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Critiques de Jakub Zulczyk (8)
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Le thème n'est pas neuf : un père recherche son fils disparu et mène une enquête parallèle à celle de la police pour le retrouver. Sauf que le père sait qu'il a vu son fils la veille de la disparition, que la rencontre était tendue. Et que ce père, enquêteur improvisé, est alcoolique, ses souvenirs de cette soirée-là ont disparu dans des vapeurs d'alcool.



Si le coeur de l'intrigue est théoriquement celui d'un polar, Jakub Zulczyk fait un gros pas de côté pour décaler son récit dans une autre direction, évitant les schémas caractéristiques des polars pour mieux les faire exploser.



Feedback, c'est avant tout un roman sur l'alcoolisme, sur comment l'alcool déshumanise, rend infiniment seul et détruit tous les proches. J'ai rarement lu des passages aussi saisissants sur le sujet, entre monologues glauco-délirants d'ivrogne et aveux lors des séances de thérapie collective proposées dans le cadre de cure de désintoxication. On patauge dans la boue, la crasse et tout le reste, très loin du glam' auquel la culture pop' associe parfois la consommation d'alcool.



Marcin, le père, musicien quinquagénaire has been vivant sur les droits d'auteur d'un tube, est un personnage aux multiples visages avec de nombreux démons à affronter; il fait parfois rire, il fait peur, on le plaint puis on le déteste. C'est un personnage pathétique, violent et répugnant et c'est d'autant plus malin de la part de l'auteur d'en faire le narrateur avec l'ivresse comme narration. C'est lui qui nous guide vers la vérité : impossible de faire confiance à un un tel homme, ce qui rend l'avancée de l'enquête toujours incertaine, ambigüe jusqu'à sa terrible vérité qui explose à la face du lecteur.



Le style est vif, heurté, puissant, aussi douloureux qu'une grosse cuite. J'ai souvent eu l'impression que le texte attaquer, aller mordre et laisser des traces dans la chair. Les cent premières pages sont épuisantes, à se dire pourquoi s'infliger cela. Je me suis forcée et puis à un moment, j'ai eu l'impression que le texte devenait moins chaotique ; en fait j'ai plutôt commencer à entrevoir la construction narrative en mode panorama et comprendre où voulait en venir l'auteur, à l'opposé de ce qu'on attendait initialement.



On se rend compte, qu'au-delà du portrait d'un homme brisé par l'alcool qui a détruit sa famille, se lit en filigrane le portrait peu reluisant de la Pologne post-communiste avec en son coeur, le scandale de la reprivatisation qui a secoué le pays et plus particulièrement Varsovie. Comme une persistante gueule de bois qui remonte à la surface après la chute du communisme en 1989, le retour à la propriété privée d'immeubles nationalisés en 1945 s'est accompagné de corruption massive, de spéculation, de spoliations et expulsions brutales.



Le titre prend alors tout son sens pour accompagner le parcours douloureux vers la vérité de Marcin comme celui du pays. Un feedback, c'est un retour sur le témoignage d'un membre d'une thérapie de groupe par un autre membre qui l'a écouté et pose un nouveau regard sur lui, son regard, positif ou négatif. Ici le roman s'apparente à un feedback géant et cruel qui percute et finit par bouleverser lorsque le père découvre celui du fils.





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Éblouis par la nuit

L'errance d'un dealer de coke sur les rails de sa fatalité, de sa vision acerbe, douloureusement juste souvent, d'une société polonaise où drogue et divertissement tiennent lieu de sens. Monologue souvent halluciné, toujours rythmé par une intrigue redoutable, Éblouis par la nuit livre une radioscopie, sous le couvert de la livraison de drogue, d'un monde où tout est à vendre. Avec une belle maîtrise Jakub Zulczyk se fond dans son personnage, un attachant salaud ordinaire, un comédien qui se retrouve coincé dans ses propres justifications.
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Éblouis par la nuit

Une semaine dans la vie d’un dealer polonais. C’est Coke en stock quoi.



On en. retient que c’est un dur labeur avec des horaires à rallonges. A la base, si on est un peu psychopathe et parano c’est mieux mais ce n’est pas grave . On le devient très vite et à juste titre. Ah oui il faut être intelligent , avoir le sens du contact, garder la tête froide même quand on vous la secoue.

Malgré toutes ses qualités, devant la succession d’emmerdements que notre anti-héros rencontre, il dérouille. Fatalement, il déraille en « reraillant » ce qui, vu son business, est somme toute logique.

Au final, ce n’est pas un bouquin à mettre entre toutes les mains et surtout pas à proposer à l’office du tourisme de Varsovie. Ça ne donne vraiment pas envie d’y aller.

C’est tendu, mené tambour battant malgré quelques longueurs au deux tiers du livre ( on s’en fout de tes rêves mon petit Jacek) mais il finit très fort.



Surtout c’est un roman implacable où l’auteur ne prend pas le lecteur par la main pour lui expliquer les motivations psychologiques de ses personnages et où est le bien et où est le mal etc… Il y a peu de scènes très dures mais elles sont là au bon moment et, pour de bonnes raisons dans l’histoire.



