Jacques Vigne

Attache-toi à l’Un qui n’a pas l’attachement.

Tu n'es pas le corps, tu n'as pas de corps, tu n'es pas celui qui est avide d'expériences ou qui agit. Tu es l'expression de la Conscience pure, le Témoin éternel dépourvu de toute attente : va dans la joie!

L'émotion est une bombe : si on ne la désamorce pas par la conscience, elle explosera tout de suite par le défoulement , ou restera là, à retardement, sous forme de refoulement.

En Occident, on a certainement une vision trop technique de la méditation. Nous sommes des enfants gâtés de la modernité, il nous suffit d'appuyer sur le bouton 32 pour monter en 2 minutes au 32ème étage de la tour. Pourquoi, nous disons-nous en notre for intérieur, n'y aurait-il pas un bouton sur lequel appuyer qui nous mènerait directement au samâdhi ? Est-ce que Apple ne va pas bientôt sortir un logiciel intelligent qui fera le travail pour nous ? Un s-pod qui nous mettra en samâdhi rien qu'en appuyant sur la touche verte ?

La méditation atténue la dichotomie corps-esprit, qui correspond aussi à une autre séparation entre théorie et pratique. Elle mène à beaucoup plus de cohérence et d'intégration entre les différents niveaux de la personne : le corporel, l'émotionnel, l'énergétique, le psychologique et le spirituel.

La sagesse, c'est d'avoir les pieds sur terre, la tête dans le ciel...et l'estomac entre les deux.

Un psychothérapeute qui réfléchira sur le lien entre gourou et renonçant repensera peut-être l'opinion reçue selon laquelle le paiement est un facteur indispensable au succès d'une relation d'aide. Le disciple fait en général des donations au gourou, mais ce n'est pas un prix fixe destiné à régler une " consultation ". Pour les hindous, le gourou a un titre au pouvoir spirituel d'abord parce qu'il est renonçant. Dans notre contexte occidental, il est clair que le thérapeute a
besoin d'un salaire pour vivre.
Certes, si le patient paye, cela veut dire qu'il a un minimum de motivation; mais il peut payer aussi par " résistance ", pour se convaincre que le thérapeute est son employé, qu'il est intéressé financièrement et qu'à cause de cela il n'a guère de chances d'être guéri par lui; ou bien, s'il a une vie perturbée, nous avons vu qu'il peut payer pour recueillir du soignant un silence approbateur quand il n'arrive même plus à se débrouiller seul avec les reproches que lui fait sa conscience. Cette question de paiement est pour le moins ambiguë et il n'y a pas trop à chercher, à mon sens, de justifications théoriques à ce qui est avant tout une nécessité pratique pour assurer la vie matérielle du thérapeute.

Paradoxal: " Il n'y a rien à pratiquer " est un enseignement secret réservé aux initiés qui pratiquent beaucoup.

Du point de vue yoguique, l'amant correspond au pôle céleste, à la conscience pure et à la tête, l'amante au pôle terrestre, à l'énergie vitale et au bassin. Nous reviendrons régulièrement à cette double polarité. La conscience attire l'énergie vers le haut et celle-ci 'court' derrière son amant qui a la présence aussi magnétique qu'un aimant.

Le mot gourou a de multiples acceptions : il est de la même racine que le latin gravis et a donc le sens de grave, sérieux, qui a du poids, prestigieux. A Rome, on parlait par exemple de gravis auctor pour désigner une autorité parmi les magistrats, un sénateur en particulier. Cette notion de " pesanteur du sacré " se retrouve en Occident dans la légende de saint Christophe qui, au fur et à mesure qu'il traverse la rivière, a de plus en plus de difficultés à supporter le poids de l'Enfant Jésus.

Le contact avec une spiritualité différente comme celle de l'Inde permet de mieux prendre conscience de ses conditionnements, voir de ses propres mythes.

Dans mon choix de rester en Inde a certainement beaucoup compté la possibilité d'y expérimenter une vie de renoncement indépendante. Il faut déjà dire qu'en Inde, le renoncement est pris au sérieux par la population, ce qui dans l'ensemble n'est plus le cas en Occident. Les gens savent que le brahmâchâri développe une alchimie intérieure qui lui donne une énergie considérable pour la recherche spirituelle, et aussi pour le travail intellectuel et la vie pratique. Ce ambiance de respect est une aide.

