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Critiques de Jacques Finné (12)
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La chambre de pierre et autres nouvelles su..

• « 𝕷𝖆 𝖈𝖍𝖆𝖒𝖇𝖗𝖊 𝖉𝖊 𝖕𝖎𝖊𝖗𝖗𝖊 𝖊𝖙 𝖆𝖚𝖙𝖗𝖊𝖘 𝖓𝖔𝖚𝖛𝖊𝖑𝖑𝖊𝖘 𝖘𝖚𝖗𝖓𝖆𝖙𝖚𝖗𝖊𝖑𝖑𝖊𝖘 𝖆𝖚𝖘𝖙𝖗𝖆𝖑𝖎𝖊𝖓𝖓𝖊𝖘 » 𝖉𝖊 𝕵𝖆𝖈𝖖𝖚𝖊𝖘 𝕱𝖎𝖓𝖓é , 𝖕𝖚𝖇𝖑𝖎é 𝖈𝖍𝖊𝖟 𝕿𝖊𝖗𝖗𝖊 𝖉𝖊 𝖇𝖗𝖚𝖒𝖊.



• Ce livre m'a été proposé à l'occasion du programme Masse Critique - MAUVAIS GENRES : ESPRIT, ES-TU LÀ ?. Je profite donc de l'occasion pour remercier une énième fois Babelio pour ce programme, mais également la maison d'édition Terre de brume de m'avoir envoyer ce livre en échange d'une critique.



[𝕷𝖊 𝖑𝖎𝖛𝖗𝖊]



• L'Australie, c'est l'une de ces zones géographiques vraiment à part qui ne peut qu'offrir un dépaysement lorsqu'on l'évoque. Sa faune locale, surtout, est vraiment des plus étonnantes, le tout se plantant dans un décor à la réputation sauvage et hostile.. De quoi offrir une lecture des plus intéressante, alors si en plus le livre se concentre sur le genre de la nouvelle, je ne pouvais qu'espérer le recevoir !



• Le recueil contient une sélection de nouvelles écrite par des "auteurs australiens" (cliffhanger - j'y reviendrais par la suite) au dix-neuvième siècle, celle-ci étant au nombre de quatorze et écrite par treize auteurs différents. Le choix de la période n'est pas anodin, celle-ci déterminant vraisemblablement la naissance du genre fantastique dans la littérature australienne. L'auteur explique dans l'avant-propos et dans la postface la naissance de son projet de recherche des écrits du pays des kangourous, son travail difficile de traduction de celles-ci qui n'en disposait pas en français.. Bref, le pourquoi du comment, et c'était franchement enrichissant et pour cela, je le remercie, car avec ce livre, j'ai passé un plutôt bon moment, mais j'ai aussi beaucoup appris sur l'Australie de ces années-là. De nombreuses annotations de fin de page et des détails sur chacun des auteurs sont également présents, offrant une vision bien plus claire du contexte.



• Comme dans tout recueil de nouvelles, on en prend et on en laisse, constat un peu triste mais souvent véridique pour ma part. C'est quelque chose qui ne me dérange pas, étant donné la teneur légère du genre, c'est rarement une perte de temps. Mon classement des nouvelles se définit comme tel :



◙ J'ai adoré ---> L'Atroce pureté du blanc ; L'Histoire du bushman ; La Maison de nulle part

◙ J'ai apprécié ----> Le Fantôme de Fisher/Le Fantôme de la cloture ; Les chroniques d'Easyville

◙ J'ai lu, ni plus ni moins ---> La dame de la mer ; Le Spectre du Marais noir ; Le troisième meurtre ; L'hôte de Lupton

◙ J'ai peu adhéré ----> Le bunyip ; Les trois fantômes du désert ; La chambre de pierre

◙ J'ai détesté ---> L'anticipateur



• Le bilan peut donc sembler mitigé, mais en réalité, l'appréciation positive de nombres de ces nouvelles compense celles qui m'ont moins emportées. Celle qui est pour ma part la meilleure est L'Atroce pureté du blanc, qui à déjà pour elle son côté vraiment à part du recueil, que cela soit dans son contexte, son décor, dans ses protagonistes et qui aussi est, pour l'époque, très originale. L'Histoire du bushman est écrite toute en simplicité, mais est très efficace, l'histoire est tout à fait crédible et laisse songeur. La Maison de nulle part n'est pas très originale, mais rappel tout ce que j'apprécie dans le genre des histoires de fantômes malveillants. Le Fantôme de la clôture est une réécriture de Le Fantôme de Fisher par le même auteur, après quelques années, celle-ci apportant quelques détails et corrigeant quelques défauts du passé. Les chroniques d'Easyville est un épisode d'une série publiée dans un journal de l'époque, elle intrigue et donne presque envie d'en connaître les autres. Pour toutes les autres, l'intérêt m'a été moindre, et elles ne m'ont pas marqué outre mesure.



