AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Isabel Gutierrez (28)


Elle aime les poètes comme on aime une soupe - sans avoir jamais osé l'avouer à personne, la comparaison étant fort peu poétique -, elle aime goûter chacun des mots comme elle s'amuse encore à laisser fondre chaque légume qui compose le potage. La douceur de la courge et l'amertume du fenouil.
Commenter  J’apprécie          281
Vois-tu, mon petit roi, il y a des gens qui se perdent entre les lignes d'un livre comme d'autres se perdent dans la nuit. Ils parcourent les chemins d’encre en passant la tête à travers les personnages qu'ils ont choisis. Ils ressentent leurs peurs, leurs désespoirs, leurs désirs, leurs soifs, leurs passions et, l'ouvrage refermé, les emportent dans leur cuisine ou dans leur lit. Quelques fois même, ils le tiennent prisonnier dans leurs propres greniers, dans leurs caves les plus secrètes, forçats sur leurs routes intimes, ils ne veulent plus s’en séparer, ils préféreraient même mourir que les abandonner.
Commenter  J’apprécie          200
Ils ne forment plus qu'un seul et même corps, informe, dont on ne saurait reconnaître les bras des jambes. Une seule et même douleur en mouvements presque imperceptibles. Ni l'un ni l'autre ne savent encore s'ils auront la force de s'arracher, de se dénouer. Le fils avance très lentement, il lui semble que sa mère s'est endormie dans son dos.
Commenter  J’apprécie          70
Son corps et elle avaient toujours vécu heureux l'un en l'autre, frère et soeur de coeur et d'âme. Il était son allié, son élan, ses colères, celui qui l'avait faite femme et mère. Et puis, un jour sans prévenir - elle s'en souvient -, la trahison, inattendue et violente.
Commenter  J’apprécie          70
J'étais néanmoins en bonne compagnie car l'hospitalité de mon imagination n'est plus à prouver. Depuis quelques années maintenant, les portes s'ouvrent facilement et il y fait douillet.
Commenter  J’apprécie          50
Les gens s’imaginent que la perte, celle d’un être ou d’un objet, nous rend plus sensible. C’est faux, notre sensibilité se nourrit de ce que l’on nous donne et certainement pas de ce que l’on nous prend. Comment croire que le vide, l’absence, nous rend plus riche, nous fait approcher au plus près cette complicité avec le monde ? (page 75)
Commenter  J’apprécie          40
L'Ubasute est une tradition ancestrale japonaise : lorsqu'une personne se sent proche de la mort, on l'abandonne dans la montagne pour qu'elle finisse ses jours.
Ici, Marie sait qu'elle va mourir et demande à son fils de l'emmener sous le grand rocher. Celui-ci va donc porter sa mère et au cours de ce périple celle-ci va se livrer et dérouler le fil de sa vie, dire ce qu'elle n'a jamais dit, offrir à son fils le récit de ses années passées. Epouse, mère, femme, Marie dévoilera tous les pans de sa vie par petites touches, telle un peintre.

C'est un court roman poétique, intense qui pose les grandes questions de la vie et de la mort, fait de silences, d'ellipses, de souvenirs... Une lecture qui m'a beaucoup touchée.

