Citations de Jack Eisner (20)
Si vous me voyez de loin, vous pourrez penser que je suis quelqu'un d'ordinaire.
Il en sera de même si vous vous rapprochez.
Peut-être que si vous m'observez avec attention, vous remarquerez que je suis un peu solitaire, même au milieu d'une foule. Vous aurez raison.
Mais vous aurez tort également. Car je ne suis jamais vraiment seul. Des milliers de gens sont toujours avec moi.
Tant de fantômes peuplent ma tête que je pense parfois qu'elle va éclater.
Les voix des morts résonnent à mes oreilles.
L'horreur embrase mes rêves.
Mes souvenirs ont la couleur des cendres.
Je suis un survivant.
Et je savais que j'étais engagé Nevers med amis, ma famille, tous ceux qui m'ont été chers. Il est trop tard pour leur sauver la vie, mais il n'est pas trop tard pour sauver leur mémoire.
Pourtant j'avais envie d'oublier. Je voulais une vie normale, un travail, un foyer et une famille, le bonheur tranquille dont avait rêvé Halina, le genre de vie que les Allemands avaient éloigné de moi quand je n'avais que treize ans.
Halina, tu m'as donné une raison pour continuer. Parce que je désirais si ardemment, si passionnément, te caresser, respirer ton parfum, t'enlacer pour que tu sois une part de moi.
Ils ont attrapé mon ancien pantalon et s'apprêtaient à le brûler quand je les arrêtés. J'ai arraché le numéro : P14461. Je savais que je m'en séparerais jamais, que je n'oublierais jamais.
La sensation de liberté était si étrange, si différente.Plus que tout autre chose, c'est mon avenir qu'on avait libéré.
J'étais libre, j'étais libéré, j'avais survécu.
Malgré eux et grâce à eux, nous allons continuer.
Avec des livres comme papa.
Avec du courage comme Rudy.
Avec de l'amour comme Halina.
Avec l'innocence et la bonté comme Hela.
Avec la foi et avec Dieu comme grand-mère.
J'en fais le serment.
Moi, le survivant.
Mais j'étais seul. Pas de retrouvailles pour moi. J'avais envie de pleurer. Je voulais prendre quelqu'un dans mes bras. N'importe qui. Je ne voulais pas rester seul. Je n'y étais pas préparé. J'avais lutté seul. Combattu seul. Je ne voulais pas vivre seul et en paix. Cela ne me semblait pas juste.
Je savais que je n'oublierais jamais le passé. Mais il ma fallait un avenir.
Notre besoin n'était pas sexuel. C'était un désir urgent et presque suicidaire de nous consumer l'un l'autre. De nous unir et de disparaître dans un autre monde.
Je me suis juré de m'échapper. Je me suis juré de retrouver la liberté. Je me suis juré de me venger.
Si tu vis ne t'occupes pas de l'avenir. Essaie seulement de survivre aussi longtemps que tu le peux.
Halina m'a regardé dans les yeux et m'a passé les mains sur le visage. Elle m'a embrassé et m'a exhorté à survivre et à me souvenir d'elle. Nous nous sommes jurés de nous retrouver.
Chacun avait peur de parler, de dire quelque chose. Chacun avait peur de se mettre à pleurer.
Ils n'auraient jamais imaginer que nous étions devenus des tueurs. Pour nous défendre. Pour nous venger. Pour survivre.
Nous nous sommed embrassés et séparés.
Le juif et le chrétien.
Tous deux en danger.
Je suis le seul à ne plus être le même.
Je suis le seul à être encore.
Je suis un survivant.
Tous vivent en moi. Ils sont tous près de moi et ainsi n'appartiendront jamais aux morts sans visage et sans nom.
Je ne peux que témoigner de leur passage.
Je suis leur pierre tombale, parce que je suis un survivant.
Soudain j'ai senti son corps se détendre, ses muscles s'abandonner. Son cœur ne battait plus, elle était immobile, la bouche ouverte, ses yeux me regardaient fixement. J'ai regardé sans y croire cette femme merveilleuse. Sa main reposait sans vie dans la mienne : mon rêve n'était plus.
J'ai fait semblant de ne pas avoir retrouver Halina. J'ai fait comme si elle était toujours en vie. Et que j'étais toujours à sa recherche.