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Critiques de Ignazio Silone (5)
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Le renard et les camélias

Roman des années 50, dont l'action est située dans le Tessin, en Suisse. Histoire sentimentale sur fond de querelle idéologique entre fascisme et socialisme. Lu, il y a bien longtemps, j'en garde le souvenir de descriptions bucoliques de la nature mais peu de l'intrigue. Un auteur sûrement à redécouvrir.
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Fontamara

Fontamara c'est le récit du peuple opprimé, des petits paysans pauvres floués, arnaqués, condamnés à la famine car il est si facile de profiter des illettrés, de leur peur de l'autorité, peur qu'on leur enlève le peu qu'il leur reste.

L'émissaire d'un notable les noie sous des formules compliquées, ils n'y comprennent rien mais comme il n'y a rien à payer, les villageois signent ces feuilles vierges: elles deviendront l'accord pour détourner le cours d'eau qui irriguent leurs champs, signant la mort de leurs preuves récoltes, leur mort. Leur mort sacs un bain de sang.



Fontamara c'est le récit de la lutte contre le fascisme, prenons garde car il n'est jamais bien loin

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Le pain et le vin

Ce livre est intéressant pour le témoignage qu'il constitue sur la dictature fasciste de Mussolini ainsi que sur la paysannerie pauvre des Abbruzes. On comprend comment cette dictature fait peser une chape de plomb sur les gens, même dans les coins les plus reculés, et favorise les pires des défauts de l'humanité : arrivisme, délation, repli sur soi, etc. A travers le destin du personnage principal, jeune militant communiste, et de ses proches, on voit aussi comment elle broie tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Sur le plan du style et de l'intrigue, j'ai été un peu déçue (j'ai préféré Fontamara du même auteur), et je n'ai pas aimé la fin.
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Le Secret de Luc

S'il existe actuellement un malaise de la gauche, on peut se demander si la raison n’en réside pas pour une bonne part dans le fait que le mouvement ouvrier est tombé entre les mains d'exclusifs praticiens. Alors que Lénine donne encore pour but à la révolution prolétarienne la réalisation de l’humanisme marxiste, ses successeurs, soumis plus étroitement que lui aux circonstances, ne se posent plus qu'en « stratèges » et « tacticiens » de la révolution. Sans parler de la IIe Internationale, ressuscitée après la Première Guerre, et qui ne vise au mieux qu'à rendre moins pénibles les conditions de vie des ouvriers au sein du capitalisme, il semble que pour la plupart des militants la principale tare dont il faille débarrasser le mouvement révolutionnaire soit justement cette part d'utopie qui fait les socialistes, cette croyance, par delà les revendications de classe, à des valeurs universelles. On oublie que le fondateur du marxisme définissait la révolution connue « la réalisation de la philosophie ». Le danger devient si visible qu’à l'intérieur même du camp socialiste il commence a être dénoncé : le Polonais Kolakowski comme le Yougoslave Ddijer poussent des cris d’alarme, qui répercutent ici, sous une forme atténuée, le socialiste André Philip ou notre ami Roger Stéphane . Sous peine de périr le socialisme ne peut se passer de morale ni de valeurs.



Subordonner la pratique aux valeurs



La grandeur d'Ignazio Silone, le rôle irremplaçable qu’il joue aujourd'hui tant dans son action quotidienne que par son œuvre d’écrivain tiennent à ce souci constant qu'il a montré de subordonner la pratique révolutionnaire aux valeurs mêmes qui fondent l'existence et le travail des révolutionnaires : émancipation de tous préparée par l'émancipation de chacun, libération de la classe passant par la libération individuelle, volonté inconditionnelle de justice, respect en tous lieux et toutes circonstances de la vérité dont son maître, le grand marxiste italien Antonio Gramsci, a dit qu’elle est essentiellement « révolutionnaire ». Après avoir été l'un des deux dirigeants du parti communiste italien dans la clandestinité et après avoir quitté la IIIe Internationale au moment du stalinisme triomphant, Silone n'a cessé de demeurer sur la brèche pour défendre les valeurs du socialisme, Elles se confondent pour lui avec l'enseignement d'un christianisme primitif tel que l'imaginent ses cafone des Abruzzes, formant un curieux amalgame qui ne relève d'aucune construction philosophique comme d'aucune morale abstraite. Les héros de ses romans, paysans élémentaires mais pleins d'une antique sagesse, naturellement fiers et dignes, ses militants clandestins épris d'un désir de justice fondé sur le sacrifice personnel et animés par une révolte qui manifeste le simple désir d'affirmer leur nature d’hommes, forment les uns et les autres une communauté enracinée dans le temps et l'espace, dans cette vieille terre italienne pétrie à parts égales d'humanisme antique et de christianisme des origines et où, en dépit de toutes les idéologies successives diverses, l’homme demeure la mesure de l’homme. C’est à ce niveau élémentaire mais fondamental que s’est toujours tenu le romancier de Fontamara, du Pain et du Vin, du Grain sous la neige et aujourd'hui de ce Secret de Luc dont il écrit : « J'espère qu'il aidera à comprendre mes livres précédents dont il contient la préhistoire ».