Lu dans le cadre des 68 premières fois.
Commenter  J’apprécie          30
C’était arrivé il y a quelques années, cinq, six peut-être, après que la photo a été prise. Le pays s'est arrêté, les écoles fermées, les familles au nid, le monde était suspendu au souffle de l'humanité qui vacillait. Un souffle devenu court, si court que certains en perdaient la vie.
Commenter  J’apprécie          30
Tu essuyais tes mains sur ton vieux tablier de gros coton bleu, finissais de laver bols et cuillères et reprenais le livre commencé bien avant notre réveil alors que nous franchissions le seuil en criant, promis maman, on sera là à midi.
Des livres il y en avait plein la maison, dressant des hauteurs d’isolation improvisée le long des murs, dessinant des labyrinthes qui changeaient selon tes humeurs ou tes découvertes. Une fois par an, en plein été, lorsque tu restais seule avec nous de longs mois, tu décidais de les trier, classer, donner, ranger. Tu ouvrais alors toutes les fenêtres de la maison, pour aérer, les livres c’est plein de poussière, et commençais la journée par le premier que tu avais sous la main. Je restais assis sur la marche du milieu de l’escalier qui menait aux chambres et je te regardais les caresser, les palper, les respirer. Ils devenaient, entre tes mains, de petits mondes à l’intérieur desquels êtres de papier vivaient, aimaient et mouraient. Tu les ouvrais et plongeais, ressortais, la peau encore un peu mouillée, les cheveux froissés, le regard quelque fois hagard ou la bouche dessinée d’un drôle de sourire et les refermais. Peu à peu les tas se déplaçaient, disparaissaient pour grandir ailleurs, dans le couloir, dans le salon, sous le bureau. Au bout de deux ou trois heures, notre espace de vie avait pris forme nouvelle, d’autres chemins creux se dessinaient, des plaines dégagées voyaient le jour, la lumière jouait des partitions originales sur les murs. Tu levais alors la tête, me regardais, l’air d’une presque noyée, que fais-tu là ? tu n’es pas avec tes sœurs au jardin ? et sans attendre ma réponse, regagnais la cuisine. Tu n’avais ni trié, ni classé, ni donné, ni rangé.
L’après-midi, après le déjeuner, alors que nous étions censés nous reposer et fuir la piqure du soleil, allongé sur mon lit, je guettais le bruit des pages tournées. Cette fois, c’est toi qui étais assise sur la première marche de l’escalier (je n’ai jamais vraiment compris pourquoi tu choisissais le bois dur au lieu de la tendresse du fauteuil jaune d’or qui trônait au milieu du salon), le visage penché, le corps plié, les genoux comme lutrin, je vais jeter un œil avant de m’en défaire, partie, enlevée, ravie par les mots.
Commenter  J’apprécie          20
Pour finir, elle était rentrée chez elle, sous le joug des pires prévisions médicales qui la préféraient enchaînée.
Commenter  J’apprécie          20
Tu sais, Pierre, en vieillissant, je me suis aperçue d’une chose assez étrange; les gens s’imaginent que la perte, celle d’un être ou d’un objet, nous rend plus sensible. C’est faux, notre sensibilité se nourrit de ce que l’on nous donne et certainement pas de ce que l’on nous prend.
Commenter  J’apprécie          20
La maison regorge de livres, en déborde à la faire exploser. Chacun est une fenêtre ouverte sur un chemin entrepris à un moment de ma vies. Des sentiers quelquefois délaissés, retrouvés, avalés à grandes enjambées. P 17
Commenter  J’apprécie          10
La maison regorge de livres, en déborde à la faire exploser. Chacun est une fenêtre ouverte sur un chemin entrepris à un moment de ma vie. Des sentiers quelquefois délaissés, retrouvés, avalés à grandes enjambées. (p17)
Commenter  J’apprécie          10
Isabel Gutierrez
Des livres, il y en avait plein la maison, dressant des hauteurs d’isolation improvisée le long des murs, dessinant des labyrinthes qui changeaient suivant tes humeurs ou tes découvertes. Une fois par an, en plein été, lorsque tu restais seule avec nous de longs mois, tu décidais de les classer, trier, donner, ranger. Tu ouvrais alors toutes les fenêtres de la maison pour aérer, les livres c’est plein de poussière, et commençais la journée avec le premier que tu avais sous la main…. Je te regardais les caresser, les palper, les respirer. Ils devenaient entre tes mains, des petits mondes à l’intérieur desquels des êtres de papier vivaient, aimaient et mouraient.
Commenter  J’apprécie          10
Trois saisons à prendre le pouls du départ, trois saisons à se souvenir que chacune serait la dernière. (p10)
Marie n’est pas si âgée, mais elle a découvert tardivement ce que vivre signifiait et elle s’en est saisi. Les mains en corbeille, elle a accueilli les odeurs piquantes de la tristesse et de l’amour, les cris de plaisir et de désespoir des hommes, toutes sortes de vies, des couleurs éclatantes, des lumières presque éteintes. Demain, elle partirait gonflée de ce saisissement. (p11)
Commenter  J’apprécie          10
Le Taj Mahal est un leurre, certes parfaitement équilibré, mais si dénué de douceur et d’amour, si loin de la beauté.
Commenter  J’apprécie          10
La conscience d’avoir ne pesait rien au regard de la peur de le perdre.
Commenter  J’apprécie          10
Une absence infinie remplissait nos journées d’enfants et finissait, apprivoisée, par devenir une présence douce et voluptueuse.
Nous savions croiser nos regards, les filles et moi, lorsque le tien s’égarait ou se diluait dans le temps.
Tu restais alors séparée de nous par une virgule, toi, la voix des mille et une nuits devenue aphone tout à coup, et nous faisions parler les choses à ta place. Les arbres, les pierres et la morsure glacée du vent. Et puis, tout à coup, l'écran de tes pensées semblait disparaître, tu découvrais un trou au coude de mon pull, l’élastique rompu au bout de la natte de ma sœur et tu nous revenais du fond de l'Océan. p. 108
Commenter  J’apprécie          00
Au bout de longs mois, j'aurais appris à deviner ta présence autour de moi. Dans l'air mêlé tout à coup, dans le lait de la lumière, une voix qui court dans les épicéas du vallon derrière la maison, dans la fraîcheur des vents catabatiques d'été, une trace de rires laissée dans la poudreuse fraîche de l'hiver. Tu seras là, penché au-dessus de ma douleur à l'hôpital, et dans la joie mélangée du retour. p. 57
Commenter  J’apprécie          00
Dans ce temps des mémoires, je découvris d’autres temps. Le temps du regard, celui de l’absence et des retrouvailles. Le temps de la solitude qui deviendrait un jour émerveillement de l'âme. Le temps du silence et des ombres qui s’allongent sur les hautes plaines. p. 43
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Isabel Gutierrez (126)Voir plus

Quiz Voir plus

la mythologie grecque

Qu i sont les premiers enfants d'Ouranous et de Gaia ?

les titans
les cyclopes
les titans et les titanides
les titanides

50 questions
874 lecteurs ont répondu
Thèmes : mythologie grecqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}