• Comme expliqué par Jacques Finné, ces histoires australiennes ne sont pas toutes des plus originales, celles-ci s'inspirant grandement des fantômes anglais, des vampires d'autres localités.. En réalité il y assez peu de créatures purement originaire de l'Australie, si ce n'est le Bunyip, aucune ne semble être citée. Cela s'explique par le contexte de colonisation et le fait que le pays était une solution de facilité pour se débarrasser des bagnards en nombres bien trop conséquents à cette époque. Ce qui fait l'originalité de ces nouvelles, c'est l'adaptation de ces créatures aux terres isolées de l'Australie. Le genre du fantastique n'a jamais réellement réussi à percer, le lectorat étant de niche et le genre étant largement effacé par l'apparition du genre policier, entre-autre.



[𝕷𝖆 𝖕𝖊𝖙𝖎𝖙𝖊 𝖛𝖔𝖎𝖝 𝖉𝖊 𝖑𝖆 𝖋𝖎𝖓]



• Je n'ai certes pas été conquis par la nouvelle qui donne son titre au recueil et qui, en général, doit sa place de choix au fait que celle-ci représente ce qu'il y a de mieux dans le recueil, je n'ai clairement pas passé un mauvais moment en lisant ces nouvelles. La chambre de pierre n'est pas mauvaise, loin de là, j'ai juste été moins intéresser par l'histoire dans sa globalité et l'ai trouvée un poil trop longue. J'ai apprécié mon voyage en Australie du dix-neuvième, qui a été divertissant et enrichissant !



𝘗𝘰𝘶𝘳𝘲𝘶𝘰𝘪 𝘯'𝘰𝘯𝘵-𝘪𝘭𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘱𝘦𝘯𝘴é à 𝘤𝘳é𝘦𝘳 𝘶𝘯𝘦 𝘤𝘳é𝘢𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘴𝘶𝘳𝘯𝘢𝘵𝘶𝘳𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘱𝘳𝘦𝘯𝘢𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘵𝘳𝘢𝘪𝘵𝘴 𝘥'𝘶𝘯 𝘣é𝘣é 𝘬𝘢𝘯𝘨𝘰𝘶𝘳𝘰𝘶 ? 𝘋𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦 𝘧𝘢ç𝘰𝘯, 𝘭𝘦𝘴 𝘑𝘰𝘦𝘺 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘮𝘪𝘴 𝘥𝘦 𝘤ô𝘵é !



[𝘓𝘦 𝘴𝘢𝘷𝘪𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 ? - 𝘓𝘦 𝘵𝘦𝘳𝘮𝘦 « 𝘑𝘰𝘦𝘺 » 𝘦𝘴𝘵 𝘳é𝘴𝘦𝘳𝘷é 𝘴𝘱é𝘤𝘪𝘧𝘪𝘲𝘶𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘣é𝘣é𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘢𝘯𝘪𝘮𝘢𝘶𝘹 𝘯𝘢𝘵𝘪𝘧𝘴 𝘥𝘦 𝘭'𝘈𝘶𝘴𝘵𝘳𝘢𝘭𝘪𝘦.]

[𝘓𝘦 𝘴𝘢𝘷𝘪𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 (2) ? - 𝘑𝘦 𝘯𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘢𝘶𝘴𝘵𝘳𝘢𝘭𝘪𝘦𝘯.]

[𝘓𝘦 𝘴𝘢𝘷𝘪𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 (3) ? - 𝘑𝘦 𝘯𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘯𝘰𝘯 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘶𝘯 𝘬𝘢𝘯𝘨𝘰𝘶𝘳𝘰𝘶.]

[𝘓𝘦 𝘴𝘢𝘷𝘪𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 (4) ? - 𝘉𝘰𝘯 𝘥'𝘢𝘤𝘤𝘰𝘳𝘥 𝘫𝘦 𝘯𝘦 𝘳é𝘢𝘨𝘪𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘥𝘦 𝘮𝘢𝘯𝘪è𝘳𝘦 𝘮𝘢𝘵𝘶𝘳𝘦.]

[𝘓𝘦 𝘴𝘢𝘷𝘪𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 (5) ? - 𝘝𝘰𝘶𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘷𝘦𝘻 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘢𝘳𝘳ê𝘵𝘦𝘻 𝘥𝘦 𝘭𝘪𝘳𝘦, 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘵𝘦𝘳𝘮𝘪𝘯é.]

[𝘓𝘦 𝘴𝘢𝘷𝘪𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 (6) ? - 𝘑'é𝘵𝘢𝘪𝘴 𝘤𝘦𝘳𝘵𝘢𝘪𝘯 𝘲𝘶𝘦 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘢𝘶𝘳𝘪𝘦𝘻 𝘭𝘢 𝘤𝘶𝘳𝘪𝘰𝘴𝘪𝘵é 𝘥𝘦 𝘭𝘪𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘴𝘪𝘹𝘪è𝘮𝘦 𝘭𝘪𝘨𝘯𝘦.]
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La chambre de pierre et autres nouvelles su..

