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4.13/5 (sur 4 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Buenos Aires , le 28/08/1916
Mort(e) à : Madrid , le 11/02/2007
Biographie :

Jacinto-Luis Guereña est un poète et critique littéraire espagnol.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacinto-Luis_Guere%C3%B1a
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Bibliographie de Jacinto Luis Guereña   (2)Voir plus

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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Parce que nous ne possédons rien


Le regard
II

Extrait 2

Le moment d’aujourd’hui. La dernière lumière
tremble dans l’air. C’est l’heure
où notre regard
rajeunit et s’embellit,
l’heure où malgré la honte figée
sur mon visage je regarde et j’échange
ma vie entière contre un regard,
absent et lointain,
le seul qui puisse me servir, et pour la seule raison
que j’aime mes deux yeux :
un regard qui n’a pas de maître.


//Claudio Rodriguez (1934 – 1999)
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Sonnet



Là où j’apporte la vie j’apporte aussi le feu
de ma passion entière et sans issue.
Si l’amour a surgi, j’en ressens la blessure.
Et si je montre ma foi, je joue avec ma vie.

Je mets ma vie en jeu, je perds
et je recommence, sans ma vie, la nouvelle partie.
Déjà je l’ai perdue, je la reperds encore aujourd’hui,
je ne m’avoue pas vaincu , je m’obstine

et je joue ce qui me reste : un lambeau d’espérance.
Je joue à « toujours va ». Je maintiens mon enjeu.
Si le sort dit « jamais », mon espérance est morte.

Si le sort dit « amour », le printemps s’avance.
« Jamais » ou « amour », ma foi est grande ;
« jamais » ou « larmes », ma foi demeure forte.


//Angel González (1925 – 2008)

/Traduit de l’espagnol par Jacinto Luis Guereña
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J’aimerais, ce soir…


J’aimerais, ce soir, ne pas haïr
ne pas charger mon front de nuages sombres.
Je voudrais que mon regard fût plus clair
et pouvoir le poser, calme, sur le lointain...

Il doit être si beau de pouvoir dire :
« Je crois à ce qui existe et même à ce qui peut-être n’existe pas
aux choses qui peuvent me sauver, même si j’ignore leur nom :
je connais le fruit doré de la joie. »

Ce soir, j’aimerais ne pas haïr,
me sentir léger, chantant, être le vent qui berce les épis.
Je regarde au couchant : vers la nuit s’attardent les chemins,
ces chemins qui offrent leur fatigue à la nuit,
s’enfoncent dans l’ombre pour rêver en son noir mensonge.


//José Hierro (1922 – 2002)
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Nocturne



Vous qui avez ausculté le cœur de la nuit,
et qui dans l’insomnie tenace avez entendu
une porte se fermer, une voiture retentir au loin,
un écho vague, un léger bruit...

Aux moments de mystérieux silence,
quand les oubliés surgissent de leur prison,
à l’heures des mort, à l’heure du repos,
vous lirez mes vers d’amertume imprégnés ! ...

Comme en un vase en eux je verse la douleur
de lointains souvenirs et de malheurs funestes
ainsi que la triste nostalgie de mon âme, ivre de fleurs ;
j’y déverse le deuil de mon cœur par les fêtes attristé.

Et le regret de ne pas être ce que j’aurais pu,
j’évoque la perte du royaume qui m’était destiné,
le songe qu’est ma vie depuis que je suis né,
ah ! penser que j’aurais pu ne pas naître !...

J’évoque cela dans le profond silence
où la nuit enveloppe l’illusion d’être sur terre,
je sens les échos du cœur du monde
forer mon cœur le laissant profondément ému.


//Rubén Darío (1867 – 1916)

/Traduit de l’espagnol par Jacinto-Luis Guereña
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Anniversaire d’amour


Comment serai-je
quand je ne serai plus ?
Quand le temps
aura modifié ma structure,
et que mon corps sera un autre corps,
mon sang un autre sang,
autres mes yeux, autre ma chevelure.
Je penserai peut-être à toi.
Et mes corps successifs, sûrement,
‒ me prolongeant, vivant, vers la mort –
passeront de main en main,
de cœur en cœur,
de chair en chair,
la réalité mystérieuse qui décide
de ma tristesse quand tu t’éloignes
et qui m’obliges, aveuglément, à te chercher,
et qui, malgré moi, me ramène
près de toi.
C’est ce qu’on appelle l’amour, en somme.
Mes yeux
‒ ce ne seront plus mes yeux de vie
mais qu’importe –
où que tu ailles ils te suivront,
mes yeux fidèles.


