Iride Salvatore

J’enfourche ma bécane, rapidement rejoint par Eli. C’est juste parfait, ma Harley, ma femme et le bitume. Quand le portail électrique s’enclenche, je mets les gaz. Comme la coutume le veut, le président ouvre la marche. Après un petit détour par la campagne pour profiter un max de cette sensation enivrante, nous rentrons dans Goose Creek. J’adapte mon allure, les gens doivent nous voir et nous entendre, c’est le but de la manœuvre. Ils ne doivent pas oublier que cette ville est à nous. Je parle surtout pour d’éventuels gangs ou motos clubs qui décideraient de venir empiéter sur nos plates -bandes. C’est notre territoire et il faut sans cesse le rappeler. Sur notre passage, les gens se retournent et nous observent. Certains prennent des photos. Comme à chaque fois, on a le droit aux applaudissements, mais aussi aux regards haineux. La plupart des habitants de cette ville sont heureux de notre présence. Nous avons plusieurs fois évité l’installation de clans douteux. Le trafic de drogue est régulé par un de mes chapitres et tout se fait à l’extérieur de la ville. Tous les dealers qui ne respectent pas cette règle passent l’arme à gauche. Le message est bien ancré dans tous les esprits et personne ne sort du rang. En ce qui concerne les commerçants, nous leur proposons notre aide. Bien sûr, ce n’est pas gratuit, mais le club doit bien vivre lui aussi. Entre Goose Creek et les Devil’s, c’est donnant-donnant.
Les motos s’alignent les unes à côté des autres sur le grand parking, montrant ainsi l’importance de notre moto club. Tous mes frères du chapitre original sont là. Il ne manque personne. Attrapant Eli par la taille, je pénètre le premier sous l’arche indiquant « Bienvenue à la fête foraine de Goose Creek ». De nouveau, les regards se tournent vers nous et la foule amassée devant les attractions se fend en deux pour nous laisser passer. La tâche de président d’un si gros club est souvent lourde à porter, mais c’est dans ces moments-là que je sais pourquoi je le fais, ma famille, ma régulière, mon club.

Lentement, je m'approche d'elle. J'ai besoin de savoir. C'est égoïste et dégueulasse de ma part, mais je suis trop dévasté par ce. que j'ai vu hier soir pour m'en soucier. Alors, d'un geste, ma main se pose sur la portion de son ventre qui n'est pas couvert par le débardeur, celle juste au dessus de l'élastique de sa culotte. Mes doigts l'effleurent lentement et un courant électrique me transperce de part en part. Je n'y porte pas attention. Ce que je veux moi, c'est savoir quel effet ça lui fait à elle. Est-ce qu'elle ressent toujours cette alchimie entre nous ? Je dois savoir, c'est vital. Je veux aussi légèrement raviver la flamme entre nous pour qu'elle ne s'éteigne pas à jamais. Pour être sûr de pouvoir la rallumer le moment venu.
Ce geste n'était pas une bonne idée. A présent, j'ai une envie. sauvage de l'embrasser et le fait qu'elle ne dise rien ne m'encourage pas à arrêter. Je suis ravi de son manque de réaction. Tout en collant mon corps contre le sien pour bien lui faire sentir mon désir à travers mon pantalon, je murmure à son oreille.
—Tu es toujours aussi belle.
Son souffle s'accélère et je sens son corps frissonner. Je pourrais éclater de rire tant je suis soulagé de lui faire encore autant d'effet. Avec ce que j'ai vu hier, je vais. devoir lui montrer qu'elle m'attire toujours, mais sans en faire trop. Et surtout, il faut que je sois plus présent sinon elle va m'échapper.
Retirant lentement mon visage de son cou, je dépose un chaste baiser derrière son oreille. Je me retourne pour partir tout en laissant mes doigts glisser sur son ventre, coupant doucement le contact de nos peaux. Elle reste totalement immobile, apparemment sous le choc de ces caresses que je lui refuse depuis deux ans et demi... Je suis vraiment le pire des salauds !

