Isabelle Merlet

Jean-Marc Rochette avait récemment écrit et dessiné « Ailefroide, altitude 3954 », une bande dessinée autobiographique et formidable où il nous racontait ses passions pour la montagne et l’alpinisme et les tourments que cela lui réserverait…

Son nouvel album intitulé « Le loup » est un autre coup de maître. Le dessin pourrait paraître simple car il est souvent contrasté et ne s’embarrasse pas de détails mais il est certainement d’une grande force émotionnelle. L’auteur nous emmène en lisière du parc national des Ecrins où nous croisons les pas de Gaspard et de son chien de berger, lesquels luttent pour la survie du troupeau envers et contre les attaques du loup…

La force de cette histoire est le nombre important de lectures que l’on peut en faire. On y trouve pêle-mêle un peu du style de James Oliver Curwood, une once de pastoralisme issu de la fin du XIXe s., la vie en haute montagne en ce début de XXIe s., une représentation de l’animisme et des figures totémiques puissantes des amérindiens et la description d’un monde où la nature n’apparait plus comme hostile mais comme un environnement donateur.

L’ensemble est doté d’une grande symbolique ce qui en fait, en plus d’être une belle histoire, un album à la portée sociologique et ethnologique majeure.

J'ai beaucoup aimé cette bd qui interroge le lecteur sur le fameux débat entre les partisans de la sauvegarde des loups et ceux qui militent pour la protection des troupeaux. On voit ici que rien n'est tout blanc ou tout noir et l'auteur a su mettre en lumière les différents points de vue sans que cela soit pesant. Le berger qui au départ n'a qu'une idée en tête, exterminer le loup qu'il considère comme son pire ennemi, va peu à peu apprendre à cohabiter avec cet animal qui revendique comme lui une place légitime au coeur de la montagne.

J'ai trouvé le dessin magnifique et l'analyse du sujet vraiment intéressante.

Une excellente surprise que cette bande-dessinée qui m'a été proposée par les éditions Dargaud que je remercie chaleureusement.

Un grand format, un papier épais de qualité et une couverture qui donne déjà le ton avec ces couleurs profondes et cette jeune-femme qui nous regarde droit dans les yeux.

Ayant adoré la série Il était une fois en France, j'étais d'autant plus impatiente de découvrir cette nouvelle oeuvre de Fabien Nury.

Je ne connaissais absolument pas l'histoire de Charlotte, mais elle m'a tout de suite intéressée car il était évident qu'elle aurait un destin hors norme.

Au début tout va bien, on se dit même qu'elle a plutôt de la chance car elle a pu choisir un fiancé qui lui plaisait et avec lequel elle avait de nombreux points communs. Mais leur mariage sera une calamité et la pauvre Charlotte aura bien peu de réconforts dans la vie.

On devine cependant qu'elle a une forte personnalité et qu'elle peut compter sur le soutien de son père qui lui écrit régulièrement, et de son frère qui viendra à secours lorsque son mari dépassera les bornes.

L'archiduc Maximilien fait bonne impression au début mais on découvre vite un personnage ambigu, peu enclin à satisfaire sa jeune épouse et peu doué pour la politique.

Tout m'a plu dans cette bande-dessinée : les dessins d'inspiration art nouveau avec ces couleurs très appuyées, ces médaillons et ces portraits, le scénario qui nous emmène dans une période trouble au sein des grandes familles qui se sont disputé l'Europe, et les personnages ayant chacun leur part d'ombre. Les détails sont très soignés, jusqu'à l'utilisation de polices de caractères différentes pour les lettres manuscrites ! C'est un travail minutieux et documenté, avec un mélange de fiction et de réalité historique comme sait nous en offrir Fabien Nury. Une lecture très agréable, vivement la suite !