J'adore les récits parlant de surnaturel, esprits, fantômes, hantises... tout cela me fascine, je ne pouvais donc pas résister à l'appel de ce livre traîtant de surnaturel sur les contrées australiennes quand Babelio l'a proposé lors d'une masse critique.

Jacques Finné a fait énormément de recherches concernant ce style de littérature, qui n'est pas vraiment répandu dans cette Australie qui est au final très peu connu pour ses auteur(e)s.

Dans l'ensemble, j'ai apprécié lire toutes ses nouvelles, à part une qui m'a vraiment semblé sans grand intérêt, mais je n'y ai pas retrouvé la palpitation que je rencontre d'ordinaire avec ce genre de lecture, peut-être l'époque d'écriture y est pour beaucoup.

J'ai découvert beaucoup de choses sur l'Australie, en autre, que ce pays a été envahi par les bagnards dont l'Angleterre voulait se débarasser et que du coup la vie y a été plutôt rude jusqu'à il n'y a pas si longtemps.

Lecture intéressante mais qui je pense sera vite oublié, mais peut-être est-ce dû au fait que je lis beaucoup.

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Les Fantômes des victoriennes

Cet ouvrage est une compilation de onze nouvelles surnaturelles inédites écrites par des auteurs féminins de l'époque victorienne. De longueur variée, elles se révèlent toutes aussi passionnantes. Elaborée avec une sûreté de goût et de jugement par Jacques Finné, cette anthologie illustre à merveille le goût des victoriens pour les "ghost stories". Une postface essentielle pour le lecteur qui désire en savoir plus, permet au compilateur de remettre en perspective la place des femmes et du genre littéraire fantastique à l'époque victorienne. De plus, un petit glossaire résumant l'oeuvre de chaque auteur est également annexée en fin d'ouvrage.



On se rend compte rapidement que des auteurs tels qu'Elizabeth Gaskell ou Mary Braddon s'adonnent avec beaucoup de réussite à ce genre alors qu'elles sont bien loin de leur domaine de prédilection qu'est la littérature classique. Les nouvelles forment un ensemble homogène. Finement construites, elles sont toutes palpitantes et prenantes avec une atmosphère gothique que les amateurs de romans victoriens seront appréciés, un décor bien planté où se croisent dans le monde réel des phénomènes mystérieux et des personnages énigmatiques.



Certaines de ces nouvelles ont retenu un peu plus mon attention et m'ont permis de découvrir des auteurs qui m'étaient encore inconnues comme Mrs Riddell. "L'histoire de la vielle nurse" d'Elizabeth Gaskell est glaçante et l'on ne peut que frissonner en la lisant tout comme "La prière" de Violet Hunt où l'on ne sera jamais si Edward Arne est un mort vivant ou un homme malade... "Fourrure blanche" de Clemence Housman s'éloigne de l'histoire traditionnelle du fantôme pour nous dévoiler une histoire de lycanthropie dans une contrée isolée et enneigée. L'apparition et les visites d'une femme sauvage et mystérieuse dans une ferme fissurera les relations entre deux frères jumeaux et entraînera la disparition mystérieuse des membres de la famille. La scène finale de la longue et interminable course nocturne dans la neige reste l'un des meilleurs passages de ces nouvelles. "L'amant fantôme" d'Edith Nesbit est un récit troublant sur la lente assimilation du personnage historique d'Alice Oke par sa lointaine descendante Mrs Oke dans ses gestes, son langage, son attitude et sa tenue vestimentaire. Loin de se limiter à une relation d'outre-tombe, Mrs Oke partagera aussi une passion morbide pour le poète Christopher Lovelock, ancienne relation de son ancêtre... Enfin, "La fenêtre de la bibliothèque" de Margaret Oliphant est une énigme irrésolue quand à savoir si cette fenêtre n'est qu'un simple mirage issue d'une imagination débordante d'une adolescente ou une vraie fenêtre.



Après avoir passé un excellent moment avec ces nouvelles, j'attends avec impatience de pouvoir lire l'autre anthologie proposée par les éditions de José Conti sur "Les fantômes victoriens".



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Le royaume des fantômes

Comment initier à un thème qui peut sembler vidé de sa substance ? En le laissant aux mains d’un remarquable spécialiste et en lui laissant toute latitude d’expression.



Ce Royaume des fantômes est un délice, autant pour son riche contenu que pour la vivacité de la plume qui l’anime. Que vous souhaitiez à en savoir plus sur les fantômes (leurs mœurs, leur enracinement dans nos mentalités, leur vitalité à travers l’espace-temps, leurs spécificités, leurs chasseurs ou invocateurs, leurs représentations) ...



