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Anne Buguet (Illustrateur)Pierre Brunel (Préfacier, etc.)
EAN : 9782955891018
148 pages
Éditions de la Reine Blanche (20/05/2017)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Soupirs est un recueil de treize textes qui mettent le doigt sur le moment décisif où un être arrive au point de parfaite compréhension et d’acceptation de son destin, puis présentent l’ouverture éventuelle qui en découle. Une première partie présente cinq textes dont le point commun est d’évoquer des personnages mythiques (Jézabel, Cassandre) et des personnes réelles (Abd al-Rahman 1er, Aliénor d’Aquitaine, le père de l’auteur). Un intermède propose deux courtes ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
" Un soupir est un reproche au présent, un sourire au passé"

Un délicat petit recueil aux belles illustrations, en deux parties. Dans la première, nous partons dans des temps très anciens,des palais aux jardins luxuriants où règnent des rois et des reines confrontés à la perte,à l'exil,à leur dualité,et parfois à leur mort.
La deuxième partie est plus contemporaine.

On y lit entre les lignes,
On va de bien en mieux,
On revisite le mythe d'Oedipe,
On mène des combats intérieurs,
On fugue en La mineur,
On rend hommage à Goya,
On parle de choses fugitives...

L'autrice convoque des personnages historiques, bibliques, mythologiques, pour raconter dans de courts récits des destinées romanesques ou funestes et rend hommage à des héros ou des artistes.

Ce sont des moments clés de la vie d'hommes et de femmes plus proches de nous qu'on ne croirait,où " personne n'est tout blanc ou tout noir".

Merci à Babelio masse critique et aux éditions de la Reine Blanche pour cet envoi et cette lecture enrichissante.


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Des nouvelles sur une portée du temps. D'un temps ancien jusqu'à notre aujourd'hui, en passant par le temps des deux guerres mondiales, un 'temps germanique'.
Dans chacune, on entend le soupir. Soupir d'agonie, blanc de pause ou bien d'espoir.

Le passé n'a pas enterré avec lui la cruauté. Même si je n'avais pas toutes les références pour me repérer dans le labyrinthe des histoires si lointaines, j'ai apprécié la poésie des mots.

Qui tue les fils ? La guerre, la croix, la dictature...
Qui leur offre le dernier soupir, hâtant à en bouleverser les notes de la dernière minute de leur vie de jeune homme, de jeune femme ? Là, c'est toujours de notre actualité, ça crève l'écran, chaque jour de la semaine.

"Mais était-ce un hasard ? Les choses que l'on souhaite finissent-elles par arriver ? Notre volonté peut-elle influer sur le cours des choses ?"

Influer en bien, en mal ?
Se regarder dans le miroir, pousser un soupir d'angoisse, casser le miroir, tuer le monstre, aller en paix, choisir son chemin, sans joug, en s'écoutant, en se libérant du carcan social, brûler le voile. Aller soi-même, dans son soupir, dans sa respiration. Jouer sa musique, s'inventer d'autres mélodies, celle qui nous sied, celle qui ne va pas droit dans le mur.
Murs de pelotons, murs placardés de publicités, murs du silence, murs de la haine, murs d'élites, de dictateurs, d'influenceurs, d'ignorance, de propagandes, murs de croissance, murs d'oubli...

Je remercie Babelio et les Éditions de la Reine Blanche pour ce recueil de nouvelles.

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Voici un recueil de nouvelles que je recommanderais pour l'élégance de son style et la variété des textes, tant dans leurs thèmes que dans leurs structures, le tout dans un livre que l'on prendra un plaisir d'esthète à manipuler.

Cela dit, pour une fois, je suis embarrassé au moment d'écrire ces impressions de lecture car ce livre ne m'a pas apporté le plaisir de lecture qu'il aurait dû m'apporter. Néanmoins je pense que si quelqu'un devait recevoir une mauvaise note, ce devrait être moi et non l'auteur, tout simplement parce qu'un manque de culture littéraire classique - je n'en suis pas fier - ne m'a pas permis d'apprécier à leur juste valeur plusieurs nouvelles de ce recueil.

Cela dit, le style d'Isabelle Taillandier est délicieusement raffiné. Si je n'avais pas été dépité par les premières nouvelles qui me sont passées au-dessus de la tête, je pense que je me serais délecté des mots d'Isabelle Taillandier. Je considère la nouvelle comme un genre particulièrement difficile, qui demande à l'auteur de ciseler ses phrases et la structure de son récit pour n'y laisser aucun mot inutile, tout en maintenant un style suffisamment fluide pour ne pas gâcher le plaisir de lecture. Isabelle Taillandier y parvient, c'est indéniable !

Comme d'autres avant moi, je mettrai en avant le tour de force de "Entre les lignes". Il s'agit d'une lettre d'un soldat de la Seconde guerre à sa famille. Isabelle Taillandier nous en livre deux versions, comme pour mettre en contraste la réalité et l'image que l'on veut en donner. La première version est composée en grands caractères. Entre chaque ligne, on trouve, composée en caractères plus petits, une ligne de la seconde version. Les deux textes sont donc entremêlés et se distinguent par la taille de leurs caractères. le tour de force est d'être parvenu à un nombre de lignes identiques pour les deux versions !