De même que la fleur a son rythme, s'ouvre et se ferme, de même que le corps a son rythme, s'endort et se réveille, de même le psychisme a son rythme aussi; naturellement, il alterne les phases d'intériorisation et d'extériorisation. Dans les dépressions dues à des conflits intra-psychiques, on peut considérer que le sujet est mal et insuffisamment intériorisé. Il n'arrive pas à rejoindre les zones profondes de son être en descendant en dessous des tempêtes de surface. Il doute même que ces zones existent : c'est sa maladie, et parfois même celle de son thérapeute... La société et souvent la famille demandent à l'individu de fonctionner constamment dans le réel extérieur; cependant, comme le disait Bachelard, " Un être privé de la fonction de l'irréel (en d'autres termes le réel intérieur) est aussi névrosé qu'un être privé de la fonction du réel

La dépression peut être considérée comme la douloureuse expression de l'impossibilité de s'accrocher à une identité ferme, et l'exaltation comme le fruit de la croyance d'avoir enfin découvert sa véritable identité. L'exaltation est ainsi une distorsion de "je suis cela", et la dépression une distorsion du "je ne suis pas cela". Ils expriment tous deux des états transitoires qui oscillent entre déification et nihilisme. Mais voyez clairement que l'expérience de l'être ne se réfère ni à l'un ni à l'autre. Découvrez-vous dans le complet abandon de toute identification, qu'elle soit positive ou négative. Vivez la double absence de la positivité et de la négativité. Ce qui reste est ce que vous êtes.

La vrai laïcité n'est pas opposée à la vie intérieure et à l'expérience spirituelle, elle veut simplement contrebalancer les tentatives de mainmise des idéologies religieuses totalitaires ou totalisantes sur la société. Le siècle des Lumières a permis de sortir de l'obscurantisme de croyances aveugles et violentes, mais il y a encore beaucoup à faire pour trouver une spiritualité laïque qui puisse se stabiliser et aller loin. De même qu'un seul soleil éclaire les differentes communautés humaines, de même faut-il constamment revenir à ce Soleil de la raison, du bon sens et de l'expérience spirituelle qui brille au-delà de toutes les formes religieuses, et même de la laïcité au sens étroit du terme.
La diversification des dieux, la" théo-diversité ", est le meilleur garant d'une bonne écologie religieuse et spirituelle. A cet égard, il faut se réjouir du retour de certaines formes de culte au soleil en Occident.

"De plus, ils peuvent favoriser chez les sujets un bien "bien-être" qu'ils ne "méritent" pas du point de vue éthique. On peut trouver ce point de vue moralisateur, mais pensons à Hitler qui entre 1936 et la dernière semaine d'avril 1945 a été sous amphétamines- les injections étaient faites quotidiennement par son medecin personnel-, ou à Saddam Hussein qui consommait de nombreux médicaments psychotropes. Eux allaient bien, mais le monde allait mal à cause d'eux, en particulier à cause de leur ego hypertrophié.

la méditation repose sur des paradoxes, l'immédiat et le progressif, l'action extérieure et la conscience à l'intérieur, l'effort sans effort, etc.On ne doit pas être trop pressé de les résoudre, mais plutôt respecter le caractère dynamisant et transcendant qu'ils ont pour notre vie spirituelle. Par exemple, les existentialistes se sont laissés enfermer dans l'opposition irréductible entre l'Être et le Néant, alors que l'Inde médite depuis plus de deux millénaires sur "Cela" qui est " au-delà de l'Être et du non-Être "(Bhagavad-Gita, XIII,12)

Une chose est de charmer, une autre d'éveiller chez les autres, comme le fait un maître spirituel, une energie, un enthousiasme pour avancer dans la vie et dans la connaissance de soi-même. Faut-il voir dans la célèbre "ceuillez dès aujourd'hui les roses de la vie " de Ronsard un enseignement élevé de la mystique de l'instant, ou le charme souriant d'un paganisme désuet, ou une façade poétique tentant d'embellir une mentalité de jouisseur fatigué ? Il n'y a pas de hâte à trancher, une poésie reflète plusieurs niveaux de lecture. Il faudrait très bien connaître la vie d'un poète pour se rendre compte comment il a réalisé dans sa vie ce spirituel qu'il a entrevu dans son oeuvre.

La méditation atténue la dichotomie corps-esprit, qui correspond aussi à une autre séparation entre la théorie et la pratique. Elle mène à beaucoup plus de cohérence et d'intégration entre les différents niveaux de la personne : le corporel, l'émotionnel, l'énergétique, le psychologique et le spirituel.

Ashtâvakra dit :
2.Mon enfant1, si tu souhaites la libération, évite les objets des sens comme du poison2 Recherche le pardon, la franchise, la compassion, le contentement et la vérité comme un nectar.