La suite par ici : http://www.delitteris.com/notules/le-royaume-des-fantomes/
Lien : http://www.delitteris.com/no..
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Dictionnaire des littératures vampiriques

Un dictionnaire, certes. Mais qui, à l’instar de La Bible Dracula (2010) d’Alain Pozzuoli, se lit comme un roman. Tel est le travail que nous livrent Jacques Finné et Jean Maigny avec le Dictionnaire des Littératures Vampiriques (Terre de Brume, 2020), le tout préfacé par l’auteur de l’excellente Bible. Cette véritable somme permet de mesurer l’ampleur de la littérature (et uniquement en langue française) consacrée à nos amis de la nuit. J’ai été surpris, pour ma part, de constater la part prise dans cette production par la Bit Lit et autres récits de vampires à l’eau de rose. Ce phénomène, à l’origine typiquement anglo-saxon, s’est manifestement bien adapté à l’espace francophone ! Le travail de nos deux chercheurs permet aussi de prendre un peu de recul sur le sujet, le dictionnaire recensant les auteurs, mais aussi les grandes thématiques (par pays, par genres…). Il ne manque qu’un chapitre de réflexion psychanalytique, recherchant pourquoi les buveurs de sang continuent à faire autant d’adeptes !

Le chercheur exigeant trouvera du grain à moudre. C’est ainsi que les auteurs émettent un doute sur l’authenticité de Der Fremde de Karl von Wacksman (1844, cf L’Étranger des Carpathes, 2014), voyant dans cet anté-pastiche du roman de Stoker (1897) manifestement une mystification littéraire non identifiée. Ils s’interrogent également avec pertinence sur le fait de savoir si le texte connu sous le titre L’Invité de Dracula (publié en 1914) était bien le premier chapitre du roman-culte.

Le puriste relèvera bien sûr qu’un tel travail n’est jamais exhaustif. N’est pas recensé le magnifique Dracula, mon amour de James Syrie (2010, Hachette) qui réécrit le roman de Stoker sous la plume très féminine de Mina. Ne figure pas non plus le curieux Noces de Sang à Bucarest de Rémi Boyer (EODS, 2011) mêlant, dans le Bucarest d’aujourd’hui ésotérisme et culte du sang. On pourrait citer aussi la très belle saga de Cathy Coopman qui s’ouvre sur Les Poussières de l’Aube (Rivière Blanche, 2013), revisitant le thème du vampire à travers la narration d’une jeune femme, Susylee, qui reprend conscience à la fin du XVIII ème dans une Famille anglaise… de vampires. On y rajoutera encore Le Secret de Diana Danesti de Tony Baillargeat (La Pierre philosophale, 2015) qui nous plonge dans un ésotérisme roumain sulfureux et de surcroît mis en valeur par une belle écriture.

Mais qu’importe, la critique est facile, et je classerai précieusement ce livre dans la série des ouvrages de référence indispensables.

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La chambre de pierre et autres nouvelles su..

Les fantômes errent-ils au pays des kangourous ? C'est à cette étrange question que l'auteur, traducteur et critique littéraire Jacques Finné ambitionne de répondre avec ce recueil de nouvelles surnaturelles australiennes unique en France. Les éditions Terre de Brume – longtemps spécialisées dans les mythes et légendes bretons et celtes avant d'étendre leurs publications à d'autres contrées et thématiques de l'imaginaire – nous offrent ici une délicieuse sélection d'histoires de fantômes des antipodes, antipodes dont la littérature (comme la culture au sens large) reste aujourd'hui encore trop méconnue.



En effet, si nous avons découvert la littérature australienne grâce à Kerry Greenwood ("Les folles enquêtes de Phryne Fisher / Miss Fisher enquête !") et à Joan Lindsay ("Pique-nique à Hanging Rock"), avant de nous y intéresser davantage (notamment via Rosalie Ham, Felicity McLean ou encore Sarah Schmidt), tout le monde n'a pas l'occasion de croiser quotidiennement des auteurs du 5ème continent. La raison ? Négligées voire tout à fait oubliées, les lettres australiennes souffrent par extension des mêmes maux que la terre qui les a vu naître : contrée colonisée ("palimpseste", pourrait-on dire), contrée récente, et contrée considérée comme britannique. Bref, amalgamée sans distinction avec le tout-venant de la littérature anglo-saxonne. L'Australie, de fait, c'est un peu l'enfant sauvage adoptif (mais indompté) de la Perfide Albion, "le caniveau le plus crasseux du Royaume", crache un insupportable lord dans le film "Miss Fisher et le tombeau des larmes".



Alors au milieu de tout ça, la littérature fantastique australienne, n'y pensons même pas. Et pourtant. Nous avions déjà eu l'occasion, avec "Pique-nique à Hanging Rock" et "Vengeance haute-couture", de parler de gothique australien, qui était bien plus qu'un gothique anglais revu au soleil du bush. Il en est de même pour le registre du surnaturel en général qui, s'il n'émerge qu'à partir du XIXème siècle sur ces terres arides, n'est pas qu'une évocation ensoleillée, désertique et suffocante des victorian ghost stories. Parti à la recherche de textes comme on part en expédition, Jacques Finné fait ici un travail de collecte, de traduction, et d'analyse qui force l'admiration. Admiration suscitée notamment par les passionnantes préfaces et postfaces, mais aussi par les nombreuses notes de bas-de-page (éléments de traduction ou de culture générale) et les biographies détaillées, en fin d'ouvrage, des auteurs et autrices rassemblés dans cette anthologie.



