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Citations de Isabelle Taillandier (19)


Isabelle Taillandier
Monstre en neuf lettres

J'entends un cri monstrueux
Et sens la douleur du silence.
Je me réveille et me lève.
Je saisis le miroir et vois
que le monstre, c'est mon visage.

Ich höre einen ungeheuerlichen Schrei
Und fühle den Schmerz des Schweigens.
Ich wache auf und stehe auf
Ich ergreife den Spiegel und sehe
daß mein Gesicht, das Ungeheuer ist.

p.93, Soupirs
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Je ressens parfois l'envie douloureuse de me retrouver au milieu d'un bois, avec pour toute compagnie les arbres autour de moi, pour tout accompagnement sonore le clapotement de la pluie qui tombe sur leurs cimes.

p.64 Entre les lignes
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Isabelle Taillandier
Un étrange silence règne sur la place. Le temps semble avoir mis le présent entre parenthèses. La lune transperce faiblement le manteau de la nuit. On dirait qu'elle n'ose regarder. Ce soir, la lune voudrait ne pas avoir à être complice de ce qu'elle tente de cacher. Les chiens sont partis, repus. Ils n'ont laissé que le crâne, les pieds et les paumes des mains.

p.44
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Moi,je me demande comment on peut justifier le sacrifice du fils.Par le repentir collectif, par des " ay ay ay " de saetas lancés pendant les processions?
Œdipe a brisé la chaîne et,même si il a été châtié pour cela, il a montré que la mort du fils n’est pas une fatalité.
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(...) J'avais compris que mon père ne deviendrait pas vieux. Je m'étais faite à l'idée de le perdre (...)
Bien sûr, mais il a fallu soutenir ma mère (...) Elle a changé. Elle est devenue craintive, un peu geignarde aussi (...) Non, elle continuait de travailler. Mais c'était différent. Elle portait sa vie comme une croix. (...) Cela me pesait, oui. J'étais jeune, je voulais me battre.
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"Mono no aware"* signifie "caractère poignant des choses fugitives", comme la tristesse douce, nostalgique, qui vient quand on regarde tomber les feuilles de cerisier.

* Kajiro Yamamoto

p.142, Au lecteur
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"Ne vous hâtez jamais. Ainsi vous ne rendrez le dernier soupir qu'à la dernière minute.", Maurice Donnay

p.82
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Celui qui a échappé à la mort plus d'une fois mais n'a pas échappé à l'angoisse de mourir ne peut plus penser à vivre. Fuir cette mort est devenue une idée fixe.

p.20
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Personne n'est un étranger sur la terre qu'il a fertilisée et cultivée.
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Je ne pourrai jamais dire combien un homme qui a vécu une solitude aussi profonde que la mienne est un exilé en ce monde. Il a compris que l'espoir se réduit à l'obsession de survie. Cette obsession, je l'ai vécue jusqu'à l'épuisement, jusqu'à l'extermination de tout ce qui pouvait s'y opposer.

p.21
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Je méprise ceux qui justifient la lâcheté de leurs actes en prétendant parler au nom d'un dieu.
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Dans la nuit, mon oncle et Yusuf Comixa ont attendu le commandeur Gutierre de Cardenas, accompagné de quelques gardes, au pied de l'Alhambra. Ils sont ensuite montés à l'Alhambra où mon oncle et Abu 'Abdallah les attendaient dans la salle du trône. Là, Abu' Abdallah a tendu au commandeur les clefs de la forteresse :il n'était plus sultan, Al-Andalus, vieux de presque huit cents ans n'était plus...
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La ville de Grenade est une déclinaison de l'élément aqueux : à la fois doux ( les fontaines ) et violent ( les filets d'eau de la Sierra Nevada qui se convertissent parfois en torrents dévastateurs). Alors , quand on naît Andalou, l'eau est un patrimoine naturel.
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- 52 points. Attablée dans un café du boulevard Beaumarchais, elle referme son ordinateur d’un geste mécontent. Elle vient de perdre une partie de cartes. Elle lève la tête, regarde la rue. Les feuilles des arbres se balancent gracieusement, au gré du vent d’automne. L’air est humide. Elle apprécie la douce chaleur du café. Installée confortablement dans le fauteuil, elle se redresse soudain, le visage tendu vers l’avant, les yeux écarquillés. IL vient de passer devant la vitre. Impossible ! IL vit à plus de mille kilomètres, au milieu des montagnes et des lacs, et ne peut donc être à Paris, encore moins sur ce boulevard. Tout indique le mirage. Panique ! Sans réfléchir, sans même envisager l’hypothèse qu’elle s’est peut-être trompée, qu’elle a cru le reconnaître, elle prend ses affaires, laisse un billet sur la table, sort. Dehors, elle scrute le boulevard, cherche la parka verte qu’elle a entraperçue. Que risque-t-elle ? Que ce ne soit pas lui ? Et alors ? Cela prouve qu’elle n’est pas guérie. Pas encore. A ce moment-là, par esprit de contradiction, elle considère cette non guérison comme un atout. Elle a repéré la parka verte qui descend vers la Bastille. (Solitaire)
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Si j'ai choisi une pièce de Beaumarchais, c'est parce qu'une réplique de Figaro m'a profondément ému. Elle traduit exactement ce que je ressentais : "Je me presse de rire de peur d'être obligé d'en pleurer."