J'ai également apprécié la variété de sujets et de structures des textes, certains étant découpés en courtes parties, comme "Fugue en la mineur", "Barmbek, Hamburg" ou "Solitaire", dont les intertitres mentionnant des scores à la version électronique de ce jeu de cartes produisent un effet aussi amusant qu'original.

Enfin, fait suffisamment rare pour être souligné: ce livre est un fort bel objet. Il est broché, au format d'un livre de poche, mais son papier crème et sa typographie soignée, auxquels s'ajoutent quelques pages d'illustrations sur papier glacé, lui donnent une élégance paisible en totale harmonie avec les mots d'Isabelle Taillandier (note pour les amateurs: examinez une page par transparence à la lumière d'une lampe et voyez comme les lignes du recto se superposent parfaitement aux lignes du verso; la Pléiade apporte le même soin à ses impressions sur papier bible, pour ne pas perturber le gris typographique des pages).

Je remercie les éditions de la Reine blanche qui m'ont fait découvrir cet auteur, que je recommande malgré mes réserves, pour son style raffiné et la variété de thèmes qu'elle aborde. Je suis d'ailleurs curieux de découvrir son premier roman "Parfois l'air nous manque", un roman policier encore inconnu de Babelio dont certains ont soulignés l'originalité.
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Je remercie Babelio et les éditions de la reine blanche pour ce partenariat Masse Critique.

J'étais ravie de recevoir un recueil de nouvelles, genre si peu prisé en France et de découvrir une nouvelle maison d'édition !

Tout le travail graphique et de mise en page est vraiment une réussite et ont contribué à créer un bel objet livre. En revanche, en ce qui concerne la lecture en elle-même... J'avoue avoir été déçue.
Certes, Isabelle Taillandier est cultivée et écrit de manière fort élégante, sur des sujets très poétiques qui nous concerne tous (le temps qui passe, etc) seulement j'ai trouvé que l'ensemble manquait cruellement d'émotions. Oui elle connaît son sujet et y a consacré beaucoup de temps, cela se sent dans ces récits très académiques, et donc bien construit. Mais pour ma part, je n'attendais pas une "conversation littéraire" façon salon littéraire anglais du 19ème. Peut-être Isabelle Taillandier a-t-elle trop fait attention à la forme puis au fond "scientifique" et a ainsi laissé totalement de côté ce qui rend la lecture si passionnante et unique : les émotions que l'auteur fait passer à son lecteur à travers son récit.
Peut-être suis-je trop influencée par le regard que les Anglo-Saxons portent à la lecture, mais c'est ainsi que je lis ! Tant pis si cela fait de moi une lectrice qui manque de raffinement.
En cela, cela me rassure sur le fait qu'on pourra théoriser la littérature tant qu'on voudra, mais que ce n'est pas cela qui la fera vivre.
Toutefois, même si je n'ai pas été transportée autant que je l'espérais, je ne regrette pas du tout cette expérience de lecture.
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Soupirs est un mot qui représente la tendresse, le vague à l'âme, l'amour. Mais, aussi, les regrets, la tristesse, les larmes avalées. C'est un mot qui renferme tant d'émotions qu'il représente la tragédie d'une vie, une immense douleur enfouie au plus profond d'un coeur. Une nostalgie d'un instant qui ne sera plus jamais. Les puissants l'ont exprimé dans la plus profonde intimité car signe de faiblesse, de doute, de fatigue, de larmes refoulées. Quand on est un puissant, face au monde, ce sentiment n'existe pas car il fait trembler les mains de la justice et balbutier les ordres, bégayer les voix. C'est un sentiment honni des puissants, mais berce leur souffrance.

Peu importe la nouvelle. L'histoire, les humains semblent éprouver le regret d'un monde qui fut et ne sera plus jamais. Une histoire qui ne se termine pas forcément comme ils l'auraient souhaité. Que de tristesse. Que de douleurs, de regrets secrets qui rongent l'âme et le coeur. Ils s'appesantissent sur la langue et la conscience. Cependant, ils s'accordent à accepter leur destin. Certains récits sont accompagnés de superbes illustrations colorées. Malheureusement, elles sont peu nombreuses. Ces nouvelles traversent l'histoire de l'Europe, du Monde Arabe, avec pour point commun cette capacité à accepter le destin qui est le leur, avec beaucoup de rancoeur. Avec, parfois, un esprit de revanche larvé au fond du coeur. le rapport à l'autre est presqu'illusoire.