De ces 14 nouvelles, on retiendra principalement des crimes crapuleux doublés de fantômes vengeurs, une configuration furieusement en écho avec la réalité de l’Australie au XIXème siècle, puisqu'elle servait principalement de terres d'expulsion pour des prisonniers anglais. Tiraillés entre le souhait de retourner au pays et la possibilité de s'acheter une exploitation dans le bush après avoir purger leur peine, les anciens criminels se rachètent une conduite et une fortune avant de gagner en même temps la jalousie (et les envies de meurtre) de leurs plus proches amis. Le tout se finit en disparition, jusqu'à ce qu'une manifestation spectrale vienne dénoncer le crime ou, plus effrayant encore, faire justice elle-même. Les nouveaux riches avides de terres lointaines sont aussi représentés dans ce recueil, et subissent le plus souvent des sorts similaires. Les couples n'ont pas la belle vie très longtemps, eux non plus, et le souvenir fantomatique de crimes conjugaux continue longtemps de hanter les murs.



Si les textes australiens sont trop souvent assimilés aux écrits anglais ou confondus avec les textes américains, en matière de fantastique, on doit avouer avoir beaucoup plus frissonner avec cette anthologie qu'avec n'importe quelle histoire de fantôme d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique. Fidèlement à une terre où tout est plus brutal et plus violent, le visage de la terreur prend moins le manteau de la métaphore et les oripeaux de la suggestion que dans les autres écrits de souche anglo-saxonne. Le surnaturel australien n'a pas peur de faire dans la sauvagerie, se manifeste sans détour, parfois de manière sanglante, mais toujours avec style et, même, avec modernité.



Parmi ces nombreuses nouvelles, nos préférences vont à deux récits de vampire très audacieux et délicieusement dérangeants ("L'atroce pureté du blanc" et "La chambre de pierre"), au pendant australien de "La légende de Sleepy Hollow" ("Le spectre du Marais Noir", avec son cavalier sans tête), à une histoire de maison hantée racontée avec un sens de la description et de l'évocation tel qu'on voit les images apparaître sous nos yeux ("La Maison de nulle-part"), et à une affaire d'assassinat quelque part entre spectres réels et fantasmés ("Le troisième meurtre"). L'aspect sauvage et indomptable de l'Australie y a laissé son empreinte particulière, entre familiarité et exotisme.



En bref : Une anthologie aussi inattendue que nécessaire, probablement unique dans l'Hexagone. Jacques Finné sert ici un travail de collecte, de recherches et de traduction qui nous permet de savourer le meilleur du fantastique australien, tout en apportant un éclairage érudit sur cette littérature à part entière. La sélection de textes est de grande qualité et les nouvelles choisies, de vraies pépites. Un régal.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Terre de Brume pour cette lecture !
Lien : https://books-tea-pie.blogsp..
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L'étreinte de glace

Dans la veine des autres recueils d'écrits fantastiques victoriens parus chez José Corti, nous voilà en présence d'un bon livre dont le choix des textes est pertinent, avec des récits plaisants que sauront apprécier les amateurs du genre.

Le traducteur a eu la délicatesse de ne pas tarer le livre d'une préface qui gâcherait l'immersion (ce que ne comprennent hélas pas tous les autres qui veulent absolument dévoiler les textes et les analyser avant même qu'on y ait jeté le moindre coup d'oeil), je ne trahirai donc pas la surprise mais nous sommes en présence de thèmes classiques de cette période, pas de mauvaise surprise.

Il y a, comme dans les précédents de cette série, un très bon dossier par auteure à la fin.



La traduction est globalement appréciable (enfin on conserve le subjonctif passé) mais :

Tout d'abord les titres sont changés pour des raisons inconnues : A curious experience devient Dormir... peut-être rêver ; Sir Nigel Otterbrune's castle devient Sérénade muette ; The gorgon's head devient La grotte...

D'autre part, même si globalement le style est plaisant, on a peur de passer à côté de tas de choses, de ne pas pouvoir faire confiance au traducteur (pourtant un grand habitué de l'exercice), d'une part parce que dès les titres on doute, et d'autre part parce qu'on sent qu'il simplifie parfois certaines expressions sans raison. Par exemple, ce qui m'a frappé dès le début de l'ouvrage (ce que je dis est surtout valable pour la première nouvelle, mais il faut avouer que le style original en anglais n'est pas non plus le plus talentueux qui soit) : "tobacco-pouch" dans la version originale devient "un petit sac" au lieu de "blague à tabac". Je sais, ça parait anecdotique mais ça m'a donné envie de consulter la version anglaise pour savoir, et c'est le seul exemple dont je me souviens au moment de rédiger cette critique ; il y en a d'autres, au-delà de l'adaptation nécessaire pour passer au français. Pourquoi ce choix de niveler par le bas alors que les lecteurs de ce genre de choses désuètes et raffinées recherchent justement de quoi se délecter d'un peu de subtilité ? Surtout que ça rend le tout un peu boiteux car certains passages sont vraiment relevés et plaisamment surannés.