p.62 Entre les lignes
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Cette belle femme lui rappelait un adagio de Schubert qui déchire le coeur pour ensuite le panser.
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Aujourd'hui, j'ai vingt ans. Je sors de chez mes parents et me dirige vers le café Sperl où mon cercle d'amis habituels m'attend. [...] Ils me félicitent, me servent les commentaires habituels: "Tu verras...", disent d'un ton énigmatique ceux qui ont déjà soufflé leurs vingt bougies; "Tu en as de la chance", disent ceux qui traînent leurs dix-huit ou dix-neufs ans comme une chrysalide dont ils peinent à se débarrasser.
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Je me souviens des rives de l’Euphrate. Mon frère n’a que treize ans. Je me demande s’il aura la force de traverser le fleuve à la nage. Mais nous n’avons pas le choix : au loin, la poussière soulevée par nos poursuivants brouille l’horizon. Nous nous jetons à l’eau et j’encourage mon frère. Je nage plus vite. J’ai parcouru la moitié du chemin quand je me retourne. Je vois Yahya loin derrière moi. Il a du mal à maintenir le rythme, à trouver son souffle. Je sens qu’il a peur. Les cavaliers abbassides nous regardent depuis la rive, furieux de voir leurs proies s’échapper. Ils nous exhortent à revenir, nous disent qu’ils ont épargné nos deux sœurs et mon fils, qu’ils ne nous feront aucun mal. Mon jeune frère s’arrête, les regarde. Je lui crie de ne pas les croire, de continuer à nager, de l’autre côté nous serons… Je le vois faire demi-tour. Il est épuisé. Pense-t-il que la mort qui l’attend sera moins douloureuse que l’asphyxie? Je lui crie encore : « Reviens! Suis-moi ! Je t’aiderai! » Je crois qu’il ne veut plus m’entendre. A peine est-il sorti de l’eau que les soldats l’empoignent, le forcent à s’agenouiller. Je vois l’éclat du sabre qui se lève. Je hurle, manquant me noyer. Au dernier moment, mon frère tourne la tête vers moi. De loin, nous nous disons adieu. Je ne peux voir son visage mais j’imagine l’effroi dans ses yeux. Quand sa tête tombe, ils jettent son corps dans le fleuve. Je plonge. Il me semble baigner dans mes larmes et le sang de mon frère. Ils ont déjà exterminé la quasi-totalité de ma famille à Abu Futrus, par traîtrise, dans un bain de sang. Leur soif de pouvoir exige l’extermination de ma personne. Je suis l’héritier du calife omeyyade. Quand j’émerge de l’eau, ils s’éloignent, emportant la tête de mon frère pour la présenter au nouveau calife. Je les maudis et crie : « Jamais vous ne m’attraperez. Jamais, jamais…! » Arrivé sur l’autre rive, ce « jamais » est devenu une obsession. Je crois devenir fou, de douleur, de haine, de solitude. Le jeune homme à l’éducation raffinée est devenu une bête aux abois. J’ai dix-neuf ans et ne possède plus rien, hormis mon nom et une furieuse envie de survivre. (Conversation avec le grenadier)
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Monstre en neuf lettres

J'entends un cri monstrueux
Et sens la douleur du silence.
Je me réveille et me lève.
Je saisis le miroir et vois
que le monstre, c'est mon visage.

Ich höre einen ungeheuerlichen Schrei
Und fühle den Schmerz des Schweigens.
Ich wache auf und stehe auf
Ich ergreife den Spiegel und sehe
daß mein Gesicht, das Ungeheuer ist.

p.93
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