J’adapte mon allure, les gens doivent nous voir et nous entendre, c’est le but de la manœuvre. Ils ne doivent pas oublier que cette ville est à nous. Je parle surtout pour d’éventuels gangs ou motos clubs qui décideraient de venir empiéter sur nos plates-bandes. C’est notre territoire et il faut sans cesse le rappeler. Sur notre passage, les gens se retournent et nous observent. Certains prennent des photos. Comme à chaque fois, on a le droit aux applaudissements, mais aussi aux regards haineux. La plupart des habitants de cette ville sont heureux de notre présence. Nous avons plusieurs fois évité l’installation de clans douteux. Le trafic de drogue est régulé par un de mes chapitres et tout se fait à l’extérieur de la ville. Tous les dealers qui ne respectent pas cette règle passent l’arme à gauche. Le message est bien ancré dans tous les esprits et personne ne sort du rang. En ce qui concerne les commerçants, nous leur proposons notre aide. Bien sûr, ce n’est pas gratuit, mais le club doit bien vivre lui aussi. Entre Goose Creek et les Devil’s, c’est donnant-donnant.

— Le flic m’a surprise dans la pièce où était resté le dossier. J’ai pu le poser avant qu’il n’entre, mais il avait compris. Il m’a laissée partir sur le moment, mais, deux semaines plus tard, il m’a retrouvée et menacée de me faire du mal si je parlais. Depuis, je fuis.
Ma voix se noue à cette dernière phrase et je suis incapable de continuer. C’est déjà un exploit pour moi. Jamais je n’aurais cru pouvoir en parler. Pour seule réponse à ma confession, Rick me rejoint sur mon banc et pose ses lèvres sur les miennes. Son baiser est doux comme une caresse. Il me serre plus fort contre lui et ne rajoute rien, comme s’il se rendait compte de l’effort que je venais de fournir pour lui dire tout cela. Je pose ma tête contre son torse et il ne pose aucune question, il attend.
Lui dire ce qui s’est passé cette nuit-là est trop dur pour moi. Croyant que mon récit est terminé, il me dit.
— Merci de me le dire. Le président des Son’s of Reaper a appelé au club hier.

Il était l’évidence. En tout cas, pour moi, mais la réciprocité n’était pas. Ses actes, sa lâcheté, Son égoïsme et ses mensonges, mon conduite ici, à endurer toutes ces souffrances. La haine et l’amour se mélange dans mon sang, ce livre, une guerre dans ma tête et empoisonne mon esprit.

— Je t’ai fait trop souffrir pour te mériter encore, je le sais. Pourtant, je vais te récupérer, que tu le veuilles ou non.
Estomaquée par sa phrase, je me fige. Ce qu’il vient de dire me laisse sans voix. Une joie commence à naître en moi devant ces mots que j’attends depuis si longtemps. Il veut me récupérer. La joie est de courte durée, car le souvenir de tous les événements de cette soirée se met à affluer par vagues. Une colère incontrôlable s’insinue en moi. Des images de lui embrassant à pleine bouche la rouquine, m’ignorant et la serrant, elle, dans ses bras envahissent mon esprit et j’éclate. D’un mouvement fluide, je saute sur lui avant de le gifler. Il ne bronche pas, plongeant ses yeux dans les miens.

Soudain, sa main se pose sur ma taille et il me pousse vers le mur contre lequel mon dos vient buter. Bizarrement, je suis surprise, mais je n’ai pas peur. Sa bouche se rapproche de moi, on dirait qu’il lutte pour ne pas m’embrasser. Ses yeux sont fixés sur mes lèvres, il lutte, c’est sûr. Pour ma part, je suis liquéfiée et je me demande si ce n’est pas moi qui vais craquer en premier. Cela fait longtemps que je n’ai pas ressenti ce désir, à un tel point que j’en oublie toutes les alertes dans ma tête. Mon mode survie a complètement buggé.

" Il veut me posséder corps et âme, mais je ne le laisserai pas faire. Je ne le laisserai pas me transformer en cette chose pathétique qu'il souhaite faire de moi. Il peut asservir chaque partie de mon corps tant que mon esprit hurle et se rebelle, je suis libre."

J’enfouis mon nez dans son cou et le respire pleinement, whisky et tabac. Mon biker, mon sauvage, l’homme qui m’a bouleversée de mille façons est dans mes bras et j’ai du mal à assimiler la réalité.

"Je ne te demande pas d'être mon sauveur, encore moins mon prince charmant. Je me suis toujours sauvée seule et ça continuera ainsi. Arrête juste de me voir comme une chose fragile…"