Histoire d’une erreur judiciaire



Le Secret de Luc, en effet, apparaît comme le plus simple, le plus élémentaire des romans qu'a jusqu’à présent écrits Silone, et peut-être comme le plus fort. Il est même dépouillé de cet humour caustique qui faisait l’un des charmes de Fontamara, de ces digressions « idéologiques » qui alourdissaient parfois Le Grain sous la neige, de ce pittoresque des mœurs paysannes qu’on goûtait dans Une poignée de mures, C'est l’histoire d'une erreur judiciaire, simple et atroce, et qui se joue entre deux personnages : un paysan tout entier replié sur sa dignité d'homme et qui, sous aucun prétexte, n'a voulu abdiquer cette dignité, une société (le « monstre social » comme dit Simone Weil) qui fait payer à cet homme par quarante ans de bagne le refus de composer avec elle. Ce n'est que dans le détail que les choses se compliquent.



Cette erreur judiciaire a en effet été sciemment commise, sinon par les juges qui ont puni Luc Sabatini, accusé d'avoir assassiné, une nuit, un marchand sur la route pour lui voler son argent, du moins par les habitants du village de Cisterna, qui savent Luc innocent et qui l’ont laissé condamner, tandis qu'elle a été sciemment acceptée par le faux coupable pour qui elle a constitué la seule issue à une situation inextricable. Quand, après quarante ans et sur le point de mourir le vrai coupable se dénonce, Luc est gracié (mais non réhabilité) et revient au village, mais c’est pour se heurter à une hostilité qui n'a pas désarmé : il est coupable cette fois de porter la tache indélébile du bagnard. Pour qu'il soit ouvertement reconnu innocent il faudrait, en outre, que le village se juge lui-même coupable d’une lâcheté collective. La grâce n'a rien arrangé. Elle n'a fait que compliquer les rapports de cette dialectique complexe qui lie un homme à une communauté et qui les dresse en même temps l'un contre l’autre.



De quoi Luc est-il coupable ?



Quel est donc le vrai crime de Luc Sabatini à l'égard de la communauté, son « secret » ? Nous le découvrons à mesure que l'histoire se déroule et grâce à l’enquête menée par un ami plus jeune de Luc, Andrea Cipriani, encore enfant au moment où Luc fut condamné. Ancien Résistant, il a payé pour ses idées avant de devenir un personnage politique, plus préoccupé d'ailleurs de faire la lumière sur le cas de Luc que de flatter ses électeurs. Il met les villageois à la question, tyrannise l'ancien curé, se fait ouvrir le dossier de l'affaire par l'ancien avocat du gouvernement, cherche les témoins, fait la lumière. Ce qu'il nous découvre c'est la vie secrète d'un village des Abruzzes muré dans ses superstitions, son code moral d'un autre âge, ses tabous sociaux. Luc est coupable d'avoir aimé la femme de son patron, un amour auquel celle-ci répondait, et comme cet amour n’avait d'autre issue que le scandale et le déshonneur, il a pris sur lui le fardeau d'un crime crapuleux. Le bagne lui a paru un sacrifice à la mesure de cet amour impossible. Alors qu'il lui était facile d'indiquer son emploi du temps pendant la nuit du crime il n'a pus voulu déshonorer la femme qu'il aimait, et dont il a refusé d'ailleurs de faire sa maîtresse. Au-dessus ou à coté de la loi des hommes vivant en société il existe un code de morale et d'honneur individuels qu'un homme bien né refuse de transgresser, fût-ce au péril de sa vie ou de sa liberté. Il est possible que le village coupable de n'avoir pas manifesté une vérité qu’il connaissait, et qui, d'autre part, n'aurait pas toléré le scandale de l'adultère, ait compris les raisons de Luc et les ait acceptées. Ce ne sont pas là des choses qu'on confie aux gens des villes et à leurs juges.



