille aînée de la famille apparut, pressée, dans une attitude et une démarche qui n’étaient pas les siennes, s’excusa et dès les premières paroles, elle dit à Lina que Lenora était malade, qu’elle s’était fâchée fortement et que Doru – elle avait pris l’habitude d’appeler ses parents par leur prénom – que Doru, le papa, était sorti pour affaires. Tout cela dit avec une sorte de mystère, de discrétion forcée, avec un trouble qui n’était pas coutumier à cette jeune fille, vraiment remarquable par le calme de son visage comme de son corps, de son esprit et de son âme.

(traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
Il y a vingt ans, on écrivait et on lisait uniquement des nouvelles rurales – ou provinciales, à la rigueur. À présent on lit et on écrit du roman – une proie plus riche. C’est une transition et un progrès à la fois, car la rapidité avec laquelle nous brûlons les étapes dans toutes les directions, nous permet d’assister, d’ores et déjà, à un retour vers la nouvelle, dans le sens d’un raffinement du goût du lecteur.

(traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
En parlant de « Femmes entre elles », Eugen Lovinescu voyait en moi un futur romancier. À cette époque-là, ma carrière littéraire était déjà déterminée : par l’aspiration à satisfaire cette prédilection et par l’inclination que cette anticipation encourageait. Je ne me suis pas hâtée, j’ai attendu que l’évolution se fasse toute seule. J’ai attendu le moment du roman.

(extrait d’une discussion avec Ion Valerian traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
Je ne débute pas dans la connaissance de mon propre moi. Je sais que je suis capable d’attitudes variées et multiples, de l’âpreté laconique à la subtilité, selon les impressions. L’effort prolongé excepté, organiquement masculin, je ne récuse aucun genre. Les vers autant que le théâtre, le dialogue autant que le monologue, l’acuité du sentiment pur ou la vision violente du réel me visitent en égale mesure. Cela n’exclut pas que l’on puisse observer ces possibilités, ni mon bonheur, puisque la chose a été remarquée.

(extrait d’une lettre à Garabet Ibraileanu du 01/10/1920 traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
Qui peut bien être cette femme qui habite la chambre avec balcon en face de ma chambre à balcon ? … Veut-elle, comme moi, se laver les yeux à la suite d’un long sommeil et détendre son front des rêves anciens dans la fraîcheur lumineuse de cristal ?… Aurait-elle la même curiosité que moi à regarder le paysage que je contemple longuement et que l’on ne peut pas apercevoir de chez elle ? […] Mon histoire à moi, je la connais ; je n’ai enterré aucun bonheur, car je n’en ai point eu ; je n’attends aucun bonheur car il ne peut pas y en avoir… Qu’a-t-elle à faire de l’horizon ? Elle lui donne tous ses yeux, elle a un tel regard qu’on dirait des milliers d’yeux... Et mes yeux comment lui paraissent-ils ?... Elle se demande peut-être si j’éprouve la précisément impatience pour ce temps plein de vide et les mêmes soucis et angoisses pour les chemins qui passent et l’horizon.

(traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
C’est un bouclier contre d’éventuelles attaques, une protection qui s’interpose entre moi et l’adversité. Comme vous avez été le premier, il s’est produit une harmonie rare qui fait que ce premier est devenu pour moi « mon » premier à jamais. Et pour compléter la spontanéité de mes impressions, je dirais que j’ai surpris chez moi une trace de coquetterie amicale et littéraire qui cherche dans cette idée de primauté une diligence doublement flatteuse. Vous vous imaginez donc que votre main m’a conduite dans l’arène publique, telle une jeune mariée menée à l’église par le meilleur des siens, et dans ce possessif il n’y a aucun scrupule, car je sais que je suis venue vers vous, ainsi que vers le lecteur,
comme la plus inconnue des inconnus, et si je vous appartiens, – chose dont je me glorifie – c’est parce que vous avez pensé que je le méritais.

(extrait d’une lettre adressée à Garabet Ibrăileanu le 13/02/1919 et traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
Outre la grande valeur de l’opinion en soi, et qui arrive en premier lieu, ce qui compte beaucoup pour moi c’est son incontestable antériorité. Mais ce qui m’a donné une indicible joie c’est de savoir que, maintenant que vous avez été le premier à toucher mon travail, il me semble que les mains des autres n’atteignent plus jamais directement le corps de mon âme, mais uniquement et toujours à travers cette main interposée. Cette isolation convient bien à mon sentiment d’invincible pudeur et fierté que j’éprouve à tout contact avec la foule.

(extrait d’une lettre adressée à Garabet Ibrăileanu et traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
[…] ce que j’écris, ce que je pense – ce ne sont, pour l’essentiel, pas des idées et des sentiments, mais bien leurs sensations, d’où cette terrible envie d’en rendre non pas une description, mais la sensation même. Tout cela pour vous expliquer pourquoi le portrait de Séphora qui débute par « Séphora est une fille » construit sur deux axes convexes - de double peinture et de vision sociale - présente ces variations de lumière et de couleurs vives ou éteintes qui ne visent point l’effet, mais ont l’ambition de rendre mon heure et mes sensations d’alors.

(extrait d’une lettre adressée à Garabet Ibrăileanu et traduit du roumain par Florica Courriol)
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Hortensia Papadat-Bengescu
Car ce fut ma destinée
de toujours regarder passer
Devant ma porte la vie ;
d’attendre sur le seuil l’ami
Et de pleurer derrière le cercueil qui emporte
Ce qui ne fut pas accompli

(écrit directement en français)
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Hortensia Papadat-Bengescu
Je suis triste et lassée
Les hommes m’ont blessée !
Et j’ai poussé la porte ouverte sous l’auvent,
Pour demander à l’air la caresse du vent.
Oh ! La douce pitié des choses inanimées !
J’ai offert la fatigue du corps exténué
Au ruisseau limpide de l’air dilué.
D’où vient donc le vent charitable en ce jour ?
De quel lointain ? de quels détours ?
Il ne demande pas leur secret aux fronts lourds
Ni aux visages brûlants leurs confidences d’amour,
Aux yeux rougis de pleurs chagrins douloureux.
Humide et lent, à peine il fait trembler mes cheveux.
Je suis triste et lassée
Les hommes m’ont blessée.

(Chanson lassée, écrite directement en français)
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