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4.05/5 (sur 39 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Moscou , le 12/05/1909
Mort(e) à : Moscou , le 20/09/1978
Biographie :

Iouri Ossipovitch Dombrovski est un écrivain russe.

Sa vie est marquée par les persécutions de la dictature stalinienne. En 1932, alors qu'il est encore étudiant, il est arrêté une première fois (pour « avoir empêché par son action l’assemblée générale des étudiants de statuer sur une affaire importante »), et assigné à résidence à Almaty (alors Alma-Ata), au Kazakhstan. Il est incarcéré une deuxième fois pour six mois, en 1937.

En 1939, les autorités communistes l'enferment dans un goulag de la Kolyma, dans l'extrême nord-est sibérien. Gravement malade, il a la chance d'être autorisé à revenir à Almaty en 1943.

L'ultime arrestation a lieu en 1949, dans le cadre de la lutte contre la menace cosmopolite. Cette fois, Dombrovski est déporté à Taïchet, près d'Irkoutsk. Quelques années après la mort de Staline, en 1957, il est libéré, puis réhabilité et autorisé à revenir à Moscou. En tout, il aura donc passé dix huit années relégué ou emprisonné.

Dombrovski se consacre ensuite à la littérature, activité qu'il avait débutée en exil. Il meurt à Moscou le 29 mai 1978, quelques semaines après avoir été battu par des inconnus, peu après la publication à Paris de son chef-d'œuvre La Faculté de l'inutile.
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Epigraphe
Quand on nous demandera ce que nous faisons, nous répondrons : nous nous souvenons. Oui, nous sommes la mémoire de l'humanité, et c'est pourquoi nous finirons immanquablement par vaincre ; un jour, nous nous serons souvenus de tant de choses que nous aurons creusé la tombe la plus profonde du monde.
Ray Bradbury

Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial.
Karl Marx
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Vous avez fait du droit ? Eh bien, de votre temps, la faculté de droit, c'était la faculté de l'inutile. Vous y appreniez une science de formalités, d'arguties, de chicanes. Nous, on nous a enseigné à découvrir la vérité.
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Au Marché Vert (d’Alma-Ata), la cohue n’est qu’apparence recouvrant une harmonie préétablie. Tout s’y trouve à sa place. Les marchands de pastèques et de melons occupent toujours le même côté, celui où sont massés les chevaux, les chameaux, les ânes, les charrettes et les camions.(…) p36
A la stridence des voix enfantines répond un majestueux distique :
« Mes melons parfumés, succulents et sucrés,
Je les donne pour rien, à qui sait les aimer… »
Les melons s’alignent sur les nattes de paille. Il y en a de ronds, aux formes nettes, aux côtes élégantes ; ils ressemblent à des abats — rognons ou coeurs — de monstres ; leur chair est jaune orangé, ou vert chartreuse. Il y en a d’ovoïdes, tels des mines sous-marines ou des engins interplanétaires comme on les représentait jadis. Il y en a de dorés comme l’automne, comme la chute des feuilles, comme un coucher de soleil dans les eaux calmes d’un étang. D’autres évoquent les têtes d’énormes reptiles tropicaux tachetés, striés, irisés, ornés d’inquiétantes arabesques. Tous exhalent un parfum discret dont se repaît le badaud. Les vendeurs sont gens âgés et dignes, Ouzbeks ou Kazakhs, à barbes de sages, aux traits hiératiques sous les calottes brodées. Eux ne s’agitent ni ne crient : ils chantent. Goûter un melon n’est pas offert au tout-venant. C’est une liturgie. on coupe le melon en deux, puis on détache une tranche ténue, diaphane que l’on tend au client, à la pointe d’un long couteau, effilé comme un dard, et il ne reste plus qu’à prendre dans sa bouche, sucer et apprécier ce pétale rose. Car, ici, l’acheteur est un ami. p 37-38 (édition Albin Michel 1979)
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— Ici, je vous prie, fit courtoisement le procureur en indiquant un guéridon devant la fenêtre.
Zybine s’assit et étouffa un cri. La fenêtre inondée de soleil, donnait sur la cour de la prison et l’allée de peupliers. On les avait plantés lors de la fondation de la ville, quand il n’y avait pas encore de prison, sur la route qui montait vers la montagne. Et Zybine se sentait désemparé devant cette richesse de verdure. Tout cela bruissait, ondoyait, vivait de toutes ses feuilles, de chaque pousse, de la moindre veinule. Ces arbres étaient gais, libres, vivants. A lui qui depuis tant de jours ne voyait que le ciment gris du plancher, l’ampoule grise dans sa cage noire et un mur lisse couleur de vase, où l’oeil ne trouve rien à quoi s’accrocher, cette richesse fabuleuse semblait un miracle. Il avait oublié que cela pût exister, alors que c’est l’essentiel. p 266
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"Relégation sans articulations de griefs." Que voilà une formule juridique bien de chez nous ! On ne vous parle pas, on ne vous demande rien, on ne vous explique rien, parce qu'il n'y a rien à expliquer. Tout simplement quelqu'un qui ne vous a jamais vu et ne vous connaît ni d'Eve ni d'Adam a décidé, pour des raisons connues de lui seul, que vous êtes un personnage dangereux.
(...) Mais surtout et par-dessus tout, Dieu vous garde d'insinuer que vous ignorez pourquoi on vous a fourré dans ce trou. Vous devez savoir. Vous y êtes tenu, obligé. Et, aussi, de vous sentir coupable ! De vous repentir ! De gémir à fendre l'âme. Sinon, vous êtes un criminel endurci qui n'a pas pris conscience de sa faute. p 194
(édition Albin Michel 1979)
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Ce fonctionnaire (le chef des services opérationnels) adorait les projections privées. Elles avaient lieu dans les locaux mêmes du Commissariat à l’Intérieur, après le travail, quelquefois de nuit. Tout le monde se retrouvait là, depuis le commissaire du peuple jusqu’aux dactylos et aux gardiens de prison.
(…)
Dans le civil, les petits chefs adjoints, suppléants et employés dégringolaient comme des quilles, bruyamment, couraient se plaindre, réclamaient, plaidaient, colportaient des ragots pour se venger. Ici, on disparaissait, et personne ne se souvenait de vous. Il y avait là quelque chose de mystérieux, d’inaccessible à la raison, mais inéluctable comme le Destin. L’être humain s’effaçait instantanément des mémoires, et en faire mention, même allusivement, était signe de mauvais goût, de manque de tact. Ce mutisme solidaire existait partout, mais il était d’une autre nature, conscient de soi, libre en somme, puisqu’un classique du marxisme a défini la liberté comme intellection de la nécessité.
Une fois seulement, Gouliaev — un vrai grand de ce monde-là — avait transgressé la loi. Alors qu’ils étaient voisins pendant une séance de cinéma, Gouliaev lui avait demandé, avant que les lumières ne s’éteignent :
— Vous ne le connaissiez pas du tout, avant, votre nouveau directeur ?
Le précédent, convoqué à Moscou pour une conférence, avait depuis lors, disparu. Il n’en restait qu’un télégramme : « Bien arrivé bons baisers. »
p 263-264
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Un mois auparavant, des voisins ayant porté plainte, il avait signé ses explications à la milice : "Serge Ivanovitch Kalmykov, génie nº1 de la Terre et de la Galaxie, décorateur des ballets Abaï." En ces temps où un seul être passait pour être le génie de l'humanité, pareille audace pouvait coûter cher, marquant soit une dérision, soit une intention de concurrence. Des hypothèses de cet ordre avaient, semble-t-il, été émises en haut lieu. Les choses en restèrent là. Un personnage important, ayant croisé Kalmykov dans la rue, s'étit dit sans doute que cette tête-là ne lui rapporterait pas lourd. Il avait tort. Que le peintre fit son apparition dans la rue, et il se produisait aussitôt un brouhaha. La circulation ralentissait. Les gens s'arrêtaient. Un être insolite s'offrait à leurs regards : rouge, jaune, vert, bleu, couvert de passepoils, de franges, de rubans. "Imaginez, disait-il, qu'on nous regarde du fin fond de l'Univers. Que verrait-on ? Une masse rampante, morne et grise. Mais, soudain, comme un coup de feu, éclaterait une tache de lumière. Et ce serait moi !"
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Or les plus beaux dessins de Kalmykov datent de cette période. Les femmes y ressemblent à des palmiers ou à des fruits du Sud. Elles ont les mains fines, les yeux en amande. De haute taille, debout ou couchées, elles emplissent toute la surface de la feuille. Quelques-unes ont des ailes, telles des fées. D'autres sont simplement des femmes. Sur des dessins publiés, le long et lourd vêtement d'intérieur n'est que jeté sur les épaules. Il laisse voir la jambe, la poitrine, le torse. La femme porte un vase de style oriental comme on en fait dans les montagnes. Sur une petite table, un candélabre allumé (on dirait un rameau avec trois fleurs écloses) et un livre ouvert avec un signet. Dans le silence de la nuit, où va donc cette belle solitaire, que suit – chien ou chat ?– une créature étrange.
Un autre dessin est intitulé Jazz lunaire. Une blonde élancée, douce et froide (il est à présumer que Kalmykov n'admettait qu'un seul type de beauté féminine), avec des ailes de papillon, porte sur un plateau une bouteille à col fin et un vase d'où jaillit une branche. Ici encore, les vêtements laissent voir le corps. (Plus exactement, tout le corps est une ligne ondoyante enfermée dans l'ovale des vêtements.) Et, ici, encore, il fait nuit. Au fond, un serviteur, en coiffure et cape baroques, descend les marches d'une estrade.
Kalmykov a laissé deux ou trois cents de ces dessins dont la vertu d'envoûtement est indicible. Les techniques employées sont diverses : le pointillé et la ligne continue des contours vides ou habités de couleur, le crayon aussi bien que l'aquarelle. Dans Le Chevalier Motte, le personnage n'est pas sans ressembler à Kalmykov : même cape tumultueuse, même béret, même capuchon de couleur démente, et les décorations de tous les pays existants ou non ! L'homme va, il rit, il vous regarde. En public, Kalmykov n'a jamais ri. Jamais il n'a laissé entrer personne dans cet univers de jazz lunaire, de belles allées qui prennent leur vol et de cavaliers superbes. Dans cet univers-là, il a toujours été seul.
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Une effroyable myopie (l’impuissance à raisonner historiquement) est sans doute le propre de tout despote. Il n’arrive pas à dépasser par l’esprit les cadres de sa propre vie. Il est incapable de regarder plus loin que son mausolée.
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Bien des années plus tard, après la mort du peintre, le carnet de notes de Kalmykov tomba entre les mains de Zybine. Le défunt y consignait par ordre alphabétique tout ce qui lui passait par la tête. Ainsi, Zybine lut à la lettre "P" :