D'abord, merci aux Editions du Lombard et à Babelio pour cette Masse critique "sur invitation"... Je me suis régalé. Le petit carton manuscrit glissé dans la première page de couverture m'invitait à livre les (més)aventures de Charlotte... Et en effet, on n'est pas déçu.



En citoyen belge (c'est noté sur ma carte d'identité), je n'ignore pas une partie de la destinée de cette princesse de Belgique, mais c'est souvent les événements mexicains dont il est fait état. Or, ici, Fabien Nuty et Matthieu Bonhomme démarrent alors que Charlote a 16 ans et se choisit un époux. C'est assez rare à l'époque. Et même si on va âprement discuter la dot entre avocats.



Il faut quand même signaler qu'à l'époque, le roi Léopold 1er, père de Charlotte (dont les prénoms complets sont "Marie Charlotte Amélie Auguste Victoire Clémentine"), aurait préféré marié Charlotte à Pierre du Portugal, est bien mis avec l'Angleterre et la Russie, a combattu Napoléon, est un chef de guerre, régnant sur un état bricolé au lendemain de la défaite de Waterloo, mais revêtant une importance stratégique pour la paix en Europe. Mais il peut aussi faire fi de tout protocole... on va le constater.



Il apparaît rapidement que son mari, Fernand-Maximillien, archiduc d'Autriche, est un noveur fini, ivrogne, aimant la bonne chère et les femmes (les autres). Sachant sa fille malheureuse et la risée du gotha européen, Léopold 1er va envoyer son fils accompagné de son homme de main rosser Maxiimillien et son compagnon de beuverie.



Hélas pour Charlotte, son mari est "plombé" des suites d'une MST, qui le rend stérile et contagieux. A vingt ans, Charlotte sait donc qu'elle n'aura pas d'enfant de son mari, et que celui-ci est plutôt soumis à son frère, l'empereur François-Joseph. Fabien Nury en dresse un portrait plutôt négatif, alors qu'il semble que Maximillien était assez compétent. Charlotte décide alors de prendre les choses en main... pour le meilleur et le pire. On découvre au passage une Sissi bien éloignée du cliché Romy Schneider. On dévoile les arrangements diplomatiques, les imbroglio de l'époque où les familles royales sont soumises aux lobbys des banques (déjà...).



Le tome s'arrête quand une délégation mexicaine vient persuader Maximillien de devenir empereur du Mexique. Pour les deux époux voulant briller mais condamnés à demeurer des personnes vivant "dans l'ombre des puissants", l'occasion est trop belle.



On sait Fabien Nury à l'aise avec les histoires dans l'Histoire. Il le prouve de nouveau avec cette interprétation du destin de Charlotte. Il mélange astucieusement le quotidien et les enjeux des Etats. Il intègre les rouages européens aux ambitions de deux époux que tout aurait dû séparer.



Les dessins de Matthieu Bonhomme font mouche, avec ce petit côté faussement surranné, rétro qui va très bien avec le sujet. Le trait est sûr, la mise en couleur impeccable. En compulsant photographies et tableaux de l'époque, on peut constater l'habileté de Bonhomme à croquer les puissants. Léopold 1er est criant de vérité. Son air sévère, sa majesté. Idem pour Maximillien. Un série qui s'annonce courte, à suivre.

Au milieu du XIXème siècle, la jeune Charlotte est promise au futur roi du Portugal, Pierre V mais contre la volonté de son père qui ne voit pas d'un bon œil cette relation, elle veut épouser l'archiduc Maximilien de Habsbourg. La jeune femme obtient gain de cause et épouse Maximilien. Elle doit désormais se plier aux règles rigoureuses de la Cour des Habsbourg qui ne semblent pas beaucoup l'apprécier. Son mari est nommé gouverneur de Lombardie Vénétie et le jeune couple s'installe à Miramar. Alors qu'elle espérait une vie heureuse, suite à une défaite militaire, Maximilien perd de son prestige et s'enfonce dans la passivité et la luxure. Le frère de Charlotte, constatant que sa sœur est malheureuse, vient remettre la situation en bon ordre. Charlotte reprend un peu la main sur sa vie à Miramar et les travaux dans leur résidence. Mais Maximilien tombe dans un piège politique alors que Charlotte pressentait ce qui allait arriver…



Un grand merci à Babelio à travers cette invitation spéciale à découvrir cette BD historique en avant-première et aux Editions Dargaud qui m'ont envoyé cet album accompagné d'une sympathique carte de visite.

