AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.86/5 (sur 7 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) : 1857
Mort(e) : 1944
Biographie :

Ida Tarbell est une figure majeure du journalisme d'investigation de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Elle s'est illustrée avec la parution en 1904 de L'Histoire de la Standard oil Company, encore classée cinquième des cent ouvrages les plus marquants du journalisme du XXe siècle par le New York Times en 1999. Elle est aussi l'auteur de biographies, notamment de Napoléon et de Abraham Lincoln.

Source : Wikipedia
Ajouter des informations
Bibliographie de Ida Tarbell   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Il va sans dire qu’il est absurde de laisser un tel pouvoir entre les mains d’un quelconque fabricant de produits de première nécessité. C’est exactement comme si une société destinée à fabriquer toute la farine du pays possédait tous les chemins de fer – sauf 10 % – collectant et transportant le blé. Elle pourrait et ferait évidemment en sorte qu’il soit difficile et coûteux pour tout concurrent potentiel d’obtenir du grain à moudre, et en période de pénurie, elle pourrait même l’en priver.
Commenter  J’apprécie          180
L’expérience humaine nous a appris il y a longtemps que si nous permettons à un homme ou à un groupe d’hommes d’exercer des pouvoirs autocratiques au sein du gouvernement ou de l’église, ils utilisent ce pouvoir pour opprimer et tromper le peuple. Pendant des siècles, la lutte des nations a cherché à mettre en place un gouvernement stable et équitable vis-à-vis des citoyens. Pour y parvenir, nous avons encadré nos rois, empereurs et présidents avec un millier de restrictions constitutionnelles. Nous n’avons même pas autorisé l’église, pourtant inspirée par des idéaux religieux, à avoir les pleins pouvoirs qu’elle réclamait dans la société. Or, nous avons, ici aux États-Unis, permis à des hommes d’exercer des pouvoirs quasi autocratiques dans le commerce. Nous avons toléré qu’ils accaparent des privilèges dans le domaine des transports, leur permettant d’évincer leurs concurrents en peu de temps, bien que l’esprit de nos lois et les chartes des compagnies de transport interdisent ce genre de privilèges. Nous leur avons permis de s’unir dans de grands regroupements interétatiques, pour lesquels nous n’avons prévu aucune forme de charte ou de transparence, bien que l’expérience humaine ait depuis longtemps établi que les hommes qui s’associent dans des partenariats, des compagnies ou des sociétés à des fins commerciales ou industrielles doivent avoir des pouvoirs définis et être soumis à une inspection véritable et une transparence raisonnable. Comme résultat logique de ces pouvoirs extraordinaires, nous voyons, comme dans le cas de la Standard Oil Company, le prix d’une marchandise de première nécessité tomber sous le contrôle d’un groupe de neuf hommes, singulièrement capables, énergiques et impitoyables dans la conduite de leurs opérations commerciales. Ils ont exercé leur pouvoir sur les prix avec une habileté presque surnaturelle. Ce fut leur arme la plus cruelle pour asphyxier la concurrence, un moyen sûr de récolter des dividendes indécents et, en même temps, un argument des plus convaincants pour tromper le public.
Commenter  J’apprécie          50
Si M. Rockefeller avait réussi à faire adhérer la majorité des producteurs à cette théorie, et si l’offre de pétrole brut avait donc été maintenue à un niveau bas, et les prix à un niveau élevé, il est probable que les producteurs de pétrole auraient oublié le ressentiment qu’ils avaient développé après ses premières irruptions et seraient redevenus indifférents à son emprise. Le confort matériel a en général des effets atténuants. Cependant, dans le grand jeu qui se pratique dans les Régions Pétrolifères, il y a toujours eu un joueur que même M. Rockefeller ne pouvait égaler. Ce joueur, c’est la nature, et elle a pris soin d’empêcher la seule condition qui aurait permis à M. Rockefeller de se réconcilier avec les producteurs de pétrole. À maintes reprises, alors qu’il semblait que les limites de la production pétrolière étaient atteintes, et que M. Rockefeller et ses collègues devaient croire qu’ils auraient bientôt l’industrie suffisamment bien en main pour payer aux producteurs un prix satisfaisant pour leur pétrole brut, leurs calculs étaient bouleversés par la découverte d’un important gisement de pétrole qui inondait le marché et faisait baisser les prix. Cela se produisit si souvent entre la première apparition publique de M. Rockefeller dans l’industrie et le moment où il établit son contrôle du transport, des