//Angel González (1925 - 2008)
//Traduit de l’espagnol par Jacinto Luis Guereña
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Fidélité



Je crois en l’homme. J’ai vu des épaules
en lambeaux par mille coups de fouet,
j’ai vu des âmes aveuglées qui bondissaient
(Espagne chevauché par la douleur
et par la faim) et j’ai cru.

Je crois en la paix. J’ai vu
de hautes étoiles, des horizons luisants
porteurs d’aube, embraser les profondes rivières,
la puissante force humaine
aller vers une autre clarté : j’ai vu, j’ai cru.

Je crois en toi, ma patrie. Je dis
ce que j’ai vu : des éclairs de rage,
l’amour en berne, et un couteau de colère,
coupant des morceaux de pain : mais à présent,
il n’y a que des ténèbres. Qu’importe : j’ai vu,
et j’ai cru.


// Blas de Otero (1916 – 1979)

/ Traduit de l’espagnol par Jacinto-Luis Guereña
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Que je meure les yeux ouverts…
  
  
  
  
Que je meure les yeux ouverts
en y reflétant tes claires montagnes
– l’air de ses cols fut ma vie –
qui offrent au soleil tes entrailles éternelles,
ô mon Espagne de songe !

Qu’en ton sein calme m’accompagne
l’image profonde de ta gloire ;
que tes rochers à mon corps soient refuge ;
que pour les siècles dorme en moi ta mémoire,
ô mon Espagne de songe !

Que mes yeux deviennent deux feuilles d’herbe
afin de boire ta lumière, ô soleil de ma terre ;
mère, ton sol garde mes empreintes,
ton soleil dépose en mes empreintes consolation,
ô consolation d’Espagne !

Que ta tendre verdure bourgeonne avec verdeur,
elle qui au fond de mon âme forgea ton regard,
en ce bas monde qui passe et qui dure
qu’elle offre la foi par l’espérance renouvelée,
ô consolation d’Espagne !

Que je meure les yeux grands ouverts
avec ta verdeur au fond de ma poitrine ;
et que ma chair conserve des chaumes d’or ;
ton soleil a doré la couche de mon espérance,
ô consolation du songe de mon Espagne !


// Miguel de Unamuno (1864 – 1936)

/ Traduit de l’espagnol par Jacinto- Luis Guereña
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Automne



Terre rongée par la guerre,
triste et malheureuse Espagne,
je te contemple en ce matin d’octobre,
le ciel a la couleur de l’acier rouillé,
les premiers froids coupent les feuilles jaunes,
patrie de ma vie errante,
côteaux rouges de Ciudad Real,
fin brouillard de Vigo,
pont sur le Ter,
oliviers alignés de Tarragone,
près de la mer bleue,
terre si cruellement labourée,
tous te pleurent
et nous,
nous ouvrons les bras à la vie,
nous savons que l’automne reviendra,
doré, ensemencé,
beau comme un tracteur parmi les blés.

//Blas de Otero (1916 – 1979)
/ Traduit de l’espagnol par Jacinto-Luis Guereña
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Poésies de la guerre



III

Face à la palme de feu
tracée par le soleil, au couchant,
dans le soir silencieux
et dans ce jardin de paix
tandis que Valence fleurie
s’abreuve au Guadalaviar
– Valence aux sveltes tours
dans le ciel lyrique d’Ausias March,
sa rivière changée en roses
avant de se perdre dans la mer ! –
je pense à la guerre.
La guerre survient comme un ouragan
par les landes du Haut Duero,
par les plaines de moissons
depuis l’Estrémadure fertile
jusqu’à ces orangeraies,
du ciel gris des Asturies
aux marais de lumière et de sel.
Je pense à l’Espagne, vendue à l’encan,
de fleuve en fleuve, de montagne à montagne, de mer à mer.


//Antonio Machado (1875 – 1939)
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Au commencement



Si j’ai tout perdu, la vie, le temps,
si j’ai tout jeté, comme un anneau, dans la mer,
si dans les broussailles j’ai perdu la voix,
il me reste la parole.

Si j’ai souffert de la soif et de la faim,
de tout ce qui était mien et dont il ne reste rien,
si j’ai fauché les ombres, en silence,
il me reste la parole.

Si j’ai ouvert les yeux
pour voir le visage pur et terrible
de ma patrie, si j’ai ouvert les lèvres
jusqu’à les déchirer, il me reste la parole.


// Blas de Otero (15/03/1916 – 29/06/1979)

/ Traduit de l’espagnol par Jacinto-Luis Guereña
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