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Citations de Isabelle Amonou (16)


Sa mère avait été arrachée à ses propres parents et à sa réserve alors qu’elle avait à peine six ans. Elle avait grandi au pensionnat d’Amos. Assimilation oblige. Il fallait bien convertir les enfants dotés d’une culture primitive au catholicisme et les intégrer à la bonne société canadienne. De force, puisqu’ils résistaient. C’était pour leur bien. Il fallait tuer l’Indien. Camille avait fait partie des 150 000 jeunes autochtones ainsi offerts à la violence culturelle, sans parler des agressions physiques, psychiques et sexuelles qu’ils avaient subies. Pour la plupart, bousillés à vie.
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C’est plus un monde pour avoir des enfants. Je sais pas quoi lui dire à ma fille. La température va encore augmenter de trois degrés dans les vingt ans qui viennent, les océans vont monter, la rivière va déborder tous les ans, on se tapera d’autres tornades, on sait plus quoi faire des réfugiés. Qu’est-ce que je vais leur laisser ?
- L’optimisme. Il faut leur laisser l’optimisme. Et l’amour.
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Une colonne de fourmis avait commencé à grimper le long de sa jambe. Elle jura tout bas, dut se déplacer légèrement, elle ne gagnerait pas contre une armée de mandibules, quand ces satanées bestioles avaient choisi une route, rien ne pouvait les en détourner, et peu importait que vous soyez au beau milieu du chemin.
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Alors qu’il entrait à l’université, il avait manifesté contre le mur qui se montait entre les États-Unis et le Mexique. Sans imaginer que, quinze ans plus tard, ce serait entre le Canada et les mêmes États-Unis que pousseraient les barbelés. Le Vermont, le Maine, puis le Montana… mais ils avaient beau faire, la frontière entre les deux pays restait un gruyère, les migrants continuaient à la franchir en masse.
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Il y avait une dizaine de jours, elle avait trouvé un campement, près du lac Grand, à Val-des-Monts. Une vingtaine de jeunes étaient réunis là. Enfants, ados. Ceux-là étaient très différents des réfugiés qui vivaient près de chez elle. Ceux-là s’étaient enfoncés dans la forêt, se cachaient des autorités, ne demandaient pas de régularisation, ne comptaient que sur eux-mêmes. Ceux-là étaient les vrais sauvages. Les insoumis. Les enfants perdus.
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Hé les hommes, vous avez cru être les plus malins, hein, mais vous êtes minables, vous avez détraqué la planète, plus de saisons, plus de glaciers plus d’insectes, et bien crevez maintenant, dansez avec moi une danse de mort et de désolation, c’est tout ce que vous méritez
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Elle devait expliquer à ses enfants pourquoi elle avait accepté de peindre et d’exposer ce qu’elle ne pouvait nommer, ce qu’elle s’était toujours refusée à raconter. Elle aurait pu, comme tant d’autres, confier son histoire à la Commission de vérité et réconciliation. Elle aurait pu raconter la séparation, le pensionnat, la disparition de son frère, mort sans sépulture, la violence, l’impossibilité de se reconstruire. Elle n’avait pas voulu. Elle n’avait pas pu. Même à ses enfants elle n’avait pas pu. Surtout à ses enfants. Elle s’était laissé ronger de l’intérieur en tentant de les préserver. Encouragée en ça pas Martin qui prétendait qu’il ne servait à rien de remuer les vieilles histoires. Mais le silence aussi blesse et réprime. Parfois plus que les mots. C’était Thomas qui lui avait appris ça, le premier. Le seul à qui elle avait accepté de s’ouvrir un tant soit peu, à la condition expresse qu’il n’en rapporte rien à Zoé. Et plus récemment, la fille de Clément, sa petite-fille qui allait sur ses seize ans, était venue la voir. Elle devenait adulte et réclamait la vérité, comme son père. Cette histoire ne concerne pas que toi, mais aussi toute notre famille. Toutes les générations de notre famille. Tu dois parler. Pour toi et pour nous.