J'étais curieuse de découvrir cette BD alors que je connais très mal cette période historique (je suis beaucoup plus attirée par le XXème siècle et notamment la Seconde Guerre Mondiale) mais curieuse intellectuellement, c'était pour moi l'occasion d'en apprendre plus justement.

J'ai trouvé cette BD compliquée à comprendre, un éclairage historique en début d'album n'aurait pas été inutile à mon avis.

Le graphisme est intéressant, précis, l'utilisation des couleurs est bien étudiée. Par contre, les reproductions de lettres écrites par Charlotte ou sa famille ne sont pas toujours faciles à lire en raison de la typographie utilisée.

Le personnage principal féminin suscite l'intérêt du lecteur, on suit avec plaisir ce qu'il lui arrive , d'autant plus qu'elle est très belle visuellement, Matthieu Bonhomme l'a vraiment soignée graphiquement.

Je ne pense pas que je continuerai la lecture des autres tomes de cette série, je n'ai pas été emballée à ce point mais j'espère que d'autres lecteurs le seront.

Gros coup de coeur pour cette bande dessinée ! J'ai aimé les dessins sublimes de la montagne, j'ai adoré l'histoire touchante de ce berger qui perd tout à cause d'un loup et décide de se venger. La fin est d'une sagesse et d'une délicatesse magnifique. Un beau récit à lire et partager pour essayer d'améliorer nos relations aux autres espéces et vivre une cohabitation sereine.

Tome 1: La princesse et l'archiduc

Après, il était intéressant de voir le portrait du personnage historique de Charlotte de Belgique qui a épousé un futur empereur du Mexique en proie à la Révolution. Historiquement, on sait ce qu’il est advenu de ce pion placé par Napoléon III sur le trône de ce pays d’Amérique Centrale. On connait moins la vie de Charlotte qui était la belle-sœur de la fameuse Sissi qui a marqué plusieurs générations au vu de l’image laissé par Romy Schneider. Beaucoup serait étonné de la personnalité dévoilée d'Elisabeth dans cette œuvre singulière. Je n’ai toujours pas digéré l’épisode du pauvre chien sans vouloir en dire plus.



Sur le fond, comme sur la forme, nous sommes au top de ce que l’on peut attendre d’une bonne bande dessinée ce qui est plutôt rare de trouver en ce moment avec toute cette superproduction. J’ai apprécié grandement le graphisme ainsi que le scénario. J’achèterai bien évidemment la suite que j’attends avec une certaine impatience. Mais là, pas de souci, on sait qu’on peut véritablement compter sur les auteurs au top de leur forme.

Un magnifique album dont j'aime le style graphique et qui se déroule en montagne, dans les Ecrins.

Le récit débute par l'attaque d'une louve sur le troupeau de brebis de Gaspard qui l'abat (illégalement) d'un coup de fusil avant d'apercevoir son louveteau qui a été témoin de la scène.

A la fin de l'estive, Gaspard le berger décide de rester passer l'hiver avec son chien Max dans son chalet sur les hauteurs, isolé par la neige qui en interdit l'accès avant le printemps. Il chasse pour se nourrir et laisse les abats en pitance au jeune loup qui rôde.

