Voici un recueil de nouvelles que je recommanderais pour l'élégance de son style et la variété des textes, tant dans leurs thèmes que dans leurs structures, le tout dans un livre que l'on prendra un plaisir d'esthète à manipuler.
Cela dit, pour une fois, je suis embarrassé au moment d'écrire ces impressions de lecture car ce livre ne m'a pas apporté le plaisir de lecture qu'il aurait dû m'apporter. Néanmoins je pense que si quelqu'un devait recevoir une mauvaise note, ce devrait être moi et non l'auteur, tout simplement parce qu'un manque de culture littéraire classique - je n'en suis pas fier - ne m'a pas permis d'apprécier à leur juste valeur plusieurs nouvelles de ce recueil.
Cela dit, le style d'
Isabelle Taillandier est délicieusement raffiné. Si je n'avais pas été dépité par les premières nouvelles qui me sont passées au-dessus de la tête, je pense que je me serais délecté des mots d'
Isabelle Taillandier. Je considère la nouvelle comme un genre particulièrement difficile, qui demande à l'auteur de ciseler ses phrases et la structure de son récit pour n'y laisser aucun mot inutile, tout en maintenant un style suffisamment fluide pour ne pas gâcher le plaisir de lecture.
Isabelle Taillandier y parvient, c'est indéniable !
Comme d'autres avant moi, je mettrai en avant le tour de force de "Entre les lignes". Il s'agit d'une lettre d'un soldat de la Seconde guerre à sa famille.
Isabelle Taillandier nous en livre deux versions, comme pour mettre en contraste la réalité et l'image que l'on veut en donner. La première version est composée en grands caractères. Entre chaque ligne, on trouve, composée en caractères plus petits, une ligne de la seconde version. Les deux textes sont donc entremêlés et se distinguent par la taille de leurs caractères. le tour de force est d'être parvenu à un nombre de lignes identiques pour les deux versions !
J'ai également apprécié la variété de sujets et de structures des textes, certains étant découpés en courtes parties, comme "Fugue en la mineur", "Barmbek, Hamburg" ou "Solitaire", dont les intertitres mentionnant des scores à la version électronique de ce jeu de cartes produisent un effet aussi amusant qu'original.
Enfin, fait suffisamment rare pour être souligné: ce livre est un fort bel objet. Il est broché, au format d'un livre de poche, mais son papier crème et sa typographie soignée, auxquels s'ajoutent quelques pages d'illustrations sur papier glacé, lui donnent une élégance paisible en totale harmonie avec les mots d'
Isabelle Taillandier (note pour les amateurs: examinez une page par transparence à la lumière d'une lampe et voyez comme les lignes du recto se superposent parfaitement aux lignes du verso; la Pléiade apporte le même soin à ses impressions sur papier bible, pour ne pas perturber le gris typographique des pages).
Je remercie les éditions de la Reine blanche qui m'ont fait découvrir cet auteur, que je recommande malgré mes réserves, pour son style raffiné et la variété de thèmes qu'elle aborde. Je suis d'ailleurs curieux de découvrir son premier roman "Parfois l'air nous manque", un roman policier encore inconnu de Babelio dont certains ont soulignés l'originalité.