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3.74/5 (sur 116 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Tokyo , 1905
Mort(e) : 1978
Biographie :

Ecrivaine japonaise issue d'une famille de condition moyenne.

Elle est aussi mère de trois enfants, dont Ichirô avec qui elle tiendra une correspondance lorsqu'il sera au lycée à Tokyo.

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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
A Ichiro, de sa mère :

Au point où nous en sommes, je saurai bien donner encore un coup de collier. Mon papa à moi est mort quand j'étais toute petite et j'ai été élevée à la dure, ce qui fait que notre vie actuelle ne m'est pas aussi pénible que cela peut paraître.

Je ne sais pas si je t'ai raconté ceci.
Quand j'avais huit ou neuf ans, ma mère et moi vivions seules ensemble. Vers midi, maman me disait :
- Allons, déjeunons !

Alors je sortais les plateaux et les assiettes. Je demandais :
⁃ Et qu'est-ce qu'on va manger avec le riz ?

Maman me répondait :

- Le marchand de fèves va bientôt passer.

Nous préparions un grand bol pour les fèves et commencions à manger. En ce temps-là, le marchand de fèves passait dans les rues en faisant tinter une petite clochette. Il venait à l’entrée demander si l’on avait besoin de lui :

- Et aujourd'hui, madame ?

Je voulais me lever avec le bol, mais maman, ta grand'mère, répondait :

- Merci, rien pour aujourd'hui !

C'est ainsi que, jour après jour, maman me berçait d'illusions et nous ne déjeunions que de riz. On pouvait alors acheter une bolée de fèves avec 3 sous.

Notre professeur exigeait qu'on apporte en classe trois crayons : que de fois ai-je manqué l’école parce que maman ne pouvait me les payer !

Je ne t'ai jamais raconté tout cela. C'est pourtant ainsi que j'ai grandi. Et c'est pourquoi la pauvreté ne m'est pas pénible. A cette époque, la vie était facile et les gens autour de nous vivaient à l’aise : nous seules étions pauvres et cela m'affligeait terriblement. Mais aujourd'hui, au Japon, tout le monde est pauvre et cela ne doit pas t’impressionner. Je ne peux pas prévoir quand et comment la guerre finira, mais n’oublie pas que, pour le moment présent, te voir travailler de bon cœur est ce qui me donne le plus de joie.
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Quand je porte de vieux vêtements tout usés, que je dois marcher péniblement sur la route gelée, je pense avec beaucoup de regret au bon temps d'autrefois, bien que je sache que ce n'est pas bien. Et quand je vois à la maison du riz mélangé de koliang, et chez les paysans, du riz tout blanc, je sais que c'est vil, mais je ne peux pas m'empêcher de les envier. Je me dépêche de réprimer ce sentiment, mais c'est un fait que je l’éprouve.

Maman, je ne voudrais pas te faire de la peine, mais tu vois que mon cœur est déjà avili. Quand je pense que je suis devenu comme cela à cause de la guerre, je me demande si je parviendrai à préserver ce qui reste encore en moi d'élevé. Cette pensée, je ne sais pourquoi, me rend miserable.

Ton pauvre Ichirô.
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En disant cela, j'ai poussé la cloison et me suis arrêté, surpris. Papa avait étendu un furoshiki sur la table et il lisait. Près de lui étaient posés en pile les livres que j'avais vus tout à l'heure. Il m'a demandé, sans lever les yeux de son bouquin :

- C'est toi, Ichirô ? Que fais-tu à cette heure-ci ?

- J'avais envie d'aller au petit endroit. Mais toi, papa, pourquoi es-tu encore levé ? L'alerte est passée.

- Ouf !

C'est tout ce qu'il m’a répondu, en tournant sa page.

- Alors, si tu te couchais ? Ça ne vaut pas la peine de lire, quand on va peut-être être tué dans un instant.

Lorsque j'ai dit cela, papa m'a regardé pendant un bon moment, puis il m'a répondu :

- Ichirô, tu penses donc qu'il vaut mieux dormir, autant qu'on le peut, quatre, cinq heures, avant de mourir ? Moi, je ne le pense pas. On ne sait pas quand on va être tué et c'est pourquoi je voudrais au moins lire tout ce que je peux, pendant que je suis encore en vie. Tiens, il y a là trois livres que je désire lire avant de mourir. Crois-tu que je puisse me permettre de dormir ?

En disant cela, il a légèrement passé la main sur son livre et il a repris sa lecture.

Jamais, de toute ma vie, je n'ai été aussi violemment saisi d'admiration devant papa. Il m’a paru véritablement grand, comme le sont les grands hommes de l’histoire et des récits. J'en suis resté le souffle coupé. Le visage de papa, qui se détachait dans l'ombre, m'a même paru avoir un rayonnement divin. Je suis resté là, à réfléchir. Je ne comprenais pas moi-même pourquoi le cœur me battait si fort.