Ce qui va suivre est un bras de fer entre un berger fatigué des pertes de son troupeau, qui ne pense pas que loup et berger puissent cohabiter, et un jeune loup qui cherche sa place et n'oublie pas l'homme qui a tué sa mère... Le coeur de l'intrigue est cruel et on sent la colère et même la haine monter en Gaspard qui est désormais obsédé par l'idée de tuer cet autre prédateur. C'est aussi une histoire de montagne et de lutte pour survivre dans le froid. Le loup blanc est-il une sorte de Moby Dick et Gaspard un capitaine Achab ?

J'ai beaucoup aimé cette B.D. historique qui m'a permis de découvrir un pan de l'histoire européenne que je connaissais mal.



L'héroïne, jeune princesse surprotégée et un peu naïve, gagne en maturité et en volonté au fil des pages et des blessures qu'elle doit surmonter (un contexte politique peu favorable au jeune couple, un mari infidèle qui la néglige, une société qui laisse peu de libertés aux femmes...)



Les dessins, quoiqu'un peu sombres parfois, m'ont bien plu et collent parfaitement à l'époque et à l'intrigue.



Vivement le tome 2...

Merci à Babelio et aux éditions Dargaud pour ce beau cadeau.

Voici l'histoire de la fille du roi Léopold 1er de Belgique, née Princesse, un destin tragique.

Charlotte n'a que dix ans au décès de sa mère. Destinée au futur roi du Portugal, son père lui laissera écouter son coeur et unir son destin à Maximilien de Habsbourg , le frère de l'empereur François Joseph II d'Autriche.



Dans ce premier album nous suivrons son destin jusqu'à l'arrivée au Mexique comme impératrice.



Une sacrée nana que Charlotte, elle sait ce qu'elle veut, pas toujours heureuse avec son Maximilien de mari souvent sans coeur. Elle est vraiment déterminée. Un joli premier tome aux couleurs chatoyantes.



Une bd de la rentrée où l'on apprend un peu d'Histoire en s'amusant. C'est très bien réalisé. J'ai passé un super moment.



Ma note : 9/10

La couverture après avoir lu le roman nous en dit beaucoup.

L'histoire de Ciprian est l'histoire de tous ces gens immigrants illégalement sur le territoire Français.

La famille de Ciprian a dû dépenser des sommes astronomiques pour payer des passeurs de leur pays en France et pour finalement se retrouver dans un bidonville comme on en voit beaucoup en France depuis quelques années.

Seulement, il faut rembourser leur passage et dans le bidonville, c'est un homme de paille qui avec son bras droit récupère l'argent que les personnes ont gagné en travaillant.

Travaillé c'est beaucoup dire, mendier, voler...

Cela va devenir le quotidien de la famille de Ciprian.

Mais Ciprian lui ne ramène pratiquement rien et passe son temps à regarder une madame baleine et un monsieur énorme jouaient aux échecs, au jardin du Luxembourg caché derrière des palissades de chantiers.

Un soir en rentrant, le chef du camp frappera Ciprian qui perdra pratiquement l'usage de son oreille droite et menacera sa sœur.

Ciprian en rentrant au cabanon en sang raconte se qu'il s'est passé. Mais ne dévoilera pas son secret en ce qui concerne les échecs et son passe temps.

Peu de temps, après sa sœur se fait agressée par le chef du camp mais s'échappera.

Mais le lendemain, tout va changer, le chef du camp sera retrouvé mort d'une drôle de manière et avec une arme des plus surprenante.

Le bidonville sera alors rasé et la famille "relogée" dans un autre bidonville, tenue par des hommes de leurs passeurs.

Mais Ciprian fera enfin la connaissance de madame baleine et de monsieur énorme et delà naîtra une vraie amitié.

C'est sans compter sur l'aide de monsieur énorme que la famille sera débarrassée des hommes de mains du camp.

Ciprian apprend à sa famille qu'il passait ses journées à regarder joué aux échecs ses amis.

Madame baleine insistera pour que Ciprian apprenne à lire et à écrire et qu'il aille à l'école ainsi que sa sœur.