Bref, un beau livre, de bons textes, mais des choix de traduction qui rendent dubitatif (bien que, je le rappelle, c'est globalement très bon). Espérons que la série continuera chez José Corti mais que le traducteur changera un peu de parti-pris.



Edit : A la réflexion j'ai un peu trop souligné le trait d'une traduction pas super. Je laisse ainsi mais je précise que ça n'a rien de dramatique, c'est même très acceptable. Je me suis un peu laissé emporter par le coup des titres et de deux ou trois passages pas nécessairement représentatifs de l'ensemble.
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Le royaume des fantômes

La maison d’édition étant fermée et étant dans l’impossibilité de l’acheter, j’ai dû faire appel aux bibliothéques pour lire ce livre. Il a mit plus d’un mois pour arriver ! Après cela, j’avais beaucoup d’attente et j’espérais ne pas l’avoir fait venir pour rien.



Je n’ai pas été déçue !



Le royaume des fantômes est un document rempli de qualité, divisé en trois parties. Dans la première, l’auteur analyse les fantômes en commençant par leur définition, complexe et détaillée : de son physique à ses aptitudes, en passant par le spiritisme jusqu’aux manières de se protéger de ceux-ci. La partie que j’ai trouvé la plus intéressante concerne l’enracinement du fantôme dans notre culture, partout dans le monde.



La seconde partie s’attèle à démontrer la présence du fantôme au sein de la littérature, à toutes les époques et dans plusieurs pays.



La troisième, la plus courte mais pas inintéressante pour autant, poursuit l’analyse du fantôme dans l’art mais en dehors de la littérature : au sein du cinéma, du théâtre et de la peinture.



En conclusion, ce document est un travail de synthèse très instructif puisque l’auteur explore un maximum de facettes de la figure fantomatique. De plus, la bibliographie très étoffée permet une découverte plus en profondeur du sujet.




Lien : https://elsiedansleslivres.w..
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Le royaume des fantômes

Le Royaume des fantômes est un livre passionnant, qui vous permettra de vous instruire sur toutes les facettes de la figure du fantôme. Le sujet est si vaste que J. Finné (un des plus grands spécialistes de la littérature fantastique) décrit ce livre comme étant un tremplin vers un approfondissement du sujet selon vos envies , notamment via sa bibliographie très riche.



L'auteur avec sa plume précise et incisive, s’attelle à décrire la figure du fantôme sous différents angles : sa définition, les causes de son apparition, son enracinement dans les mentalités (aux Usa, en Angleterre, en Russie, en orient, etc)

mais il aborde aussi le spiritisme, les femmes de lettres de l'époque victorienne,...et enfin le fantôme dans la littérature, la peinture, le cinéma et le théâtre.

Vous l'aurez compris, ce livre est un beau condensé d'informations, le tout étayé par de belles illustrations.





Bref, un must have si le sujet vous intéresse.
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L'ombre tapie dans le coin et autres histoi..

Avez-vous déjà ressenti ces déjà-vus glaçants, ces pressentiments inquiets ou ces visions cauchemardesques qui vous font douter de votre état d'éveil ou de votre santé mentale ? Les fantômes des onze nouvelles de cette anthologie d'auteures victoriennes susciteront en vous tour à tour le doute, l'incrédulité, l'angoisse et l'effroi.

Qu'ils soient apparents ou cachés, devinés ou avérés, la lecture de leurs histoires laissera en vous une empreinte certaine, qui vous mènera à interroger du regard les ombres tapies dans les coins de votre maison et celles qui ondulent dans le coin de votre œil, lorsqu'elles pensent que vous ne les regardez plus…



Je suis tombée sur cette anthologie un peu par hasard, et le quatrième de couverture, bien qu'intéressant, m'avait laissée sceptique : superstitieuse et nyctophobe, les histoires de fantômes ne sont pas ma tasse de thé. Mais par désespoir littéraire, je m'y suis mise. Quelle bonne surprise ce fut !



Il faut dire que Jacques Finné, traducteur et responsable de cette anthologie, n'en est pas à son premier coup : en 2000, il avait déjà fait paraître une anthologie similaire, intitulée Les fantômes des Victoriennes, chez le même éditeur. Il récidive, rassemblant onze nouvelles de dix auteures, écrites à cheval sur la fin du règne de Victoria et celui d'Édouard VII, en plein déclin de la culture victorienne et de ses carcans. Car s'il existe un point commun à presque toutes ces auteures, c'est leur refus des conventions sociales et littéraires.