Il parie sur le lecteur pour ce faire et il a bien raison.

Enfin je vais finir par breveter ma trouvaille : pas de bon roman noir sans "méchants marquants » et ici nous en avons une belle brochette.
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Boire n’est ni un récit, ni un mystère, ni une gloire*

Le ton est donné, c’est sur fond d’alcoolisme que se déroule ce récit. L’alcoolisme des gueules de bois qui vous rendent amnésiques, des vomis, des coups donnés et reçus et oubliés aussitôt, des amis qui en ont assez de vous voir dans cet état, des séances auprès des alcooliques anonymes où vous parlez, écoutez et ne retenez pas grand-chose, des promesses non tenues, des pleurs, des pardons, des nuits hachées, des journées perdues, d’une vie gâchée …..

Quand on lit les notes en fin d’ouvrage, où l’auteur remercie ses thérapeutes, on comprend qu’il sait de quoi il parle et que son texte a des accents de vérité. Cela fait d’autant plus mal. Car disons-le carrément, c’est un livre glauque, dur, terrible. Il nous montre les dégâts d’une addiction ainsi que les dommages collatéraux. Parce que, à la limite, que Marcin foute sa vie en l’air, c’est triste et dommage vu que c’est une star du rock, mais que ça rejaillisse sur sa famille, c’est une catastrophe. C’est destructeur et plus personne ne peut le supporter, ni sa femme, ni ses enfants. Son fils et sa fille, son épouse, tous sont épuisés par ses frasques, le fait de ne pas pouvoir communiquer avec lui car il n’est presque jamais sobre et quand il l’est, il ne se souvient pas forcément de ce qu’on lui dit.

Dans ce roman plus que noir, en plus des problèmes liés à la boisson, l’histoire présente les difficultés de la relation père / fils. De plus, Jakub Zulczyk dénonce le scandale de la privatisation des logements et égratigne le gouvernement polonais. Il évoque les méthodes de gangsters, les magouilles, les mensonges, pour arriver au résultat recherché par ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre.

C’est Marcin qui s’exprime, tout est rédigé à la première personne. Il y a des nombreux allers-retours sans date mais au vu des événements, on sait exactement où ça se situe dans l’intrigue. On ne peut jamais souffler, on est toujours dans le chaos, l’espoir semble interdit. Un jour, son fils disparaît et Marcin veut absolument le retrouver. Il va chercher dans Varsovie et les environs mais est-il conscient que cette absence est peut-être une conséquence de ses dérives à lui ? Est-il en état d’agir ?

Avec une écriture nerveuse et sèche (merci aux deux traducteurs), on plonge dans l’horreur d’un couple qui se déchire, d’un homme qui se perd. On suit les rencontres thérapeutiques, les courses poursuites, les peurs, les délires, les cauchemars. Le style est vif, rapide, sans aucun pathos, brut, douloureux. C’est presque épuisant de lire car on retient sa respiration en se demandant jusqu’où on va tomber, enfin pas nous, Marcin…



Je suis ressortie lessivée de cette lecture, j’avais l’impression d’avoir donné de l’énergie pour maintenir mon esprit dans le fait qu’il s’agissait d’une fiction, uniquement d’une fiction…. Mais comme c’est, malheureusement, très réaliste, c’est éprouvant de découvrir le quotidien de Marcin et de sa famille. Que c’est triste d’en arriver à de telles situations !

Jakub Zulczyk retranscrit à la perfection l’univers torturé d’un père de famille et toutes les conséquences dramatiques qui découlent de son comportement La mémoire, c’est la vérité.

La vérité, c’est la douleur.

La douleur, c’est la gueule de bois.

La gueule de bois, c’est tout ce qui reste.

Sans doute.

*page 516


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Éblouis par la nuit

« Éblouis par la nuit » (première édition en 2014) a été adapté en série. L’auteur est journaliste, écrivain et scénariste.

C’est un roman âpre, dur, noir, profondément noir malgré les lumières de ville. Jacek a quitté Olsztyn, une ville de Pologne où il a laissé sa famille, pour s’installer à Varsovie, dans le but de faire des études à la faculté des Beaux-Arts et d’en vivre. Il s’est laissé embarquer dans de mauvaises fréquentations, avec l’idée de l’argent facile et sous une couverture de chauffeur de taxi, il est dealer de cocaïne. Il vit plutôt la nuit, et ses clients sont des hommes politiques, des gens de la jet set, des entrepreneurs etc. Il essaie de se tenir à distance, de ne pas consommer, de faire ce job comme il en ferait un autre (d’ailleurs pour sa mère, il est bien placé dans le monde des affaires, ce qui sous-entend de nombreux déplacements, une excuse pour ne pas aller la voir). Il est froid, détaché de la violence, qui semble le laisser indifférent, peu enclin à la compassion. Mais on sent que tout cela lui pèse.