Ciprian avide d'apprendre sera l'enfant le plus heureux et en même temps apprendra que son cerveau est doué.

Doué? pour les échecs.

Plusieurs évènements feront que la vie de Ciprian et de sa famille prendra un autre tournant. Le début d'une nouvelle vie pour le fils d'Ursari et sa famille.

Un roman magnifique! Plein de joies et de douleurs mais avec plein de bonheurs.

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MANQUAIT PRESQUE RIEN



Le Dessin est puissant. Les couleurs sont dures. Les phylactères sont sobres. Cela incarne parfaitement l’écrin de montagnes où se passe l’action. Une histoire à la Jack London. Ce n’est pas rien.



La comparaison avec cet auteur signifierait un texte à la hauteur. Et c’est là que cela blesse. S’il n’y a peu à remarquer au niveau des dialogues d’autant que notre berger, comme tout bon berger, gamberge plus dans la tête qu’avec la langue. C’est le texte des bulles récit qui aurait du être plus travaillé. Une faiblesse qui parfois m’a gêné quand il prenait un ton allégorique.



Dommage. Cette balade dans les estives et les Ecrins aurait pu être parfaite.

Nonobstant ce sont cent pages de bon moment.









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Superbe livre, superbe histoire. Dessin de Rochette sont toujours aussi somptueux. Ça m'a donner envie d'aller dans les ecrins. On suis l'histoire d'un berger et de son chien qui lutte contre loup. Un duel fratricide. D'un suspens et d'une humilité forte qui nous transporte. J'avais déjà été conquis par ma dernière reine. Rochette valeur sûre !

Puis les explications à la fin Baptiste Morizot terminé à merveille cette lecture.

Un berger, des moutons, la montagne et… le loup.



Une BD (roman graphique ?) qui parle sans manichéisme de la difficile cohabitation du loup et de l’élevage des moutons. Combien de cadavres ? Des moutons qui finiront de toute façon à la boucherie, non ?



Avec, à la fin un court texte de Baptiste Morizot. Une très bonne introduction au sujet avant de commencer à dire n’importe quoi.
Lien : https://www.noid.ch/le-loup/

Couverture attrayante, cette BD est superbe pour ses couleurs et son côté vintage désuet. Ce qui cadre très bien avec l'histoire d'imperialisme et de la haute bourgeoisie. Traîtrises et manipulations, c'est ce à quoi on s'attend et on l'a ! J'ai bien aimé découvrir cet ouvrage, ce n'est pas forcément mon type de lecture mais un peu de changement ne fait pas de mal. A poursuivre !

Dans une veine proche de celle d'Ailefroide, Rochette raconte cette fois la lutte entre un berger et un loup dans le décor majestueux des Ecrins. Mais loin de tomber dans la facilité, Rochette préfère opter pour un récit nuancé qui tend vers la fable. Car cet affrontement est plus complexe qu'il n'y paraît. Rochette insiste sur la relation qui unit le berger et son environnement. Sur cette humilité d'un homme qui vit "à la dure", passant l'hiver coupé du monde, à la merci du moindre pépin. Sur cette conscience de partager la nature avec les animaux, et non de la dominer. Ainsi, Gaspard laisse spontanément quelques morceaux de viands au rapace qui chaissait le même gibier que lui. Par contre, lorsque son troupeau se jette du haut d'une falaise, effrayé par un loup, il est clair que ce n'est pas tant le loup qui est responsable que le fait que les animaux domestiqués ont perdu leur instinct de défense et fuyent aveuglément.

On sent l'amour de Rochette pour ces montagnes. Il les dessine avec majesté. Il traduit le sentiment d'humilité qu'elles évoquent. Il signe probablement l'un de ses meilleurs livres.

