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Critiques de Ivana Bodrozic (3)
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Hôtel Z

De l'âge de 9 à 15 ans, l'héroïne de Hôtel Z attend. Des nouvelles de son père "disparu" à Vukovar depuis la prise de la ville par les serbes. Et un logement décent pour ne plus être considérée avec mépris par les zagrébois comme une "personne déplacée", une réfugiée avec sa mère, dépressive, et son grand frère, révolté. Dans son premier roman, fortement autobiographique, Ivana Bodrozic décrit dans une langue simple l'existence presque normale d'une adolescente qui vit au quotidien petites humiliations et joies éphémères. Avec le mal de père, toujours présent, et l'obligation de survivre sans montrer ses failles. Le livre séduit plus particulièrement par sa pudeur, sa lucidité et ses petites touches d'humour. Plutôt que d'insister sur la grisaille d'une vie marquée par le manque et le déracinement, l'auteure slalome avec adresse entre insouciance et gravité dans le portrait d'une jeune fille que l'époque fait grandir plus vite qu'il ne conviendrait. Aujourd'hui, elle a 30 ans, qu'est-elle devenue ? Ses blessures sont devenues des cicatrices. Et elle n'a rien oublié. Ivana Bodrozic n'a rien oublié et elle se souvient. Sans larmes, avec une émotion feutrée.
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Hôtel Z

En 1991, la narratrice, son frère et leur mère se réfugient à Zagreb : la Croatie fait sécession à la Yougoslavie, leur ville d’origine est décimée. Leur père, resté sur place pour la défendre, est porté disparu…

Sur 10 ans, la narratrice nous fait part de sa vie. Les recherches administratives de leur mère pour tenter de retrouver son mari. Les lettres au ministère pour obtenir un logement. Car pendant des années, la famille vivra dans une chambre d’hôtel miteuse, au côté de dizaines d’autres personnes déplacées.

C’est ainsi qu’elle vivra toute son adolescence : entre recherche de normalité (copines, style vestimentaire à la mode, internat…) et le traumatisme latent de l’ignorance de ce qui a pu arriver à son père et des conséquences de sa disparition.



Cette ambivalence est accompagnée par une tonalité douce-amère. La narratrice, en tant qu’enfant, n’a pas totalement conscience de sa situation extrême, même si elle s’en plaint. Elle essaie de vivre au mieux au jour le jour et n’arrive pas à se projeter dans le futur, comme si toute sa vie était en pause en attendant le retour tant espéré du père disparu.



C’est un roman assez facile à lire et intéressant pour un peu mieux comprendre la thématique de l’ex-Yougoslavie de l’intérieur.

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Hôtel Z

Ce roman, en grande partie autobiographique, raconte la vie de la jeune narratrice entre les années 1991 et 1996. Avec sa mère et son grand frère, elle est sortie de Vukovar avant que la ville tombe entre les mains des Serbes. Ils ont mené pendant toutes ces années une vie de personnes déplacées et ont atterri dans un hôtel où ils s'entassent dans une petite chambre. Le roman tourne autour de l'attente d'un logement pérenne qui vient en parallèle de l'attente du retour du père resté à Vukovar et porté disparu.



Entre sa mère dépressive et son frère en colère, la narratrice trace son chemin et sort progressivement de l'enfance pour devenir une adolescente. Elle nous raconte son quotidien : l'école, la famille, l'église, les rêves, les copines, les sorties, les premiers émois, les rivalités, les jeux, les petits plaisirs, les vêtements… Son regard enfantin se concentre sur de multiples petits détails et le ton est frais et léger. Elle a besoin que la vie continue normalement. C'est sa stratégie pour survivre. Car derrière cette frivolité, il y a tout ce qu'elle repousse tant qu'elle le peut. Mais parfois, ses barrières tombent et tout ce qu'elle n'oublie jamais vraiment remonte à la surface : l'absence de ce père joyeux, drôle et gentil. Se rappellent alors à son souvenir l'amour de son père et leur lien indéfectible qui lui donnait un sentiment d'invincibilité. Toute sa vie, elle s'interrogera sur les dernières heures de son père et sera hantée par des questions qui demeureront à jamais sans réponses. En filigrane se dessinent les ravages de la violence et les conséquences de la guerre sur les enfants : arrêt de la scolarité, délinquance, perte des valeurs, absence de limites, colère destructrice…



Je me suis énormément attachée à la narratrice. J'ai adoré son élan vital, son défi lancé à la misère et à la mort, son besoin d'insouciance et de rire malgré tout. C'est tout sauf larmoyant et pourtant, j'ai tellement pleuré ! L'émotion est palpable du début à la fin puisqu'il y a en toile de fond ce déracinement et cette double attente mais c'est fait avec une retenue, une douceur et une nostalgie incroyables. Je me suis retrouvée plongée dans le coeur intime de cette adolescente, pourtant cela reste très pudique. L'auteure a réussi, à partir de sa situation particulière, à toucher quelque chose d'universel. C'est un roman qui prend aux tripes, à la fois déchirant, doux et acide.

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