« Il est des erreurs humaines comme de leurs aspirations, de leurs craintes ou de leurs rêves : il n’en existe qu’un nombre limité. »



On le suit pendant une semaine, surtout les soirs. Le récit est à la première personne, c’est comme un monologue, entrecoupé des « rêves » de Jacek. Il s’enfonce dans les ténèbres, essaie de surnager en espérant partir en Argentine, vivre un autre quotidien. Il s’accroche à cela, à la musique (de bien belles références), et à des songes où il imagine la cité engloutie sous un déluge, mais que c’est difficile….



Varsovie a une place importante dans ce récit, elle respire, elle est vivante, comme humaine, observant tout et ne disant rien…. Elle n’est pas attirante car on ne voit que son côté sombre. L’aspect psychologique des personnages est poussé, ils sont le plus souvent emplis de désespérance, n’attendant plus grand-chose de la vie. J’ai eu l’impression que Jacek se délabrait sous mes yeux, qu’il coulait lentement et ça me rendait triste pour lui car je me disais qu’à la base, il avait sans doute « un bon fond » (certaines de ses attitudes le montrent). Les dialogues sont vivants et offrent une autre alternative, pas de la légèreté, il ne faut pas croire mais le changement de style permet presque de souffler. Je dis presque car on reste dans un univers terriblement marqué par le mal. La drogue domine tout, régit les rapports humains, sème le chaos. Elle est rattachée à l’argent et le besoin en termes de dépendance, devient de plus en plus pressant autant pour les finances que pour la came.



Le phrasé est fort, puissant, glaçant, glacial, parfois brut comme le milieu dans lequel se déroule l’histoire. Il vous frappe, vous interpelle, vous secoue, vous fait frissonner. Vous n’osez pas imaginer la suite …. Jakub Żulczyk s’affranchit des qu’en-dira-t-on pour camper un monde obscur, terriblement avili par l’addiction aux stupéfiants. Cherche-t-il à choquer ? Je ne pense pas. Il ose tout simplement dire les choses, montrer l’autre face du miroir, celle qu’on occulte car c’est plus facile ainsi….



Une lecture pas toujours aisée, tant le thème est douloureux, mais à découvrir…




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Résumer ce pavé de près de 600 pages comme n’étant qu’un plaidoyer pour soigner les addictions serait réducteur. Pourtant, le cœur de ce roman est bien là ! Les méfaits de l’alcoolisme et de tout ce qui s’y rattache. On navigue entre deux époques. Maintenant et la disparition de Piotr et le passé (quelques années auparavant) là où tout a commencé, le moment ou Kania a fait ses investissements qui vont le plonger dans une spirale infernale. Kania ? Piotr ? Les deux pièces majeures de ce roman atypique, mais très prenant. Marcin Kania, bassiste qui a réussi, entre deux beuveries, à écrire une chanson qui a eu du succès. Piotr ? C’est son fils et il a disparu ! Le problème avec Kania, c’est qu’il a sans doute passé la plus grande partie de sa vie alcoolisé. Il n’a que de très vagues souvenirs d’avoir passé un moment avec son fils avant sa disparition. Pourquoi ? Qu’a-t-il fait ? Il n’en a aucune idée ! Même en se confiant à son cercle d’aide aux alcooliques il n’y arrive pas ! Mais le temps presse et son fils reste introuvable. Kania va tout tenter ! Tenter de se souvenir, tenter de sauver son fils et tenter de comprendre ce qui a pu se passer. Faire un feedback qui pourra servir ! L’intrigue de ce roman tourne autour du monde aussi dangereux que mystérieux des investissements immobiliers post-communistes. Kania a fait des investissements, mais il ne sait pas franchement sur quoi et dans quelles circonstances, notamment pour les personnes qui possédaient ces logements avant lui. Son fils, lui, a fait le lien. Mais jusqu’où cela va-t-il les mener ? C’est fort, c’est dérangeant, c’est angoissant et ça montre les méfaits d’une addiction sur celui qui la subit, mais aussi sur ses proches encore plus durement touchés. On détruit sa santé, mais aussi celle des autres. On en ressort étourdi et troublé. A lire !
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L’ivresse comme narration, menteuse, obstinément tourné vers soi, la culpabilité dont on se recouvre pour mieux masquer nos manquements, notre fuite du quotidien, de son vide, de sa réalité insuffisante. Une plongée, à forte empreinte autobiographique, dans la dépendance, ses dégueulasseries, ses instants aussi de cruelle lucidité dont Jakub Zulczyk parvient — dans une intrigue maline, plein de retour sur le passé qui sont, comme le titre l’indique, comme commentés en vue d’une thérapie — à restituer les arrangements, la détestation de soi que sans doute ils trahissent. Feedback ouvre un monde vu derrière une gueule de bois, une amnésie sur la disparition du fils de Marcin, star déchu, qui peu à peu s’éclaire.
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Éblouis par la nuit

Il y a le vernis, et sous ce dernier, la moisissure.

Une plongée dans ce que la ville a de plus sombre. Une plongée dans ce que l'homme a de plus noir. Une plongée dans ce que la nuit a de plus dangereux.



"C'est beau une ville la nuit" disait le poète... vraiment?



Ce livre fort est un pavé qui zoome sur l'envers du décors.

Heureusement, dans la boue et sur le bitume, parfois surgit la poésie.
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