Inspirées des New Women, voire carrément du féminisme, ces auteures ont participé au renouveau de la littérature britannique et même américaine, aux côtés d'Henry James, Charles Dickens, Joseph Sheridan Le Fanu ou encore Oscar Wilde. Aujourd'hui peu connue, voire oubliée, leur production souvent prolifique et leur rôle dans le développement des magazines littéraires modernes n'ont pourtant rien à envier à leurs collègues masculins, passés, eux, à la postérité.



Si leurs histoires de fantômes respectent certains poncifs, tels la brume, le mauvais temps, des paysages et des demeures lugubres, elles recèlent surtout nombre de nouveautés pour les ghost stories de l'époque, marquées par l'influence littéraire de Henry James – et, bien que Jacques Finné n'y fasse guère allusion, par l'influence de William James sur l'engouement pour la psychologie.



La forme de ces histoires peut ainsi être inhabituelle : La Vérité, toute la vérité, rien que la vérité de Rhoda Broughton (1873) est un récit épistolaire, où le fantôme, non content d'être aussi discret et invisible qu'une pièce secrète, se révèle de manière indirecte, par fragments, lettre après lettre – originalité qu'on ne retrouvera qu'en 1897 avec la publication de… Dracula.



D'autres récits privilégient aussi un accès particulier au surnaturel, un medium spécifique qui est souvent le regard d'un être apparemment innocent : un enfant (La Villa Lucienne d'Ella D'Arcy, 1896), un chien (Une promesse est une promesse de Mary Cholmondeley, 1890), ou encore un point de vue précis, tel qu'un emplacement sur une route déserte (La voiture pourpre d'Edith Nesbit, 1910).



Dans cette dernière nouvelle, le fantôme n'est d'ailleurs pas une personne, mais, chose plus rare dans la littérature fantastique victorienne, un objet, une machine moderne. Enfin, si certains fantômes apparaissent pour eux-mêmes, délivrant un ultime message (Ce qui se passa à la gare de Grover de Willa Cather, 1900), ressassant les jours heureux et leur fin tragique (Le portrait disparu de Mrs. Alfred Baldwin, 1895), ou protégeant un endroit qui leur fut cher (Terrain à vendre de Mary Eleanor Wilkins-Freeman, 1903), d'autres sont de pures rémanences, sédiments venimeux et indélébiles, comme celui de l'histoire qui donne son titre à l'anthologie, L'Ombre tapie dans le coin de Mary Elizabeth Braddon (1879), où une jeune fille se trouve acculée par le destin funeste du précédent occupant de sa chambre.



Toutes ces histoires de fantômes se distinguent par la finesse de leur écriture : l'attention aux détails dans la description des paysages et du décor, des toilettes et des mœurs ; la place accordée à la psychologie des personnages, leurs émotions et leurs motivations ; la dimension ouverte des récits, c'est-à-dire la non résolution de toutes les facettes de l'histoire, qui leur permet de hanter, à leur tour, celles et ceux qui les lisent.
Lien : http://www.lalunemauve.fr/ec..
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Histoires d'océans maléfiques

Publié, à la fin des années soixante-dix, à la Librairie des Champs-Elysées, ce volume est assurément un livre de collection. Malheureusement, c'est aussi une grosse déception. En tous cas, de mon point de vue personnel.



Seuls sortent du lot l'excellent "L'Epave", de l'incontourable William Hope Hodgson, maître incontesté du récit d'horreur marin, et, mais à un niveau de beaucoup inférieur : "Le Fantôme de la Mer", d'Allison V. Harding, dont l'ambiance rappelle vaguement un conte de Jean Ray.



Dans le premier, un équipage tombe sur une épave de bateau, apparemment recouverte d'une mousse caoutchouteuse. Poussés par la curiosité et le désir de la dépeindre avec un maximum de détails dans leur journal de bord, le capitaine et son second montent à bord en compagnie de deux marins. L'un des quatre ne reviendra pas ...



La seconde nouvelle, moins lovecraftienne, raconte le calvaire angoissé d'un ancien capitaine hanté par le fantôme de l'un de ses hommes d'équipage. Mais tout se passe à terre.



A part ces deux textes, il n'y a pas grand chose. Grand chose de réellement horrifique, s'entend. Dans les autres nouvelles - même dans "L'Union", d'Algernon Blackwood, qui ouvre le bal - c'est l'allégorique qui l'emporte. Il y a certainement un public pour ce fantastique plus merveilleux qu'autre chose et, par voie de conséquence, beaucoup plus doux et policé. On ne peut nier non plus l'aspect poétique de ces nouvelles - je pense surtout à "La Mer de Marbre" de l'Espagnol José-Maria Ginorella. Mais cela ne suffit pas.