raffineries et des marchés, que la production annuelle de pétrole brut était passée de 5,5 millions de barils à 30 millions, et qu’au lieu d’un demi-million de barils en surface stockés, il y avait, en 1883, plus de 35 millions de barils, en 1884, près de 37 millions, en 1885, 33,5 millions. Ces énormes stocks entraînaient un faible prix du brut, tandis que les frais de collecte, de transport et de stockage, tous les services à partir desquels la Standard Oil réalisait de gros profits, restaient élevés. Au cours de ces années, les bénéfices sur le pétrole raffiné augmentaient continuellement – conséquence de l’effondrement des raffineurs et des pipelines indépendants –, tandis que le profit sur le brut diminuait toujours davantage. Tout cela, les producteurs de pétrole le ruminaient sans cesse, et avec d’autant plus d’amertume qu’ils sentaient qu’ils ne pouvaient rien faire pour s’en prémunir. Tout ce qu’ils avaient entrepris pour se soulager avait, pour une raison ou une autre, échoué. Ils ne croyaient plus en la possibilité d’une amélioration. La Standard Oil ne permettrait jamais à un acteur extérieur de prendre pied.
Commenter  J’apprécie          30
Le service commercial de la Standard Oil Company est organisé pour couvrir tout le pays, et vise à vendre tout le pétrole qui y est vendu. Pour prévenir ou pour faire face à la concurrence, elle a mis en place un service secret élaboré pour connaître la quantité, la qualité et le prix de vente des expéditions indépendantes. Lorsqu’elle repère une commande de pétrole indépendant chez un négociant, elle le persuade, si possible, d’annuler la commande. Si cela est impossible, elle le menace de jouer une « concurrence prédatrice », c’est-à-dire de vendre à prix coûtant ou encore moins cher, jusqu’à l’épuisement du rival. Si le négociant s’obstine, elle déclenche une « guerre du pétrole ». Ces dernières années, la vente à prix coûtant ou à perte et les « guerres du pétrole » sont souvent confiées à des ntreprises dites « factices », qui se retirent dès que le véritable indépendant est éliminé. Ces dernières années, la Standard Oil a été plus prudente qu’auparavant en matière de vente à perte, même si, lorsqu’un rival offre du pétrole à un prix inférieur à celui que la Standard Oil pratique – et généralement, même les petites raffineries peuvent s’arranger pour vendre à des prix inférieurs aux prix non concurrentiels de la Standard Oil –, elle n’hésite pas à considérer ce prix inférieur comme une déclaration de guerre et à baisser ses prix jusqu’à ce que le rival soit éliminé. Le prix revient alors à l’ancien niveau ou à un niveau supérieur. […] À la période à laquelle nous sommes parvenus dans cette histoire, qui correspond à l’achèvement du monopole des pipelines en 1884 et à la fin de la concurrence dans le transport du pétrole, les indépendants semblaient considérer qu’il leur était impossible d’échapper à M. Rockefeller sur ce marché.
Commenter  J’apprécie          34
Pour de nombreuses personnes dans le monde, il importe sans doute peu que le pétrole se vende à 2,1 ou 3,2 cents le litre. Cependant, cela devient parfois une affaire tragique, comme en 1902-1903, lorsque, pendant la famine du charbon, les plus pauvres, privés de charbon, dépendaient du pétrole pour se chauffer. En janvier 1903, à New York, le pétrole était vendu aux revendeurs à partir de wagons-citernes à 2,9 cents le litre. Ce pétrole ne coûtait pas plus de 1,7 cent au raffineur indépendant, qui payait tous les frais de transport et de commercialisation au coût de 0,3 cent le litre. Il coûtait probablement 0,3 cent de moins à la Standard Oil Company. Dans un contexte de libre concurrence, il serait bien entendu impossible de maintenir un prix aussi élevé. Mais tout au long du rude hiver 1902-1903, le prix du pétrole raffiné augmenta encore. On prétendit que cela était dû à la hausse du prix du pétrole brut, mais dans tous les cas, le prix du pétrole raffiné augmenta nettement plus que celui du pétrole brut. En effet, une étude comparative minutieuse des prix du pétrole montre que la Standard Oil fait presque toujours progresser le marché du pétrole raffiné d’un bon nombre de points de plus que le marché du pétrole brut. […] Bien que cela ait été la règle, il y a bien sûr aussi des exceptions, comme lorsqu’une guerre des prix est en cours. Ainsi, au printemps 1904, la concurrence sévère, en Angleterre, de la Shell Transportation Company et du pétrole russe amena la Standard Oil à baisser le prix du pétrole raffiné à l’exportation beaucoup plus que celui du pétrole brut. Mais […] le prix du pétrole sur le marché intérieur fut maintenu à un niveau élevé.