Autant vous le dire, je suis un peu partial dans ma critique. Pourquoi ? Je suis Belge et quelle joie de découvrir ici une histoire - s'inspirant de la grande Histoire, celle avec un H majuscule - relatant la vie d'une "petite" Belge. Enfin, pas si petite puisqu'elle n'est rien d'autre que la fille de notre premier Roi Léopold et de son épouse Louise, elle-même fille du roi de France Louis-Philippe 1er. Une belle lignée donc et qui ne demande qu'à se prolonger par un beau mariage. C'est ainsi que débute ce premier tome avec plusieurs prétendants qui se bousculent au portillon du Palais Royal de Bruxelles. Sans dévoiler la suite, la voilà partie pour vivre un grand destin en plein milieu des chamboulements de l'époque, prise entre l'Empire Austro-Hongrois (et une certaine Sissi) et un Napoléon III cherchant à restaurer la grandeur française par delà ses frontières. Un scénario qui ondule entre les faits historiques et l'inventivité de Fabien Nury, venant rehausser le récit de certaines anecdotes. Un auteur que j'avais déjà grandement apprécié pour sa série "Il était une fois en France" et qui prouve encore une fois son aisance à mélanger le point de vue d'un personnage et le monde qui l'entoure. Il faut dire que les dessins de Matthieu Bonhomme ("L'homme qui tua Lucky Luke") restaure à merveille le contexte de l'époque par un dessin tout en classicisme, style Second Empire épuré. Isabelle Merlet, pour sa part, lie les planches entre elles par un jeu de couleurs; accentuant de par les teintes choisies - qui varient entre le bleu foncé et le vert vif en passant par l'ocre - les émotions présentes dans les différentes scènes de vie.

Un bel ouvrage qui appelle une suite et qui tout en nous délassant, nous rend un peu moins bête et un peu plus belge (n'y voyez aucun lien de cause à effet).

Merci à Babelio et aux éditions Dargaud pour cette belle découverte !

D'abord, merci à Babelio et à Dargaud pour la proposition de critique sur "Charlotte Impératrice".



Les auteurs :

Fabien Nury, scénariste, un habitué de scénario basé sur des faits historiques (réels ou non) nous propose de narrer la vie de Charlotte de Belgique. C'est ce dernier qui a scénarisé "Il était une fois la France". Saga historique (et réel) qui raconte l'histoire d'un juif, Joseph Joanovici, pendant la seconde guerre mondiale.



Mathieu Bonhomme, dessinateur. Auteur de "Lucky Luke (vu par....)". Hommage à Morris et qui a été un succès. Il faut aussi retenir "Esteban" et "Messire Guillaume". Son dessin, atypique, peut dérouter certains habitués à une école plus Franco-Belge.



Cet album retrace la vie de Charlotte de Belgique. A l'époque, le jeune royaume dirigé par Léopold Ier, subit la perte de sa reine, Louise d'Orléans. Charlotte, leur fille, alors âgée de 10 ans subit un choc émotionnel immense. Nous la retrouvons quelques années plus tard, en âge d'être mariée. Prévu pour être Reine du Portugal, elle jette son dévolu sur Maximilien de Habsbourg, frère de l'Empereur François Joseph Ier et beau frère de l'Impératrice Sissi. Une des maisons européennes les plus prestigieuses de l'époque.



Mais ce mariage, que Charlotte croit d'amour réciproque ne se passera pas comme prévu. Maximilien est un fat et un coureur. Le seul fait remarquable que nous retiendrons de lui est que c'est un homme avec des idées libérales. Cela déplait à son Empereur de frère et le lui fera payer chèrement.

Nommé par l'Empereur d'Autriche, vice roi de Lombardie-Vénitie, Charlotte est pleine d'espoir dans ce nouvel épisode de sa vie. Hélas, la résidence du vice roi est en fait une prison. Prison dorée, où elle est méprisée et sans rôle important.

La proposition d'une ambassade mexicaine va basculer sa vie. Elle fera tout pour que son mari accepte la proposition.