Dommage. ;o)
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Les adorateurs de Cthulhu

Dans Là où marche Yidhra de Walter C. DeBill Jr., Peter Kovacs qui doit rendre visite à son cousin de Brownsville est surpris par une tempête. Il réussit à franchir une rivière déchainée par un pont qui s’écroule à moitié après son passage. La petite route le mène à Milando, village à la réputation étrange. C’est un texte d’ambiance, oppressante, qui insiste sur l’étrangeté, un étranger pénètre une communauté totalement fermée, à la limite de l’hostilité, dans laquelle a survécu un culte secret apporté par les comanches. Les ingrédients lovecraftiens sont présents, l’hybridation de la population au faciès reptilien, une divinité vieille comme l’apparition de la vie, une atmosphère moite et pesante, une ville presque déserte avec des mouvements furtifs et une impression d’être observé, une apparence de délabrement du bâtis, le personnage témoin pas vraiment intégré sur lequel la curiosité du narrateur peut s’appuyer, le témoignage écrit d’une personne disparue ayant déjà enquêté. DeBill Jr. s’éloigne du pastiche pur en nimbant son histoire de sensualité et de sous-entendus sexuels, formant une recette plus suave, au charme exotique et à la tension sexuelle en filigrane, que l’œuvre de Lovecraft.

Dans Zoth-Ommog de Lin Carter, Arthur Wilcox Hodgkins est interrogé par la police pour son implication dans une affaire de meurtres et d’incendie. Tout commence avec l’organisation d’une exposition sur l’art polynésien par le Dr Blaine qui s’effondre nerveusement et mentalement au contact de la Figurine Ponapé. Le récit est construit sur des témoignages, la déposition d’Hodgkins après l’affaire, les recherches du Dr Blaine sur les documents réunis par le Pr Copeland qui a légué sa collection, et une quatrième couche documentaire tirée d’ouvrages maudits pour remonter à travers les éons, à l’origine de la Figurine et de celui qu’elle représente. Ce texte s’intègre totalement dans le Mythe de Cthulhu, avec au-delà de la structure du récit les références basiques aux Grands Anciens, au Necronomicon et autres livres impies, la géographie fictive de la Nouvelle-Angleterre, permettant de présenter le contexte lovecraftien tout en l’enrichissant d’une pléiade de Dieux, de lieux et d’écrits pour remplir les espaces vacants dans le Cycle infiniment extensible, poussant jusqu’à une généalogie touffue des divinités. Accumuler autant d’informations éloigne de la simplicité angoissante si bien maitrisée par Lovecraft, ce qui a le mérite de rappeler la nature fantasque du Panthéon, loin des tentatives auto-suggestives de prise au sérieux de cette imagination littéraire. Cette nouvelle est exemplaire de la continuation de Lovecraft jusqu’au débordement bibliographique, mythologique et science fictif.

Dans Le silence d’Erika Zann de James Wade, un homme témoigne de sa rencontre avec Erika Zann qui a rejoint pour chanter un groupe de rock à résidence dans une boite psychédélique. Les performances scéniques sont de plus en plus bizarres et attirent un public nombreux alors que la santé d’Erika décline d’une façon alarmante. Cette suite spirituelle de La Musique d’Erich Zann de Lovecraft profite d’une modernisation du contexte consistant à situer le pouvoir protecteur de la musique au milieu d’une foule droguée, dans la lutte entre une star montante et un personnage de l’ombre qui manipule le groupe, confrontation indirecte qui prend une dimension lovecraftienne dans son apothéose destinée à l’oubli, expérience humaine vaine face aux forces occultes, incident étouffé et incompris sauf par le narrateur.

Dans Obscur est mon nom d’Eddy C. Bertin, Herbert Ramon se rend à Freihausgarten, un village allemand autarcique peu accueillant, dans le cadre de ses recherches ésotériques sur une divinité cachée. L’histoire s’inscrit dans la tradition lovecraftienne, basée sur un témoignage et le narrateur aiguillé par une littérature maudite se fie à des habitants pas vraiment intégrés dans une petite ville déliquescente, trouve une statuette étrange dans sa quête d’une ouverture sur un autre monde. Le début de la nouvelle qui décrit le sommeil d’un Grand Ancien appelle le rêve lucide d’Herbert conjuguant le voile devant la réalité cher à Arthur Machen, assimilé au gigantisme du Dieu qui observe, à la sombre tradition onirique lovecraftienne faite d’influences psychiques malsaines et d’apparition de créatures grotesques. L’inévitable apothéose destructrice destinée à l’oubli est modernisée par des séquences gore et la description de l’assimilation d’Herbert par Cyäegha, noirceur cosmique et haine pure.

Dans la postface Les Mythes de Cthulhu de Jacques Finné, il rappelle de façon très académique que Lovecraft était lui-même influencé par des auteurs et déplore la stérilité des continuateurs, minimisant l’intention créatrice des ajouts au Mythe de plagiats de la structure simpliste usée par Lovecraft, point de vue radical, sévère et rigide, à relativiser, qui installe une négativité critique dénuée d’indulgence et de sensibilité à la simplicité telle que pouvait l’exercer Maurice Lévy.
Lien : https://lesbouquinsdyvescalv..
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