Commenter  J’apprécie          30
Peu d’hommes, que ce soit dans la vie politique ou industrielle de ce pays, peuvent se prévaloir d’être parvenus à réaliser un projet plus conforme à sa conception initiale que John D. Rockefeller. En effet, tant dans ses objectifs que dans ses méthodes, la Standard Oil Company est, et a toujours été, une réplique de la South Improvement Company, par le biais de laquelle M. Rockefeller s’est fait connaître dans l’industrie pétrolière. Certes, le projet initial a subi de nombreuses modifications. Son aspect le plus choquant, les rétrocessions sur les expéditions d’autrui, a été supprimé. Néanmoins, aujourd’hui, comme au début, l’objectif de la Standard Oil Company reste celui de la South Improvement Company : réguler les prix du pétrole brut et raffiné en contrôlant la production ; et le principal moyen de soutenir cet objectif est toujours celui du plan original : contrôler le transport pour bénéficier d’avantages tarifaires.
Commenter  J’apprécie          30
En effet, toute étude consécutive de l’utilisation par la Standard Oil Company de son pouvoir sur le prix du pétrole, tant à l’exportation qu’à l’intérieur du pays, doit conduire à la conclusion que ce pouvoir a toujours été utilisé dans toute la mesure du possible sans jamais le mettre en danger ; que nous avons toujours payé notre pétrole raffiné plus cher que si la concurrence avait été sans entraves. Mais après tout, pourquoi devrions-nous nous attendre à autre chose ? C’est l’objet principal des ententes. Les membres les plus sincères de la Standard Oil Company seraient sans doute les derniers à soutenir qu’ils donnent au public plus de bénéfices que nécessaire. Lorsque l’un des plus compétents et des plus francs d’entre eux, H. H. Rogers, se présenta devant l’Industrial Commission en 1899, on lui demanda comment il se faisait qu’en vingt ans, la Standard Oil Company n’avait jamais réduit d’une fraction de cent le coût de la collecte et du transport du pétrole dans les pipelines ; que le producteur de pétrole devait débourser autant aujourd’hui que vingt ans auparavant pour faire récupérer son pétrole aux puits et le faire transporter à New York. Et M. Rogers répondit, avec une délicieuse candeur : « Nous ne sommes pas dans les affaires pour notre santé, mais pour gagner des dollars. » À la même occasion, on demanda à John D. Archbold s’il n’était pas vrai que, grâce à sa grande puissance, la Standard Oil Company était en mesure d’obtenir des prix qui, dans l’ensemble, étaient supérieurs à ceux de la concurrence, et M. Archbold répondit : « Eh bien, je l’espère. »
Commenter  J’apprécie          20
Chaque producteur de pétrole mécontent, chaque raffineur ruiné racontait les récits de conflits désastreux sur les marchés. On parlait d’hommes infirmes qui vendaient du pétrole indépendant avec leur charrette à bras, dont le commerce avait été anéanti par des charrettes de la Standard Oil qui les suivaient jour après jour, en donnant le pétrole pour presque rien. On racontait que des épiciers avaient fait faillite en essayant de soutenir un raffineur indépendant. On racontait des histoires sans fin, probablement toutes exagérées, peut-être certaines fausses, mais toutes crues, à cause de faits tels que ceux qui ont été relatés ci-dessus. La population en vint à estimer que la « Standard était prête à tout ». Cet état de fait promettait des ennuis sans fin à M. Rockefeller et à ses collègues. Cela entraînait méfiance populaire, hostilités mesquines, mauvaises interprétations, mépris, abus. Beaucoup étaient même prêts à nier les talents de M. Rockefeller. Dans l’esprit des gens, le fait que la Standard Oil soit impliquée dans une affaire était suffisant pour la condamner. Tout ce que la Standard voulait était mal, tout ce qu’elle contestait était bien. Un verdict en sa faveur démontrait la corruption du juge et du jury ; contre elle, leur droiture. En effet, M. Rockefeller avait chaque année plus d’occasions de vérifier que la mise en place d’un monopole n’entraînait pas seulement des profits, mais aussi des épreuves.
Commenter  J’apprécie          20