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« (…) on pouvait raconter comment le père distribuer les engueulades et les torgnoles, on pouvait essayer de raconter toutes les bosses, toutes les plaies de l'extérieur, mais celle de l'intérieur, ça on ne pouvait pas la dire. Même à Tom. Elle aurait dû. Elle savait maintenant qu'elle aurait dû. Parce que Tom était celui qui l’ avait sauvée, parce que Tom était le seul avec qui elle avait pu réduire un tant soit peu la distance. Elle aurait dû mais elle n'a pas pu. Fille manquée. »
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Sa mère ne lui avait enseigné ni la langue ni la culture de ses ancêtres. La seule chose qu’elle lui avait transmise, c’était sa peau sombre, son œil gauche et ses cheveux noirs. Elle avait laissé pousser Zoé comme une fleur sauvage de rocaille. Sans racines. Si tu grandis entre deux cultures, si tu portes les marques des deux et les manques des deux, tu es juste nowhere. C’était comme ça qu’était Camille. Thomas lui avait appris qu’on appelait ça une « pomme » : rouge à l’extérieur et blanche à l’intérieur. Une paria. C’était comme ça aussi que se sentait Zoé. A moitié rouge et à moitié blanche. Mais contrairement à Camille, elle était plutôt rouge à l’intérieur. Elle n’avait pas voulu ça, pour Nathan. Lui qui n’avait qu’un quart de sang autochtone ne serait jamais algonquin, de toute façon. Elle l’avait dit à Thomas. Soit on est autochtone, soit on ne l’est pas. Thomas avait rétorqué que cette décision appartenait à l’enfant, qu’elle ne pouvait résulter que de ses propres choix, que Clément avait ce choix, lui qui n’était que « demi ». Et qu’en refusant la nationalité à Nathan, elle lui ôtait cette liberté de choix. Elle s’était contentée de hausser les épaules. On verrait bien quand il serait adulte. Oui, mais… 
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C’est plus un monde pour avoir des enfants. Je sais pas quoi lui dire, à ma fille. La température va encore augmenter de trois degrés dans les vingt ans qui viennent, les océans vont monter, la rivière va déborder tous les ans, on se tapera d’autres tornades, on sait plus quoi faire des réfugiés.
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Prologue :
Zoé frissonna. Elle éprouvait l’excitation du chasseur parvenu au bout de sa traque. Elle y était, enfin. Dans la lunette du fusil, il apparaissait plus grand. A moins de cinquante mètres, elle ne raterait pas son tir. Ça lui avait pris trois jours pour repérer le groupe. Puis celui qui s’en éloignerait. Poursuivre et attendre. Les nerfs à vifs, comme chaque fois. Affûtée par le danger. Se fondre dans la forêt, disparaître, effacer ses propres traces et son odeur. Mais eux aussi avaient développé un instinct nouveau pour affronter le sien, ancestral. La partie de cache-cache devenait plus difficile.
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« L'optimisme. Il faut leur laisser l'optimisme. Et l’amour. »
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Zoé s’était installée sous le couvert des arbre, à l’orée d’une clairière, à l’ombre d’un peuplier faux-tremblé. Dissimulée par un rocher granitique. Immobile. La nature l’avalait. Elle respirait la forêt boréale. Odeur de fleur et de résine.
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Elle se disait qu’un jour, ils la tueraient peut-être, quand ils en auraient marre qu’elle les capture et les refourgue aux autorités, un jour d’inattention, elle deviendrait la proie. C’est la vie, se disait Zoé quand elle y songeait. Chasser puis être chassée. Traquer, piéger, tuer, et puis être traquée, piégée, tuée à son tour. Tenir son rôle dans le grand carnaval de l’évolution des espèces.
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Pour la plupart, les enfants perdus étaient imprévisibles. Calmes un instant, violents le suivant. Instables et dangereux.
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Ici on ne les tirait pas à vue, on ne les massacrait pas. Mais on essayait de les arrêter à la frontière et on les mettait dans des camps, ça aussi ils l’avaient compris, ils faisaient donc tout pour échapper aux autorités. Ils avaient appris à vivre seuls. A s’enfoncer dans la forêt pour qu’on ne les capture pas. Ils avaient appris à voler. Et aussi à pêcher, à chasser, à cueillir, à tuer. A survivre. On en parlait de plus en plus souvent dans les journaux, à la radio. Le fléau mineur du Canada, des dizaines de bandes plus ou moins organisées qui maraudaient, chapardaient, volaient, et parfois tuaient. Ce n’était plus à Mexico, Bogota ou New York, c’était ici, au Québec, que ça se passait. C’était partout dans un monde déboussolé, mais c’était ici plus qu’ailleurs, parce que le Canada s’en sortait plutôt bien, ça se savait, ça les attirait. Des enfants de plus en plus jeunes. Au début, la police, les services sociaux, les associations, tout le monde avait essayé de gérer ça au mieux. Personne n’avait réussi. Ils étaient trop nombreux.
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