Une tragédie paysanne teintée de romantisme.

Une morale moyenâgeuse



On peut se demander ce qu'a à voir avec le socialisme ou ses valeurs, cette tragédie paysanne fortement teintée de romantisme et qui exalte une morale moyenâgeuse. Pour sacrifier et sacrifier son amour, en faisant de surcroît le malheur de la femme qu'il aime (elle se retire dans un couvent et se fait passer pour folle), Luc est-il un héros ou la banale victime d'un ordre à l'égard duquel son amour réprouvé l'a placé en état de rupture ? Par son comportement incompréhensible ne consolide même-t-il pas cet ordre à l'égard duquel son amour retrouvé l'a placé en état de rupture ? Autant de questions que Silone nous accuserait de poser en praticiens.



Ce qui compte pour lui, en effet, ce sont moins les résultats, bénéfiques ou désastreux, auxquels mène l'action des hommes que la qualité intrinsèque de chaque individu, son refus de composer avec lui-même. Car, pour Silone, de cette complaisance initiale découlent, tous les compromis, toutes les trahisons. Comment un militant, un révolutionnaire, peut-il par exemple lutter sincèrement pour l'émancipation de sa classe, pour la transformation de la société, s'il commence par s'installer vis-à-vis de lui-même dans la restriction mentale, la prudence, l'opportunisme, le mensonge bien intentionné ? De ce point de vue il n’existe pas pour Silone d'idéologie progressiste ou rétrograde, de morale moyenâgeuse bourgeoise ou prolétarienne, de salut par l'excuse ou les œuvres, mais un code propre à chacun, qu’il soit paysan, citadin ou révolutionnaire, et qu’une fois accepté en connaissance de cause il se doit de suivre et d'appliquer quoiqu'il lui en doive coûter. Luc Sabatini n’est qu'un pauvre paysan qui obéit à toutes les superstitions de son village et dont l'horizon intellectuel est fort limité, mais il n’est pas besoin d'être si instruit ni si intelligent pour se comporter, en homme d'honneur, en homme qui refuse de transiger avec les valeurs qu'il a reconnu être siennes. Quelles lui aient été dictées par son milieu, par sa religion, par son expérience de la vie, il n’importe : elles sont siennes dès qu'il les a faites telles. Plutôt que de les trahir il préfère se tuer ou se laissée enfermer.



Le secret imprenable de chaque homme



Ignazio Silone a peut-être même voulu nous dire davantage : qu’il existe en chaque homme un réduit où nul autre homme, et surtout pas ceux à qui la société a délégué ses pouvoirs, n'a le droit de pénétrer avec effraction. Luc aime Donna Ortensia, c'est son affaire et pour laquelle il refuse d’être jugé, il s’accuse d’un crime qu'il n’a pas commis, c'est encore son affaire et où nul n’a droit de mettre le nez. Qu’on le punisse, les juges sont faits pour cela, mais qu'on ne l’oblige pas à dire ce qu'il veut taire : il ne reconnaît ce droit à personne. Son « secret » à lui, paysan inculte, est le « secret » de tout homme d'une civilisation à venir où les prophètes, les propagandistes, les juges, les inquisiteurs, les tortureurs et les bourreaux (une nombreuse famille comme on voit) n'auraient plus de quoi exercer leur profession. De celte civilisation nous ne prenons guère le chemin, mais il est permis de penser que le socialisme (ou quelques socialistes, comme Silone) l'envisage toujours comme résultat ultime de ses efforts. C’est aussi le vieil idéal christique selon lequel un homme vaut un autre homme, une âme une autre âme. Il n'est pas si étonnant que Silone le confonde avec l'humanisme socialiste.



Ceux qui ont appris à connaître et à aimer Silone par ses précédents romans trouveront peut-être celui-ci un peu dur, dépourvu des beautés poétiques, humoristiques, littéraires qui font de Fontamara un chef-d'œuvre inoubliable. Le registre n’est pas le même : nous nous mouvons ici dans la tragédie nue. Dans ce livre grave, l'auteur s'est mis, en outre, tout entier, a tenté d'y enfermer de la façon la plus robuste et la plus simple, donc la plus honnête, les raisons fondamentales de sa révolte, de sa lutte pour la liberté et la justice, de son appel passionné à respecter l'homme, quel qu’il soit et où il se trouve. En ce sens il contient bien « la préhistoire » des autres, le ressort essentiel qui les a déclenchés. On n’aura pas fini de s’y reporter comme à celui qui se tient « au plus près de son auteur ».

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Fontamara

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