"Personne plus que moi n'aime à dessiner dans la rue. C'est ma force. Les gens badaudent et bayent aux corneilles. Les enfants voient peindre pour la première fois. Les envieux me brocardent. Je me rebiffe. Je pérore, je fais des mots. Là je suis dans mon élément. Je n'ai pas d'égal. Il semblerait qu'on dût pour cela me couvrir d'honneurs. Non ! Ma vie durant, j'ai travaillé gratis. Travaillé pour dix dans le désintérêt universel. Mais le jour viendra où ces idiots auront de mes nouvelles !"

Et encore, à la lettre "S" :

"Si l'on parle de l'essentiel, c'est la débandade. Personne n'a le loisir d'entendre des choses sérieuses. Or, à force de causer, chaque jour, dans la rue, avec les uns et les autres, on s'entraîne à l'éloquence. Il vous vient à l'esprit des formules qui frappent. On ramène de dehors des trouvailles. Je marchais en silence et soliloquais…"

Tel il était effectivement : sûr de soi, insensible aux quolibets, hors de portée de la critique, génie méconnu qui ne tenait d'ailleurs pas à être reconnu. De tous les peintres, poètes et philosophes connus ou obscurs, il était le seul, pensait Zybine, à qui pût pleinement s'appliquer la formule de Pouchkine : "Tu es le souverain, vis seul."
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