Les deux affaires de l’Ohio illustraient une nouvelle fois les principaux griefs que les hommes du pétrole avaient contre la Standard Oil Company depuis 1872, à savoir qu’elle obtenait des rabais sur ses propres expéditions et des commissions sur celles de ses concurrents. L’affaire de Buffalo montra que, lorsque les avantages dont la Standard Oil bénéficiait ordinairement ne suffisaient pas pour écarter un rival, elle tolérait même le recours à des méthodes qu’un jury qualifia de criminelles. C’était une nouvelle preuve de ce que les hommes du pétrole avaient toujours affirmé : la Standard Oil Company était une conspiration ! Au moment même où ces affaires soulevaient de nouveau leur indignation, une autre affaire, dans l’Ohio, leur apporta de nouvelles preuves de ce dont ils accusaient la Standard Oil Company depuis longtemps, à savoir de s’immiscer constamment dans la politique étatique et fédérale afin d’orienter le cours de la législation à sa convenance. Pour les initiés, les preuves étaient nombreuses et déjà suffisantes. Il ne faisait aucun doute que l’enquête de 1876 et le premier projet de loi qui visait à réglementer le commerce interétatique présenté à cette époque avaient été étouffés en grande partie grâce aux efforts de deux membres du Congrès, l’un directement et l’autre indirectement liés à la Standard Oil – J. N. Camden, de Virginie-Occidentale, à la tête de la Camden Consolidated Oil Company, aujourd’hui l’une des sociétés constituantes du trust de la Standard Oil, et H. B. Payne, de l’Ohio, père du trésorier de la Standard Oil, Oliver H. Payne. La Standard Oil avait certainement usé de son influence pour s’opposer au projet de loi sur la liberté de construire des pipelines pour lequel les indépendants s’étaient battus depuis les premiers jours de l’industrie. En 1878 et 1879, pendant les procès contre les compagnies ferroviaires et la Standard Oil intentés par la Petroleum Producers’ Union, de multiples accusations d’utilisation d’influence politique afin de faire retarder les procédures avaient été portées. Dans les États de l’Ohio, de New York et de Pennsylvanie, on ne cessait de dire que la Standard Oil participait activement à toutes les élections, qu’elle se tenait aux côtés de tous les jeunes politiciens ambitieux et qu’il était rare qu’un jeune avocat compétent soit élu à un poste sans être engagé par la Standard Oil. La société semble avoir pris part à la politique même avant l’époque de la South Improvement Company, car M. Payne déclara un jour au Sénat des États-Unis que lorsqu’il était candidat à la Chambre des représentants en 1871, « aucune association, aucune alliance » dans son district avait fait plus ou dépensé plus d’argent pour provoquer sa défaite [sic] que la Standard Oil Company !
Commenter  J’apprécie          10
À ce moment critique, le salut vint de certains individus dispersés à travers le monde du pétrole, résolus à tester la validité de la prétention de M. Rockefeller selon laquelle les affaires du pétrole lui appartenaient. « Nous sommes en droit d’exercer une activité indépendante, disaient-ils, et nous avons la ferme intention de le faire. » Et ils commencèrent par attaquer le point faible de l’armure de M. Rockefeller. Les douze années écoulées leur avaient appris que la réalisation du grand dessein de M. Rockefeller avait été rendue possible par sa remarquable manipulation des compagnies ferroviaires. C’était la pratique des remises qui avait engendré le trust de la Standard Oil : des remises amplifiées, systématisées, glorifiées pour devenir une puissance jamais égalée auparavant ou depuis par aucune entreprise du pays. Les remises avaient engendré le trust, et, malgré dix ans d’ententes, d’associations pétrolières, d’unions de producteurs, de résolutions, de procès en équité, de procès en quo warranto, d’appels au Congrès, d’enquêtes législatives, elles constituaient toujours l’arme la plus efficace de M. Rockefeller. S’ils pouvaient la lui arracher des mains, ils pourraient faire des affaires. Ils avaient appris autre chose à cette époque : toute l’opinion publique et l’esprit de la loi étaient contre les remises, et les compagnies ferroviaires, le sachant, craignaient d’être accusées de discrimination et pouvaient être amenées à transiger plutôt que de voir leurs pratiques rendues publiques. Par conséquent, disaient ces personnes, nous proposons d’intenter des poursuites pour les remises et de faire s’accumuler les amendes jusqu’à ce que nous rendions la situation si pénible et si dangereuse pour les compagnies ferroviaires qu’elles fermeront leurs portes à M. Rockefeller.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Auteurs proches de Ida Tarbell
Lecteurs de Ida Tarbell (13)Voir plus

Quiz Voir plus

Blake et Mortimer : la BD culte d'après guerre par Edgar P. Jacobs. Connaissez-vous ses personnages ?

La série des albums relatant les aventures de Blake et Mortimer a été éditée en de nombreux albums. En comptant ceux qui ont été écrits et dessinés par E.P. Jacobs et ceux conçus par d'autres illustrateurs et scénaristes, combien sont-ils à ce jour ?

17
18
19
20

12 questions
83 lecteurs ont répondu
Thème : Edgar Pierre JacobsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..