« Au moins, pendant que je suis encore en vie.» » Je me suis répété ces mots plusieurs fois de suite.

Oui, papa est un vrai savant, un savant jusqu'à la moelle des os. Quand je me suis dit cela, j'ai eu affreusement honte de ma sottise.
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Ce matin, en allant à l'école, je marchais comme d'habitude avec Sano, et les autres. Le professeur de japonais allait un peu avant nous.
Comme je ne connaissais pas son nom, je demandai comment il s'appelle. Sano a répondu :
— Micron !
Je n’avais pas bien saisi et je répétai :
— Quoi ? Micron ?
J'avais apparemment parlé fort. M. Micron s'est retourné et m'a lancé un vilain regard. Jusque là je pensais qu'on m'avait dit son nom véritable. Or, il paraît qu'on l’a surnommé ainsi parce qu'il est tout petit... Il est terriblement sensible et déteste qu'on l'appelle Micron. Moi, j'ignorais tout cela. En classe, à l'appel, quand il est arrivé aux éIèves qui ont été évacués ici, il a commencé par dire :
—Maintenant, le supplément !
Puis il a lu les noms. Et encore plus tard, il a déclaré :
— II n'y a que des cancres parmi les évacués ! En regardant de mon côté.

Ce qui s'est passé ce matin doit lui être resté sur le cœur.
Comme le professeur a dit des choses pareilles, mes çamarades m'appellent « Supplement ! Supplement ! ». Ça m’a mis en colère et je suis rentré tout seul aujourd'hui.

Je suis ennuyé en pensant que le Micron va encore, demain, me regarder d'un très mauvais œil. Pour comble de malheur, il habite tout près d'ici, chez le président de l'Âssociation municipale et je crains que tu n'aies des désagréments à cause de cela. Si cela arrive, je t'en demande pardon d'avance : je ne l'ai vraiment pas fait exprès. Et si quelqu'un parle de moi comme d'un « furyô », tu ne le croiras pas, n'est-ce pas, maman ? s'il te plaît.
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Je pars aujourd’hui sur la route
D’une vie de droiture et de justice
Pour payer ma longue dette de reconnaissance
A mes chers parents
Lorsque sera flétri le grand arbre que j’aime
D’en avoir été le fruit
Je serai toujours fier
Faites rage, lames et vents du monde impur
Moi, j’avance dans la vie, aux côtés de ma mère
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Inattendu, incroyable! Hier, dans la soirée, mon oncle est arrivé de Tokyo pour nous annoncer que la guerre est finie. Personne n'a voulu le croire; il semblait que la lutte serait interminable. Cependant, c'est vrai! La guerre s'est terminée brusquement et vite.
L'Empereur en a décidé ainsi; sa sagesse est grande! Une fois de plus, j'ai été émerveillé de sa puissance et de sa bienveillance pour son peuple.
[...]
Je proposerai tout de suite à maman de reprendre notre correspondance; j'y aurai plus de plaisir et d'intérêt qu'au journal que j'écris pour moi-même.
Mon cher journal, je te dis adieu aujourd'hui, mais je te garderai précieusement!
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A partir d'aujourd'hui, je continue tout seul notre cahier. Je regrette bien que Maman ne puisse pas me répondre mais, si nous arrivons à survivre, nous reprendrons notre dialogue.
Nous serons heureux alors d'avoir gardé ce témoignage d'une époque si grave, et si je meurs, ce journal restera en souvenir de moi... Je dis cela, mais c'est en vérité pour moi-même que pour les autres que j'écris. En effet, je n'ai pas beaucoup le temps de causer avec Maman et c'est un grand soulagement pour moi que de continuer à tenir ce journal, en espérant bien qu'elle le lira.
Maman, il faut que je t'écrive que je ne puis pas te dire.
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"Alors c'est bien sa. Maman, pardon de m'être montré si heureux, sans me douter de ce que tu avais fait pour moi ! J'étais convaincu jusqu'à maintenant qu'il n'y avait que papa et Kinji où les petits qui te donnaient du mal. Je suis horrifié de voir que, moi aussi, sans m'apercevoir, je pouvais te causer beaucoup de soucis. Je ne peux plus être sûr de ce que je fais. Il n'y a qu'en ton cœur que je puisse avoir toute confiance."
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Ce journal que j'écris pour le montrer à Maman dans des jours plus calmes sera peut-être bientôt achevé; le jour de la paix n'est pas pour demain, et d'ici là sans doute maman, Kinji, Yûzô et moi-même aurons été tués les uns après les autres.
Que maman puisse mourir sans souffrances! C'est le seul voeu que je forme avec celui de disparaître avant elle, pour que, en tout cas, je ne la voie pas souffrir. Non! Elle en serait malheureuse et le mieux serait que nous mourrions tous en même temps.
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maman chérie voici donc un nouvel An , le nouvel An de la paix
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