A partir de ce jour, Charlotte, lassé d'être prise pour une idiote, va montrer un autre visage d'elle : la manipulation et le complot. Ceci afin d'être délivré d'un carcan qu'elle ne pensait pas subir en épousant un Habsbourg.



Je suis un passionné d'histoire et de BD, je trouve que l'idée de nous parler de cette femme au destin tragique est intéressant. Il y eu, à travers l'histoire européenne, de nombreuses femmes qui ont épousé un homme de pouvoir. Parfois par amour sincère, parfois pour raison politique.

Mais restons sur l'album. Le dessin de Matthieu Bonhomme se prête bien à cette histoire et la coloriste, Isabelle Merlet (on ne parle jamais assez de ces hommes/femmes de l'ombre) a restitué un excellent travail de mise en scène.

Bien que connaissant la fin de Charlotte de Belgique, duchesse de Habsbourg, Impératrice du Mexique, j'attends avec impatience la suite que Fabien Nury à concocter.

"Il y a dans le monde je ne sais combien de langages, et personne n'en est dépourvu."

Epitre de Paul



"Il faut porter en soi un chaos pour mettre au monde ne étoile qui danse."

Nietzsche



Ce livre m'a fait penser à ces deux citations.



Une belle découverte cette bande dessinée de Jean-Marc Rochette.



Le livre est sublime, les couleurs sont magnifique. le coup de crayon est brut, sans fioritures.

On est immédiatement plongé dans l'histoire. Une véritable immersion dans un paysage aussi sublime que dangereux, ou l'homme et son farouche besoin de domestication rencontre le sauvage, l'insaisissable , le libre et donc dérangeant prédateur.



Le combat sans fin entre un berger et le loup.



Gaspard est solitaire, bourru, mais possède cette richesse intérieur lui permettant de passer des hivers seul en haut du massif des écrins. La bas, il va rencontrer le loup blanc. le début d'une histoire profonde et intelligemment construite par l'auteur.



Cerise sur le gâteau: Une postface de Baptiste Morizot qui livre une analyse subtile de l'oeuvre. On sent qu'il sait de quoi il parle et cela m'a donné envie de découvrir son univers.



Bref on se les caille en suivant Gaspard, mais je le recommande chaudement.

L'apprentissage de la solitude.

Il était une fois une belle princesse qui se maria et n'eût pas d'enfant tout de suite. Elle aurait pu s'étioler dans une prison dorée mais elle força son destin. Bien née et bien entourée, Charlotte, la fille du roi belge Léopold Ier, devait faire un mariage d'amour mais Maximilien d'Autriche, sous une apparence bonhomme et désinvolte, sous un vernis de culture et de bonnes manières, dissimulait des failles profondes et tortueuses. Avec le poids des contingences et le carcan du protocole, les élans et les envols allaient être plombés. Qu'importe ! L'histoire était en marche et le sort en était jeté.

Conteur exigeant et précis, Fabien Nury est redoutable pour rendre passionnant ce qui paraît a priori indigeste, la vie des monarques fin de siècle, dans les dorures et sous les lustres, les valses et les froufrous. Charlotte de Belgique aurait pu continuer à ne plus vivre dans la mémoire collective et à végéter in aeternum dans les oubliettes de l'histoire si le talent du scénariste ne l'avait mise brillamment en lumière. En voyant le monde à travers le regard de la jeune princesse, le lecteur plonge dans sa psyché et se charge d'empathie. Aux flonflons succèdent le ronron et l'abandon mais la force d'un caractère peut tordre un instant la destinée. Matthieu Bonhomme réalise des dessins au cordeau dans des mises en page savamment composées. Les cadrages ajustés densifient les échanges de regard, les expressions corporelles. La mise en couleur d'Isabelle Merlet fait danser les lumières et courir les ombres. L'aventure mexicaine qui s'ensuit dans le second tome devrait être captivante à suivre.