L'auteur nous présente des nouvelles qui racontent l'histoire des puissants d'une partie du Monde. Des histoires telles que la fuite d'Aliénor d'Aquitaine. Elles nous narrent différents soupirs, dans les camps de guerre, dans les palais, dans les luttes pour survivre, pour un destin qui est accepté, par obligation. La seconde partie nous fait voyager dans un pays germanique à la France, en passant par l'Espagne. Contrairement à la première partie, il semble y avoir une connivence un peu désespérée entre les acteurs, entre les personnages. L'ensemble de l'ouvrage parle d'amour plus ou moins assumé. Des amours fortuites. Des amours qui se vivent avec un brin de tristesse, de remords, de folie. C'est un recueil qui se déguste et qui est d'une grande beauté.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je me souviens des rives de l’Euphrate. Mon frère n’a que treize ans. Je me demande s’il aura la force de traverser le fleuve à la nage. Mais nous n’avons pas le choix : au loin, la poussière soulevée par nos poursuivants brouille l’horizon. Nous nous jetons à l’eau et j’encourage mon frère. Je nage plus vite. J’ai parcouru la moitié du chemin quand je me retourne. Je vois Yahya loin derrière moi. Il a du mal à maintenir le rythme, à trouver son souffle. Je sens qu’il a peur. Les cavaliers abbassides nous regardent depuis la rive, furieux de voir leurs proies s’échapper. Ils nous exhortent à revenir, nous disent qu’ils ont épargné nos deux sœurs et mon fils, qu’ils ne nous feront aucun mal. Mon jeune frère s’arrête, les regarde. Je lui crie de ne pas les croire, de continuer à nager, de l’autre côté nous serons… Je le vois faire demi-tour. Il est épuisé. Pense-t-il que la mort qui l’attend sera moins douloureuse que l’asphyxie? Je lui crie encore : « Reviens! Suis-moi ! Je t’aiderai! » Je crois qu’il ne veut plus m’entendre. A peine est-il sorti de l’eau que les soldats l’empoignent, le forcent à s’agenouiller. Je vois l’éclat du sabre qui se lève. Je hurle, manquant me noyer. Au dernier moment, mon frère tourne la tête vers moi. De loin, nous nous disons adieu. Je ne peux voir son visage mais j’imagine l’effroi dans ses yeux. Quand sa tête tombe, ils jettent son corps dans le fleuve. Je plonge. Il me semble baigner dans mes larmes et le sang de mon frère. Ils ont déjà exterminé la quasi-totalité de ma famille à Abu Futrus, par traîtrise, dans un bain de sang. Leur soif de pouvoir exige l’extermination de ma personne. Je suis l’héritier du calife omeyyade. Quand j’émerge de l’eau, ils s’éloignent, emportant la tête de mon frère pour la présenter au nouveau calife. Je les maudis et crie : « Jamais vous ne m’attraperez. Jamais, jamais…! » Arrivé sur l’autre rive, ce « jamais » est devenu une obsession. Je crois devenir fou, de douleur, de haine, de solitude. Le jeune homme à l’éducation raffinée est devenu une bête aux abois. J’ai dix-neuf ans et ne possède plus rien, hormis mon nom et une furieuse envie de survivre. (Conversation avec le grenadier)
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- 52 points. Attablée dans un café du boulevard Beaumarchais, elle referme son ordinateur d’un geste mécontent. Elle vient de perdre une partie de cartes. Elle lève la tête, regarde la rue. Les feuilles des arbres se balancent gracieusement, au gré du vent d’automne. L’air est humide. Elle apprécie la douce chaleur du café. Installée confortablement dans le fauteuil, elle se redresse soudain, le visage tendu vers l’avant, les yeux écarquillés. IL vient de passer devant la vitre. Impossible ! IL vit à plus de mille kilomètres, au milieu des montagnes et des lacs, et ne peut donc être à Paris, encore moins sur ce boulevard. Tout indique le mirage. Panique ! Sans réfléchir, sans même envisager l’hypothèse qu’elle s’est peut-être trompée, qu’elle a cru le reconnaître, elle prend ses affaires, laisse un billet sur la table, sort. Dehors, elle scrute le boulevard, cherche la parka verte qu’elle a entraperçue. Que risque-t-elle ? Que ce ne soit pas lui ? Et alors ? Cela prouve qu’elle n’est pas guérie. Pas encore. A ce moment-là, par esprit de contradiction, elle considère cette non guérison comme un atout. Elle a repéré la parka verte qui descend vers la Bastille. (Solitaire)
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Moi,je me demande comment on peut justifier le sacrifice du fils.Par le repentir collectif, par des " ay ay ay " de saetas lancés pendant les processions?
Œdipe a brisé la chaîne et,même si il a été châtié pour cela, il a montré que la mort du fils n’est pas une fatalité.
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Je ressens parfois l'envie douloureuse de me retrouver au milieu d'un bois, avec pour toute compagnie les arbres autour de moi, pour tout accompagnement sonore le clapotement de la pluie qui tombe sur leurs cimes.

p.64 Entre les lignes
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Je ne pourrai jamais dire combien un homme qui a vécu une solitude aussi profonde que la mienne est un exilé en ce monde. Il a compris que l'espoir se réduit à l'obsession de survie. Cette obsession, je l'ai vécue jusqu'à l'épuisement, jusqu'à l'extermination de tout ce qui pouvait s'y opposer.

p.21
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